stdClass Object ( [id] => 17942 [title] => Du bon inachèvement de la vie… [alias] => du-bon-inachevement-de-la-vie [introtext] =>L’exil et la promesse / 14 - Une autre main, pas la nôtre, fermera nos yeux pour la dernière fois
Par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 10/02/2019
Même quand notre âme est angoissée, même quand, dans la douleur, aucune prière ne peut sortir de notre bouche, le pur repos silencieux du Shabbat nous conduit dans le royaume d’une paix sans fin. L'éternité indique un jour. Shabbat.
A.J. Heschel, Le Shabbat
Les désordres moraux sont l’expression de désordres spirituels. L'éthique est au second plan. Derrière une méchanceté envers l'autre se cache un malaise de l’âme plus radical et plus profond. Offenser et outrager le nom de l'autre résulte d'un outrage et d'une offense envers son propre nom. Chaque crise morale se soigne en son centre, en remettant son cœur au seul endroit où il peut se reposer, se retrouver, se sentir appelé. Le premier mouvement de guérison des maladies profondes de la vie est théologique, parce qu'il concerne la nature de notre nom, qui ne peut pas s’appeler lui-même, mais peut seulement être appelé : enfants nous découvrons quel est notre nom parce que nous l'entendons prononcer par ceux qui nous aiment. Nous devenons mauvais quand nous ne nous retournons plus lorsque nous entendons notre nom prononcé - soit parce que nous l'avons oublié, soit parce que personne ne l'appelle plus avec suffisamment d'agapè pour le reconnaître.
[fulltext] =>« Par le sang que tu as répandu, tu t’es rendue coupable ; par les idoles que tu as fabriquées, tu t’es souillée.... En toi, le père et la mère sont méprisés, l'étranger est maltraité, l'orphelin et la veuve sont opprimés.... Tu as profané mes sabbats » (Ézéchiel 22:4-8). La chute de Jérusalem est désormais imminente. Ézéchiel et les quelques autres vrais prophètes d'Israël le savent. Ils le savent non pas parce que les prophètes voient l'avenir, mais parce qu'ils voient le présent différemment et plus profondément, et ils y lisent aussi les signes de l'avenir en train de s’avérer instant après instant. La prophétie est une immersion totale dans le présent, le seul endroit où l'on peut entendre une voix qui appelle et parle. Celui qui a appris quelques mots de vie spirituelle authentique est devenu un maître du présent : capable de toucher ou d’effleurer l'éternel parce qu'il est plongé dans un présent infini.
Pour Ézéchiel, le diagnostic de la ruine de son peuple est immédiat : c'est la conséquence naturelle d'une corruption théologique devenue corruption morale et sociale. Nous pouvons lire la chute de Jérusalem à la lumière de la géopolitique de l'époque, et ainsi offrir des explications alternatives à celles des prophètes. Nous pouvons le faire pour le passé, nous le faisons pour le présent, quand nous expliquons les guerres, la destruction et l'immense souffrance de notre temps sans nous référer à la foi, aux péchés, à Dieu. Mais si un prophète vit encore, de son lieu de guet solitaire, il accède à une dimension supplémentaire de la réalité, et donc à d'autres perspectives, à des horizons différents que nous ne connaissons pas. Combien aurions-nous besoin aujourd’hui de ces lectures plus larges, plus profondes et plus élevées ; nous répondons au contraire à ce manque de prophétie en niant la nécessité de cette quatrième dimension. Nous nous sommes adaptés à un monde rétréci, et nous avons cessé d’aspirer au paradis, convaincus qu'il n'existe plus.
Ézéchiel nous dit ici qu'il existe un lien logique et redoutable entre les commandements de la Loi relatifs à Dieu et ceux concernant les relations sociales. Le renoncement à l'idolâtrie, qui est au cœur de la première partie du Décalogue, est la racine de toute la Torah. Si, d'une part, déshonorer son père et sa mère, ne pas être solidaire des pauvres ni de l'étranger, est déjà une forme d'idolâtrie, lorsqu’on perd le centre théologique de la vie, toute perversion devient possible et effective.
Dans ce résumé de la Loi qu'Ézéchiel nous donne, il y a en effet deux mots qui résonnent avec une force énorme en nous aujourd'hui : péché contre l'étranger et péché contre le sabbat/shabbat. L'étranger résident, le gher, ou l'hôte de passage (nokri), était un trait caractéristique de la Judée, une région de passages et de migrations. Il s'agissait de marchands, d'ouvriers, de soldats, de nomades et de réfugiés, de migrants politiques et économiques qui se retrouvaient pendant un temps plus ou moins long en train de vivre parmi le peuple d'Israël. Comparée aux normes des régions voisines, la loi de Moïse était particulièrement accueillante et généreuse envers les étrangers : « N'opprimez pas le gher, car vous connaissez le souffle du gher, puisque vous avez été émigrés au pays d'Égypte » (Exode 23:9).
Ézéchiel, en énonçant son chef d'accusation à Jérusalem, nous dit que le peuple avait violé la loi sacrée de l'hospitalité, n'avait pas accueilli ni respecté l'étranger (« en toi l'étranger est maltraité »). Les migrants, les étrangers, les nomades ont toujours été maltraités parce qu'ils se trouvent dans une situation objective de vulnérabilité et d'exposition aux abus ; et l'histoire nous dit que la possibilité d'abus se traduit presque toujours en abus réels. C'est de ce passage d’un comportement possible à un comportement réel que naissent les lois et les institutions. La Torah et les prophètes protègent l'étranger parce qu'ils savent que le peuple ne le ferait pas naturellement, et qu’en conséquence il perdrait son âme et la bénédiction de YHWH, qui est un Dieu différent et vrai parce qu'il accueille et protège aussi l'étranger
La pierre angulaire de cette législation remontait à l'expérience des Juifs en Égypte. Le fait d’avoir respiré l’air de la condition d’étranger opprimé constituait la raison première et suffisante pour ne pas répandre davantage cette puanteur sur la terre. Du fait que nous n'avons pas été reçus ni respectés par les Égyptiens, que nos pères ont vécu l'humiliation et la souffrance des émigrés, nous avons le devoir théologique et éthique d'être différents, généreux et accueillants envers nos étrangers. Notre douleur d'hier en tant que migrants mal accueillis fonde aujourd’hui l'accueil de nos étrangers. Ces « catharsis » intertemporelles sont à l’origine des bonnes législations : l'expérience passée et la mémoire d'un droit refusé devient la raison de reconnaître aujourd'hui ce droit à ceux qui sont dans une situation semblable. Les civilisations progressent lorsque l'exercice de la mémoire ne produit ni rancoeur ni vengeance, mais la compassion et le désir de réduire la souffrance dans le monde. Quand, en présence d’une grande souffrance qui est la mienne et celle des autres, je peux crier "plus jamais ça", cette souffrance est déjà devenue une bénédiction pour moi et pour tous. De même qu’après les guerres sont nées de nombreuses Constitutions, ainsi est née cette magnifique législation sur le respect et la protection des étrangers dans la Bible qui est constamment là pour juger nos actions et nos paroles.
L’une des conséquences morales et sociales du règne de la finance qui marque ce début de millénaire est la disparition de la mémoire comme ressource éthique et spirituelle du présent et du futur. Le seul temps que la finance connaît, c'est le futur, compris comme un pari et un espoir de gains. Le monopole du registre économico-financier a amputé notre civilisation des temps du passé, parce qu'aucun pacte stipulé hier ne conditionne vraiment mes actions aujourd'hui, et que la souffrance des pères ne produit aucune norme valable pour orienter l'action des enfants.
Et enfin, le sabbat, le shabbat : « Vous avez profané mes sabbats ». Le shabbat est l'une des grandes nouveautés de la loi et de la culture d'Israël, un don immense et sans précédent que la Bible a fait à l'humanité de tous les temps. En exil, dans un pays sans temple et donc privés d’un lieu qui puisse s’inscrire dans l'espace et dont le seuil puisse distinguer la terre sacrée de la terre profane, les juifs, sur cette mort de la sacralité de l'espace, ont appris avec le sabbat la sacralité du temps. Dans un espace devenu complètement profane parce que privé d'un lieu où rencontrer différemment YHWH, Israël s'est retrouvé avec un jour différent qui dans l'ordre du temps a rempli la même fonction que le temple dans l'ordre de l’espace. L'u-topie du temple a généré l’u-chronie du shabbat, qui est un temple mobile, auquel seul l'immense deuil de la destruction du temple et de l'exil pouvait donner naissance. L'entrée dans le shabbat était l'entrée dans le temple du temps où la langue, cependant, pour parler avec Dieu, ne consistait pas en des sacrifices de colombes ou d'agneaux mais en des relations sociales et cosmiques différentes, parce que signe et sacrement de cette fraternité universelle qui allait un jour atteindre aussi les six autres jours de la semaine de l’histoire. Cette égalité radicale qui, le septième jour, unit citoyens et étrangers, hommes et femmes, hommes libres et esclaves, êtres humains et animaux, animaux et plantes et terre, dit par elle-même la substance de l'humanisme biblique. Le peuple d'Israël a sauvé le shabbat pendant des millénaires, et le shabbat a sauvé Israël.
La création biblique (Genèse 1) s’achève par le repos/shabbat d'Elohim, avec la séparation de Dieu d’avec sa création. Cette séparation a créé l'espace de liberté où les êtres humains pouvaient continuer à transformer la terre et à la rendre meilleure qu'Elohim ne l'avait laissée avant de s'en séparer. Mais le shabbat est aussi le moyen de sauvegarder les relations sociales et cosmiques. Tant qu’au cours du septième jour, nous gardons vivant, dans le cycle vital des jours, le souvenir d'une socialité et d'une terre différente de celles que nos rapports de pouvoir façonnent au cours des six premiers, la promesse n'est pas morte : nous pouvons annoncer une terre de fraternité qui n'est pas encore là car nous en faisons déjà l'expérience. Il n'y a pas de sauvegarde de la terre et des relations sociales si Adam est le maître de tous les jours de la semaine. Sans le don du septième jour, la terre respire l’air de l'étranger humilié.
Dieu s'est arrêté au sixième jour, un nombre imparfait. Il a gardé le septième jour hors de notre contrôle, pour nous laisser en manque de plénitude, engendreurs de possibilités. Cette valeur d'inachèvement explique le sens d'une des activités (‘melachot’) que la loi juive interdit le jour de shabbat : « Mettre la dernière main pour finir un travail » (n.38). Laisser un travail inachevé est un symbole du bon inachèvement de la vie. Ce n'est pas nous qui mettons la dernière main à notre existence. Ce sera une autre main, et non la nôtre, qui fermera nos yeux pour la dernière fois. Nous sommes relation, nous ne sommes pas propriétaires des derniers mots de notre histoire. Sous le soleil, même les choses merveilleuses s’interrompent un jour avant le dernier, afin que quelqu'un d'autre puisse donner la dernière touche et compléter le chef-d'œuvre.
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L’exil et la promesse / 14 - Une autre main, pas la nôtre, fermera nos yeux pour la dernière fois
Par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 10/02/2019
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A.J. Heschel, Le Shabbat
Les désordres moraux sont l’expression de désordres spirituels. L'éthique est au second plan. Derrière une méchanceté envers l'autre se cache un malaise de l’âme plus radical et plus profond. Offenser et outrager le nom de l'autre résulte d'un outrage et d'une offense envers son propre nom. Chaque crise morale se soigne en son centre, en remettant son cœur au seul endroit où il peut se reposer, se retrouver, se sentir appelé. Le premier mouvement de guérison des maladies profondes de la vie est théologique, parce qu'il concerne la nature de notre nom, qui ne peut pas s’appeler lui-même, mais peut seulement être appelé : enfants nous découvrons quel est notre nom parce que nous l'entendons prononcer par ceux qui nous aiment. Nous devenons mauvais quand nous ne nous retournons plus lorsque nous entendons notre nom prononcé - soit parce que nous l'avons oublié, soit parce que personne ne l'appelle plus avec suffisamment d'agapè pour le reconnaître.
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stdClass Object ( [id] => 17943 [title] => Le piège de la fausse gratuité [alias] => le-piege-de-la-fausse-gratuite [introtext] =>L’exil et la promesse / 8 – On ne trahit pas seulement à cause de profits personnels, mais aussi à cause d’un amour sans vérité.
De Luigino Bruni
publié sur Avvenire le 30/12/2018
« La parole n'est essentielle et efficace que lorsqu'elle vient du silence. Le silence ouvre la source intérieure d'où jaillit le mot »
Romano Guardini, Le Testament de Jésus
La lutte entre prophétie et fausse prophétie est une constante dans l'histoire humaine. Nous la retrouvons au centre de la politique, de l'économie, des religions, des organisations. Dans les communautés, il y a des personnes à qui l’on reconnaît une fonction de « discernement » parce qu'elles sont porteuses d'un charisme, d'une capacité à voir autrement et plus loin, de tracer des scénarios présents et futurs, d’indiquer des voies de salut, de bien-être, de croissance humaine et éthique. Les "prophètes", cependant, ne sont pas tous les mêmes. Le sort des réalités sociales dépend, de manière décisive, de la capacité d'identifier et de suivre des voix honnêtes et vraies et de se méfier des fausses. La Bible a identifié quelques critères en matière de vraies et de fausses prophéties. Elle les a affinés au fil du temps, les a testés, puis les a gardés afin que nous puissions les utiliser dans nos discernements.
[fulltext] =>Une première remarque : les faux prophètes se présentent avec les mêmes traits distinctifs que les vrais. Tous appartiennent, en général, à des communautés prophétiques, exercent la même profession, ont reçu le même mandat du peuple et, souvent, aussi une vocation prophétique. Le vrai prophète est sur la même scène que les faux prophètes, il s’adresse aux mêmes personnes - qui préfèrent ces derniers. C'est pourquoi Ezéchiel appelle aussi « prophètes » (Nabi) ceux que nous appellerions de faux prophètes. « Cette parole du Seigneur m'a été adressée : Fils de l'homme, prophétise contre les prophètes d'Israël » (Ezéchiel 13,1-2). Il les reconnaît comme des collègues, mais les dénonce comme des prophètes déviants. Pourquoi ? En quoi les faux prophètes se trompent-ils ?
Les faux prophètes dont Ezéchiel parle ici ne sont pas des charlatans infiltrés dans la communauté (même si en ces temps de confusion et de bouleversements, il y en aura eu aussi), car si tel était le cas il ne les appellerait pas « prophètes ». Ici les faux prophètes sont des prophètes qui ont perdu leur âme tout en conservant la technique et le métier prophétiques. Et comme toujours lorsqu'il s'agit de l'âme, celle-ci peut disparaître pendant que nous continuons à mener la même vie et à travailler comme toujours. Nous disions la même Messe depuis des années, mais un jour le souffle qui animait les gestes et les paroles disparaît ; nous suivons les mêmes cours, mais l'esprit qui régnait dans la classe et l’enflammait n'est plus là. L'âme est souffle (ànemos), elle est esprit. Quand le souffle meurt, la vie se termine, le prophète meurt et devient autre chose, quelqu'un d'autre. Dans la Bible et dans nos vies, de vrais prophètes sont nécessaires pour repérer et dénoncer d'autres prophètes qui ont perdu leur âme et se sont écartés du droit chemin. Tant qu'il y a un vrai prophète qui a la force de dénoncer les faux, nous pouvons toujours espérer nous préserver de ces vendeurs de vent.
Ézéchiel, dans ce chapitre, s'adresse directement aux prophètes qui sont corrompus pour cause de "profit" personnel ou collectif. Il dira aux prophétesses qui étaient aussi actives en Israël : « Vous m’avez profané devant mon peuple pour quelques poignées d'orge et un morceau de pain » (13:19). Les prophètes sont particulièrement durs envers les « prophètes à but lucratif », parce qu'ils savent que l'essence même d’une authentique vocation prophétique est la gratuité, et ils repèrent donc facilement la fausse prophétie à l'absence de gratuité, un indicateur infaillible. Étant absolument compétents dans l'art de la gratuité, parce qu'ils parlent et se taisent en dehors de tout calcul utilitaire, il leur suffit de voir apparaître une certaine forme de profit - économique, statutaire, politique .... - pour prononcer une condamnation de fausse prophétie avérée et irréfutable. Mais l'intérêt économique n'est ni la première ni la plus importante raison de la trahison d'un prophète - la corruption économique est presque toujours la conséquence d'une corruption plus profonde, celle du cœur. Ezéchiel nous dit clairement de quoi dépend la fausse prophétie : « Quel malheur pour les prophètes insensés qui suivent leur propre inspiration sans avoir rien vu » (13,3). Le prophète perd son âme parce qu'il commence à prophétiser « en suivant son propre esprit », donc en ne suivant plus cet autre esprit qui lui parlait et dont il (ou elle) transmettait le message.
Si le faux prophète d'aujourd'hui était hier un prophète authentique, parce qu'il avait fait l'expérience d'une voix qui lui parlait et l’appelait, les formes de déviance sont toutes des variantes d’un thème principal : le silence de la voix prophétique. Le prophète entre dans une saison où la voix (de Dieu) se tait, ce qui est normal dans ce type de vocation (voir Jérémie). Parce que le prophète authentique n'est pas le maître de la voix, il ne lui répond pas d’emblée, il ne sait pas si, ni quand elle se manifestera à nouveau et encore moins ce qu’elle lui dira. Il passe de la parole au silence : quelques mots, beaucoup de silences. Il ne parle que lorsqu'un ordre intérieur lui enjoint de le faire, il parle lorsqu'il ne peut plus se taire. C'est quelqu’un qui obéit docilement à une voix qui n'est pas la sienne. Il doit résister, avec beaucoup d'efforts et de douleur, même lorsque sa communauté souffre et lui demande des délivrances qu'il ne peut annoncer parce qu'il ne les a pas entendues, parce que cette parole ne lui a pas été "adressée". Chaque fois il recommence à zéro. Les expériences passées affinent les techniques, augmentent les compétences générales, mais ne l'aident pas à être certain que demain l'esprit prophétique continuera à lui parler. La prophétie n'est pas magique, ce n'est pas une technique divinatoire. C'est un cadeau et, comme tous les vrais cadeaux, elle est toujours accompagnée par la surprise. Il faut imaginer les vrais prophètes profondément surpris chaque fois que la voix leur parle à nouveau et leur adresse quelques paroles différentes. Ils peuvent les imaginer, les espérer, prier pour, mais ils restent toujours pauvres en paroles - c'est aussi pour cela que le vrai prophète est et doit être un pauvre. Même s'ils l'ont vu revenir cent fois, chaque fois qu'un fils s’en va avec "sa part d'héritage", ils continuent à garder leur lanterne allumée la nuit et à regarder vers l'horizon en espérant qu'il reviendra ; et s'il revient, ils l’étreignent avec le même émerveillement et la même émotion que la première fois.
Il est extrêmement douloureux de résister à ces silences de la voix qui peuvent parfois durer des années, voire des décennies. Ainsi, dans le silence du premier Esprit, le prophète, pour pouvoir répondre aux questions urgentes et fortes qui lui parviennent, peut céder à la tentation de recourir à son propre esprit sans attendre de nouvelles "lumières". La nécessité de continuer à accomplir son travail l’emporte, et le silence de l'Esprit est rempli de ses propres paroles. Les artistes le savent très bien, car ils perdent leur âme quand, sans le souffle de l'inspiration, ils ne peuvent résister dans le silence et la stérilité, et commencent à écouter les autres esprits. Il y a des prophètes qui se sont transformés en faux prophètes uniquement parce qu'ils n'ont pas su résister silencieusement à la force des cris de leur communauté en crise. Ils sont très difficiles à reconnaître, et donc plus dangereux, parce que parfois, ils sont poussés par un sentiment qui s’apparente à la gratuité. Ils ne changent pas pour des profits ou des gains personnels, mais pour satisfaire une forme d'amour gratuit mais dépourvu de vérité. De même qu’il existe une fausse prophétie, il existe aussi une fausse gratuité, privée de vérité sur elle-même.
Le principal et peut-être le seul exercice moral et spirituel du prophète est de savoir différencier les esprits qui lui parlent. Nous tous, mais surtout ceux qui ont reçu une vocation, savons que notre cœur est habité par de nombreuses voix. Parmi celles-ci, il y en a une qui est délicate et différente de toutes les autres, celle qui a trait à l'esprit de la vocation. Il y a des gens qui ont découvert qu'ils avaient une vocation le jour où ils ont compris que la voix qui parlait dans leur cœur, même depuis qu’ils étaient enfants, n'était pas la plus vraie. Puis ils ont écouté plus profondément, et ont trouvé une autre voix qui disait des choses différentes et plus vraies, et ils l'ont suivie. La beauté tragique de ceux qui ont reçu une vocation consiste à maintenir le dialogue avec cette voix nécessaire et incontrôlable - et peut-être qu'à la fin de la course nous nous rendrons compte que toutes les voix étaient les notes d'une unique et belle mélodie, que nous n’avons pas écrite nous-mêmes. Mais une fois que le prophète commence à citer, en mettant entre guillemets ("ainsi parle le Seigneur") les paroles suggérées par son propre esprit, il quitte la communauté des vrais prophètes (13:9). Et c'est une sortie définitive, parce que la voix prophétique ne peut plus parler dans une âme encombrée, parce que les différentes "visions" ont besoin de tout l'espace intérieur – et il est très rare qu’un prophète corrompu puisse retrouver l’écoute des voix de différents esprits.
Les formes de dérive sont donc nombreuses. Mais Ézéchiel en décrit clairement quelques traits communs : « Comme des chacals dans tes décombres, ainsi sont tes prophètes, Israël. Tu n'es pas monté dans les brèches et tu n'as pas construit de rempart pour défendre la maison d'Israël » (13, 4-5). De faux prophètes, comme des renards ou des chacals, profitent des décombres de leur propre ville, transforment les maisons détruites en tanières et en abris, et rôdent dans les ruines à la recherche de nourriture. Les prophètes honnêtes montent dans les brèches et essaient de reconstruire ; les faux prophètes ont besoin de ruines pour leurs affaires, et ne veulent donc pas surmonter les crises parce qu'elles sont la principale source de leurs succès et profits (celui qui nie la gravité de la crise quand on est déjà en plein désastre est certainement un faux prophète, de bonne ou mauvaise foi). La deuxième image utilisée par Ézéchiel est également forte et efficace : « Pendant que les gens construisent un mur, voici qu'ils l'enduisent de boue » (13,10). Le peuple a construit un mur fragile avec les briques de fausses illusions et de vains espoirs ; les faux prophètes l'enduisent de promesses de salut et de miracles pour lui donner l'apparence de la force. Ainsi, la seule véritable voie de salut, à savoir le retour de ceux qui sont restés, est refusée, et les paroles d'Ézéchiel (et de Jérémie) passent pour des prophéties de malheur, ennemies du peuple et de Dieu.
Enfin, à la vue de ce funeste horizon (la plus grande souffrance des prophètes est de voir leur propre peuple sombrer dans les illusions des faux prophètes), Ézéchiel nous livre un grand message d'espérance : « Je les délierai pour qu'ils puissent voler » (13,20). Le prophète est un libérateur. Il nous délivre des chaînes des vaines illusions et des fausses consolations afin que nous puissions apercevoir le signe d’une vraie promesse sur la ligne d'horizon. Pour ensuite monter en flèche et voler dans les hauteurs.
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De Luigino Bruni
publié sur Avvenire le 30/12/2018
« La parole n'est essentielle et efficace que lorsqu'elle vient du silence. Le silence ouvre la source intérieure d'où jaillit le mot »
Romano Guardini, Le Testament de Jésus
La lutte entre prophétie et fausse prophétie est une constante dans l'histoire humaine. Nous la retrouvons au centre de la politique, de l'économie, des religions, des organisations. Dans les communautés, il y a des personnes à qui l’on reconnaît une fonction de « discernement » parce qu'elles sont porteuses d'un charisme, d'une capacité à voir autrement et plus loin, de tracer des scénarios présents et futurs, d’indiquer des voies de salut, de bien-être, de croissance humaine et éthique. Les "prophètes", cependant, ne sont pas tous les mêmes. Le sort des réalités sociales dépend, de manière décisive, de la capacité d'identifier et de suivre des voix honnêtes et vraies et de se méfier des fausses. La Bible a identifié quelques critères en matière de vraies et de fausses prophéties. Elle les a affinés au fil du temps, les a testés, puis les a gardés afin que nous puissions les utiliser dans nos discernements.
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De Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 03/02/2019
«Je suis depuis des siècles, ou depuis un moment, suspendu dans un vide où tout se tait, je ne sais plus dire depuis quand je me sens angoissé ou en paix.»
Francesco Guccini Shomèr ma Mi-llailah1
Dans chaque dialogue authentique les paroles de celui qui nous parle sont capables de naître si elles trouvent en nous confiance, confiance en elles, et à plus forte raison en celui qui les prononce. Dans un dialogue personne ne parle sans être accueilli par quelqu'un d'autre, de sorte que, dans sa dimension originelle, la confiance est essentiellement une question de don. Dieu aussi a eu besoin de la confiance des prophètes pour pouvoir nous parler - qui sait combien de paroles prophétiques authentiques se sont perdues et se perdent parce que celui qui les a entendues ne les a pas acceptées ni comprises pour ce qu'elles étaient. Les prophètes, cependant, tout en faisant confiance à YHWH, lui permettant ainsi de parler aux hommes, ont aussi besoin de notre confiance pour que leur message ne tombe pas dans le vide. Toute parole vraie est dialogue, c'est la rencontre de propos adressés et reçus. Le prophète est une sentinelle, et si personne ne saisit l’appel qu’il lance depuis les murs de la ville, son cri s’éteint et devient du vent. Aussi les preuves "empiriques" de la vérité de ses paroles ne se trouvent-t-elles ni au ciel ni sur la terre, mais dans la force fragile de la confiance, de la foi.
[fulltext] =>Ézéchiel peut encore nous dire quelque chose si nous continuons à l’avoir en estime, à croire en lui. « La parole du Seigneur me fut adressée : Fils d’homme, dirige ton regard vers le midi ; invective le sud, prophétise contre la forêt du Néguev. Tu diras à la forêt du Néguev : Écoute la parole du Seigneur. Ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici que je vais allumer en toi un feu : il dévorera tout arbre vert et tout arbre sec ; la flamme ardente ne s’éteindra pas, et tous les visages en seront brûlés, depuis le Néguev jusqu’au Nord. Alors tout être de chair verra que moi, le Seigneur, j’ai allumé cette flamme, et elle ne s’éteindra pas. » (Ézéchiel 21,1-4)
« Cette parole de YHWH me fut adressée » : même si nous avons parcouru vingt chapitres rythmés et façonnés par cette phrase, qui en constitue un thème majeur (parce qu'elle dit l'essence de la prophétie), chaque fois que nous la retrouvons, nous sommes étonnés et émus à la lecture de ces paroles que Dieu murmure aux oreilles d’autres hommes semblables à nous ; des paroles devenues des réalités, comme celles qui nous arrivent chaque jour dans le monde. Bien sûr, nous, hommes et femmes du troisième millénaire, nous pouvons atténuer la force de cette perception auditive, nous pouvons la lire avec tous les outils techniques et historiques dont nous disposons et peut-être même arriver à la nier en assimilant le prophétisme aux grands mythes anciens, en le dissociant de la voix différente qui l’inspirait et l’alimentait, ou en soutenant que même les livres des prophètes ont été écrits après coup par des réformateurs religieux qui voulaient donner à leurs réformes un caractère sacré plus fort que celui de leur politique. Nous pouvons le faire et beaucoup le font ; mais la Bible perd ainsi de sa consistance spirituelle et anthropologique, elle perd de son attrait et ne tarde pas à se perdre elle-même.
Ézéchiel nous parle et change notre cœur si nous le voyons encore en train de répondre à cette voix qui l’interpelle, dans un dialogue qui n'a jamais été interrompu grâce aux lecteurs qui l'ont cru, qui lui ont fait confiance et lui ont ainsi permis de continuer à parler. Nous ne connaissons pas le contenu ni les détails de ce qu’il a réellement entendu, ni des manifestations divines qu'il nous a décrites, mais pour rester en contact avec ses paroles et ne pas interrompre leur flux spirituel, nous devons le croire, ne pas le considérer comme un illuminé et donc le prendre au sérieux.
La foi biblique regroupe de nombreuses réalités, mais elle se caractérise aussi et surtout par la confiance en une parole. Les premiers à ne pas prendre Ézéchiel suffisamment au sérieux furent ses compatriotes, exilés comme lui à Babylone, qui n'entrèrent pas vraiment en dialogue avec lui. Les anciens du peuple l'ont interrogé (en fonction de leurs intérêts), mais ne lui ont pas fait confiance, sinon, comme chaque fois que nous faisons vraiment confiance à quelqu'un, ils auraient dû engager ce dialogue en étant disposés à devenir quelque chose de différent de ce qu'ils étaient avant de le commencer. Tout dialogue authentique est le passage à gué d’une rivière durant la nuit, où l’on entre Jacob pour en sortir Israël (Genèse 32) - le grand mythe du combat dans la rivière Yabbok est en fait aussi une icône parfaite du dialogue : on commence avec un nom et on finit avec un nom nouveau, et à la fin on est blessé et béni dans une ronde de salutations réciproques. Depuis le début de sa prédication, Ézéchiel a essayé de transmettre un message essentiel à son peuple en exil. Le sort de Jérusalem, c'est-à-dire sa destruction puis la déportation de tout le peuple juif vers Babylone, est inévitable, car c'est la conséquence logique d'une vie religieuse et morale corrompue.
La fin de la ville sainte est désormais proche et certaine ; les juifs qui sont déjà exilés à Babylone devraient seulement comprendre qu'ils seront bientôt rejoints par le reste du peuple et ne pas se laisser bercer d'illusions par des faux prophètes leur annonçant un retour imminent dans leur patrie - tel Hananya qui, comme le rapporte Jérémie (chap. 28), avait prophétisé que les exilés retourneraient très vite à Jérusalem. Ceux-ci devraient seulement tirer les leçons de ce qui va se passer à Jérusalem, à savoir que la seule bonne voie est la conversion immédiate, l'abandon des idoles et des iniquités, et le retour à l'Alliance et à la Loi. À la veille de la déportation à Babylone et ensuite pendant l'exil, les faux prophètes se sont multipliés au sein du peuple d'Israël. La lutte contre eux, menée surtout par Ézéchiel et Jérémie, fut particulièrement dure. C'est ainsi qu’à cause de l'action constante et tenace des faux prophètes, de bonne ou de mauvaise foi, les Juifs exilés ont continué à se faire des illusions : séduits par les cultes babyloniens, ils ont, peut-être, voulu construire un temple pour reproduire à Babylone les mêmes pratiques idolâtres et syncrétistes que celles de leurs concitoyens restés à Jérusalem (chapitre 20).
La communauté déportée ne comprend toujours pas les paroles d'Ézéchiel ni ses gestes, qui sont au contraire objets de raillerie et de dérision. On va alors l'accuser d'être une sorte de comédien de rue : « J'ai dit : "Ah ! Seigneur Dieu, ils disent de moi : ne voilà-t-il pas qu’il raconte des histoires?" » (21,5). Un diseur d’histoires : Ézéchiel doit annoncer un message dramatique à son peuple, le plus dramatique depuis Moïse, un événement décisif dans l'histoire du salut, et le peuple auquel il est envoyé le prend pour une sorte de saltimbanque, un original qui déclame et mime des gestes, qui formule des énigmes extravagantes, plus étranges que ses paroles. Un devin, un sophiste, un magicien du verbe qu'il utilise pour confondre ses interlocuteurs ou pour les épater par de beaux mirages. Exactement le contraire de ce que fait et veut faire Ézéchiel.
Quelques années après le début de sa vocation prophétique, Ézéchiel se retrouve ainsi avec un message et une mission complètement déformés par sa communauté. On ne peut donc pas exclure que quelqu'un ait pensé que les feux déclenchés dans les forêts des régions voisines avaient été allumés par Ézéchiel lui-même, dans un moment de délire mystique ou grâce à des pouvoirs magiques qui lui auraient permis d'agir à distance (« Voici, je vais allumer en vous un feu qui dévorera en vous tout arbre vert et sec »). Ézéchiel acteur, acrobate, magicien, pyromane. Étrange destin que celui des vrais prophètes, à l’opposé de celui des faux prophètes. Ces derniers, en vertu d'une vocation divine qu'ils n'ont pas reçue, obtiennent succès et adhésion; les premiers, en vertu d'une vocation qu'ils ont reçue, se retrouvent systématiquement, et sans moyen d’en sortir, objets de blâmes, de sarcasmes, et finissent presque toujours leur vie marginalisés et persécutés.
C'est pourquoi, paradoxalement (paradoxe qui n'existe en fait que pour ceux qui ne connaissent pas la Bible ni la vie), l’insuccès est le premier critère de la vraie prophétie - ce n'est pas le seul (toutes les femmes et tous les hommes qui échouent ne sont pas des prophètes, même si beaucoup sont honnêtes et vrais), mais c’est un indice important. Si, au contraire, de nos jours comme autrefois, quelqu'un veut facilement trouver de faux prophètes, il lui suffit de se rendre dans les lieux fréquentés par les gagnants.
Enfin, dans ce chapitre également, apparaît à nouveau un autre pilier de la prophétie d'Ézéchiel : son corps, qui devient symbole, sacrement et message : « Toi, fils de l'homme, gémis, pleure et souffre devant eux avec tes hanches brisées et pleines d'amertume. Quand ils vous demanderont : "Pourquoi pleurez-vous ?", vous répondrez : parce que la nouvelle est venue que le cœur s'arrêtera de battre, que les mains s'affaibliront, que l'esprit sera consterné, que les genoux vont fondre dans l'eau. Voici, elle est venue et s'est accomplie. » (21,11-12). Une fois de plus, Ézéchiel parle le langage muet de son corps exténué - et il le fera à nouveau. Une fois épuisées ses ressources verbales, il a recours à cet ultime langage, celui de sa chair, de ses reins brisés. Ici s’élève sa très douloureuse lamentation: il pleure, souffre et gémit pour la ville qui va être détruite, et il le fait avant qu'elle ne le soit vraiment.
Les prophètes souffrent avant, mais aussi après les catastrophes et les tragédies, et ensuite, comme nous et avec nous, continuent à le faire. Une fois épuisées leurs ressources ordinaires et extraordinaires, il leur reste la possibilité de pleurer, de crier leur deuil. Hier et toujours. Généralement ils n’ont même pas la possibilité d’obtenir la conversion des gens qu'ils sont censés convertir. Ils le veulent, ils le souhaitent, ils en souffrent dans leur corps, mais eux aussi, tout comme nous, ont besoin de confiance et de foi, et c’est là, quand on y réfléchit bien, un message plein d'espoir.
1. Shomèr ma mi-llailah se réfère à la Bible (Is. 21:11) et signifie: “Veilleur,où donc en est la nuit?”
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De Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 03/02/2019
«Je suis depuis des siècles, ou depuis un moment, suspendu dans un vide où tout se tait, je ne sais plus dire depuis quand je me sens angoissé ou en paix.»
Francesco Guccini Shomèr ma Mi-llailah1
Dans chaque dialogue authentique les paroles de celui qui nous parle sont capables de naître si elles trouvent en nous confiance, confiance en elles, et à plus forte raison en celui qui les prononce. Dans un dialogue personne ne parle sans être accueilli par quelqu'un d'autre, de sorte que, dans sa dimension originelle, la confiance est essentiellement une question de don. Dieu aussi a eu besoin de la confiance des prophètes pour pouvoir nous parler - qui sait combien de paroles prophétiques authentiques se sont perdues et se perdent parce que celui qui les a entendues ne les a pas acceptées ni comprises pour ce qu'elles étaient. Les prophètes, cependant, tout en faisant confiance à YHWH, lui permettant ainsi de parler aux hommes, ont aussi besoin de notre confiance pour que leur message ne tombe pas dans le vide. Toute parole vraie est dialogue, c'est la rencontre de propos adressés et reçus. Le prophète est une sentinelle, et si personne ne saisit l’appel qu’il lance depuis les murs de la ville, son cri s’éteint et devient du vent. Aussi les preuves "empiriques" de la vérité de ses paroles ne se trouvent-t-elles ni au ciel ni sur la terre, mais dans la force fragile de la confiance, de la foi.
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Par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 23/12/2018
« Je t'en supplie : Dieu, mon rêveur, continue à ‘me rêver’ »
J. L. Borges, Histoire de la nuit
La Bible est un récit de migrations, d’exils, de peuples nomades et de campements itinérants, c'est l'histoire étonnante d'un Araméen errant à la recherche d'une voix au sein d'un horizon infini. Dans un village d'exilés près de Babylone, par ordre de YHWH, la prophétie a pris la forme du migrant, et l’homo migrans devint parole biblique dans la chair d'un des plus grands prophètes. Et elle y demeura pour toujours. En Ézéchiel, pauvre prophète et exilé, prêtre sans temple d'un Dieu vaincu, chaque migrant du monde peut lire sa propre histoire, peut prier avec ses mots s’il a épuisé les siens, peut le sentir tout proche au cours d'évasions nocturnes sur terre et sur mer, sous le même voile qui cache ses yeux pour l’empêcher de mourir de douleur.
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Plus d'un an s'est écoulé depuis les débuts du prophète d'Ezéchiel et ses compatriotes, en exil comme lui, ne comprennent ni ses paroles ni ses actes. Le jeune prophète reçoit de YHWH une parole nouvelle et spécifique, l'invitant à continuer malgré son insuccès : «La parole du Seigneur me fut adressée ainsi: "Fils de l'homme, tu habites au milieu d'une engeance de rebelles, qui a des yeux pour voir et ne voit pas, des oreilles pour entendre et n’entend pas"» (Ézéchiel 12,1-2). Ézéchiel savait que sa mission était impossible dès le jour de sa vocation (" Fils d’homme, je t'envoie vers les enfants d'Israël, vers une race de rebelles " : 2,3). Mais tandis qu’il éprouve dans sa chair la vérité de cette première annonce, voici qu’une nouvelle parole lui redit ce qu'il savait déjà. Parce que l'annonce de l’échec est toujours très différente de l'expérience de l'échec, auquel on n’arrive jamais préparé.Entendre à nouveau les paroles de l'annonce faite hier alors qu'aujourd'hui nous luttons et essayons de résister, est un don qui permet au combat de continuer même si nous savons que nous ne gagnerons pas. Parfois, les premières paroles reçues nous reviennent par la même voix et (presque) de la même manière ; d'autres fois à travers la voix d'un ami, d'autres fois encore à travers celle des pauvres ou de notre terre en souffrance. Et il peut ainsi arriver qu'un prophète ne se souvienne plus de la première voix parce qu’elle s’est présentée à lui « comme une subtile voix de silence » alors qu’il l’attendait dans un vent fort ou dans un tremblement de terre. Mais il peut aussi arriver que ce deuxième appel ne se présente pas du tout. Il y a des prophètes qui ont cheminé toute leur vie avec les seules paroles entendues le jour de leur vocation. Ils ont poursuivi leur route et sont devenus parole pour les autres.
YHWH, au contraire, s’adresse encore à Ezéchiel, et malgré l'échec qu'il connaît, il lui demande de poursuivre son action prophétique : « Toi, fils d'homme, fais-toi un bagage d’exilé et pars en exil, sous leurs yeux, prépare-toi à émigrer... Mais devant eux, au coucher du soleil, tu sortiras comme sortent les exilés. Fais, en leur présence, un trou dans le mur par où tu sortiras. En leur présence, tu chargeras ton ballot sur l’épaule et tu sortiras dans l’obscurité ; tu couvriras ton visage pour ne pas voir le pays». (12,3-6). Ezéchiel obéit : « Alors j'ai fait comme il m’avait été ordonné » (12,7). À une époque comme la nôtre, dominée par l'idéologie du succès et l'obsession d'être parmi les "gagnants", les prophètes nous disent qu'on peut mener une vie droite dans les défaites et les échecs, et que le chemin de cette vie droite est fréquenté presque exclusivement par des "perdants" qui continuent à marcher avec dignité et la tête haute, malgré les défaites. L'insuccès du prophète n'est pas l'échec de sa prophétie, car cet insuccès et la surdité du peuple sont intrinsèques à la vraie prophétie et la distinguent de la fausse.
Arrêtons-nous un instant et regardons bien ce prophète qui incarne la condition de l'exilé, du réfugié, de l'immigré. Ce chapitre du livre d'Ezéchiel répète maintes fois que le prophète accomplit ces gestes "sous leurs yeux". Parmi ces "yeux", il doit y avoir aussi les nôtres, parce que ces signes et gestes d'Ezéchiel continuent d'être vivants et efficaces si nous nous donnons les moyens de les voir hic et nunc, si nous l'observons en train de réaliser parfaitement sa mission, en plein milieu du village. On le voit donc assembler ses bagages d'exilé et au coucher du soleil sortir de sa maison et de son village. Il part dans l'obscurité, comme beaucoup de migrants, avec son fardeau sur les épaules, le visage couvert d'un voile pour éviter à ses yeux humides de "voir le pays" et pour ne pas prolonger la nostalgie de la maison laissée pour toujours - quand un migrant part, il vivra mieux dans sa nouvelle terre s'il n’entretient pas le souvenir de sa maison, aussi ne doit-il pas partir avec cette dernière image dans les yeux : la nostalgie est toujours très mauvaise conseillère pour qui veut ou doit recommencer.
Ce signe prophétique d'Ezéchiel n'était pas facile à déchiffrer. La plupart y auront vu la prophétie du retour à Jérusalem. Les faux prophètes, également présents et actifs au cours de l’exil, vendaient comme première marchandise la certitude de ce retour imminent et la fin de l’exil. Mais Ezéchiel révèle une réalité radicalement différente et rebutante : « Dis-leur : Je suis un signe merveilleux pour vous. Ce que j'ai fait sera fait au peuple de Jérusalem ; ils seront déportés et ils seront réduits en esclavage » (12,11). L'exil est alors le destin de ceux qui sont restés chez eux : non seulement les premiers déportés à Babylone ne reviendront pas, mais bientôt tous les autres seront déportés (comme ce sera le cas quelques années plus tard, en 587). Voici donc la première surprise : le geste, bien qu’accompli au milieu des exilés, s'adressait à ceux qui étaient restés à Jérusalem. Qui sait combien d'Ezéchiels prophétisent aujourd'hui dans nos camps de réfugiés et dans les lieux de non- accueil : c’est de là que sont lancés des actions et des appels qui nous concernent. Si nous voulons entendre quelques vérités sur le destin qui nous attend, inutile de courir vers les tribunes et les temples de nos "centres", où travaillent beaucoup de faux prophètes. Mieux vaudrait aller dans les banlieues, dans les lieux de déportation, d’exil, dans les innombrables pérégrinations, où se produisent des gestes et des signes dont on pense qu’ils ne nous concernent pas, et qui pourtant s’adressent précisément à nous qui, comme les concitoyens d'Ezéchiel, avons la tête trop dure pour les comprendre, les accueillir, nous convertir.
Il y a ensuite un autre élément essentiel. Ezéchiel s'est vraiment préparé à immigrer, il a vraiment fait un trou dans sa maison, il est vraiment sorti au coucher du soleil, il a erré en exil toute la nuit, hors de son pays. Les gestes prophétiques s’enracinent dans la chair de notre vie, sinon ils seraient inefficaces et inutiles. Ils sont "plus petits" que l'événement réel, mais ils sont vrais, et ils parlent ainsi en devenant sacrement et signe : «Car j’ai fait de toi un signe merveilleux pour la maison d'Israël » (12:6). Ce signe merveilleux continue à prononcer des paroles ancrées dans sa chair : «La parole de Yahvé me fut adressée ainsi : "Fils d’homme, tu mangeras ton pain en tremblant et boiras ton eau dans l’inquiétude et l’angoisse"». (12,17-18). C'est à nouveau le corps du prophète qui prophétise et dit aux habitants de Jérusalem que le temps du siège et de l'exil est en train d’arriver, que le pain et l'eau seront rares et consommés dans la peur et l'angoisse qui font trembler le corps tout entier. Après la paralysie et le mutisme, c'est encore son corps qui prononce les mots les plus importants avec tremblements et secousses, peut-être de véritables convulsions. Nous ignorons combien de temps a duré l'expérience d'Ezéchiel mangeant et buvant avec ses mains et tout son corps, mais nous savons que c'était une expérience réelle et vraie, qui l'a touché et blessé, et que sa chair a peut-être été marquée à vie, car il s’agissait de faits réels et incarnés.
Le dur combat que les prophètes ont toujours mené contre les faux-prophètes tourne autour de la parole vérité. S'il avait été un faux prophète, Ezéchiel, il aurait porté un masque pour interpréter un scénario écrit par lui-même. Ezéchiel ne le fait pas : en exécutant le script qu'un autre a composé pour lui, il devient ce qu'il représente du fait même qu’il l’exécute. Dans chaque geste prophétique se répète cette merveilleuse expérience que les acteurs ont faite au moins une fois dans leur vie, lorsqu'après avoir récité plusieurs scènes et plusieurs fois la même pièce, un soir, alors qu'ils sont dans ce même théâtre pour répéter les mêmes paroles, le miracle se produit : soudain la scène, le public, l'auteur et le scenario disparaissent, et l'acteur devient les paroles et les gestes qu'il récite. Il peut (et doit) arriver la même chose à ceux qui travaillent vraiment, quand, après avoir exécuté des ordres et des directives externes pendant des années, ils voient un jour s’estomper le management, les hiérarchies, les tâches et réalisent que leur travail est devenu une réalité intime, fait partie intégrante de leur âme, que la distance qui sépare ce travail de leur cœur a été annulée. Sans oublier l'expérience de celui qui, après avoir récité pendant des décennies des prières et des psaumes appris et transmis par sa communauté, comprend enfin dans une liturgie différente qu’il est devenu la prière qu'il récite, où les paroles les plus saintes sont celles dites par son propre corps vacillant et blessé.
Ces expériences, extraordinaires et parfois uniques, sont normales dans la vie du prophète : il peut dire des mots différents parce qu'avant de les dire, il les a "mangés", parce qu'ils sont devenus un vrai fardeau sur ses épaules, de vrais trous dans le mur de la maison, du pain et de l'eau vraiment ingérés dans les spasmes des convulsions. Des paroles devenues chair. Le peuple d'Israël ne s'est pas converti, n'a pas compris et n'a pas accepté le message d'Ézéchiel. Il ne se rendait pas compte que le prophète était un signe merveilleux qui lui était envoyé. Il est venu parmi les siens, mais les siens ne l'ont pas accueilli. Six siècles après Ezéchiel, prophète devenu signe d'exil et de migration, un enfant, un fils, est devenu un sacrement et un signe merveilleux pour nous. Ce divin migrant est parti sans mettre de voile pour se couvrir les yeux, parce qu'il voulait que l'image de sa "maison" reste imprimée dans ses pupilles, pour que nous puissions ainsi la contempler en les regardant. Joyeux Noël !
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De Luigino Bruni
Paru dans Avvenire le 20/01/2019
« Je déteste, je méprise vos fêtes, je n’ai aucun goût pour vos assemblées. Éloignez de moi le tapage de vos cantiques ; que je n’entende pas la musique de vos harpes. Mais que le droit jaillisse comme une source ; la justice, comme un torrent qui ne tarit jamais ! »
Amos, 5,21-24
Dans la Bible l’économie est quelque chose de terriblement sérieux. Elle côtoie, pas par hasard, le péché d’idolâtrie. Sa théologie devient immédiatement anthropologie, et donc argent, prêts, intérêt. Telle est la belle laïcité de la Bible, où Dieu emploie, pour nous parler, les paroles de nos affaires et les fait monter jusqu’à percer le ciel. Ne nous étonnons pas si l’un de nous, quand il arrivera au paradis, reverra parmi les danses des personnes divines et des bienheureux le tour, le tournevis, les meubles et les vêtements. Si nous perdons cette co-essentialité des axes vertical et horizontal nous ne comprenons rien à l’humanisme biblique et à celui des Évangiles. L’économie fait partie de la vie et nous devons le rappeler plus encore aujourd’hui car elle veut déborder et devenir toute la vie. Cependant les relations économiques déterminent la qualité et la justice de toutes les autres ; et fausser le rapport avec l’économie et la finance signifie fausser aussi le rapport avec Dieu. La Bible a voulu, a dû lier radicalement l’oikonomia du salut à l’économie quotidienne des affaires et de l’argent, et, ce faisant, nous a laissé une hérédité sans prix, d’une valeur infinie.
[fulltext] =>« Le grand aigle, aux grandes ailes, à l’envergure immense, au plumage épais et chamarré, vint au Liban. Il s’empara de la cime du cèdre, cueillit le sommet de sa ramure ; il l’emporta au pays des marchands, et dans une ville de trafiquants le déposa » (Ézéchiel 17, 3-4). Dans la Bible la nature est beaucoup plus que la toile de fond de la comédie et de la tragédie humaines. Hommes, montagnes, ciel, vent, feu… : tout vit , se meut et "parle" de concert avec les aigles, les lions (Éz 19), les cèdres et les vignes. Les plantes n’entrèrent pas dans l’arche de Noé, mais sont montées sur l’arche de la Bible où les arbres aussi sont vivants et parfois deviennent paroles que disent les prophètes pour faire parler YHWH. Les animaux et la nature sont inclus dans leur dialogue avec les hommes et avec Dieu. Ils sont chantres de la création.
La parole de Dieu est en effet parole de vie, et la vie humaine, chef-d’œuvre de la création, ne suffit pas à dire seule quelque chose de vrai sur le mystère de la vie. Nabuchodonosor II, le grand aigle, captura dans ses griffes le roi d’Israël (le plus haut rameau du cèdre, Joachin, lors de la première déportation survenue en 598 A.C.), et l’exila à Babylone. La parabole continue avec l’arrivée d’un second aigle (« Il y eut encore un grand aigle » 17,7), image de la surpuissance égyptienne vers laquelle se tourna Israël (en 591) dans l’espoir insensé d’une condition politique meilleure que celle du traité avec les babyloniens.
Voilà Ézéchiel prophète d’une partie du peuple exilé, un exil compris et vécu comme punition des péchés d’idolâtrie des pères, de la trahison collective de l’Alliance. Cet état moral et religieux pouvait paralyser le peuple et tuer toute espérance non vaine. Il lui fallut donc absolument reconstruire l’âme des siens, leur donner encore un possible salut : « Mais le méchant, s’il se détourne de tous les péchés qu’il a commis, s’il observe tous mes décrets, s’il pratique le droit et la justice, c’est certain, il vivra, il ne mourra pas » (18, 21). Pour survivre chacun doit certes répudier les idoles, mais aussi - dit le prophète – pratiquer une éthique différente, dire avec les mains la fidélité du cœur : « Rejetez tous les crimes que vous avez commis, faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau. Pourquoi vouloir mourir, maison d’Israël ? Je ne prends plaisir à la mort de personne » (18, 31-32).
Dans cette opération éthique et théologique fondamentale, entre en jeu l’économie, en place centrale.
Ézéchiel décrit Babylone en peu de mots, qui en révèlent cependant l’essence : « Pays de marchands, ville de négoce ». Ce choix lexical nous dit beaucoup si on le laisse s’exprimer. Ézéchiel et ses compagnons déportés furent sans doute fort impressionnés par l’économie de ce grand empire. Les anthropologues du siècle dernier considéraient le marché comme une invention moderne, vu que les communautés antiques réglaient avant tout leurs échanges en dons et en redistribuant les richesses. Mais les milliers de tablettes mises à jour par de récentes fouilles révèlent au contraire que la Babylone de Nabuchodonosor avait atteint un exceptionnel développement économique et financier, pas loin, en quantité et qualité, de celui du tardif empire romain ou des cités médiévales italiennes (donc un peu semblable au nôtre). Cette économie était surtout monétaire (argent) ; il existait un marché du travail avec des ouvriers salariés, de florissants commerces internes et externes, et un système bancaire sophistiqué centré sur la riche et complexe économie financière des temples. Dans tout l’antique Moyen Orient le taux d’intérêt des prêts était permis ; quelques codes babyloniens le limitaient à 20% pour l’argent et à 33.3% pour le blé. Dans tout le Moyen Orient… sauf en Israël. Pourquoi ? Quelles sont les raisons de cette exception qu’est l’interdit biblique du prêt avec intérêt, qui a tant conditionné le développement de l’Occident jusqu’à l’époque moderne ?
Dans les économies non monétaires la monnaie couvre seulement quelques secteurs de la vie et l’argent n’est donc pas capital. Mais si l’économie devient monétaire et que l’argent règle la plupart des relations, le rapport avec l’argent est vital, et, ajoute prophétiquement Ézéchiel, il est vital aussi pour la foi.
Tous n’étaient pas (ne sont pas) égaux aux commandes de l’argent, et qui le détient est terriblement tenté d’abuser injustement de son pouvoir. Celui qui accorde des prêts n’était pas (souvent n’est pas) sur un pied d’égalité avec celui qui les reçoit. Qui les offrait était riche, puissant, peut-être investi d’une autorité sacrée – les banques étaient généralement liées aux rois et aux temples. Qui en demandait un se trouvait dans le besoin, incertain quant au futur, donc plus faible. Israël en exil comprend alors que l’interdit de l’usure permet d’éviter que l’usage du pouvoir ne crée des rentes pour les forts au détriment des plus fragiles. La prophétie est toujours économique aussi, jamais seulement "religieuse" et cultuelle – sinon elle se transforme en fausse prophétie.
La captivité babylonienne - avec l’observation directe des graves conséquences de l’usure sur les débiteurs - fut décisive pour la naissance de la législation particulière et unique de la Torah hébraïque (écrite surtout après l’exil), très centrée sur les dettes, les prêts et l’intérêt. Le jubilé était en fait, surtout en certaines périodes, un temps de libération des esclaves devenus tels pour n’avoir pas pu payer leurs dettes aux créanciers devenus patrons de toute leur famille.
Dans ce long exil en terre commerciale et financière, sans temple ni culte, grâce à Ézéchiel et aux prophètes de l’exil, le peuple d’Israël comprit que la refondation de l’éthique de l’Alliance nécessitait une lutte sans merci contre la fascination de ces divers dieux, séduisants, naturels et colorés comme les aigles ; mais il était tout aussi urgent de refonder une vie sociale et économique différente de celle en vigueur dans ce grand empire. Pour dire qui était leur Dieu ils écrivirent une autre économie et interdirent les intérêts sur l’argent pour exalter les intérêts des pauvres et la justice divine. Un Dieu à l’écoute du cri des pauvres ne pouvait pas écouter la voix des usuriers. La diversité théologique devint immédiatement diversité éthique et économique.
Qu’on ne s’étonne donc pas des conditions de conversion qu’indique Ézéchiel pour devenir juste : « Le juste est l’homme qui observe le droit et la justice, qui ne va pas aux festins sur les montagnes, ne lève pas les yeux vers les idoles immondes de la maison d’Israël… qui restitue ce qu’on lui a laissé en gage, ne commet pas de fraude, donne son pain à celui qui a faim et couvre d’un vêtement celui qui est nu ; l’homme qui ne prête pas à intérêt et ne pratique pas l’usure » (18 5-8).
Un peuple au Dieu différent de tous les autres peuples a ainsi produit une éthique économique et financière différente et unique. Dans cet empire idolâtre à l’économie financière Ézéchiel comprit la leçon théo-anthopologique de la grande souffrance d’un groupe d’exilés apeurés et découragés : la compréhension de la nature religieuse de l’argent, si religieuse qu’elle devenait le matériau des idoles mais aussi la première pierre de la première nouvelle maison.
Aujourd’hui comme hier l’économie vit de cette radicale et terrible ambivalence. C’était trente pièces d’argent que reçut Judas pour son ignoble commerce ; deux pièces que donna le Bon Samaritain pour associer un aubergiste à sa compassion. C’est d’or que fut fait le veau sous le Sinaï ; c’est d’or et d’argent qu’on fait notre justice et notre injustice. Nous l’avons oublié et, à peine sortis de l’église, nous déposons de l’argent dans des banques qui financent les jeux de hasard et les mines antipersonnel, sans même un prophète pour nous dire : « Gare à vous ! » - et, y en eut-il un capable de nous le répéter, nous l’ignorerions et le couvririons de ridicule.
Les actions économiques ne sont pas que ‘éthique’ : elles sont aussi ‘théologie’. C’est en cela qu’est très sérieuse l’économie. La justice économique est de même nature et dignité que le culte religieux. Ézéchiel ne hiérarchise pas ses préceptes : on trahit l’Alliance et on meurt en vénérant Baal comme en opprimant le prochain par des prêts usuriers et des contrats injustes. Notre âme se meurt d’idolâtrie comme elle se meurt d’abus de pouvoir économique à l’égard des pauvres. Les prophètes nous rappellent ce lien, nous font voir cette corde qui lie YHWH à l’économie. Nous faisons tout pour la couper, ils doivent continuer à nous la rappeler.
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De Luigino Bruni
Paru dans Avvenire le 20/01/2019
« Je déteste, je méprise vos fêtes, je n’ai aucun goût pour vos assemblées. Éloignez de moi le tapage de vos cantiques ; que je n’entende pas la musique de vos harpes. Mais que le droit jaillisse comme une source ; la justice, comme un torrent qui ne tarit jamais ! »
Amos, 5,21-24
Dans la Bible l’économie est quelque chose de terriblement sérieux. Elle côtoie, pas par hasard, le péché d’idolâtrie. Sa théologie devient immédiatement anthropologie, et donc argent, prêts, intérêt. Telle est la belle laïcité de la Bible, où Dieu emploie, pour nous parler, les paroles de nos affaires et les fait monter jusqu’à percer le ciel. Ne nous étonnons pas si l’un de nous, quand il arrivera au paradis, reverra parmi les danses des personnes divines et des bienheureux le tour, le tournevis, les meubles et les vêtements. Si nous perdons cette co-essentialité des axes vertical et horizontal nous ne comprenons rien à l’humanisme biblique et à celui des Évangiles. L’économie fait partie de la vie et nous devons le rappeler plus encore aujourd’hui car elle veut déborder et devenir toute la vie. Cependant les relations économiques déterminent la qualité et la justice de toutes les autres ; et fausser le rapport avec l’économie et la finance signifie fausser aussi le rapport avec Dieu. La Bible a voulu, a dû lier radicalement l’oikonomia du salut à l’économie quotidienne des affaires et de l’argent, et, ce faisant, nous a laissé une hérédité sans prix, d’une valeur infinie.
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De Luigino Bruni
Paru dans Avvenire le 27/01/2019
« La solitude est venue… Les hommes se sont retirés ; les amitiés sont affadies, les intérêts finis. Ingratitude ? Vanité ? Illusion ?... Certes. Mais c’est surtout toute la logique de l’existence qui fait irruption jusqu’à un certain point de la vie de l’homme… pour ensuite, sur la crête dégradée de l’autre versant, plonger dans le mystère. Seul : libre donc »
Igino Giordani, Diario di Fuoco
Dans les expériences de don, le premier don ne suffit pas. Un second acte coessentiel est nécessaire : l’accueil. En effet le don est un discours déployé dans le temps, une syntaxe sociale d’actes libres. De nombreuses pathologies relationnelles naissent du fait que le donateur est si préoccupé de son propre don qu’il empêche l’autre de prononcer librement son oui. Dans les rapports, le plus faible n’est pas celui qui accepte mais celui qui fait le don, parce que le refus cause de grandes souffrances et frustrations (comme l’éprouva Caïn au non accueil de son don). Tous nous craignons que nos dons les plus importants ne soient pas accueillis (par un fils, un chef de bureau), et nous sommes donc tentés de priver l’autre de la liberté de les refuser ; si possible, nous faisons cela souvent. Le Dieu biblique n’a pas voulu nous priver de la liberté de refuser son plus grand don, l’Alliance et la Loi, et ce faisant il a exalté notre dignité alors même qu’il subissait nos infidélités – et il continue de le faire.
[fulltext] =>Pour la troisième fois depuis le début de la mission d’Ézéchiel, les anciens de cette portion du peuple en exil à Babylone vont le voir et lui demandent d’obtenir de YHWH une réponse : « La parole du Seigneur me fut adressée : "Fils d’homme, parle aux anciens d’Israël. Tu leur diras : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Est-ce pour me consulter que vous venez ? Par ma vie ! Je ne me laisserai pas consulter par vous." » (Ézéchiel 20, 2-3). Pour expliquer aux anciens ce refus, Ézéchiel passe en revue l’entière histoire du salut (en partant de l’Égypte, non des patriarches), scandée en trois temps (Égypte, désert et Canaan). Du long récit d’Ézéchiel, enrichi et amendé par de nombreux rédacteurs successifs, ressort un clair et fort message. L’histoire qui va de la libération du peuple esclave du pharaon jusqu’à la conquête de la terre promise est en réalité le récit des vicissitudes d’un peuple incapable de rester dans l’ethos de l’Alliance et de la Loi. C’est l’histoire d’une suite de périodes de fidélité et d’autres, plus longues, de trahisons. Le pacte offert par pure gratuité a eu toutefois besoin d’un peuple qui réponde par son oui et s’efforce d’en répéter d’autres après nombre d’échecs.
L’infidélité s’est surtout manifestée dans les pratiques idolâtriques, principal chef d’accusation dans Ézéchiel et les prophètes. Mais ce chapitre nous livre une lecture de l’idolâtrie qui nous en révèle la racine et la nature la plus sérieuse et grave : « Ainsi parle le Seigneur Dieu : vos pères m’ont encore outragé en ceci : (…) ils ont regardé chaque colline élevée et chaque arbre touffu ; c’est là qu’ils ont offert leurs sacrifices et m’ont apporté leurs présents provocateurs » (20, 27-28). L’élément décisif est la nature de ce culte. Sur les hauteurs les hébreux n’adoraient pas d’autres idoles : sur les autels des buttes cananéennes le peuple élu adorait YHWH, qu’il avait abaissé au statut de dieu des hauteurs, un dieu comme ceux de toutes les nations avoisinantes : « Vous dites : “Nous voulons être comme les nations, comme les clans des autres pays" » (20, 32).
C’est une idolâtrie populaire, simple, qui porte les personnes à voir le sacré dans les phénomènes naturels, dans le mystère de la vie qui meurt et renaît, dans le soleil et les astres du ciel. La Bible est sévère aussi à l’égard de cette idolâtrie naturelle qui naît du besoin d’entrer en contact avec le sacré dans le quotidien, un besoin légitime, mais que trompe une mauvaise réponse que combattent comme telle les prophètes. Les communautés hébreux qui, surtout en certaines périodes de l’histoire d’Israël, avaient introduit des amulettes dans leurs maisons et qui fréquentaient parfois les temples cananéens de la fertilité, savaient – certains d’entre eux du moins – que ces statuettes n’étaient pas YHWH mais des pantins ; parfois donc elles se convertissaient et retournaient au vrai Dieu qui est tout autre. Tant que le veau d’or et YHWH restent bien distincts on peut toujours décider de quitter l’idole pour retourner à Dieu. C’est à ce point qu’Ézéchiel déplace l’axe de son discours pour nous parler d’une autre forme d’idolâtrie, plus radicale et dangereuse : celle qui naît de la réduction de YHWH à un dieu des hauteurs.
Il est probable (20, 39) que la demande que les anciens voulaient adresser à YHWH concernait leur proposition de construire un temple en terre d’exil où ils pourraient l’adorer à la manière dont étaient adorées les divinités babyloniennes – statues, images, peut-être même sacrifices des premiers-nés (« quand vous faites passer vos fils par le feu » : 20, 31). Si les prophètes avaient toléré cette seconde forme d’idolâtrie, où le ‘veau’ prend le nom de YHWH, nous ne serions pas là aujourd’hui à lire ces textes, qui sont à la base aussi du christianisme, issu de la même racine anti-idolâtrique des prophètes.
Ézéchiel n’accepte donc pas de formuler et d’adresser leur demande à YHWH, parce qu’entrer en dialogue sur ces sujets, c’est déjà fléchir. Dans certains moments décisifs il faut avoir la force de nier la légitimité de la demande, parce que la seule bonne réponse possible est une absence de dialogue. Ézéchiel aura sans doute connu et respecté ces anciens du peuple, mais, par vocation, il a su ne rien concéder à cette forme de piété naturelle, pour pouvoir leur donner une autre pietas beaucoup plus rare et précieuse. Quand on réduit Dieu à une idole, la conversion devient impossible, à moins de se retrouver face à une agapè devenue vérité, grâce à une personne prête à en supporter le prix. Dans tout son livre, Ézéchiel continue d’aimer son peuple en exil en ne répondant pas à ses mauvaises requêtes. Si sa compassion avait vaincu son amour pour la vérité, il serait tout simplement devenu faux prophète.
Ézéchiel nous a dit jusqu’à présent que même Dieu, pour agir dans l’histoire, ne peut se passer d’hommes et de femmes qui acceptent le don de sa prédilection. Mais voilà qu’il nous dit une autre chose splendide sur la nature de l’Alliance et de toute fidélité : « Ainsi parle le Seigneur : "J’ai agi ainsi à cause de mon nom, pour qu’il ne soit pas profané devant les nations parmi lesquelles ils vivaient" » (20, 9). Nous sommes face à une autre logique de fidélité, qui repose sur deux éléments. Le premier concerne le nom : « Par amour de mon nom ». La fidélité est ici amour de quelque chose qui concerne l’aimant et non l’aimé, notre propre nom et non le nom de celui qu’on aime (dans l’humanisme biblique chaque nom est vocation et destin). Même trahi, celui qui aime peut décider de continuer l’alliance. Il reste fidèle par une mystérieuse fidélité à lui-même, à son propre nom. Peut-être parce que, dans les pactes décisifs de la vie (comme le mariage), celle avec qui je me lie devient « chair de ma chair » et donc me façonne et me change intérieurement. Elle pourra un jour trahir ce pacte, mais je peux trouver des raisons pour aller de l’avant ‘par amour de mon nom’, parce que dans mon nom est maintenant aussi inscrit le sien.
Dieu seul peut-être est vraiment capable de cette fidélité sans réciprocité. Mais cette capacité de l’amour divin, nous l’avons nous aussi, au moins un peu. La Bible nous le promet : elle a voulu ouvrir son premier livre en révélant que nous sommes "à l’image et à la ressemblance" d’Elohim. Nous sommes donc à son image aussi dans cette capacité de pardon et de fidélité unilatérales. Et si nous regardons bien en nous comme autour de nous, nous en trouvons vraiment le reflet, assez visible. Il est des personnes qui restent mystérieusement mais réellement fidèles après de longues années de séparation, de divorce, de deuil, et elles le sont parfois "par amour de leur nom", un nom devenu pluriel pour toujours. Cette fidélité au propre nom ne naît pas d’un amour plus petit, mais d’une agapè plus grande. C’est ainsi qu’après avoir fait plusieurs fois le tour de l’immeuble, nous finissons par rentrer à la maison ou au travail, rien que par "amour de notre nom", puisque ces rapports n’offrent désormais plus aucune satisfaction ni sens, mais qu’il nous reste une chose intérieure fort semblable à ce que signifie la parole ‘vérité’.
Mais Ézéchiel nous révèle une seconde raison de cette fidélité paradoxale : « Pour que mon nom ne soit pas profané devant les nations ». Israël n’avait pas été "élu" dans l’intimité d’un rapport, dans un contrat à seul avantage mutuel. L’appel de ce peuple avait été une promesse universelle, faite aux yeux d’autres nations et pour elles. Les pactes, les nôtres aussi, ne sont pas des expériences à consommer en privé. Ils se célèbrent devant des "nations", des témoins et des parents. Et ils génèrent des fils, de nouvelles relations, de nouveaux amis, qui figuraient déjà, invisibles mais réels, dans la signature du même pacte. Cette forme de fidélité naît aussi de promesses faites devant d’autres personnes dont nous savons qu’elles dépendent de notre fidélité. Dans ces cas – nombreux et quotidiens – un grand motif de fidélité se trouve en dehors de nous, dans ces rapports générés par notre pacte que nous savons devoir garder, même seuls.
Quand les pactes trahis ne laissent entrevoir chez l’autre aucune raison de recommencer, il nous reste une ultime ressource : le pardon par amour de notre nom et de celui des personnes impliquées dans cette alliance. Quand vient à manquer le premier "tu", efforçons-nous d’être fidèles au nom des autres "tu" présents dans notre vie, en découvrant aussi en nous un nom plus vrai que nous ne connaissions pas encore. Nous le pouvons, et parfois nous l’avons fait, car cela fait partie de notre répertoire humain, et que nous sommes plus grands que notre bonheur.
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De Luigino Bruni
Paru dans Avvenire le 27/01/2019
« La solitude est venue… Les hommes se sont retirés ; les amitiés sont affadies, les intérêts finis. Ingratitude ? Vanité ? Illusion ?... Certes. Mais c’est surtout toute la logique de l’existence qui fait irruption jusqu’à un certain point de la vie de l’homme… pour ensuite, sur la crête dégradée de l’autre versant, plonger dans le mystère. Seul : libre donc »
Igino Giordani, Diario di Fuoco
Dans les expériences de don, le premier don ne suffit pas. Un second acte coessentiel est nécessaire : l’accueil. En effet le don est un discours déployé dans le temps, une syntaxe sociale d’actes libres. De nombreuses pathologies relationnelles naissent du fait que le donateur est si préoccupé de son propre don qu’il empêche l’autre de prononcer librement son oui. Dans les rapports, le plus faible n’est pas celui qui accepte mais celui qui fait le don, parce que le refus cause de grandes souffrances et frustrations (comme l’éprouva Caïn au non accueil de son don). Tous nous craignons que nos dons les plus importants ne soient pas accueillis (par un fils, un chef de bureau), et nous sommes donc tentés de priver l’autre de la liberté de les refuser ; si possible, nous faisons cela souvent. Le Dieu biblique n’a pas voulu nous priver de la liberté de refuser son plus grand don, l’Alliance et la Loi, et ce faisant il a exalté notre dignité alors même qu’il subissait nos infidélités – et il continue de le faire.
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Par Luigino Bruni
Paru dans Avvenire le 13/01/2019
« Si la femme ne s’était pas séparée de l’homme elle ne serait pas morte avec l’homme. Sa séparation marqua le début de la mort. C’est pour cela qu’est venu le Christ, pour réparer la séparation survenue au début et pour les unir tous deux à nouveau, homme et femme. »
L’évangile de Philippe, 78-79
L’amour humain est une réalité complexe. Dans les rapports plus importants, l’amour est fait d’inconditionnalité, c’est-à-dire d’une capacité d’aimer même sans réciprocité. Cette capacité est essentielle pour surmonter les crises, pour tenir bon en absence de réponse, pour vraiment recommencer après les grandes trahisons. Mais elle va de pair avec le besoin tout aussi radical de mutualité et de communion, d’être aimé quand on aime et après avoir aimé. En effet les amours plus importants se vivent au sein de pactes, d’engagements collectifs et mutuels. Le « Aime ton prochain » s’épanouit dans le « Aimez-vous les uns les autres », où le commandement adressé au ‘moi’ et au ‘tu’ s’allie au commandement au ‘nous’ et au ‘vous’. Et même quand l’amour mûrit et atteint les notes célestes de l’agapè, il ne cesse jamais d’être aussi eros et philia (amitié), parce que jusqu’au bout il reste nécessiteux de l’autre comme l’est l’eros, et libre comme l’amitié (l’agapè ne peut élever que des ‘entrailles’ pétries de tous les amours humains) ; l’amour est dans cette dynamique de liberté et de lien où se tissent les expériences humaines les plus sublimes et terribles. Aux pactes nous confions librement une part de liberté dont, une fois donnée, nous perdons la propriété. Nous décidons librement de nous exposer à la liberté de l’autre, vulnérables à ses changements d’humeur, de lier notre vie à une corde dont nous ne tenons qu’un bout, et pas le plus solide.
La Bible, dans ses pages les plus sublimes, a pris les paroles de l’amour humain le plus sincère et les a données à Dieu pour qu’il puisse nous dire son amour : ahavah, heseb, dodim et, enfin, agapè. Car dans l’amour entre époux le premier don est la réciprocité de merveilleuses paroles.
[fulltext] =>Pour exprimer l’Alliance, au tout début, dans la Genèse, la Bible avait eu recours au langage du contrat commercial et politique. Puis l’âme des prophètes avait compris que ce premier langage était trop pauvre et ils ont adopté l’image du mariage. Mais pour rendre vraie cette métaphore les prophètes eux-mêmes ont dû pousser à l’extrême l’analogie et sont allés jusqu’à expérimenter la trahison du pacte et ses paroles tragiques. L’extrême dureté des paroles de trahison du pacte que nous ont laissées les prophètes exprime ainsi l’extrême vérité de nos pactes et de nos promesses, qui sont vraies dans leurs plus belles paroles parce qu’elles sont vraies aussi dans leurs paroles désespérées.
C’est donc grâce aux prophètes que nous avons compris que l’amour entre YHWH et nous est gratuit mais pas désintéressé ; il est inconditionnel par choix mais conditionné par nos réponses et nos trahisons ; il est très libre et jaloux. Quand elle parle de pacte, la Bible dit que Dieu est sensible à notre fidélité et infidélité, parce qu’il s’est fait vulnérable à la trahison. La possibilité de trahir Dieu élargit le champ de la liberté humaine, donc aussi notre responsabilité. Tel est le paradoxe de la trahison : la valeur de la fidélité dépend de la possibilité de l’infidélité, car personne ne se sentirait aimé de qui lui nierait la liberté de le trahir. Ainsi pouvons-nous donner joie à Dieu (« Cieux, exultez de joie ») parce que nous pouvons aussi le faire souffrir.
Ézéchiel est, parmi ces prophètes extrêmes et téméraires, celui qui a le plus parlé de manière inédite et audacieuse. « Ainsi parle le Seigneur Dieu à Jérusalem : Par tes origines et ta naissance, tu es du pays de Canaan. Ton père était un Amorite, et ta mère, une Hittite. À ta naissance, le jour où tu es née, on ne t’a pas coupé le cordon, on ne t’a pas plongée dans l’eau pour te nettoyer… On t’a jetée en plein champ… Tu as poussé, tu as grandi, tu es devenue femme, ta poitrine s’est formée, ta chevelure s’est développée. Mais tu étais complètement nue. Je suis passé près de toi, et je t’ai vue : tu avais atteint l’âge des amours. J’étendis sur toi le pan de mon manteau et je couvris ta nudité. Par serment je suis entré en alliance avec toi – et tu as été à moi. » (Ézéchiel 16, 3-6)
Jérusalem, aux origines païennes et humbles, est "aux yeux" de YHWH sauvée, choisie et épousée (« je suis entré en alliance avec toi »). Mais après la saison du premier amour, après qu’elle ait été transformée d’abandonnée en princesse (« Tu devins de plus en plus belle et digne de la royauté » : 16,13), l’épouse commença à se pervertir, à se prostituer avec des étrangers (l’égyptien, l’assyrien, le chaldéen), s’offrant à quiconque passait par ses grabats aux croisements de rues (16, 20-32). Et comme si cela ne suffisait pas, cette prostituée est allée jusqu’à altérer la nature même de la prostitution : « À toutes les prostituées, on fait un cadeau. Mais c’est toi qui faisais des cadeaux à tous tes amants ; tu les payais, pour qu’ils viennent vers toi, de tous côtés, se prostituer avec toi. » (16, 33). Jérusalem n’avait aucun motif économique ni social pour se prostituer (aujourd’hui comme hier beaucoup de gens qui finissent sur les trottoirs sont des victimes qui ne l’ont ni voulu ni choisi). Son choix était intentionnel, seulement dicté par le vice et la concupiscence, coupable donc.
Ézéchiel (comme avant lui Osée et Jérémie) a été transformé par Dieu en message incarné. Mais, à la différence d’Osée, il ne raconte pas un événement autobiographique. Il n’a pas épousé une femme infidèle, puisqu’il dit que sa femme est « lumière de ses yeux ». Mais en prononçant ces paroles de condamnation de son peuple prostitué, il ressent la même souffrance que si son épouse l’avait trahi. Ainsi s’explique la dureté lexicale des paroles d’Ézéchiel (qui, à l’origine, sans les rectifications des traductions, confine au langage sexuel vulgaire). En cause le tempérament d’Ézéchiel, certes, mais surtout le cri de douleur d’un époux sincère impudemment trahi.
La Bible est grande, immense par endroits, notamment par sa capacité à nous faire rencontrer des hommes et des femmes tout d’une pièce, qui réussissent à nous faire toucher le pan du manteau de Dieu et lui faire ressentir notre toucher. Au dessous de cette humanité intègre – qui sera celle du Baptiste, de Paul, de Jésus – ne se trouvent que des idéologies et des idoles de la religion, qui ne touchent personne, n’étant que fumée et vanité.
Mais il y a davantage. Peut-être YHWH lui avait-il murmuré ces paroles tandis qu’il parcourait les rues de Babylone peuplées de prostituées. À la vue de leur commerce cette parole le fit souffrir en tant que membre et pasteur de ce peuple prostitué aux idoles (tout vrai prophète reste solidaire du peuple qu’il doit réprimander et condamner, et se réprimande et se condamne aussi lui-même). Mais cet oracle de YHWH lui fit sentir aussi la souffrance de Dieu trahi par son peuple. Tel est le destin des prophètes honnêtes. Ils vivent plusieurs vies, vivent et supportent davantage de maux : les leurs, ceux de leur peuple, et ceux de Dieu.
Si la voix de Dieu qui parle aux prophètes est vraie, la douleur de Dieu aussi doit être vraie, et on peut la connaître sur terre dans la souffrance de ses prophètes, qui nous enseignent les joies et les souffrances des hommes comme celles aussi de Dieu. Quand Ézéchiel parcourait Babylone, dans ces prostituées il voyait vraiment Jérusalem, la cité de David, la cité sainte au temple saint. Il voyait dans le comportement déviant de ces femmes les mêmes gestes pervers de son peuple. Il ne les imagine pas, il les voit, et de ces ‘visions’ naît la force de son cri et de son vocabulaire. Cette vision est le trait fondamental des prophètes. Ils voient des choses différentes, entendent des sons différents, et, après seulement, disent des paroles différentes.
Ézéchiel avait commencé son discours métaphorique sur la trahison d’Israël au chapitre XV, avec l’image de la vigne, autre métaphore biblique et prophétique très commune pour représenter Israël. Il avait chanté une vigne cultivée et bêchée qui cependant s’était abîmée, devenant totalement infertile : « Fils d’homme, pour quelle raison le bois de la vigne vaudrait-il mieux que tous les autres bois ? En tire-t-on du bois pour en faire un ouvrage ?... Voilà qu’on le jette au feu pour le consumer » (15, 2-4). Un processus dégénératif qui ensuite se prolonge et s’exalte dans les chapitres suivants.
Une question théologique se trouve au centre de ces discours sur la dépravation de Jérusalem : le rapport complexe et périlleux entre élection et mérites. Le bois de la vigne n’a pas en soi de valeur particulière ; il n’est pas meilleur que celui du chêne ou du hêtre, ni pour la fabrication d’outils, ni comme bois à brûler. Ce sont les soins du vigneron qui font de la vigne la reine des champs. Le bon vin, s’il vient, n’est pas mérite de la vigne, mais don, gratuité, grâce, charis, agapè. Mais quand la vigne et la jeune épouse considèrent au contraire que leur élection tient à leurs mérites et n’est pas un don, s’insinue le germe de la perversion. Pour la vigne et pour la vie. La Bible et les prophètes nous disent, de toute la force (considérable) dont ils sont capables, que l’élection, le fait d’être choisi entre tous, est don – ahavah : agapè.
En beaucoup de choses humaines les mérites déterminent et génèrent l’élection, mais ils ne sont pas vraiment décisifs. Nous n’avons aucun mérite à être nés dans une famille qui nous a accueillis, aimés, respectés, fait étudier et accompagnés ; et nous ne sommes pour rien dans le fait d’être nés dans un pays en guerre et sans liberté. Nous n’avons pas mérité les quelques rencontres décisives qui ont façonné notre profil humain et professionnel, ni d’être "vus" et appelés par notre nom. C’est cette radicale gratuité de la vie que la Bible et les prophètes ont défendue et défendent jusqu’au bout. Pour que nous puissions nous sentir plus aimés que nous ne le méritions ou le déméritions.
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L’évangile de Philippe, 78-79
L’amour humain est une réalité complexe. Dans les rapports plus importants, l’amour est fait d’inconditionnalité, c’est-à-dire d’une capacité d’aimer même sans réciprocité. Cette capacité est essentielle pour surmonter les crises, pour tenir bon en absence de réponse, pour vraiment recommencer après les grandes trahisons. Mais elle va de pair avec le besoin tout aussi radical de mutualité et de communion, d’être aimé quand on aime et après avoir aimé. En effet les amours plus importants se vivent au sein de pactes, d’engagements collectifs et mutuels. Le « Aime ton prochain » s’épanouit dans le « Aimez-vous les uns les autres », où le commandement adressé au ‘moi’ et au ‘tu’ s’allie au commandement au ‘nous’ et au ‘vous’. Et même quand l’amour mûrit et atteint les notes célestes de l’agapè, il ne cesse jamais d’être aussi eros et philia (amitié), parce que jusqu’au bout il reste nécessiteux de l’autre comme l’est l’eros, et libre comme l’amitié (l’agapè ne peut élever que des ‘entrailles’ pétries de tous les amours humains) ; l’amour est dans cette dynamique de liberté et de lien où se tissent les expériences humaines les plus sublimes et terribles. Aux pactes nous confions librement une part de liberté dont, une fois donnée, nous perdons la propriété. Nous décidons librement de nous exposer à la liberté de l’autre, vulnérables à ses changements d’humeur, de lier notre vie à une corde dont nous ne tenons qu’un bout, et pas le plus solide.
La Bible, dans ses pages les plus sublimes, a pris les paroles de l’amour humain le plus sincère et les a données à Dieu pour qu’il puisse nous dire son amour : ahavah, heseb, dodim et, enfin, agapè. Car dans l’amour entre époux le premier don est la réciprocité de merveilleuses paroles.
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Par Luigino Bruni
Paru dans Avvenire le 06/01/2019
« Comme l’instinct du mal attire l’homme au péché, de même l’attire-t-il à devenir trop juste »
Martin Buber, Histoires et légendes hassidiques
Le discours civil est riche et bon quand nous réussissons à dire "tu" à de nombreuses personnes, qui augmentent et deviennent plus vraies d’année en année. Mais cette bonne loi universelle connaît de rares mais décisives exceptions, celles qui nécessitent que le "tu" soit unique. Les mariages, par exemple, ont inscrit dans leur nature la dimension de l’unicité. De rares mais essentielles paroles du "cœur" ne peuvent se dire qu’à la propre épouse, parce que les dire à plusieurs femmes les vide de leur beauté et de leur vérité. Quand la Bible nous dit qu’il faut vivre le rapport avec Dieu comme une alliance et un pacte, elle nous dit la même chose : si mon cœur dit les mêmes paroles à plusieurs divinités, à personne je ne dis rien de vrai. Le Dieu biblique parle seulement cœur à cœur, n’a de discours qu’à deux, ne cherche avec nous que le dia-logue. La lutte anti-idolâtre des prophètes est donc de sauver la possibilité qu’ont les hommes et les femmes de dire "tu" à Dieu, sans fausseté.
[fulltext] =>Quelques-uns des anciens d’Israël vinrent me trouver et s’assirent devant moi. La parole du Seigneur me fut adressée : « Fils d’homme, ces gens-là ont exalté en leur cœur leurs idoles immondes… Vais-je me laisser consulter par eux ? » (Ézéchiel 14, 1-3). Les chefs de la communauté du peuple d’Israël exilé à Babylone vont trouver Ézéchiel et lui demande d’interroger YHWH. Il leur répondit : « Retournez-vous ! Détournez-vous de vos idoles ; de toutes vos abominations détournez vos visages ! » (14, 6). YHWH ne répond pas à leur requête et les invite à abandonner les idoles. Réapparaît ici un thème central de la prophétie, l’idolâtrie, qu’on nous présente comme une question de "cœur" : le peuple et des chefs avaient accueilli en leur âme d’autres dieux que l’Unique ; ils s’étaient intimement corrompus.
Cette forme d’idolâtrie en exil était différente de celle qu’Ézéchiel avait observée dans "sa vision" du temple de Jérusalem désormais peuplé d’autres divinités sises à côté de YHWH. Celle-ci, à Babylone, n’est pas une idolâtrie publique, puisque les exilés n’avaient pas le temple. La vie religieuse publique des exilés, même réduite, continuait à célébrer YHWH comme Dieu. C’était dans le privé que la corruption s’était introduite, dans les maisons des familles où figuraient des amulettes et statues babyloniennes priées et adorées en secret. Tandis qu’en public on continuait de prier le Dieu de l’alliance, dans le cœur s’étaient introduites des idoles qu’on priait et adorait comme d’autres "tu". Ézéchiel ne pouvait alors donner que la seule réponse possible : convertissez-vous et retournez-vous, changez radicalement de direction, car notre Dieu, qui est vrai et différent, ne peut pas parler dans vos lieux peuplés d’idoles.
Le prophète connaît et voit aussi cette corruption intime et secrète, et c’est là une de ses fonctions les plus précieuses. Il ne la voit pas à la manière d’un devin ou d’un mage, mais parce que sa vocation lui confère une intelligence différente : il voit au-dedans. Peut-être la voit-il dans les yeux de ses interlocuteurs, car les yeux reflètent l’âme et toute corruption intérieure. En toute trahison du corps et du cœur, les yeux sont les premiers à s’embuer, à s’obscurcir, à ne soutenir le regard que pour quelques secondes ; ils perdent cette lumière typique de l’enfance qui brille durant toute leur vie dans les yeux bons, gardienne d’une pureté différente qui, si nous la conservons, sera la première dot à notre arrivée au ciel.
Son discours continue et nous fait connaître une autre forme de fausse prophétie : « Et si le prophète se laisse séduire et prononce une parole, c’est moi, le Seigneur, qui l’aurai séduit ; j’étendrai la main contre lui et je le supprimerai du milieu de mon peuple Israël » (14,9). Parmi les nombreux faux prophètes en exil certains continuaient donc à exercer leur métier au milieu du peuple à la foi corrompue. Vendeurs de vanité, ils n’avaient aucun vrai dialogue à préserver, et offraient donc des prophéties à tout solliciteur. Aussi étaient-ils très aimés du peuple, dont ils satisfaisaient les besoins religieux, mais ils le trahissaient en réalité et le trompaient, rendant encore plus dure la vie des prophètes honnêtes.
Ce traité sur l’idolâtrie se conclut pour l’instant, et un virage narratif nous ouvre soudain un horizon divers où Ézéchiel nous révèle des choses nouvelles et très importantes : « La parole du Seigneur me fut adressée : « Fils d’homme, si un pays péchait contre moi en commettant l’infidélité, si j’étendais la main contre lui… et si dans ce pays il y avait ces trois hommes, Noé, Daniel et Job, alors eux seulement, par leur justice, sauveraient leur vie – oracle du Seigneur Dieu » (14,12-14). C’est la grande question de la responsabilité individuelle des actions, et la transmission des fautes (et des mérites) des pères aux fils (« si dans ce pays il y avait ces trois hommes… ils ne pourraient sauver ni fils ni filles : eux seuls seraient sauvés » (14,16). Ézéchiel, pour donner force à son discours et l’universaliser, cite trois figures légendaires et non hébreux, connues pour leur grande justice – impressionnante est la culture d’Ézéchiel, qui embrasse de lointaines et antiques civilisations, étant en cela plus grand que les autres prophètes bibliques. Noé, Job et Daniel étaient des personnages mythiques moyen-orientaux que la Bible transforma ensuite en chefs-d’œuvre spirituels et littéraires. Ézéchiel nous dit que pas même ces champions de l’éthique pourraient par leur justice proverbiale sauver leurs propres fils. Pourquoi ?
Le rapport entre les fautes et la justice des pères et celles des fils est un sujet qui, dans des formes pas toujours cohérentes entre elles, parcourt toute la Bible. La vie est une corde (fides) qui se dénoue entre les générations, en en recevant une marque et un enseignement. Nous savons qu’au-delà de toute théorie religieuse et scientifique, la vie est ainsi faite que les fautes et les mérites des pères et des mères se transmettent aux fils et aux filles. Leurs vertus, leur intelligence, leur économie et leur culture, leurs choix éthiques, leurs erreurs et leurs péchés conditionnent profondément, et parfois déterminent, notre vie, notre bien et notre mal. Mais comme Ézéchiel nous savons aussi que nous sommes plus grands que le destin inscrit dans nos gènes et dans notre passé. Un des traits qui font d’Adam un être « à peine moindre qu’un dieu » (Psaume 8) est notre capacité à devenir différents de ce que nous aurions dû être par la famille dont nous provenons, par les bénédictions et les blessures de notre enfance et de notre jeunesse. Nous sommes bien plus que hasard et nécessité, même si sous ce "bien plus" se cache la possibilité que notre destin s’aggrave (une vie pire est toujours moralement préférable à une vie déterminée par notre passé, car la liberté vaut infiniment plus).
Comme Ézéchiel nous savons qu’il y a des vertus et des fautes qui ne se transmettent pas par la lignée familiale, et souvent c’est bien ainsi. Nous le savons, mais il n’en a pas toujours été de même, et ce fut le cas en Israël au temps d’Ézéchiel (qui, pas par hasard, reprendra ce sujet au chapitre 18).
Les civilisations ont en effet voulu déduire des actions de leurs fils les vertus et surtout les fautes des pères – « de quelle famille est ce jeune pour agir ainsi ?! ». Aussi pendant des millénaires les responsabilités individuelles sont-elles devenues collectives, le stigmate privé est devenu familial et public et a marqué de nombreux innocents, pères et fils.
Dans ce chapitre de son livre, Ézéchiel nous dit alors quelque chose de nouveau et très significatif : la responsabilité morale et spirituelle des actions est personnelle. Cette thèse théologique et anthropologique a des conséquences énormes, à la fois splendides et terribles. Un mauvais fils ne peut pas être racheté par un père bon, qui peut rester et reste juste en général même si son fils est devenu injuste. Cette loi morale dérive du sérieux et de la vérité de l’histoire, ainsi que de notre dignité et de notre liberté. Il y a des mérites et des bontés de nos fils que nous ne pouvons et ne devons pas attribuer à nos chromosomes et à notre hérédité, mais aussi des dégénérescences et des péchés de leur part dont nous ne devons pas assumer la responsabilité et la faute. Nous les voyons grandir, changer, et parfois devenir plus mauvais qu’ils n’auraient dû. Nous faisons tout pour les racheter et les sauver, mais un jour nous atteignons un seuil que nous ne parvenons pas à franchir.no giungiamo a una soglia che non riusciamo a oltrepassare, che non possiamo oltrepassare.
Ce seuil délimite et préserve notre responsabilité personnelle qui, comme elle les protège de nos mauvaises hérédités, les libère aussi du destin et peut les rendre meilleurs que nous, en les protégeant même de notre saint désir de les sauver des précipices que nous voyons déjà s’ouvrir sous leurs pieds. La même nécessaire liberté qui les sauve de nos péchés les préserve aussi de ne pas s’agripper à nos vertus. C’est là un grand mystère de la parentalité, le plus grand peut-être : la joie que nous éprouvons en voyant nos garçons et nos filles devenir plus beaux et meilleurs que nous, est vraie parce qu’aussi vraie est notre souffrance d’assister impuissants à leur dépravation. La maturité spirituelle de la vie adulte dépend beaucoup de l’apprentissage de l’art d’assister impuissant aux calvaires des fils sans désespérer ni sombrer dans le sentiment de culpabilité. Parfois nous réussissons à les déclouer du bois ou à nous y mettre à leur place. Nous le faisons souvent. Mais cela n’est pas toujours possible, parce que par notre impuissance et notre désengagement nous générons en eux la possibilité de devenir pères et mères de fils et de filles qui, peut-être, deviendront meilleurs qu’eux, meilleurs que nous.
Dédié à Marco, qui est retourné dans la Maison du Père, et qui a su conserver la pureté des yeux bons.
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Par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 16/12/2018
« Et peut-être trouverons-nous la paix
quand tout sera perdu,
quand nous percevrons l’inutilité des paroles entendues
et de ces rencontres sources d’illusions.
[…]
Alors, l’angoisse nous saisira
car nous aurons découvert – trop tard –
l’errance de cette existence… »David Maria Turoldo, O sensi miei
Les veilles de fête marquent le rythme des fêtes et de leur attente. C’est le temps où le jour différent se prépare et mûrit, où le désir prend forme et grandit. Les enfants sont les grands spécialistes des veilles de fête : veilles d’anniversaire, veille du premier jour de classe ou d’excursion. Ils savent que, dans le « village », le samedi est une belle journée, car il sera suivi d’une journée encore plus belle. Ils savent que les fêtes sont vraies, qu’elles sont plus que l’illusion d’un désir étouffé au moment où il s’accomplit, parce que leurs parents, leurs instituteurs et leurs compagnons sont vrais, parce que les dons sont vrais. C’est la vérité de la fête qui rend vrais le désir et l’attente la veille.
[fulltext] =>L’une des innovations de notre temps consiste dans l’invention de veilles de fête sans fête car, à l’ère des fêtes rythmées par le commerce, il ne nous reste que les veilles. Dans l’ignorance collective de la personne et de l’événement que nous allons vraiment fêter, nous restons dans une succession ininterrompue de « samedis du village ». La veille de Noël sera suivie de la veille des soldes, puis de celle de la saint Valentin, et ainsi de suite, tout au long de l’année, où de nouvelles veilles de fête nous feront oublier la tristesse de la fête niée. L’année passera à toute vitesse, parce qu’on lui aura ôté le temps différent de la fête, qui pourrait nous faire goûter un bout d’éternité ; car, même si nous vivrons plus longtemps que nos aïeux, nous vivons aujourd’hui des journées bien plus brèves que les leurs.
Si l’on veut retrouver le sens de la fête et de la veille de fête (et il faut le faire sans tarder, car une culture qui ignore la vérité du « jour de fête » ne connaît pas la vérité de la vie et de la mort), c’est parmi les pauvres qu’il faut le chercher, car c’est là que la fête continue de vivre avec son attente non vaine. Cependant, nous devons commencer par nous réapproprier le sens de la pauvreté et des pauvres et par les libérer de nos malédictions. Et, là encore, les prophètes seront nos meilleurs maîtres.
« Il y eut une parole du SEIGNEUR pour moi : “Fils d’homme, tous tes frères, les gens de ta parenté, toute la maison d’Israël, dans sa totalité, auxquels les habitants de Jérusalem disent : Restez loin du SEIGNEUR ; c’est à nous que cette terre a été donnée en possession !” » (Ézéchiel 11,14-15). Le peuple qui avait échappé à la première déportation babylonienne interprétait l’exil des membres de la même nation comme une malédiction divine. Il concevait l’éloignement de sa patrie et du temple sacré comme un châtiment divin, comme la conséquence de ses péchés. L’orgueil religieux alimentait la fausse assurance de faire partie des élus, des vrais propriétaires de la terre ; ainsi les hommes déportés par les Babyloniens devenaient-ils les déportés par le Seigneur. L’histoire des civilisations est marquée par le besoin presque toujours irrépressible de trouver une explication surnaturelle à leurs propres malheurs, et plus encore à ceux des autres. L’explication la plus fréquente car la plus simple était apportée par la logique économique : qui souffre aujourd’hui paie une dette pour quelque faute commise hier, et qui se réjouit recueille les fruits de ses mérites. Les riches se retrouvaient ainsi dans un double paradis (sur terre et au ciel), tandis que les pauvres vivaient dans un double enfer, emprisonnés à l’intérieur du piège parfait qui s’était refermé sur eux, sans espoir d’être libérés. Les méritocraties ont toujours (et ont encore) besoin de pauvres qui méritaient leur malheur, d’un tabouret sur lesquels les élus puissent s’appuyer afin de monter vers leur ciel.
Les prophètes, de par leur vocation, mettent en crise ces religions faciles et banales du mérite et de la faute pour nous révéler une autre logique, pour nous donner une idée différente de la pauvreté et de la justice : « Ainsi parle le Seigneur DIEU : “Même si je les ai éloignés parmi les nations et les ai dispersés dans les pays, j’ai été un peu pour eux un sanctuaire dans les pays où ils sont allés” » (11,16). Même Jérémie, le frère et le maître d’Ézéchiel, l’avait prophétisé : la corbeille contenant de bonnes figues n’est pas celle qui est restée dans la patrie, mais la corbeille déportée à Babylone (Jérémie 24,1-2). La prophétie raconte une théologie différente et, dès lors que celle-ci est absente, nous restons prisonniers de schémas idéologiques qui ont pour seul but la justification de notre condition d’hommes sauvés et de notre indifférence.
Cette dynamique se reproduit souvent y compris au sein des communautés idéales et spirituelles. Une partie de leurs membres se retrouvent exilés, déportés en terre étrangère, entraînés par l’un ou l’autre empire ou démon qui s’est révélé trop fort pour qu’on lui oppose une quelconque résistance. Ceux qui restent éprouvent le besoin de trouver une explication religieuse au départ des autres et au fait qu’eux sont restés ; c’est ainsi que, pour se rassurer et se donner l’impression d’être fidèles, ils en viennent parfois, en toute bonne foi, à condamner ceux qui sont partis. Ils se séparent moralement de ces derniers, les laissant sur leurs tas de fumier, puis ils tentent, comme les « amis » de Job, de se convaincre eux-mêmes et de convaincre les autres que, derrière ce malheur, il y a sûrement une faute demeurée cachée.
Le prophète, au contraire, poursuit le chant de Job, et il répète aux déportés, à ceux qui sont restés, à nous : « Je suis innocent, et s’il y a un coupable dans cette histoire, c’est dans votre fausse idée de Dieu, donc de la vie, qu’il faut le chercher. » Les prophètes se font les porte-parole de la partie maudite du monde, et ils nous rappellent que, s’il y a un vrai Dieu, c’est d’abord sur les tas de fumier, dans les champs des déportés, parmi les exilés, les exclus et les maudits qu’il faut le chercher. C’est là qu’il attend, et il nous trouve parfois alors que nous l’avons cherché en vain là où nous pensions le trouver. Cela se produit au moment où nous avions perdu tout espoir, car les expériences spirituelles merveilleuses arrivent alors que nous étions certains qu’il n’y avait plus rien à espérer.
Cependant, Ézéchiel nous livre un enseignement encore plus puissant et révolutionnaire : le Seigneur promet aux déportés qu’il sera pour eux un « sanctuaire ». Dans cette culture religieuse ancienne, où la protection des dieux était restreinte au territoire national, où quitter sa terre revenait à sortir de la zone d’action de la divinité, Ézéchiel ne se contente pas de dire que le Seigneur vit et opère même en exil : ce sera sa présence qui remplacera le sanctuaire dont ils sont privés. La condition objective de l’exil, mais aussi l’absence de temple et de nombreuses dimensions du culte religieux, ont permis à ce « reste » exclu d’effectuer un bond en qualité dans sa foi. Grâce aux prophètes, ces hommes ont deviné que Dieu ne pouvait être confiné dans un endroit et qu’il n’habitait pas seulement les lieux sacrés, car la terre entière était sa maison, et pas seulement la terre promise.
Dieu est plus grand que le culte religieux à travers lequel nous le vénérons. Il est différent de nos sacrifices et de nos liturgies et plus grand qu’eux, car c’est un Dieu laïc (c’est-à-dire qu’il vit au milieu du peuple). Un message d’une immense portée aujourd’hui encore, mais extraordinaire pour ce peuple au temple différent et unique. « Je serai moi-même ton sanctuaire. » Combien de fois des personnes exclues et des communautés exilées ont-elles entendu résonner dans leur âme, en toute vérité, cette splendide promesse. Là, au milieu de divinités étrangères, perdus et désespérés, ces hommes ont compris que rien ne leur manquait, qu’ils n’étaient pas maudits ni abandonnés, mais qu’ils avaient été conduits dans le désert pour célébrer une nouvelle alliance, une nouvelle fête, une nouvelle Pâque. Le ciel s’ouvrait alors, les Élohim descendaient vers eux, et c’était le début du paradis au-dedans des enfers.
L’exil d’Israël fut un retour à la tente mobile de l’Araméen errant, au Dieu nomade comme son peuple qui peut, au fil de ses déplacements, se faire le compagnon de route de tout homme et femme sur la terre, de tous « ceux qui cheminent ». Les grandes crises deviennent parfois les épiphanies d’une spiritualité plus authentique, d’une religion plus élevée que le toit des temples ; elles sont des retours à la pauvreté de la tente, où l’on écoute des paroles différentes et infinies. Il en fut de même dans cette prison allemande à la fin de la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’un prophète de notre temps fut capable, quelques jours avant d’être fusillé pour avoir suivi cette voix jusqu’au bout, d’écrire quelques-unes des plus grandes paroles de sa théologie, jaillies de l’abîme de son exil : « Le “christianisme” a toujours été une forme de la “religion” (peut-être la vraie forme). Mais si, un jour […] les hommes deviennent vraiment irréligieux, quel sens a tout cela pour le “christianisme” ? Les fondements de notre “christianisme” tel qu’il a existé jusqu’ici sont sapés, et nous, nous ne pourrions “religieusement” atteindre que les quelques personnes qui font “cavalier seul” ou sont intellectuellement malhonnêtes ? Seraient-ils ceux-là les quelques élus ? Devons-nous vouer notre zèle, notre agacement ou notre indignation à ce douteux groupe de personnes pour leur vendre notre marchandise ? […] Comment le Christ peut-il devenir le Seigneur y compris des irréligieux ? Si la religion n’est qu’un vêtement du christianisme, qu’est-ce donc alors qu’un christianisme sans religion ? » (D. Bonhoeffer, Résistance et soumission). Ces paroles qui, aujourd’hui encore, nous laissent sans voix par leur force prophétique, contiennent aussi Jérémie, Ézéchiel et toute la Bible, dont la méditation en profondeur avait accompagné et nourri Bonhoeffer avant et pendant sa captivité.
En examinant la condition des nombreux exilés privés de temple, dispersés sur des terres aux dieux différents des leurs, nous pouvons nous aussi les condamner comme des maudits coupables qui méritent leur condition de sans Dieu. Car, qu’est-ce que notre temps sinon un grand exil de masse hors du temple ? Mais nous pouvons aussi répéter les paroles d’Ézéchiel. Nous pouvons et devons dire si nous préférons nous ranger du côté des habitants de Jérusalem et condamner les exilés, ou bien du côté des prophètes, et raconter une autre histoire, celle qui voit dans notre grand exil une « présence » au-delà du temple. Nous pouvons faire le choix de maudire notre monde ou de lui annoncer le salut. Les religions et les communautés peuvent être les amies des pauvres ; elles l’ont souvent été et le sont encore chaque fois qu’elles parviennent à ôter leurs habits méritocratiques dessinés par les hommes puis mis sur le dos des divinités sans leur demander leur avis.
Les prophètes continuent d’être les gardiens de l’homme et les gardiens de Dieu. Chaque jour, nous tentons obstinément de manipuler Dieu et les hommes ; mais les prophètes, plus entêtés que nous, continuent de les garder.
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Par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 16/12/2018
« Et peut-être trouverons-nous la paix
quand tout sera perdu,
quand nous percevrons l’inutilité des paroles entendues
et de ces rencontres sources d’illusions.
[…]
Alors, l’angoisse nous saisira
car nous aurons découvert – trop tard –
l’errance de cette existence… »David Maria Turoldo, O sensi miei
Les veilles de fête marquent le rythme des fêtes et de leur attente. C’est le temps où le jour différent se prépare et mûrit, où le désir prend forme et grandit. Les enfants sont les grands spécialistes des veilles de fête : veilles d’anniversaire, veille du premier jour de classe ou d’excursion. Ils savent que, dans le « village », le samedi est une belle journée, car il sera suivi d’une journée encore plus belle. Ils savent que les fêtes sont vraies, qu’elles sont plus que l’illusion d’un désir étouffé au moment où il s’accomplit, parce que leurs parents, leurs instituteurs et leurs compagnons sont vrais, parce que les dons sont vrais. C’est la vérité de la fête qui rend vrais le désir et l’attente la veille.
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Par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 09/12/2018
« Les médisances tuent trois personnes : celle qui les propage, celle qui les écoute et celle qui en est l’objet ; elle tue celle qui les écoute plus encore que celle qui les répand. »
Mosé Maimonide, Norme di vita morale
Les religions et la foi sont aussi des lieux de satisfaction des besoins humains, car aucune religion n’a laissé de côté la dimension matérielle et corporelle de la vie. Poissons, pains, manne, cailles, eau, galettes de pain, galettes aux raisins : on pourrait aussi lire la Bible comme une histoire de la nourriture, de la convivialité, des biens. La terre promise est une terre remplie de lait et de miel. Pourtant, entre autres à cause de cette dimension concrète et entière, les religions ont une tendance intrinsèque à rapetisser jusqu’à se réduire à un marché où chaque bien demandé rencontre son offre contre un certain prix, se transformant ainsi en idolâtrie ou en magie. Or, la prière authentique ne peut vivre et grandir qu’à travers une rencontre de gratuité. La providence ne s’achète pas : elle arrive comme un excédent en plus de notre petit registre contractuel. Le Dieu biblique est le Dieu du Pacte, où le vrai bien offert est une proximité, une présence. Il en va de même des communautés, qui couvrent les besoins essentiels (sécurité affective, chaleur humaine, mais aussi les besoins concrets et financiers), dès lors que chacun sait puiser dans une intériorité plus profonde que ses besoins, qui engendre la part la plus intime et la plus belle des communautés. Les prophètes sont les gardiens jaloux de cette beauté supérieure, capable d’une indigence qui nourrit le rêve et le besoin de Dieu.
[fulltext] =>Ézéchiel est transporté en vision mystique dans le temple de Jérusalem : « Il étendit une forme de main et me saisit par une mèche de cheveux ; puis l’Esprit me souleva entre ciel et terre ; en visions divines, il m’emmena à Jérusalem, à l’entrée de la porte intérieure, […] là où se trouve l’idole de la jalousie » (Ézéchiel 8,3). La Bible connaît ces visions, et nous les connaissons nous aussi pour y avoir parfois goûté : en période d’exil, lors de certaines nuits lumineuses, nous revenons dans la maison que nous avons quittée, et nous revoyons nos parents et nos frères et sœurs ; ou bien, en nous réveillant après un rêve différent, nous sentons que ce que nous avons vu n’était pas que souffle et vanitas. Les visions d’Ézéchiel sont encore différentes ; pourtant, si elles différaient trop de nos petites « visions », ce ne seraient pas des faits humains, et nous devrions alors ranger les prophètes parmi les chérubins, nous privant ainsi de leur amitié et de leur fraternité. Nous pouvons comprendre les expériences des prophètes, y compris les plus extraordinaires car, même s’ils sont différents de nous, ils n’en restent pas moins hommes comme nous.
La première vision d’Ézéchiel est une divinité féminine, peut-être la déesse de la fertilité, Ashera, une divinité cananéenne qui, durant des siècles, a exercé un puissant attrait y compris sur Israël. Nous retrouvons la divinité féminine dans de nombreux cultes anciens, car les hommes ont toujours eu grand besoin de reconnaître une force surnaturelle à la source de la vie, de la fertilité et de la maternité. Comme semblent l’indiquer des inscriptions gravées dans la pierre et mises au jour lors de fouilles à Horvat Teiman, à l’est du Sinaï, il se peut qu’au cours de certaines périodes, Ashera ait été vénérée en Israël comme la « femme du Seigneur ». Quoi de plus naturel, pour le peuple, que d’imaginer son Dieu marié : ainsi le sentait-il plus proche de la vie ordinaire de tous.
L’affirmation de la foi dans le Seigneur, le Dieu différent et unique, fut un processus lent, engagé par les cultes de la nature et les cultes polythéistes. Israël a lui aussi réclamé des dieux et déesses de la fertilité (le veau d’or) et de la maternité. En outre, en temps de crise, la tentation de vénérer des dieux tels que ceux des autres peuples devenait extrêmement forte, et les prophètes réagissaient de façon d’autant plus virulente. Durant l’occupation babylonienne, l’attrait exercé par le syncrétisme religieux fut particulièrement puissant, car la défaite militaire fut perçue comme une défaite religieuse ; la prophétie eut alors à se battre énergiquement afin que le Seigneur, qui était devenu un Dieu vaincu, ne soit pas remplacé par les dieux des vainqueurs, que le peuple parvenait beaucoup mieux à comprendre. On est impressionné et ému par cette bataille caractéristique des prophètes qui, tout en sentant bien la présence vivante de Dieu dans la nature, lui ont évité de se faire assimiler à la terre et à la chair ; ainsi ont-ils conservé cette transcendance grâce à laquelle nous avons pu un jour pressentir toute la nouveauté du mystère de Bethléem. Car l’incarnation du Verbe de Dieu ne pouvait être contée par les adorateurs des dieux de la nature, trop semblables à notre chair pour pouvoir engendrer une parole-chair différente et capable de nous sauver.
La vision du temple se poursuit. L’esprit conduit Ézéchiel dans une autre pièce où soixante-dix vieillards adorent des dieux égyptiens et disent : « Le SEIGNEUR ne peut pas nous voir ; le SEIGNEUR a abandonné le pays » (8,12). Puis il voit les femmes qui pleurent le dieu « Tammuz », une divinité babylonienne du cycle des saisons, un dieu que l’on pleurait en été au moment de sa « mort » et que l’on fêtait au printemps lorsqu’il « ressuscitait ». Une divinité très aimée qui, avec l’occupation babylonienne, était devenue un élément du temple de Jérusalem. Enfin, il parvient dans la partie la plus intime et la plus sacrée du temple, et là, il voit vingt hommes rassemblés pour un culte au dieu Soleil, le puissant dieu babylonien. Les célébrants regardent en direction de l’Orient, d’où apparaissait ce dieu, et tournent donc le dos à l’arche du Seigneur. Ce mouvement du corps exprime à lui tout seul leur trahison de l’Alliance, à laquelle ils n’adressent désormais qu’« odeurs » pestilentielles (8,17).
À ce moment-là, l’image de la corruption religieuse est complète. Ézéchiel voit donc arriver sept énormes guerriers exterminateurs. L’un, qui se trouve au milieu, porte l’habit en lin blanc et les instruments de celui qui écrit (encre et encrier), ce qui rappelle la figure de Nébo, le copiste du panthéon babylonien. Avant que la colère divine ne se déchaîne, le scribe appose le signe du tau sur le front de certains hommes, qui seront rescapés du massacre. Il s’agit de ceux « qui gémissent et se plaignent à cause de toutes les abominations » (9,4). Ceux qui souffrent des infidélités des autres seront sauvés. C’est le signe de Caïn, le signe de l’ange exterminateur posé à l’entrée des maisons des juifs en Égypte la nuit de la grande Pâque. Lorsque la crise et la corruption se généralisent et sont poussées à l’extrême, lorsque le peuple est complètement perverti, il se trouve encore quelques personnes qui, malgré leur impuissance, peuvent au moins souffrir et pleurer, et parviennent à se sauver par leurs larmes. Aucune crise ne peut nous empêcher de pleurer et de souffrir et, s’il nous reste de vraies larmes pour pleurer l’infidélité de notre peuple, nous assurons déjà notre salut. Dans l’abandon, nous pouvons encore hurler, et ce cri peut susciter une résurrection. Nos pleurs provoqués par l’injustice sont notre dernier recours qui, au cœur de la nuit, peut nous valoir le signe du tau ; celui-ci, en hébreu ancien, avait la forme d’une croix décussée, avec les bras en diagonale, comme la croix de saint André.
Ézéchiel assiste, dans une vision, au massacre perpétré par les guerriers exterminateurs, il voit la « gloire » du Seigneur quitter le temple (10,18), puis il crie, face contre terre : « Ah, Seigneur DIEU ! Vas-tu exterminer tout le reste d’Israël ? » (9,8). Le prophète, qui avait cru à la théologie du reste fidèle, redoute à présent que cette grande espérance du reste soit elle aussi en train de s’éteindre. C’est la terrible épreuve du prophète, qui se trouve entre ciel et terre et qui, tout en comprenant les raisons de Dieu, cherche désespérément une source de salut pour les hommes. La réponse de Dieu ne laisse aucun espoir : « Il me dit : “Le péché de la maison d’Israël et de Juda est grand, immense ; le pays est rempli de sang et la ville remplie de perversion […]. Ainsi mon œil sera sans compassion, et je serai sans pitié” » (9,9-10). Pourtant, Ézéchiel, prophète de l’exil, en dépit de ce verdict sans appel, continue à invoquer Dieu, à espérer contre toute espérance, et demande qu’un reste soit sauvé. En effet, Ézéchiel se retrouve une nouvelle fois, peut-être dans une vision ultérieure, dans le temple de Jérusalem, lors d’une réunion des « chefs du peuple ». Lors de cette vision, il reçoit l’ordre de prophétiser et, tandis que les hommes écoutent ses paroles, un membre du conseil, Pelatyahou, tombe à terre, mort. Cette mort pousse Ézéchiel à refaire jaillir cette prière et intercession : « Je me jetai face contre terre et criai d’une voix forte ; je dis : “Ah ! Seigneur DIEU ! Tu veux faire l’extermination du reste d’Israël !” » (11,13). À cette seconde demande, le Seigneur change sa réponse : « Dis-leur donc : Ainsi parle le Seigneur DIEU : je vous rassemblerai du milieu des peuples et je vous réunirai des pays où vous avez été dispersés » (11,17).
C’est aussi cela, le métier de prophète : répéter à Dieu la même demande lorsque la première réponse n’a pu sauver personne. Le prophète est l’homme de la seconde prière, car certaines méchancetés sont trop grandes pour être balayées par une seule imploration. Si un petit morceau vivant de ce reste sauvé est arrivé jusqu’à Nazareth puis jusqu’à nous, nous le devons aux nombreux prophètes qui ont su prier une seconde fois, qui ont réitéré des prières impossibles et ont « converti » leur Dieu. La Bible est pleine de ces « seconds regards », de ces moments de salut arrivés après des paroles que les prophètes ont prononcées pour nous alors qu’ils n’étaient pas censés le faire. Nous avons été sauvés lors des graves crises et des destructions totales parce qu’il s’est trouvé quelqu’un – un père, un ami ou une épouse – pour répéter une prière, et dont la foi a changé le regard de Dieu sur nous. Nous ne le savions pas, peut-être étions-nous même en train de dormir ou de crier, mais c’est cette seconde prière qui nous a sauvés des griffes de la mort.
La Bible n’a pas souhaité qu’une divinité joue le rôle d’intermédiaire entre le Seigneur et les hommes, car son Dieu a voulu que ce soient des femmes et des hommes, les prophètes, qui intercèdent pour nous. C’est là aussi que réside le grand humanisme de la Bible. Lorsque les chrétiens ont mis une femme et une mère dans leurs temples, ils ont choisi un être humain, la mère du Verbe-homme « né d’une femme ». Aucune « déesse mère » n’aurait pu donner une plus grande dignité spirituelle à l’homme et à la femme. La Bible continue de nous élever en nous rapprochant de la terre. Alors que nous aurions envie de voler pour chercher la compagnie des anges, nous perdons de vue le regard des hommes et des femmes. Pourtant, les prophètes continuent de répéter leurs prières, jetés « face contre terre », à l’endroit le plus spirituel qui soit sous le soleil.
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L’exil et la promesse / 5 – Le métier de prophète, c’est la « seconde prière »
Par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 09/12/2018
« Les médisances tuent trois personnes : celle qui les propage, celle qui les écoute et celle qui en est l’objet ; elle tue celle qui les écoute plus encore que celle qui les répand. »
Mosé Maimonide, Norme di vita morale
Les religions et la foi sont aussi des lieux de satisfaction des besoins humains, car aucune religion n’a laissé de côté la dimension matérielle et corporelle de la vie. Poissons, pains, manne, cailles, eau, galettes de pain, galettes aux raisins : on pourrait aussi lire la Bible comme une histoire de la nourriture, de la convivialité, des biens. La terre promise est une terre remplie de lait et de miel. Pourtant, entre autres à cause de cette dimension concrète et entière, les religions ont une tendance intrinsèque à rapetisser jusqu’à se réduire à un marché où chaque bien demandé rencontre son offre contre un certain prix, se transformant ainsi en idolâtrie ou en magie. Or, la prière authentique ne peut vivre et grandir qu’à travers une rencontre de gratuité. La providence ne s’achète pas : elle arrive comme un excédent en plus de notre petit registre contractuel. Le Dieu biblique est le Dieu du Pacte, où le vrai bien offert est une proximité, une présence. Il en va de même des communautés, qui couvrent les besoins essentiels (sécurité affective, chaleur humaine, mais aussi les besoins concrets et financiers), dès lors que chacun sait puiser dans une intériorité plus profonde que ses besoins, qui engendre la part la plus intime et la plus belle des communautés. Les prophètes sont les gardiens jaloux de cette beauté supérieure, capable d’une indigence qui nourrit le rêve et le besoin de Dieu.
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de Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 02/12/2018
« À force de vouloir rechercher les origines, on devient écrevisse. L’historien voit en arrière ; il finit par croire en arrière. »
Friedrich Nietzsche, Le crépuscule des idolesLes signes religieux sont ceux qui pénètrent le plus la terre et expriment le caractère d’une culture. Temples, autels, édicules, croix et pieds marquent la limite entre le sacré et le profane sur le territoire, révèlent les terres, leur donnent des noms et des vocations, et transforment les espaces en lieux. La terre porte nos vices et nos vertus au cœur de ses blessures. Elle accueille avec douceur nos empreintes, elle se laisse docilement associer à nos destins et communique avec nous avec sa réciprocité mystérieuse et réelle. Entre autres capacités bien connues, la prophétie possède celle d’interpréter le langage de la création, de nous le raconter, de parler à notre place et en notre nom. Que diraient les prophètes s’ils revenaient, face aux blessures que nous infligeons aujourd’hui à notre planète ? Quelles paroles enflammées prononceraient-ils face à nos « hauts lieux » peuplés d’idoles ? Comment prophétiseraient-ils en constatant notre myopie et notre égoïsme collectifs ? Peut-être crieraient-ils et composeraient-ils de nouveaux poèmes, peut-être chanteraient-ils et chantent-ils Laudato si’.
[fulltext] =>« Il y eut une parole du SEIGNEUR pour moi : “Fils d’homme, dirige ton regard vers les montagnes d’Israël, et prononce un oracle contre elles. Tu diras : Montagnes d’Israël, écoutez la parole du Seigneur DIEU. Ainsi parle le Seigneur DIEU aux montagnes et aux collines, aux ravins et aux vallées : Me voici, je vais faire venir sur vous l’épée et je ruinerai vos hauts lieux” » (Ézéchiel 6,1-3). Ézéchiel prophétise contre les montagnes, qui se sont faites les complices innocentes des infidélités du peuple. Ces collines, ces vallées et ces ravins sont aussi le symbole de cette création qui « gémit » en attente d’êtres humains qui soient ses dignes gardiens. Ce sont les animaux, les plantes, le sol et le sous-sol, les océans et les mers, qui subissent chaque jour, de façon croissante, les conséquences de la transformation de notre vocation : alors que nous devions en prendre soin, nous nous sommes transformés en tyrans. Les prophètes parlent entre autres pour eux et à leur place ; situés entre la terre et l’homme, entre les hommes et le ciel, ils sont des médiateurs cloués sur des croix tels des messages de chair.
Dès sa première installation à Caanan, le peuple d’Israël a été constamment vulnérable à la séduction des cultes cananéens. Ces dieux exerçaient une forte attraction car ils étaient simples, naturels, animés des rythmes et des images de la fertilité ; on pouvait les voir, se les représenter et les toucher. Israël a éprouvé la tentation de leur prostitution sacrée qui, dans les hauts lieux, offrait des voies immédiates d’union avec les divinités. S’il n’y avait pas eu les prophètes, le Seigneur, le nom de leur Dieu différent et unique, serait devenu au fil du temps un nom parmi tant d’autres, un de ces nombreux dieux figurant aux multiples panthéons des peuples voisins et vainqueurs. Les prophètes sont les amis de Dieu et les amis de l’homme, et ils ne cessent de répéter que l’homme est différent parce que Dieu est différent. Ils défendent Dieu et affirment sa transcendance pour défendre l’homme le mieux possible, et non pas pour le réduire à un simple consommateur d’idoles fabriquées qui le consument. Les prophètes font en sorte que la contamination naturelle d’une religion lors de sa rencontre avec les autres peuples, ne dépasse pas un seuil critique et ne fasse pas perdre le fil de l’alliance et de l’âme collective. Sans la contamination religieuse par Babylone, par l’Égypte et les peuples cananéens, nombreuses sont les magnifiques pages de la Bible que nous n’aurions pas eues. Cependant, si cette fertilisation mutuelle avait pénétré les entrailles et le cœur de la Promesse, du Sinaï, de la Loi et du Pacte, ce peuple différent animé d’une foi différente aurait été réabsorbé par les religions naturelles du Proche-Orient. Le prophète est un guetteur entre autres parce qu’il joue de la trompette et sonne l’alarme lorsque la contamination dépasse le point critique du passage à l’assimilation et au syncrétisme. Il sait aussi qu’il existe un endroit où ces contaminations ne peuvent ni ne doivent entrer : le temple, le lieu qui abrite notre histoire la plus intime, l’autel du pacte, le cœur de notre nom. Il en résulte que le peuple d’Israël n’a pas le droit d’entrer dans les temples des autres peuples pour adorer leurs divinités. Non seulement parce que ces peuples adorent des idoles (Israël n’a pas toujours considéré que tous les autres dieux étaient des idoles), mais aussi parce que, le jour où un peuple commence à entrer et à prier dans plus d’un temple, il signifie qu’au fond, il ne croit vraiment à aucun dieu, de la même façon qu’un homme qui, en disant « je t’aime » à plus d’une femme, laisse entendre qu’en réalité, il n’en aime aucune. Voilà pourquoi le combat des prophètes contre les sanctuaires des hauts lieux nous dit, de façon poétique, des choses très sérieuses, car la poésie enseigne toujours des choses très sérieuses.
Lorsque, par exemple, les communautés nées d’un charisme traversent de grandes crises, elles sont tentées non pas d’éliminer ou d’effacer le « Dieu » de la première alliance, mais d’introduire dans leur propre temple d’autres divinités qui s’ajoutent peu à peu au premier « culte ». On importe des prières, des chansons et des pratiques davantage dans l’air du temps, plus simples et plus compréhensibles, qui correspondent mieux aux goûts des « consommateurs ». Ces importations peuvent représenter une aide et un enrichissement à l’intérieur d’une certaine limite. Or, dès lors que ces pratiques étrangères entrent à l’intérieur du « temple » et que nous nous mettons à fréquenter les temples des autres sans parvenir à les distinguer du nôtre, la contamination commence à miner le pacte et la promesse ; le jour n’est pas si éloigné où nous nous retrouverons à parler avec notre Dieu originel dans des temples qui se ressemblent tous, et il ne se passera plus rien. De nombreuses crises existentielles, individuelles et communautaires ont pour origine une trop grande fréquentation du lieu de la rencontre originelle, si fréquenté que l’on n’y voit ni n’y entend plus rien.
Cependant, les sanctuaires et les temples étaient également les lieux de sacrifices d’animaux et d’enfants. Chez les grands prophètes, derrière la critique des cultes cananéens et babyloniens, il y a toujours la critique du recours au sacrifice comme monnaie utilisée pour commercer avec un Dieu commerçant. La polémique acerbe lancée par les prophètes contre l’or et l’argent n’est pas une critique économique ni éthique de l’argent servant au commerce humain : il s’agit d’une critique théologique donc anthropologique ; c’est une condamnation d’une vision économique de la foi et, par conséquent, de la vie. L’or est très dangereux car il devient le matériau à partir duquel on fabrique les idoles : les statuettes de Baal ou d’Astarté ont aujourd’hui laissé place aux produits et aux biens qui, en tant que nouvelles idoles, nous vendent une sous-espèce promettant la jeunesse éternelle. Plus nous sommes riches en or, plus nous pouvons payer un prix élevé pour nos sacrifices. Les voleurs qui profanent le lieu saint ne sont alors pas des voleurs d’objets ou d’argent, mais des voleurs religieux, qui ôtent à l’homme sa dignité et le réduisent au rang de serviteur d’idoles : « Ils jetteront leur argent dans les rues ; leur or sera une souillure. – Leur argent et leur or ne pourront les sauver, au jour de la fureur du SEIGNEUR. – Leurs gosiers ne seront pas rassasiés, et leurs entrailles ne seront pas remplies […]. De leur splendide parure, ils ont fait leur orgueil ; ils en ont fait leurs images abominables, leurs horreurs ; c’est pourquoi j’en ferai leur souillure. […] On profanera mon trésor. Des brigands y viendront et le profaneront » (7,19-22). L’argent et l’or sont des horreurs dès lors qu’on les utilise non pas pour vivre, mais pour fabriquer toute sorte d’idoles. Cette nature profonde des richesses ne se révèle pleinement qu’à la fin (« Elle arrive, la fin ; elle s’éveille pour toi » : 7,6). Nous la comprendrons à la fin de notre vie, lorsqu’apparaîtra de façon nette la différence profonde entre les richesses (matérielles ou non) auxquelles nous aurons recouru pour nourrir nos semblables et nous nourrir, et les autres, que nous aurons utilisées pour créer ou acheter des idoles marchandes d’illusions. Ou bien, lors des autres « fins », quand, au moment d’une grosse crise, d’une maladie ou d’une dépression, nous prendrons conscience que nous pourrons recommencer uniquement si nous apprenons à reconnaître d’autres richesses que nous n’avons pas encore vues, en nous et autour de nous.
Au milieu de ces paroles très dures que le prophète prononce contre les hauts lieux, contre les idoles et les infidélités du peuple, un autre extrait de la théologie du reste nous touche comme un rayon de soleil d’aurore (la Bible peut se raconter comme l’histoire du reste fidèle) : « Mais quand vous n’aurez au milieu des nations que des rescapés de l’épée, quand vous serez dispersés parmi les pays, je maintiendrai un reste. Vos rescapés se souviendront de moi, parmi les nations où ils auront été déportés […]. Alors ils connaîtront que je suis le SEIGNEUR » (6,8-10). « Mais » : les prophètes affectionnent cet adverbe, qui complète et adoucit leurs jugements. Les faux prophètes ne connaissent pas les mais, car ce sont des idéologues et des menteurs. Mais est également l’adverbe utilisé par les bons éducateurs, les enseignants et les responsables de communautés qui, après avoir trouvé la force d’émettre un jugement vrai, parviennent à ajouter le « mais » de la mansuétude et de la pietas, qui est le sel et le levain de la pâte pétrie par eux.
Cet extrait portant sur le reste nous livre un enseignement essentiel. Quand, lors de nos exils, nous voulons essayer de recommencer vraiment, deux choses sont absolument nécessaires. Premièrement, ce n’est pas le tout qui recommence, mais une partie, un petit reste vivant. Nous avions formé une famille et donné naissance à une communauté ou à une entreprise, puis est arrivée la crise et, avec elle, la déportation et l’exil. Nous nous sommes dispersés et laissé contaminer par de nombreux peuples. Si, un jour, nous voulons poursuivre cette histoire originelle, il nous faudra vaincre la nostalgie de l’entier, sans nous laisser séduire par l’appel insistant du tout, tout simplement parce que cet entier et ce tout ne sont plus. Cependant, nous pouvons vraiment continuer notre histoire à partir de cette petite partie qui demeure vivante : deux ouvriers de notre usine, un enfant ou la seule bonne parole qui a été sauvée de toutes les méchancetés que nous nous sommes échangées.
La deuxième chose a trait au sens du magnifique verbe biblique se souvenir (« ils se souviendront de moi »). Dans l’humanisme de la Bible, se souvenir ne se conjugue pas au passé, mais au futur. On se souvient dans le désert, dans les briqueteries, lors de l’exil, et l’on se souvient afin de continuer à croire à la promesse qui doit s’accomplir et s’accomplira. Au milieu du désert où nous nous sommes retrouvés après avoir trahi notre pacte de mariage, nous ne recommençons pas en célébrant un nouveau pacte sur un nouvel autel, mais en nous souvenant que ces paroles étaient vraies, car une partie sincère de notre cœur n’a jamais quitté cette église et ce premier autel. Si nous apprenons à nous souvenir, nous commençons à ressusciter.
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L’exil et la promesse / 4 – Savoir être fidèle au vrai « reste » de notre cœur
de Luigino Bruni
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de Luigino Bruni
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« Le paradoxe, c’est que le sacré se manifeste et qu’en conséquence il se limite et cesse d’être absolu. C’est là un grand mystère, le Mysterium tremendum : le fait que le sacré accepte de se limiter »
Mircea Eliade, Mythes, songes et mystères
Nous sommes d’infatigables chercheurs de consolations. Nous en avons si grand besoin que nous les brassons presque toujours avec les illusions. La prophétie est grande génératrice d’authentiques consolations, mais comme elles ne sont ni acquises ni soldées, nous faisons la queue dans les grands magasins où abondent les illusions bon marché. Les consolations non illusoires des prophètes vont en effet de pair avec une exigence absolue de vérité, et ne se trouvent que dans cette vérité offerte au plein prix de sa valeur.
« Et toi, fils d’homme, prends une brique, mets-la devant toi, et grave dessus une ville. Mets le siège devant cette ville : bâtis des tours, élève un remblai, installe des camps et place des béliers tout autour » (Ézéchiel 4, 1-2). Après les premières visions, Ézéchiel reçoit l’ordre de réaliser une sorte de maquette du siège d’une ville. Alors, quand l’œuvre est achevée sous les yeux surpris de ses concitoyens, il ne dit pas ‘c’est Babylone’, comme l’attendaient et l’espéraient peut-être ses compagnons d’exil, mais ‘c’est Jérusalem’ (5, 5). Car c’est bien la ville sainte qui va être assiégée par les babyloniens. Nulle consolation donc pour qui suivait les oracles des faux-prophètes et voulait croire à l’inexpugnabilité de la ville de David, vu qu’elle était protégée par son Dieu différent.
[fulltext] =>Le premier geste prophétique d’Ézéchiel est donc un signe, son premier message est un symbole. Pour générer sa première prophétie, il sculpte une maquette avec ses mains, son corps, de la terre et des matériaux disponibles. Il nous dit ainsi quelque chose du lien profond qui existe entre art et prophétie. Tout artiste partage certains traits caractéristiques de la prophétie, et réciproquement. Prophètes et artistes sont capables de façonner des gestes, des sons et des paroles parce qu’eux-mêmes ont été façonnés et continuent de l’être chaque jour. Ils sont vocation, langage non verbal, mains et matière ; ils dialoguent avec un daimon, et c’est tout leur corps qui parle. En ce temps pauvre en vrais prophètes que nous vivons, c’est chez les artistes qu’on peut trouver quelques vraies notes de prophétie.
Comme tout travail, celui de la prophétie s’apprend en l’exerçant. Quand il reçut sa vocation de prophète, Ézéchiel était depuis quelques années à Babylone, exilé chez un peuple à la religion complexe et riche, avec des classes sacerdotales, des pratiques et des rites codifiés. Cette culture avait produit diverses formes de divination, magie et rites riches de symboles, et ses devins ne devaient pas sembler très différents des prophètes d’Israël. Ézéchiel connaissait bien les cultes de ce peuple et des peuples voisins, et il est possible qu’au début de son activité prophétique il ait été influencé par cet environnement sacré. Dans le geste plastique d’Ézéchiel on entrevoit les traces d’une pratique commune à de nombreuses cultures archaïques, aussi présentes dans quelques traditions bibliques (Nombres 21,8 ; 2 Rois 13, 29-31). C’est la technique dite homéopathique (‘traitement d’un mal par un mal semblable’), un ensemble d’actions et de liturgies imitatives, qui visaient à opérer à distance à travers des représentations symboliques de la personne ou de la réalité qu’on voulait modifier. Exemples connus sont la statuette piquée d’épines pour faire mourir ou souffrir une personne éloignée, ou l’arrosage rituel de la terre pour invoquer la pluie, ou la représentation dans les grottes de scènes de capture d’animaux pour le succès des chasses. On croyait que le petit semblable agissait sur le grand, qu’on pouvait produire un effet simplement en le représentant et en l’imitant.
Les prophètes ne sont pas des anges, mais des hommes et des femmes qui vivent dans l’esprit de leur temps. La prophétie biblique naît de traditions plus anciennes. Elle part de là, mais va bien au-delà, avec de radicales innovations. Ce métissage n’handicape pas le prophétisme d’Israël mais en augmente la beauté et la valeur, en nous disant la nature historique de la Bible et de la révélation.
Cependant, les gestes prophétiques présentent quelques grandes nouveautés. Tout d’abord, ce ne sont ni les paroles ni les actions d’Ézéchiel qui créent le siège puis la destruction de Jérusalem, mais le comportement obstinément infidèle du peuple: « Elle s’est rebellée contre mes ordonnances avec plus de perversité que les nations, et contre mes décrets, plus que les pays qui l’entourent » (5, 6). Le prophète par ses symboles fait prendre conscience du lien causal entre les actions du peuple et leurs conséquences.
Mais l’innovation fondamentale réside dans le rôle que joue la personne du prophète dans les gestes qu’elle accomplit. Ézéchiel annonce douleurs et malheurs pour les autres après les avoir éprouvés dans son corps : « Couche-toi sur le côté gauche et prends sur toi la faute de la maison d’Israël. Autant de jours que tu seras couché, tu porteras leur faute… : pendant trois-cent-quatre-vingt-dix jours. Quand ces jours seront achevés, tu te coucheras de nouveau mais sur le côté droit, et tu porteras la faute de la maison de Juda durant quarante jours » (4, 4-6).
Ézéchiel incarne les années de l’exil assyrien d’Israël puis de l’exil babylonien de Judas en restant étendu sur le flanc sans bouger, comme un fakir ou un yogi. C’est lui la statuette qu’on pique à vif pour que YHWH puisse adresser un message à son peuple. À la différence du chaman ou du voyant, le prophète n’est pas seulement un médiateur, il est le message fait chair. Ézéchiel applique à lui-même la logique homéopathique : il subit en petit (des jours) le même sort que le peuple subit en grand (des années) : « Et moi, je t’impose un nombre de jours égal au nombre des années de leur faute ; pendant 390 jours, tu porteras la faute de la maison d’Israël » (4,5). C’est lui le premier symbole, parce qu’il "jette ensemble" (σύν et βάλλω) le ciel et la terre.
Dans le Comte de Monte-Cristo, Giovanni Bertuccio confie en secret un nouveau-né à un hospice après l’avoir sauvé de la mort ; il déchire en deux le linge qui l’enveloppe et garde une des deux pièces pour pouvoir un jour l’authentifier en la joignant à l’autre. Le prophète est, tout ensemble, la part qui reste dans le berceau et celle qui est emportée. Il est du côté de Dieu et du côté du peuple, il parle du ciel à la terre et de la terre au ciel. Il est à la fois nostalgie de Dieu et nostalgie du retour de l’homme, coupe indigente de la part manquante et essentielle.
Le symbole atteint son troisième mouvement : « Prends du blé, de l’orge, des fèves, des lentilles, du millet et de l’épeautre : mets-les dans un même récipient ; tu t’en feras du pain. Tu en mangeras pendant les jours où tu seras couché sur le côté… L’eau que tu boiras te sera mesurée : tu en boiras un sixième de hine (un litre) à intervalles réguliers. …Tu mangeras sur des excréments humains, devant leurs yeux » (4, 9-12). Le message est clair : « Et le Seigneur dit : "C’est ainsi que les fils d’Israël mangeront leur pain impur, parmi les nations où je les disperserai" » (4, 13). Pendant le siège et l’exil la nourriture et l’eau sont rares et rationnées, et il devient impossible respecter les règles cultuelles de pureté. Le prêtre Ézéchiel invoque le thème de la pureté, et YHWH lui consent la substitution d’excréments animaux aux excréments humains (5, 15), ce qui, sans l’éliminer, réduit l’impureté. Durant les sièges et les exils bien des choses viennent à manquer. La religion elle-même est purifiée par l’impossibilité de respecter les normes de séparation du pur et de l’impur. Les sièges et exils surviennent donc aussi pour nous libérer des aspects rituels des religions, pour transformer la pureté cultuelle en pureté du cœur, pour que renaisse la foi sur la mort des pratiques religieuses. Ils nous enlèvent le temple et les sacrifices pour ouvrir des lieux vastes comme le ciel où nous pouvons adorer "Dieu en esprit et en vérité".
Le message recourt enfin à un quatrième et dernier langage : « Et toi, fils d’homme, prends une lame tranchante ; tu t’en serviras comme d’un rasoir de barbier ; tu te raseras la tête et la barbe. Puis tu prendras une balance et tu partageras ce que tu auras coupé. Tu en brûleras un tiers par la flamme au milieu de la ville, quand seront accomplis les jours du siège. Tu prendras le deuxième tiers que tu frapperas par l’épée tout autour de la ville. Le dernier tiers, tu le disperseras au vent ; je vais tirer l’épée contre eux » (5, 1-2).
Ézéchiel doit se raser la tête et le visage, actes honteux de mortification dans la culture biblique. Son corps est ici encore ‘sacrement’ de la parole annoncée. Le message est ici aussi révélé : "Au milieu de toi, un tiers de tes habitants mourra par la peste et la famine ; autour de toi, un tiers tombera par l’épée ; le dernier tiers, je le disperserai à tous les vents » (5, 12).
Un partie des cheveux et de la barbe sera cependant sauvée : « Prends-en une petite quantité que tu serreras dans le pan de ton manteau » (5, 3). Grâce aussi à Ézéchiel un reste du peuple sera sauvé, serré dans le pan de son manteau, cousu sur son vêtement. La prophétie est aussi, surtout peut-être, un lieu où s’abrite un reste durant les grandes crises, les sièges, les exils.
Les prophètes sont ceux qui, par honnêteté envers la voix, nous annoncent la fin et la dévastation, mais qui déjà en souffrent avec nous et avant nous, puis créent un abri pour un reste afin d’y semer le futur.
Quand la vie nous assaille et nous exile, beaucoup de choses sacrées et profanes sont rasées et anéanties par la furie des événements. Il y a grande perte et mort, mais un reste de notre âme peut survivre si l’on trouve et reconnaît un prophète vrai pour nous lier au pan de son manteau. Ces prophètes des exils sont souvent paralysés, liés, muets ; leurs paroles sont dures et incompréhensibles. Mais ils nous disent qu’une part de notre histoire peut encore être sauvée, qu’un petit reste survivra, caché sous le manteau près du cœur.
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L’exil et la promesse / 3 – La tâche d’annoncer la dure épreuve et de semer le futur
de Luigino Bruni
Paru dans Avvenire le 02/12/2018
« Le paradoxe, c’est que le sacré se manifeste et qu’en conséquence il se limite et cesse d’être absolu. C’est là un grand mystère, le Mysterium tremendum : le fait que le sacré accepte de se limiter »
Mircea Eliade, Mythes, songes et mystères
Nous sommes d’infatigables chercheurs de consolations. Nous en avons si grand besoin que nous les brassons presque toujours avec les illusions. La prophétie est grande génératrice d’authentiques consolations, mais comme elles ne sont ni acquises ni soldées, nous faisons la queue dans les grands magasins où abondent les illusions bon marché. Les consolations non illusoires des prophètes vont en effet de pair avec une exigence absolue de vérité, et ne se trouvent que dans cette vérité offerte au plein prix de sa valeur.
« Et toi, fils d’homme, prends une brique, mets-la devant toi, et grave dessus une ville. Mets le siège devant cette ville : bâtis des tours, élève un remblai, installe des camps et place des béliers tout autour » (Ézéchiel 4, 1-2). Après les premières visions, Ézéchiel reçoit l’ordre de réaliser une sorte de maquette du siège d’une ville. Alors, quand l’œuvre est achevée sous les yeux surpris de ses concitoyens, il ne dit pas ‘c’est Babylone’, comme l’attendaient et l’espéraient peut-être ses compagnons d’exil, mais ‘c’est Jérusalem’ (5, 5). Car c’est bien la ville sainte qui va être assiégée par les babyloniens. Nulle consolation donc pour qui suivait les oracles des faux-prophètes et voulait croire à l’inexpugnabilité de la ville de David, vu qu’elle était protégée par son Dieu différent.
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Par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 17/11/2018
« N’y a-t-il plus de prophètes ? Nous ne pouvons pas l’affirmer ; l’important, c’est de distinguer les faux prophètes des vrais, et cela vaut pour toutes les époques. L’élément fondamental permettant de les distinguer est peut-être celui-ci : le faux prophète se sent prophète et le vrai prophète n’a pas l’impression de l’être. »
Quiconque se retrouve à écrire pour répondre à un appel intérieur a expérimenté, au moins une fois dans sa vie, qu’avant d’écrire des paroles, il les a d’abord reçues et « mangées ». Les paroles écrites qui ne sont pas vanitas viennent du sang et de la chair ; c’est ainsi qu’elles parviennent à atteindre le sang et la chair de celui qui les lit et à y laisser leur empreinte, à l’enseigner. Lorsque, parfois, nous sentons qu’une parole différente nous touche, qu’elle nous enseigne et nous change (si cela ne nous est jamais arrivé, c’est que nous n’avons pas encore vraiment commencé à lire), alors, cette parole avait déjà touché et marqué de son empreinte le corps de celui qui l’avait écrite, car elle était sortie d’une blessure. La prophétie est un événement autour de la parole, où s’expriment les paroles et le corps. Car, entre la parole reçue et la parole dite et écrite, il y a le corps du prophète. Le corps tout entier est l’instrument dont le prophète se sert pour jouer ses mélodies célestes et terrestres. Tous les prophètes sans exception, et plus particulièrement Ézéchiel.
[fulltext] =>Une fois qu’Ézéchiel a eu une vision et écouté les paroles originelles, le premier ordre prophétique qu’il reçoit a justement trait à son corps : « “Ouvre la bouche et mange ce que je vais te donner.” Je regardai : une main était tendue vers moi, tenant un livre enroulé. Elle le déploya devant moi ; il était écrit des deux côtés ; on y avait écrit des plaintes, des gémissements, des cris » (Ézéchiel 2,8-10). Puis le geste est spécifié : « Fils d’homme, nourris ton ventre et remplis tes entrailles de ce rouleau que je te donne » (3,3). Le rouleau entre dans les entrailles du prophète, qui le digère et en fait une partie de son corps. La parole qu’il devra annoncer le pénètre jusqu’à la moëlle. À Isaïe, le jour où il reçoit sa vocation, Dieu touche la bouche avec une braise (Is 6,6). Ézéchiel mange un rouleau de papyrus, donc une parole écrite, car il est un prophète écrivain. En effet, il est probable qu’Ézéchiel ait lui-même écrit une bonne partie de son livre, et l’on retrouve alors dans sa vocation une relation spéciale avec la parole écoutée, assimilée puis écrite.
Ce rouleau déployé qui se transforme en nourriture est puissant et suggestif. Un épisode qui, outre le fait d’avoir largement inspiré la tradition spirituelle chrétienne (la ruminatio), nous révèle le lien profond entre la parole et la chair. C’est également en Ézéchiel que réside la possibilité de penser et d’écrire cette phrase infinie lue à la fin de chaque messe durant des siècles : Le verbe s’est fait chair. La parole prophétique est parole incarnée, qui subit et partage ainsi toutes les vicissitudes et les dimensions du corps. Elle tombe malade et souffre, elle est extrêmement forte et fragile à la fois ; cependant, contrairement à notre corps, la parole prophétique ne peut mourir dès lors qu’elle devient parole recueillie et conservée par une communauté fidèle et vivante. La Bible est aussi sacrement de l’immortalité des paroles des prophètes, car toute parole écrite avec la chair renferme un désir d’immortalité.
En même temps, le prophète a beau être pétri d’une parole qu’il a reçue, il n’est pas maître des paroles qu’il prononce. Le prophète reste un mendiant pauvre et affamé de paroles. La prophétie n’est pas un métier et ne s’apprend pas à force d’accumuler les expériences ; au fil du temps, tout au plus prend-on davantage conscience de cette indigence et de cette fragilité caractéristique du prophète. Peut-être faut-il voir là l’une des significations de la mystérieuse expérience qui nous est contée au début de la mission d’Ézéchiel : « Un esprit vint en moi ; il me fit me tenir debout. Il me parla et me dit : “Enferme-toi dans ta maison. Écoute, fils d’homme ; des gens te chargeront de cordes, ils t’en ligoteront et tu ne sortiras plus au milieu d’eux. Je collerai ta langue à ton palais ; tu seras muet […]. Mais quand je te parlerai, j’ouvrirai ta bouche et tu leur diras : “Ainsi parle le Seigneur DIEU” » (3,24-27). À peine a-t-il reçu l’appel à prophétiser qu’Ézéchiel se retrouve muet et reclus chez lui, en proie à des refus de son corps de lui obéir, qui se reproduiront périodiquement au cours de sa vie. Ézéchiel expérimente immédiatement l’impossibilité de contrôler la parole qu’il reçoit et doit annoncer. Elle a beau être intégrée à sa chair, elle garde une liberté absolue. En ce sens, les prophètes ressemblent à des pères et à des mères. Nos enfants sont notre chair et notre sang, pourtant ils ne sont pas notre propriété. Ils vont et viennent pendant que nous restons enchaînés chez nous, à mendier leur retour et leur libération. C’est entre autres pour cela que Marie de Nazareth, la mère qui incarne le Logos, est l’expression ultime et l’icône de la prophétie biblique.
C’est l’extrême indigence de parole qui permet de distinguer les vrais des faux prophètes : ces derniers ne connaissent pas le mutisme et les chaînes car, sur les marchés, ils ne vendent que des paroles venant d’eux-mêmes. Le prophète véritable reconnaît une parole différente car elle lui arrive alors qu’il est muet, parce qu’elle le libère des chaînes de ses propres bavardages et de ceux des autres (« Quand je te parlerai... »). La vocation du prophète consiste en une alternance de temps de silence et de parole. Pour comprendre la relation qu’entretient un vrai prophète avec la parole qui ne lui appartient pas et qu’il doit transmettre, nous devons penser non pas aux spécialistes de la rhétorique, ni aux brillants orateurs, mais bien plutôt à celui qui balbutie, qui lutte contre son propre corps afin de parvenir à émettre coûte que coûte quelque parole compréhensible. La force de la prophétie véritable est proportionnelle à l’effort fourni pour accoucher de paroles alors que le corps résiste.
Cette aphasie et cette réclusion chez soi nous révèlent également quelques éléments essentiels de la substance de la vie spirituelle, du moins de la vie biblique. Ézéchiel est appelé à accomplir une mission qui a à voir avec l’usage de la parole et avec les lieux publics. Au bout de quelques jours, il se retrouve muet et cloîtré chez lui, par l’action de ce même « esprit » qui lui avait révélé sa mission. Un paradoxe, certes, mais pas dans la Bible. Moïse rencontre le Seigneur sur l’Oreb et, dans le buisson ardent, il se voit confier la mission de libérer son peuple. Il se met en route vers l’Égypte ; « or, en chemin, à la halte, le SEIGNEUR l’aborda et chercha à le faire mourir » (Ex 4,24). Bien plus tard, un autre « prophète », qui avait reçu pour « mission » d’annoncer et d’apporter un autre Royaume, se retrouve sur une croix à crier son abandon. Si nous cherchons un dieu linéaire qui, au moment de nous confier une mission, définit avec nous un contrat complet avec une description du poste en annexe, il vaut mieux aller le chercher à l’extérieur de la Bible (et de la vie). Le Dieu de la Bible est différent car la vie est différente, parce que l’homme est différent.
En effet, il n’est pas rare, dans le cas d’une vocation authentique, qu’après le jour lumineux de l’appel, nous nous heurtions à l’impossibilité de le mettre en œuvre, une expérience tout aussi fondatrice et essentielle. Nous nous mettons en route car nous sommes appelés à accomplir une mission mais, une fois en chemin, nous nous retrouvons empêchés, dans notre âme et/ou notre corps, de faire exactement ce qui était en notre devoir. Alors que nous percevons clairement notre vocation scientifique, artistique, professionnelle, à la vie religieuse ou matrimoniale, le « jour après » l’appel, cette même voix originelle nous conseille de faire l’inverse ou nous y oblige. Parfois, cette seconde expérience ne se fait pas attendre : elle se produit dans la semaine qui suit notre entrée au noviciat ou durant notre voyage de noces. Puis, de façon soudaine et inattendue, une nouvelle parole nous parvient et nous repartons, avant d’être freinés par un autre mutisme et d’autres obstacles, à la fois identiques et totalement différents. Jusqu’à la fin, lorsqu’un autre mutisme nous arrêtera ; là encore, nous resterons à attendre une nouvelle parole.
Des expériences profondément humaines et très fréquentes, à l’intérieur comme à l’extérieur des religions. La Bible nous enseigne qu’elles ont été également les expériences des prophètes, des hommes vivant la plus grande intimité avec Dieu ; tout en nous le disant, elle nous délivre un message de grande espérance et de sympathie. Lorsque nous les lisons, nous nous sentons considérés et compris et, par conséquent, inclus dans l’histoire même du salut. Le premier prochain de la Bible, ce n’est pas le bon Samaritain, mais la Bible elle-même. Certaines personnes ont commencé un vrai cheminement spirituel parce qu’un jour, au milieu de leur désespoir, elles ont lu ou écouté un épisode raconté dans la Bible. Elles l’ont alors reconnu comme un élément familier et intime ; elles ont perçu qu’elles faisaient partie de cette histoire, elles ont senti que leur souffrance avait déjà été vécue et aimée, et cela a été le début de leur résurrection.
Enfin, dans ces premiers chapitres portant sur la vocation d’Ézéchiel, nous retrouvons la grande et magnifique image du guetteur : « Fils d’homme, je t’établis guetteur pour la maison d’Israël ; quand tu entendras une parole venant de ma bouche, tu les avertiras de ma part » (3,17). Tout comme Isaïe, Jérémie, Amos ou Osée, Ézéchiel est appelé à être guetteur. Isaïe (chap. 21), la grande référence biblique pour l’image prophétique du guetteur, avait utilisé le mot hébreu shomer : guetteur en tant que gardien. Shomer est également le mot qu’emploie Caïn au moment où, refusant de répondre à la question de Dieu (« où est ton frère ? »), il déclare ne pas être le gardien d’Abel son frère. Il l’a tué parce qu’il n’était pas son gardien (Gn 4). La garde réciproque est l’un des noms de la fraternité.
Le prophète est l’anti-Caïn, celui qui garde Abel, qui élargit le territoire de la fraternité afin de le faire coïncider avec la cité tout entière, celui qui, du haut de sa tour de guet, regarde au-delà de la cité, vers l’horizon de la terre fraternelle appartenant à tous. Il est posté dans sa tour de garde, suspendu entre ciel et terre, en habitant solitaire des murs d’enceinte. Il est là non pas pour repérer des ennemis, mais pour intercepter une voix qui parle différemment et pour transmettre ensuite ces paroles à n’importe quel prix. Les prophètes n’ont jamais cessé de garder nos villes. Ils sont là, ils ont appris à rester, à nous accompagner lors des samedis saints de l’histoire. De temps à autre, lors des jours les plus silencieux, l’une ou l’autre personne parvient encore à entendre leur cri.
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Par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 17/11/2018
« N’y a-t-il plus de prophètes ? Nous ne pouvons pas l’affirmer ; l’important, c’est de distinguer les faux prophètes des vrais, et cela vaut pour toutes les époques. L’élément fondamental permettant de les distinguer est peut-être celui-ci : le faux prophète se sent prophète et le vrai prophète n’a pas l’impression de l’être. »
Quiconque se retrouve à écrire pour répondre à un appel intérieur a expérimenté, au moins une fois dans sa vie, qu’avant d’écrire des paroles, il les a d’abord reçues et « mangées ». Les paroles écrites qui ne sont pas vanitas viennent du sang et de la chair ; c’est ainsi qu’elles parviennent à atteindre le sang et la chair de celui qui les lit et à y laisser leur empreinte, à l’enseigner. Lorsque, parfois, nous sentons qu’une parole différente nous touche, qu’elle nous enseigne et nous change (si cela ne nous est jamais arrivé, c’est que nous n’avons pas encore vraiment commencé à lire), alors, cette parole avait déjà touché et marqué de son empreinte le corps de celui qui l’avait écrite, car elle était sortie d’une blessure. La prophétie est un événement autour de la parole, où s’expriment les paroles et le corps. Car, entre la parole reçue et la parole dite et écrite, il y a le corps du prophète. Le corps tout entier est l’instrument dont le prophète se sert pour jouer ses mélodies célestes et terrestres. Tous les prophètes sans exception, et plus particulièrement Ézéchiel.
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