stdClass Object ( [id] => 17894 [title] => L'économie de la petitesse [alias] => l-economie-de-la-petitesse [introtext] =>La Prophétie est Histoire/29 - Dans la défaite, quand une histoire s’achève, on découvre la vérité et la force de Dieu.
Par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 22/12/2019
« Pourquoi m'avez-vous enlevé mes enfants, pourquoi les avez-vous fait tuer par l'épée et les avez-vous laissés à la merci de l'ennemi ? Et alors le Dieu suprême fut ému de compassion et dit : "Pour toi, Rachel, pour toi je ramènerai les enfants d'Israël dans leur pays" »
Louis Ginzberg, Les légendes des Juifs
Nous sommes arrivés à la fin du commentaire des Livres des Rois, avec la destruction de Jérusalem et l'exil. Mais même au sein de l'exil, il peut se cacher une
paradoxale « Le septième jour du cinquième mois, la dix-neuvième année du règne de Nabucodonosor, roi de Babylone, Nabouzardane, commandant de la garde, au service du roi de Babylone, fit son entrée à Jérusalem.Il incendia la maison du Seigneur et la maison du roi ; il incendia toutes les maisons de Jérusalem, – toutes les maisons des notables.Toutes les troupes chaldéennes qui étaient avec lui abattirent les remparts de Jérusalem.Nabouzardane déporta tout le peuple resté dans la ville, les déserteurs qui s’étaient ralliés au roi de Babylone, bref, toute la population. » (2 Rois 25, 8-11). Avec cette fin de l'histoire de Jérusalem occupée, détruite, incendiée, et son peuple en partie déporté à Babylone, notre commentaire sur le Deuxième Livre des Rois se termine également. Et prend fin aussi le récit qui avait commencé à la Genèse, dans le chaos sans forme vivifié et ordonné par l'Esprit. C'est là qu'apparaît Adam, le centre de cette création qui culmine dans le shabbat, dans l'acte/non-acte avec lequel Elohim, le septième jour, "s'arrête" (shabbat) et se sépare de sa création. Un abandon et une séparation qui sont aussi le début de l'histoire, c'est-à-dire de cette imbrication de la vie et de la mort, de la vertu et du péché, des paroles de Dieu et des paroles des hommes et des femmes, qui composent la Bible. Le shabbat (et non l'homme) est le point culminant de la création, et c'est aussi son destin et son eskaton. La création se termine par le shabbat pour nous dire que l'histoire se terminera quand tout sera shabbat, quand la même loi s'appliquera à tous les hommes et à toutes les femmes sans les distinctions des nombreux statuts des six autres jours, et quand la fraternité humaine embrassera la terre et le cosmos. Nous ne trouverons pas, au cours des années à venir, une relation possible avec la création sans donner naissance à une nouvelle culture du shabbat, sans réapprendre à nous "arrêter ".
[fulltext] =>Aujourd'hui se termine " l'histoire " d'Adam, Ève, Caïn, Abel, Noé, d’Abraham, des patriarches, de l'Égypte, de Moïse et la libération de l'esclavage, de la terre promise, puis celle de Samuel, Saul, David et de la monarchie, jusqu'au dernier roi de Juda, Ioiachìn, qui clôt le Deuxième Livre des Rois : « La trente-septième année de la déportation de Jékonias, roi de Juda, le douzième mois, le vingt-sept du mois, Évil-Mérodak, roi de Babylone, l’année même où il devint roi, fit grâce à Jékonias, roi de Juda, et le fit sortir de prison. Il lui parla avec bonté et lui accorda un rang plus élevé que celui des rois qui étaient avec lui à Babylone … Sa subsistance fut assurée en permanence par le roi, jour après jour, tous les jours de sa vie » (2 Rois 25, 27-30). Il y a trente-sept ans qu’a eu lieu la déportation (en 561), et nous rencontrons ici une note d'espoir : Ioiachìn, le roi considéré par une partie du peuple (et par l'auteur) comme l'héritier légitime de David, est libéré, et il reçoit une place spéciale dans la cour du nouveau roi de Babylone, le fils de Nabuchodonosor - un fait que nous trouvons également chez Jérémie (52,31-34), indirectement confirmé aussi par certains textes retrouvés à Babylone. L'histoire d'Israël se termine en espérant que l'exil n’aura pas le dernier mot. Nous trouvons ici, peut-être, un écho de l’enseignement constant et remarquable du prophète Jérémie : une histoire est terminée, mais l'histoire n'est pas terminée, parce qu'un reste reviendra. L'auteur de ces derniers chapitres terribles voit dans la réhabilitation du dernier roi de Juda un signe et une proclamation que cette histoire commencée dans le grand silence de la création peut encore se poursuivre. Car dans cette fresque biblique, de la Genèse jusqu'au dernier successeur du roi David, l’enchaînement et la trame des faits historiques est interprétée par les paroles et les actions des prophètes : ceux-ci sont mentionnés dans les livres historiques (Élie, Élysée, Isaïe, la prophétesse Hulda, Samuel et les nombreux prophètes, avec ou sans nom, que nous avons rencontrés au cours de ces mois). Mais il y a aussi les paroles et les actions d'autres prophètes qui ont directement contribué à l'interprétation de l’histoire qui est relatée.
Sans Ézéchiel, Jérémie et le second Isaïe, et sans d'autres prophètes authentiques, presque toujours inconnus et sans nom, nous aurions en fait une autre histoire, un autre sens des événements et un autre salut. Ces prophètes ont vu, prophétisé et vécu la chute de Jérusalem et l'exil de Babylone, ils ont trouvé des paroles fondamentales et essentielles pour comprendre l'immense tragédie qui se déroulait sous leurs yeux. L'exil a été aussi, malgré l'immense douleur, un temps de bénédiction favorable pour le peuple de Juda, grâce aussi à la présence des prophètes dans cette grande Shoah (tempête dévastatrice). Tant qu'il y a un prophète à côté de nous qui partage notre propre enfer, nous pouvons, depuis cet enfer, avoir quelques aperçus du ciel. Les oracles et les gestes d'Ézéchiel, les paroles enflammées de Jérémie, les chants du serviteur de YHWH du second Isaïe, étaient cet interstice qui depuis l'enfer donnait sur ciel, d'où ils voyaient un shalom possible même en exil ; ils parvenaient ainsi à ne pas oublier l'alliance, ni la promesse, et ils continuaient à rêver de leur Dieu différent, sans le confondre avec les dieux séduisants de Babylone. Nous pouvons espérer rentrer chez nous si, en exil, nous n'avons jamais cessé d'en rêver. Ces prophètes, merveilleux et immenses, que nous avons un peu connus au cours de ces années de commentaires dominicaux, ont maintenu le rêve de YHWH vivant, et ont pu continuer à le faire " vivre " même s'il avait été vaincu : toute foi continue à vivre dans nos crises si nous décidons de la faire vivre et renaître, sans l'oublier à cause de l’insupportable douleur de la défaite et de la déception. Et ainsi, après l'exil, « YHWH le Seigneur des armées » est devenu « YHWH le Seigneur des armées célestes » : la défaite politique était essentielle pour comprendre que le royaume de Dieu et son oikonomia ne relèvent pas de la puissance mais de la faiblesse, que le lieu où Dieu vit est "le ciel" et qu'il était donc possible de Le prier et de vivre en sa présence même le long des fleuves de Babylone, même sans ce merveilleux temple désormais pillé, détruit, brûlé. La mort de l'ancienne idée de YHWH en fit naître, lors de l’exil, une autre, plus élevée, plus spirituelle et universelle : tel est le grand don théologique et éthique que nous ont légué l'humanisme et l'histoire biblique.
C’est au cours de l’exil qu’ont été écrits certains des plus beaux et des plus importants livres de la Bible. De ces larmes ont jailli de nombreux psaumes, ont surgi les magnifiques textes prophétiques, les récits fondateurs de la Genèse et de l'Exode, tous enfantés dans la plus grande souffrance collective. Alors que tout s’écroulait, que la destruction était irréversible, que la ville sainte de David et le temple de Salomon étaient dévastés et brûlés, cette même terre blessée a produit certains des plus grands chefs-d'œuvre de la littérature de tous les temps. Dans cet exil, privés de leur temple et de leur patrie, ces auteurs ont pu " voir " le temple renaître de la sagesse de Salomon, aussi beau et pur que le premier jour où tout était lumineux et intact. Ils ont revu la foi d'Abraham et, en nous la racontant, ils ont cru à nouveau en la promesse d'une terre alors réduite à un amas de décombres ; ils ont pu comprendre et raconter avec des mots splendides l'alliance avec YHWH, alors que le pacte et l'alliance étaient balayés par Nabuchodonosor et son empire. Ils ont cru, vu et écrit des paroles merveilleuses sur Dieu, car ils furent d’abord capables d’y croire dans la nuit de la foi : de cette obscurité féconde sont sortis le buisson ardent, la bataille de Jacob, le chant de Myriam et sa danse au son du tambourin, les grandes paroles du Sinaï... ; dans cette dévastation, ils nous ont raconté la libération de l'esclavage égyptien alors qu'ils étaient conduits dans l'esclavage babylonien, et cet esclavage a permis le récit merveilleux de la traversée de la mer rouge.
Et si aujourd'hui, alors qu’ une histoire est résolument terminée et que nos temples s’effondrent, le moment était venu d'écrire les plus beaux livres ? Tout cela n'aurait pas été possible sans les prophètes, qui étaient de nouveaux Moïse, parce que capables de montrer une terre réssuscitée en plein cœur de son écroulement: « C’est pourquoi, voici venir des jours – oracle du Seigneur – où, pour prêter serment, on ne dira plus : " Par le Seigneur vivant, qui a fait monter du pays d’Égypte les fils d’Israël", mais : "Par le Seigneur vivant, qui a fait monter les fils d’Israël du pays du Nord et de tous les pays où il les avait chassés." » (Jérémie 16, 14-15). Une nouvelle promesse, une nouvelle alliance, une nouvelle terre : seuls les prophètes peuvent accomplir ces choses-là. Il nous arrive parfois de savoir, nous aussi, les réaliser un peu : lorsque, depuis les décombres de notre histoire d'amour, nous parvenons à confier à un ami des pensées sublimes sur l'amour et le mariage, ou lorsque, abandonnés dans un exil qui semble ne jamais finir, nous tenons sincèrement des propos lumineux et vrais sur la foi et sur un Dieu qui ne nous a pas parlé depuis de nombreuses années, ou lorsque nous souhaitons l'existence du paradis, même si nous sommes convaincus qu'il n’est pas pour nous. C'est là que se trouve une grande partie du sens, à la fois humain et divin, de l'un des plus beaux mots: la gratuité. La Bible résume en elle beaucoup de réalités, mais c'est aussi et surtout un grand poème sur la gratuité. Ici, tout est grâce. La gratuité est aussi l'autre nom du shabbat. Car si dans un pays sans temple le shabbat est devenu en terre de Babylone le temple du temps, l'exil a été le shabbat de l'histoire, ce temps où tout s'est arrêté, où tout s'est "interrompu". Le culte et les sacrifices ont cessé , la religion aussi, la vocation s’est estompée, la promesse a disparu, Dieu lui-même s’est éteint. Et après cet arrêt collectif et historique, rien n'était plus comme avant. C'est au cours des exils que le temps s'apprend.
Une fois encore, nous sommes arrivés à la fin. Comme après chaque étape, il reste la joie de la route, des rencontres, surtout des surprises ; et aussi la mélancolie accompagnant toute réalité finissante, mais dont la Bible elle-même vient en partie nous guérir : «Mieux vaut la fin d’une chose que son commencement.» (Qohélet 7, 8). Reste aussi l'impression d'avoir couché sur le papier beaucoup de mots, mais pas ceux qui auraient dû l’être - la gratuité de ce métier serait-elle dans cette conscience impuissante ? Et, encore une fois, merci à Avvenire, à son directeur, Marco Tarquinio, qui continue à croire, depuis un certain Noël, il y a six ans, à l'œuvre d'un économiste qui insiste pour commenter la Bible. Et puis, comme toujours, merci à vous, lecteurs, pour vos nombreuses lettres, pour votre bienveillante amitié. Enfin, après ces six mois passés en compagnie des Livres des Rois, « l’oikonomia de la petitesse » demeure : celle de David, le plus jeune fils de Jessé, choisi non en raison de son mérite mais par grâce ; celle de Bethléem, la plus petite des villes de Juda. Il reste l'attente, il reste le désir de rêver de Dieu, pour ne pas l'oublier dans le long temps de l'exil.
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Par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 22/12/2019
« Pourquoi m'avez-vous enlevé mes enfants, pourquoi les avez-vous fait tuer par l'épée et les avez-vous laissés à la merci de l'ennemi ? Et alors le Dieu suprême fut ému de compassion et dit : "Pour toi, Rachel, pour toi je ramènerai les enfants d'Israël dans leur pays" »
Louis Ginzberg, Les légendes des Juifs
Nous sommes arrivés à la fin du commentaire des Livres des Rois, avec la destruction de Jérusalem et l'exil. Mais même au sein de l'exil, il peut se cacher une
paradoxale « Le septième jour du cinquième mois, la dix-neuvième année du règne de Nabucodonosor, roi de Babylone, Nabouzardane, commandant de la garde, au service du roi de Babylone, fit son entrée à Jérusalem.Il incendia la maison du Seigneur et la maison du roi ; il incendia toutes les maisons de Jérusalem, – toutes les maisons des notables.Toutes les troupes chaldéennes qui étaient avec lui abattirent les remparts de Jérusalem.Nabouzardane déporta tout le peuple resté dans la ville, les déserteurs qui s’étaient ralliés au roi de Babylone, bref, toute la population. » (2 Rois 25, 8-11). Avec cette fin de l'histoire de Jérusalem occupée, détruite, incendiée, et son peuple en partie déporté à Babylone, notre commentaire sur le Deuxième Livre des Rois se termine également. Et prend fin aussi le récit qui avait commencé à la Genèse, dans le chaos sans forme vivifié et ordonné par l'Esprit. C'est là qu'apparaît Adam, le centre de cette création qui culmine dans le shabbat, dans l'acte/non-acte avec lequel Elohim, le septième jour, "s'arrête" (shabbat) et se sépare de sa création. Un abandon et une séparation qui sont aussi le début de l'histoire, c'est-à-dire de cette imbrication de la vie et de la mort, de la vertu et du péché, des paroles de Dieu et des paroles des hommes et des femmes, qui composent la Bible. Le shabbat (et non l'homme) est le point culminant de la création, et c'est aussi son destin et son eskaton. La création se termine par le shabbat pour nous dire que l'histoire se terminera quand tout sera shabbat, quand la même loi s'appliquera à tous les hommes et à toutes les femmes sans les distinctions des nombreux statuts des six autres jours, et quand la fraternité humaine embrassera la terre et le cosmos. Nous ne trouverons pas, au cours des années à venir, une relation possible avec la création sans donner naissance à une nouvelle culture du shabbat, sans réapprendre à nous "arrêter ".
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Par Luigino Bruni
Publié dans Avvenire le 15/12/2019
"L’espace de notre vie se trouve entre le dernier mot que nous venons de prononcer et celui, nouveau, que nous avons à dire."
Pierluigi Cappello, Assetto di volo
La réciprocité des pactes est une chose très sérieuse, qui inclut également les conséquences de leur rupture. L'histoire de la chute de Jérusalem nous le rappelle avec une efficacité remarquable et une rare beauté.
Il ne suffit pas d'être une minorité pour être prophétique. Faire partie d'un petit nombre de survivants ne constitue pas d’emblée le reste de la Bible. Lors de la conquête de Babylone, certains Juifs furent déportés et d'autres restèrent chez eux. Dans chacune de ces deux communautés – celle en exil et celle restée dans sa patrie - certains s'attribuaient le statut du "reste" annoncé par Isaïe. Ézéchiel et Jérémie nous parlent, dans de belles pages, de ces "conflits entre restes", des controverses entre fils à propos de l'héritage spirituel des pères. Les crises, surtout les grandes et décisives, génèrent de nombreux "restes", diverses minorités qui se prétendent les véritables dépositaires du premier pacte, les garants de la première alliance, les héritiers du premier testament. Dans ces conflits d'identité, il est probable que chaque groupe possède des éléments authentiques du véritable "reste" ; mais dès qu'une minorité commence à revendiquer son droit d’aînesse contre les autres groupes, le bon grain commence à se gâter.
[fulltext] =>Pendant et après les crises, en effet, la capacité de ne pas revendiquer le monopole de l'héritage, de savoir vivre avec d'autres groupes se réfèrant au même patrimoine, est fondamentale. Parce qu'une vertu importante de ceux qui se sentent honnêtement faire partie du "reste" fidèle est de savoir vivre avec ceux qui disent des choses très différentes au nom du même héritage - y compris les tricheurs et les faux prophètes, qui accompagnent toujours les vrais prophètes. Parce que lorsqu'un seul groupe se sent le dépositaire légitime de la promesse et veut être reconnu comme tel par tous les autres, il est presque certain que ce groupe n’est pas le bon. L'esprit aime la profusion et l’abondance. L'héritage spirituel, comme la vérité, est symphonique. Seul le temps et l'histoire peuvent séparer le bon grain de l’ivraie, et jusqu’au dernier moment aucun grain ne peut être sûr de ne pas être de l’ivraie. On vit entre les paroles qu’on a prononcées et celles qu’on va dire sans être maître de la vérité des unes ni des autres. Paradoxalement, douter de l'authenticité de sa propre vocation, de sa propre élection est le premier signe d'authenticité. Cette bonne ignorance fait aussi partie de notre bagage humain.
Nous avons atteint l'apogée des Livres des Rois et de l'histoire biblique. Et voici un nom qui dit à lui seul beaucoup de choses, presque tout : Nabuchodonosor. « Au temps de Joakim, Nabucodonosor, roi de Babylone, se mit en campagne. Joakim lui fut assujetti pendant trois ans. Puis, changeant d’attitude, il se révolta contre lui. Le Seigneur envoya contre Joakim des bandes de Chaldéens, et des bandes venant d’Aram, de Moab et d’Ammone. Il les envoya contre Juda pour l’anéantir, conformément à la parole que le Seigneur avait prononcée par l’intermédiaire de ses serviteurs les prophètes. » (2 Rois 24,1-2). Il les envoya à Juda pour le détruire.... Nous avons immédiatement une interprétation du récit : le siège de Jérusalem, la destruction du temple, l'exil à Babylone, la fin du royaume de Juda, tout cela est voulu par Dieu, car c’est la conséquence de la violation de l'Alliance. Il l'avait dit par les prophètes, et maintenant cette parole est accomplie, pour nous signifier le sérieux de la parole donnée, la valeur absolue d'une promesse, la vérité radicale de l'alliance. Si une alliance est vraie, si la parole qui la crée en la prononçant n'est pas de la fumée, ni de la poussière, alors tout ce que cette réciprocité essentielle implique doit être vrai. Un pacte est un bien relationnel, il est donc fait de réciprocité, et il meurt quand cette réciprocité échoue. Aussi la destruction du temple et la fin du royaume sont-elles inhérentes à la vérité de l'alliance avec Abraham et Moïse. C'est une chose très importante.
Les Livres des Rois nous disent que la fin avait déjà commencé lorsque Salomon importa à Jérusalem les dieux étrangers. La scène de la dévastation du temple est très forte et suggestive : « En ce temps-là, les troupes de Nabucodonosor, roi de Babylone, montèrent contre Jérusalem, et la ville fut assiégée. Le roi de Babylone vint en personne attaquer la ville que son armée assiégeait. Alors, Jékonias, roi de Juda … se rendit au roi de Babylone, qui les fit prisonniers. C’était en la huitième année du règne de Nabucodonosor. Celui-ci emporta tous les trésors de la maison du Seigneur avec ceux de la maison du roi. Il brisa tous les objets en or que Salomon, roi d’Israël, avait fait faire pour le Temple. Tout cela, le Seigneur l’avait annoncé. » (24, 10-13). Comme l'a annoncé YHWH : c’est toujours la même affirmation. Avec le butin des trésors du temple et du palais (peut-être un fait anachronique, puisque cet épisode s'est probablement produit dix ans plus tard, avec la seconde déportation lors de la destruction de Jérusalem et du temple), un très long cycle de siècles se termine. La corruption du cœur de Salomon et des nombreux rois qui l'ont suivi atteint son apogée, avec l'enlèvement de ce trésor et la destruction des objets.
La parole qui conduit Nabuchodonosor à Jérusalem est la même que la bénédiction trompeuse et irrévocable d'Isaac pour Jacob, c’est la même qui créa la lumière et Adam. Si Adam est vrai, si les dix commandements sont vrais, si Bethléem est vrai, alors Nabuchodonosor doit aussi être vrai. C'est la vérité immense, dramatique et merveilleuse de la parole biblique, une parole qui est vraie parce qu'elle est fidèle aux conséquences extrêmes inhérentes à sa nature : « YHWH n'a pas voulu faire preuve d'indulgence… » (24, 4). C'est aussi la parole biblique, le signe de son unicité, le message qu’elle nous adresse.
Les scribes qui ont composé ces chapitres voulaient alors nous dire que cette destruction contenait la même vérité que l'Alliance et le Sinaï. Dans la Bible, l'alliance et les pactes ont une ampleur considérable, une valeur infinie que nous, lecteurs du XXIe siècle, ne comprenons plus. Dans l'humanisme biblique, les alliances humaines ont leur fondement dans une merveilleuse et incroyable alliance avec Dieu. Cette religion de l'alliance a pu engendrer une culture de l'alliance qui, bien que fragilisée, continue encore de soutenir la culture occidentale. C'est aussi grâce à la valeur de ce pacte fondateur que nous avons pu donner vie aux mariages, aux entreprises, aux coopératives, aux villes, puis aux États nationaux et à l'Union européenne. La religion de l'alliance confère à nos alliances la possibilité d’être vraies « pour toujours », même si nous les prononçons en ignorant l'avenir ; mais cette alliance est aussi la source d’une valeur infinie : la réciprocité de nos pactes. Quand je franchis le seuil de ma maison pour la dernière fois, je te dis que le pacte de réciprocité que nous avons conclu il y a des années était vrai, que ce n’était ni de la fumée ni du vent. En partant, je te signifie, à toi comme à moi-même, la vérité concernant ce premier pacte et le temps où j’y suis resté. Bien sûr, je peux te pardonner et ne pas quitter la maison – de nombreux hommes et de nobreuses femmes le font tous les jours, et beaucoup de pactes renaissent de leurs cendres -, mais cela n'enlève rien à la vérité de cette démarche ; même si ensuite c'est la Bible elle-même qui nous dit que cet abandon, bien que vrai, n'a pas le dernier mot, car "un reste reviendra".
L'interprétation que cette communauté de rédacteurs a donnée de la destruction de Jérusalem est alors quelque chose d'extraordinaire et d'essentiel. En présence de cette tragédie, ces scribes auraient pu crier à l'abandon, se plaindre à YHWH d'avoir renié l'alliance. Et au lieu de cela, ils ont choisi de lire cette terrible réalité dans la foi, en tenant bon et avec confiance la corde qui les reliait au ciel, à leur passé, à l'avenir possible et au "petit reste" qui allait continuer l'histoire. Cette lecture fut la seule capable de sauver leur foi et leur peuple différent, parce que l’autre possibilité consistait à affirmer que leur Dieu n'était qu'une idole, insignifiante comme toutes les autres. Ils ont au contraire sauvé la foi, ils ont sauvé la parole et l'alliance, ils ont sauvé Dieu. Comme Job.
C'est pourquoi la destruction de Jérusalem est vraiment le cœur de la Bible, le centre de gravité de sa foi et de son humanisme. Selon toute vraisemblance, nous n'aurions pas la Bible, ou elle serait totalement différente, si cette communauté de scribes, de prêtres et de prophètes, brisés par l'exil, avait choisi de se sauver en condamnant Dieu. Le "reste" pourra revenir et continuer l'histoire si nous gardons vivante la vérité de cette première alliance et en assumons toutes les conséquences.
L'exil babylonien a produit l'une des plus grandes révolutions religieuses et éthiques de l'histoire de l'humanité. C’est là, en terre étrangère et idolâtre, qu’est né le culte sans temple, que Dieu n'a plus été prisonnier de son territoire, et surtout que prit fin l'ère de l'identification de la vérité avec la victoire , parce qu'on a compris que YHWH pouvait rester vrai même si vaincu, que nos vérités peuvent être vraies même si elles ne gagnent pas, qu'une vie peut être vraie quand elle meurt. Une innovation anthropologique et théologique décisive, rendue possible parce que cette communauté d'auteurs-interprètes a choisi sa propre condamnation religieuse pour sauver la vérité du Dieu de l'alliance et de la promesse, pour nous la donner en héritage.
Dans cette première déportation (598-597), les Babyloniens emportèrent aussi, avec l'or du temple et du palais, les élites militaires, techniques et intellectuelles : « Nabucodonosor déporta tout Jérusalem, tous les officiers et tous les vaillants guerriers, soit dix mille hommes, sans compter tous les artisans et forgerons : on ne laissa sur place que la population la plus pauvre. Le roi Jékonias fut déporté à Babylone … » (24:14-15). Il ne restait que les pauvres... Dans cette histoire tragique, la controverse du "petit reste" réapparaît aussi. Celui qui a écrit ou complété ce verset appartenait à ce groupe : des déportés (golà) vers Babylone qui se considéraient comme la véritable minorité restée fidèle. Il définit ainsi comme "pauvres" ceux qui étaient restés chez eux, qui, en tant que tels, ne pouvaient donc pas revendiquer le statut d'héritiers de la promesse - comme si le fait d’être pauvres n'était pas compatible avec le fait d’habiter le Royaume, d’être appelés "bienheureux".
Ces pages tragiques comportent un détail qui passe inaperçu : « Le roi de Babylone fit roi, à la place de Jékonias, son oncle Mattanya, dont il changea le nom en celui de Sédécias. » (24, 17). Le nouveau souverain change le nom du roi qu'il a nommé. Les Égyptiens avaient fait la même chose quelques années auparavant avec le père du roi Ioachin: « Le pharaon Néko fit roi Élyakim, fils de Josias, à la place de Josias son père et il changea son nom en celui de Joakim. » (23, 34).
C'est une coutume ancienne et constante des « seigneurs » que de changer le nom de leurs sujets. Lorsqu'un homme ou une femme change notre nom, ce nouveau nom est la marque d’une propriété privée. Le Dieu biblique ne change pas notre nom. Il nous laisse le nôtre, il l'aime, il sait y lire notre vocation, et il sait nous appeler par notre premier prénom : Samuel, Agar, Marie. Et les quelques fois où il le change (avec Abraham, Sarah, Jacob, Simon), c'est pour nous indiquer un horizon ou une vocation encore plus libre et plus ouverte.
Il est difficile de traverser ce monde et de terminer notre voyage avec le même nom. Les rencontres et les coups, tout en nous en-seignant le nom de l'autre, tentent jusqu'à la fin non seulement d’atteindre le nôtre (chose nécessaire et généralement bonne), mais de le changer, d’y mettre leur empreinte et, d'enfants, nous faire devenir esclaves. Puissions-nous garder le nom de notre premier jour pour l'entendre prononcer au dernier.
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Par Luigino Bruni
Publié dans Avvenire le 15/12/2019
"L’espace de notre vie se trouve entre le dernier mot que nous venons de prononcer et celui, nouveau, que nous avons à dire."
Pierluigi Cappello, Assetto di volo
La réciprocité des pactes est une chose très sérieuse, qui inclut également les conséquences de leur rupture. L'histoire de la chute de Jérusalem nous le rappelle avec une efficacité remarquable et une rare beauté.
Il ne suffit pas d'être une minorité pour être prophétique. Faire partie d'un petit nombre de survivants ne constitue pas d’emblée le reste de la Bible. Lors de la conquête de Babylone, certains Juifs furent déportés et d'autres restèrent chez eux. Dans chacune de ces deux communautés – celle en exil et celle restée dans sa patrie - certains s'attribuaient le statut du "reste" annoncé par Isaïe. Ézéchiel et Jérémie nous parlent, dans de belles pages, de ces "conflits entre restes", des controverses entre fils à propos de l'héritage spirituel des pères. Les crises, surtout les grandes et décisives, génèrent de nombreux "restes", diverses minorités qui se prétendent les véritables dépositaires du premier pacte, les garants de la première alliance, les héritiers du premier testament. Dans ces conflits d'identité, il est probable que chaque groupe possède des éléments authentiques du véritable "reste" ; mais dès qu'une minorité commence à revendiquer son droit d’aînesse contre les autres groupes, le bon grain commence à se gâter.
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par Luigino Bruni
Publié dans Avvenire le 08/12/2019
« Mais comment Josias peut-il ignorer Jérémie et envoyer des émissaires à Hulda ? Le sage répondit : "Parce que les femmes sont plus compatissantes", et il espérait donc que ce qu'elle leur dirait ne serait pas trop dur. ».
Talmud, Megillah 14b
La découverte d'un livre dans le temple devient la base d'une grande réforme religieuse, où nous rencontrons la prophétesse Hulda qui nous rappelle la signification des femmes et de la prophétie.
Un père juste et un grand miracle ne suffisent pas pour garantir la bonne conduite des enfants . Après Ézéchias, le roi bon et fidèle qui sauva Jérusalem pour sa foi en Dieu, deux rois maléfiques se succèdent en Juda, Manassé et Amon (2 Rois , 21) : ils construisent à nouveau des autels aux dieux étrangers, reprennent et relancent les anciens cultes populaires cananéens qui ne s'étaient jamais éteints dans le peuple. Après la belle parenthèse d'Ézéchias, réapparaît l'idolâtrie , cette maladie chronique d'Israël - et de tous les hommes, qui construisent infatigablement des idoles pour en devenir les adorateurs : nous consommons de nombreux biens, mais avant tout des idoles.
[fulltext] =>À la faveur du cycle de l'alternance du bien et du mal, après Amon vient Josias, le nouveau David, que la Bible aime au moins autant que son ancêtre Ézéchias : « Josias avait huit ans lorsqu’il devint roi, et il régna trente et un ans à Jérusalem… Il fit ce qui est droit aux yeux du Seigneur… » (2 Rois 22, 1-2).
Josias se présente comme un restaurateur du temple. Le texte décrit les travaux avec des mots très proches de ceux utilisés dans le chapitre 12 à propos des chantiers du roi Joas. De nouveau, l'argent, collecté par les "gardiens du seuil" est fondu, transformé en pièces de monnaie et confié aux charpentiers et maçons. La description de l’atelier du temple se termine par les mêmes mots que ceux utilisés pour les trvaux engagés par Joas : « Ne vérifiez pas l'argent qui leur est remis, car ils travaillent honnêtement. » (22, 7). On ne devrait jamais passer sous silence l'honnêteté et la loyauté des travailleurs, surtout quand nous les rencontrons dans la Bible ; et aujourd'hui tout particulièrement : avant de parler d’emplois, nous avons besoin de dire du bien des travailleurs, de bénir le travail, sans quoi les emplois ne se présentent pas ou sont pernicieux.
Les travaux de restauration ont occasionné l'un des événements les plus importants de la Bible, la découverte d’un livre sur le lieu du chantier: « Le grand prêtre Helcias dit au secrétaire Shafane : « J’ai trouvé le livre de la Loi dans la maison du Seigneur. (Sefer hat Torà). » (22, 8). Une découverte exceptionnelle. Nous ne savons pas à quel point elle est historique, puisqu'il est courant dans la littérature ancienne de l’époque de fonder une réforme religieuse sur la découverte d'un texte, réel ou imaginaire, qui devient le mythe fondateur d’un nouvel âge. Beaucoup de choses ont été écrites à ce sujet. Pour certains historiens, ce livre était une première version de ce qui est maintenant le Livre du Deutéronome, ou d’une partie de ce livre qui contient la Loi de Moïse (Torah). Un maçon, ou peut-être un groupe de théologiens, a trouvé dans le temple ou dans la mythologie un socle plus ancien de leur foi, à partir duquel un groupe de réformateurs, à une époque de corruption religieuse, lance sa réforme.
Il n'est pas rare qu’une minorité prophétique qui souhaite une réforme radicale fonde son action sur une réalité plus ancienne, susceptible de renfermer quelque chose de pur et d'authentique qui, avec le temps, a été contaminé et s'est dégradé. Parfois ce "quelque chose" est une tradition oubliée, quelques mots du fondateur effacés par le temps ; cela peut être aussi un texte, un livre, une lettre, un "évangile" perdu ou considéré par un grand nombre comme apocryphe, mais qui au contraire, pour ces réformateurs, contient un message authentique. Dans le monde antique, y compris celui de la Bible, ce qui était plus ancien était considéré comme encore plus vrai. Cette culture était convaincue que le commencement contenait le principe idéal, qu'une promesse existait avant que nos compromis n'arrivent, une alliance avant nos infidélités. Il y avait la certitude que pour sortir d’une crise en cours, la principale et peut-être la seule ressource était de recourir à un passé autre, à une terre non contaminée et encore fertile pour engendrer l'avenir - "au début, il n'en était pas ainsi". Un peu comme lorsque, l’horizon s’étant rétréci et assombri, nous sentons que pour donner une nouvelle vie à notre relation, nous devons revenir aux temps du premier amour, à ces paroles différentes, capables d’énoncer une espérance infinie. Nous comprenons alors que nous devons essayer de revoir le cœur de l'autre et le nôtre tel que nous le connaissions lors de ce premier pacte, et ensuite nous assurer que le passé ressuscite le présent qui semble mort. Ce n'est pas de la nostalgie, c'est son contraire : dans la Bible, on l'appelle mémoire. Dans ces démarches, on ne regarde pas en arrière, mais seulement en avant. Comme Moïse, qui du mont Nebo ne regardait pas l'Égypte mais le Jourdain. Parfois il arrive qu’on retrouve réellement ce texte ancien en « restaurant » une œuvre : il apparaît alors comme le fruit providentiel d’une recherche sur ses origines. Le livre peut aussi naître de l'écoute de la douleur des personnes . L'histoire peut résulter aujourd'hui d’un amour plus grand, parce que le livre peut être engendré par la chair et le sang de ceux qui croient que cette origine n'est pas perdue à jamais et peut renaître. Les identités individuelles et collectives sont toujours des créations au présent, même quand elles partent du passé.
Josias, ce roi juste, a réformé le culte à partir de la découverte d'un livre ancien : il a détruit les autels païens qui peuplaient sa région, chassé du temple les prostituées sacrées, les prêtres cananéens, détruit aussi l'ancien autel sacré de Bethel (23,4-14). « De plus, Josias fit de la tophet, qui était dans la vallée de Ben-Innòm, un objet impur, afin que personne n'y fasse passer son fils ou sa fille pour un feu en l'honneur de Moloc » (23, 10). Toute bonne réforme commence par interdire les sacrifices d’enfants , en les empêchant de passer par le feu pour être offerts aux différents Molocs.
La réforme de Josias fut une étape essentielle dans l'histoire du salut. Parce qu'elle marquait le passage du temple au livre, qui devint le centre et le "lieu" de la foi. Une opération qui s'est révélée décisive pour le temps de l'exil qui allait bientôt arriver. Israël a réussi à survivre soixante-dix ans sans temple, parce que Josias et cette école de scribes et de prêtres avaient déplacé l'axe du temple vers le livre. La Torah est devenue le temple mobile, la nouvelle arche d'alliance qui suivait la caravane dans l’espace et dans le temps, lors de mille diasporas et destructions. Cette destruction de Josias a permis de préserver la foi au cours d’autres destructions dévastatrices et totales .
Dans ces versets, la force de la destruction créatrice de Josias est frappante : « Alors le roi donna l’ordre… de faire sortir du temple du Seigneur tous les objets qui avaient été faits pour Baal, pour Ashéra et pour toute l’armée des cieux... Il renvoya les prêtres indignes que les rois de Juda avaient établis pour brûler de l’encens sur les lieux sacrés… Il supprima également ceux qui brûlaient de l’encens en l’honneur de Baal, du Soleil, de la Lune, des Constellations et de toute l’armée des cieux. » (23, 4-5). Sans le courage de la destruction, aucune réforme sérieuse n'est entreprise, car la corruption consiste presque toujours en l'accumulation - progressive, continue, involontaire - de choses, d'idées, d'idéologies, d'idoles, de pratiques, de traditions qui entrent peu à peu dans le "temple" de la ville et de l'âme ; et ainsi ce lieu où ne résonnait au début "qu'une voix", cet espace nu parlant d’infini où un jour on avait touché le ciel, s’est rempli d’objets sans âme … juqu’à rendre imperceptible le son de la première voix. Mais vider nos pièces nous coûte beaucoup - nous et nos amis aimons trop les objets sacrés - aussi presque toutes les réformes échouent à cause de notre incapacité à supporter la douleur de cette destruction. Parce que la réforme consiste à faire le vide pour revenir à la nudité initiale du temple, puis à prier en espérant que la voix nous parle à nouveau. Ce n’est pas toujours le cas, parce que le temps des voix est souvent celui de la jeunesse ; mais un temple vide et silencieux est préférable à un temple rempli de voix feintes: tant que son espace reste inhabité nous pouvons toujours espérer percevoir dans ce silence une voix différente. Fût-ce celle du dernier ange.
Dans ce chapitre fondamental, l’entrée en scène d'une des prophétesses explicitement mentionnées dans la Bible mérite toute notre attention. Il s’agit de Hulda (ou Culda). Josias est sous le choc des paroles du livre découvert qui annoncent au peuple des malheur à cause de son infidélité. Il veut la une preuve de son authenticité . Dans la Bible, les "certificateurs" de la vraie parole de YHWH étaient les prophètes : « Le prêtre Chelkia, avec Achikàm, Acbor, Safan et Asaiah, est allé voir la prophétesse Culda, épouse de Sallum... ; ils lui ont parlé ». (22, 14). La prophétesse Hulda valide cette parole comme étant de YHWH, et prophétise que Josias échappera à la destruction de Jérusalem. Hulda prophétise avec des mots très proches de ceux de Jérémie, qui n'est pas mentionné ici, bien qu'il fût, à cette époque (vers 620-622), déjà actif dans la ville.
Pourquoi une prophétesse, une femme, est-elle consultée, et qui plus est, pour donner un avis d'une extrême importance ? C’est une question que beaucoup se sont posée, même dans les temps anciens, en supposant certaines réponses. La Bible ne donne pas beaucoup d'autres informations sur Hulda. Nous connaissons par Ézéchiel l'activité des prophétesses à Jérusalem, condamnées par lui pour avoir "déshonoré YHWH" (Ez 13, 19). Selon certains érudits, il est possible qu'en ces temps difficiles de pré-exil puis d'exil, il y ait eu un conflit entre les prophètes, et que Hulda ait été exclue du récit officiel parce que supplantée par des prophètes plus puissants et célèbres. Selon une étude récente et controversée de Preston Kavanagh (Huldah : The Prophet Who Wrote Hebrew Scripture, 2012), Hulda était une figure fondamentale de la Bible (elle a même écrit ou influencé un tiers des écritures hébraïques). Son nom apparaîtrait 1 773 fois dans la Bible sous forme d’anagramme, puisque, selon Kavanagh, « les écrivains bibliques utilisaient l'anagramme comme les écrivains modernes utilisent l'italique pour souligner un point » (p.12). Une thèse extrême, difficile à défendre (par exemple : les noms bibliques qui dans la Bible peuvent être formés comme un anagramme de Hulda sont nombreux) : elle nous rappelle cependant l'importance des prophétesses et des femmes dans l'humanisme biblique ; une importance qui était supérieure à celle, déjà remarquable, attestée par la Bible. Parce que nous savons tous qu'il existe une grande affinité entre la femme et la prophétie.
Hulda, en hébreu, signifie belette (ou martre), un nom que, selon le Talmud, elle méritait pour avoir osé appeler le roi simplement "homme" : « … Dites à l'homme qui vous a envoyés vers moi… » 22, 15.
Les prophétesses se risquent à appeler les rois par leur nom. Les femmes, plus que les hommes, savent que les puissants sont des hommes comme tout le monde. Elles le leur rappellent, elles nous le rappellent, à commencer par les murs de leur maison. C'est un immense cadeau pour les puissants et pour tous. Don des femmes, don des prophétesses, don de la prophétie. Sans prophétie, les chefs jouent aux rois toujours et partout. Ils ne font jamais l'expérience de la réciprocité entre égaux, ils ne connaissent donc pas le bonheur. Ils vivent tristement dans leur solitude dorée, entourés de courtisans et de et de crapules. Et à la longue, ne pouvant pas être des hommes comme tout le monde, ils deviennent inhumains. C'est aussi pour cette raison que la prophétie est une ressource essentielle de la terre.
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par Luigino Bruni
Publié dans Avvenire le 08/12/2019
« Mais comment Josias peut-il ignorer Jérémie et envoyer des émissaires à Hulda ? Le sage répondit : "Parce que les femmes sont plus compatissantes", et il espérait donc que ce qu'elle leur dirait ne serait pas trop dur. ».
Talmud, Megillah 14b
La découverte d'un livre dans le temple devient la base d'une grande réforme religieuse, où nous rencontrons la prophétesse Hulda qui nous rappelle la signification des femmes et de la prophétie.
Un père juste et un grand miracle ne suffisent pas pour garantir la bonne conduite des enfants . Après Ézéchias, le roi bon et fidèle qui sauva Jérusalem pour sa foi en Dieu, deux rois maléfiques se succèdent en Juda, Manassé et Amon (2 Rois , 21) : ils construisent à nouveau des autels aux dieux étrangers, reprennent et relancent les anciens cultes populaires cananéens qui ne s'étaient jamais éteints dans le peuple. Après la belle parenthèse d'Ézéchias, réapparaît l'idolâtrie , cette maladie chronique d'Israël - et de tous les hommes, qui construisent infatigablement des idoles pour en devenir les adorateurs : nous consommons de nombreux biens, mais avant tout des idoles.
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Par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 01/12/2019
« Abraham a trouvé son homologue dans une figure tardive, isolée et abrupte de la Bible : Job. Si la grâce d'Abraham n'était pas fondée sur le mérite, le malheur de Job n'était pas fondé sur la culpabilité. »
Roberto Calasso, Le Livre de tous les livres
Le déclin de la fin, y compris celui des vies les plus nobles, est le langage par lequel la Bible nous dit que tout est grâce, que le salut ne dépend pas de nos mérites.
Les jours les plus lumineux de notre vie, qui sont toujours trop peu nombreux, sont ceux où nous nous sommes sentis compris et valorisés non pas pour nos mérites et nos démérites mais parce que quelqu'un - une épouse, un frère, une mère, une amie - nous aimait dans nos imperfections, dans nos limites, dans nos ambivalences et ambiguïtés ; car, ce jour-là, une personne a vu la sincérité de notre cœur, elle ne nous a pas estimé et aimé malgré nos limites et imperfections, mais grâce à elles. Ces quelques rares moments qui nous accompagnent tout au long de notre vie adviennent entre deux cœurs sincères qui au moins une fois se sont perçus comme tels, à la suite de pactes scellés entre des âmes qui se sont rencontrées dans leur nudité par-delà et avant même leurs vertus et leurs vices. Alors, à l’occasion de ces relations d’un autre ordre, nous nous réjouissons de nos propres mérites et de ceux des autres, nous souffrons et nous maudissons nos péchés ; mais nous savons que ce n’est pas là le plus important, car beaucoup, beaucoup plus important est ce cœur que nous avons vu, compris, et surtout aimé, au moins une fois, à la faveur d’un jour particulier. Même si nous ne le savons pas, c'est ce regard que nous cherchons dès le premier instant de notre vie et auquel nous aspirons obstinément jusqu'à sa fin. Sans ce regard incomparable, sans l’existence d’un être qui nous a vu et nous voit ainsi, car ce regard ne s’efface jamais, la vie devient trop difficile, peut-être impossible. Et s'il y a quelque chose qui m’attire et m’enchante encore chaque matin, ce n'est pas la recherche d'une certaine perfection morale, mais un élan qui me pousse à avancer, à la recherche de surprises, en compagnie des misères et des vertus, celles des autres et les miennes : une vie où les coups qu’ inévitablement nous infligeons au corps et à l'âme de nos prochains et que nous recevons d’eux dans nos corps à corps, sont aussi des fenêtres pour essayer de voir un morceau de ciel.
[fulltext] =>Un des plus beaux messages de la Bible, peut-être sa plus belle lettre d'amour pour nous, est de nous dire que, si nous n'avons pas encore trouvé parmi les êtres humains quelqu’un qui ait pu atteindre la sincérité la plus sincère de notre moi le plus intime, il y a encore, en dernier recours, un regard , le regard de Celui qui "voit notre cœur" par-delà ses mérites et ses misères. C’est un message annoncé et répété de nombreuses fois et de nombreuses façons, une corde dont les nombreux fils relient ses premières pages aux dernières. Et quand nous ne pouvons pas appréhender la sincérité du cœur des autres ni la nôtre, nous pouvons emprunter à la Bible ses yeux pour nous apercevoir un jour qu’ils sont devenus aussi les nôtres. Le miracle le plus merveilleux opéré par la Bible est peut-être de se retrouver, avec le temps, transformés en ses personnages que nous avons aimés et dont nous avons lu et relu l’histoire : descendre dans les rue avec les entrailles émues du Samaritain, revenir miséreux des porcheries et faire l’expérience d’une étreinte miséricordieuse, cesser de proférer des malédictions depuis nos tas d’ordures pour commencer à n’invoquer que Dieu. En fait, l’esprit de la Bible, bien qu’imprégné par la morale du mérite et du démérite, vieil héritage culturel des peuples avec lesquels elle est entrée en contact tout au long de son histoire, n'associe aucunement l'élection (du peuple ou des personnes) aux mérites ni aux vertus, ne rejette personne uniquement ou principalement du fait de ses péchés. Abraham, Jacob, Moïse, David, Salomon, nous sont présentés comme des hommes qui ne sont pas plus méritants que les autres. Et ils sont nombreux, parmi les meilleurs personnages bibliques, à commettre des péchés très graves (David) et à finir parfois leur vie dans la décadence morale (Salomon). Une façon de rappeler que le salut n'est que grâce, que tout est gratuité. Quand la Bible qualifie quelqu'un de "juste", elle ne le fait pas pour justifier son élection, mais pour indiquer une mission de salut (Noé) ou pour réfuter la thèse du malheur liée à la culpabilité (Job). Quant aux prophètes, la Bible ne nous parle pas précisément de leurs mérites ni de leurs fautes qui sont absolument secondaires par rapport à l’économie divine, les prophètes n'ayant qu'à transmettre une parole qui n'est pas la leur, qui se révèle plus forte et plus efficace que leurs vices et leurs vertus. Et si la parole de Dieu est plus forte que nos péchés, une de ses paroles peut toujours nous rejoindre au fond de nos abîmes désespérés et nous sauver. L'espérance biblique est toujours celle de sa parole.
Après avoir détruit les idoles, et parmi elles le serpent de bronze de Moïse, Ézéchias ne crut qu'en YHWH et obtint, avec le prophète Isaïe, le grand miracle de la victoire inattendue sur la superpuissance assyrienne : «Et voici ce que dit le Seigneur au sujet du roi d’Assyrie : il n’entrera pas dans cette ville, il ne lui lancera pas une seule flèche… La nuit même, l’ange du Seigneur sortit et frappa cent quatre-vingt-cinq mille hommes dans le camp assyrien… Sennakérib, roi d’Assyrie, plia bagage et s’en alla. Il revint à Ninive et y demeura. » (2 Rois 19, 32-36). Ensuite Ézéchias fut aussi gratifié d’un second "miracle" : il fut guéri, par le prophète Isaïe, d'une maladie mortelle. Dieu, qui écouta sa prière sincère et rectifia ainsi la parole d'Isaïe qui avait annoncé sa mort imminente, lui concéda quinze autres années de vie (20, 1-11). Mais après ces grands événements, les Livres des Rois nous montrent un Ézéchias qui, en vieillissant, perd quelque chose de la beauté et de la justice de la première partie de son règne. A un certain moment, Babylone entre dans son histoire : « En ce temps-là, Mérodak-Baladane, fils de Baladane, roi de Babylone, fit parvenir des lettres et un présent à Ézéchias, car il avait appris qu’Ézéchias avait été malade. » (20, 12). Ézéchias reçut les ambassadeurs babyloniens et leur montra tout l'or et les richesses de son palais et de Jérusalem. Cela a lieu plus d'un siècle avant Nabuchodonosor, mais Isaïe voit et prophétise le grand malheur de la déportation : «Alors Isaïe dit à Ézchias : "Écoute la parole du Seigneur : Voici venir des jours, où tout ce qui est dans ta maison, ce que tes pères ont amassé jusqu’à aujourd’hui, sera emporté à Babylone ; il n’en restera rien, dit le Seigneur. On prendra plusieurs de tes fils, issus de toi, engendrés par toi ; ils seront des eunuques dans le palais du roi de Babylone. » (20, 16-18).
Le livre du prophète Jérémie nous apprend que le souvenir du miracle d'Ézéchias-Isaïe sur les Assyriens n'a pas aidé le peuple pendant le siège de Nabuchodonosor. Cette victoire, obtenue dans un contexte semblable, devint plus tard un motif d'illusion pour le peuple de Jérusalem, et fournit aux faux prophètes des indices très efficaces pour entretenir chez lui l’illusion qu'un nouveau miracle allait se produire. En effet, au nom du grand miracle obtenu contre les Assyriens, le peuple ne croyait pas un autre grand prophète, Jérémie, qui lui indiquait la seule voie à suivre : se rendre aux troupes de Nabuchodonosor. Il n'est pas rare que le souvenir d'un épisode passé semblable à une situation présente, nous conduise sur une mauvaise piste. L'exercice de la mémoire compte parmi les plus difficiles dans les histoires spirituelles et charismatiques : un choix (par exemple, la résistance d'Ézéchiel jusqu'à la fin) qui s'est avéré juste et béni dans un contexte donné, peut se révéler faux et très préjudiciable dans un autre. Nous sommes en présence d’un cas, l’un des plus importants de toute la Bible, celui d’une mauvaise référence au passé : le peuple d'Israël n'a pas fait bon usage de son souvenir du miracle avec les Assyriens : quand il s’est retrouvé confronté à une grande crise semblable à celle d'Ézéchias, Jérémie a dû lutter contre la stupidité du peuple, renforcée par la mémoire du passé et Israël fut battu. Vivre dans souvenir du miracle vécu avec les Assyriens au temps d'Isaïe conduisit à un malheur au temps de Jérémie : le peuple ne se rendit pas aux Babyloniens, il fut détruit et déporté. Deux grands prophètes peuvent dire des choses opposées dans des circonstances semblables. Recourir aux paroles d'un prophète du passé pour effectuer un discernement relevant d’une situation concrète et actuelle peut amener à faire un mauvais choix. La sagesse d'une communauté confrontée à une crise qui ressemble à une situation passée ne consiste pas à se référer aux choix concrets et pratiques adoptés à l’époque, ni même à relire les paroles qui, dans ce contexte, avaient été prononcées par un grand prophète : la seule sagesse en présence d’une crise est d'écouter les paroles qu'un vrai prophète nous dit aujourd'hui et de le suivre.
Dans l'histoire personnelle d'Ézéchias, la réponse qu'il a donnée à la prophétie d'Isaïe est importante : « Ézéchias dit à Isaïe : "C’est une bonne chose, ce que tu me dis de la part du Seigneur. » Il se disait en effet : « Pourquoi pas ? S’il y a la paix et la stabilité pendant ma vie ! ". » (20, 19). Une réponse pour le moins bizarre, qui trahit un certain cynisme et surtout un désintérêt pour le sort de ses enfants et "pour les jours" des générations futures, des valeurs morales très importantes dans l'humanisme biblique. Le livre des Chroniques - ces faits d'Ézéchias nous sont racontés par trois livres bibliques : les Rois, les Chroniques et Isaïe -, exprime un jugement plus clair sur la conclusion de la vie d'Ézéchias : « Mais Ézéchias ne répondit pas au bienfait reçu, car son cœur s’était enflé d’orgueil. » (2 Chroniques 32,25). L'histoire nous dit qu’à la fin des longs règnes (Ézéchias a régné 29 ans : 18, 2) les meilleurs rois finissent eux-mêmes par être corrompus et que même les plus justes ont tendance à devenir des tyrans.
L'histoire d'Ézéchias connaît aussi son déclin final. Il n'est jamais facile de conserver la beauté de sa jeunesse à l'âge adulte, et les personnes, y compris les plus nobles et les plus justes, sont exposées au risque très réel d'un déclin moral dans la dernère phase de leur vie. Ce destin est aussi celui des institutions, car les entreprises, les organisations et les communautés sont elles aussi généralement incapables de tenir leurs promesses de l'aube une fois passé midi. Ézéchias fut un roi juste, malgré la fin de son règne. Il en va ainsi de la vie : au temps de l’ enfance il y a plus de graines que celles qui réussiront à fleurir dans la jeunesse et encore beaucoup plus que celles qui porteront du fruit au temps de la maturité. Et même si les fruits de la maturité sont nombreux et savoureux, ils ne peuvent jamais égaler la pureté et l'innocence premières de la graine, avant qu'elle ne pourrisse et ne meure dans la terre de l'histoire. C'est pourquoi une tentation très commune, dans la phase adulte des histoires issues de semences rares et pures, est la nostalgie de la première graine, de sa belle pureté, de l’UN avant sa déperdition et sa contamination dans le multiple, car on oublie que sous le soleil les fruits ne peuvent naître que de la mort de l’ UN. Et que les graines en surnombre était nécessaires pour donner quelques bons fruits, quand bien même n'y en aurait-il qu'un seul. La rentabilité n'est pas une catégorie de l'esprit. De nombreux travers de notre vie adulte sont déjà inscrits dans notre enfance. Beaucoup, mais pas tous, parce que nous aurions pu en éviter certains, qui n'étaient pas inéluctables. Mais nous ne nous en rendons compte qu'à la fin, lorsque la seule sagesse possible sera de prononcer humblement notre dernier 'amen'. Et, dans cet ultime regard, rien ne manquera.
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Par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 01/12/2019
« Abraham a trouvé son homologue dans une figure tardive, isolée et abrupte de la Bible : Job. Si la grâce d'Abraham n'était pas fondée sur le mérite, le malheur de Job n'était pas fondé sur la culpabilité. »
Roberto Calasso, Le Livre de tous les livres
Le déclin de la fin, y compris celui des vies les plus nobles, est le langage par lequel la Bible nous dit que tout est grâce, que le salut ne dépend pas de nos mérites.
Les jours les plus lumineux de notre vie, qui sont toujours trop peu nombreux, sont ceux où nous nous sommes sentis compris et valorisés non pas pour nos mérites et nos démérites mais parce que quelqu'un - une épouse, un frère, une mère, une amie - nous aimait dans nos imperfections, dans nos limites, dans nos ambivalences et ambiguïtés ; car, ce jour-là, une personne a vu la sincérité de notre cœur, elle ne nous a pas estimé et aimé malgré nos limites et imperfections, mais grâce à elles. Ces quelques rares moments qui nous accompagnent tout au long de notre vie adviennent entre deux cœurs sincères qui au moins une fois se sont perçus comme tels, à la suite de pactes scellés entre des âmes qui se sont rencontrées dans leur nudité par-delà et avant même leurs vertus et leurs vices. Alors, à l’occasion de ces relations d’un autre ordre, nous nous réjouissons de nos propres mérites et de ceux des autres, nous souffrons et nous maudissons nos péchés ; mais nous savons que ce n’est pas là le plus important, car beaucoup, beaucoup plus important est ce cœur que nous avons vu, compris, et surtout aimé, au moins une fois, à la faveur d’un jour particulier. Même si nous ne le savons pas, c'est ce regard que nous cherchons dès le premier instant de notre vie et auquel nous aspirons obstinément jusqu'à sa fin. Sans ce regard incomparable, sans l’existence d’un être qui nous a vu et nous voit ainsi, car ce regard ne s’efface jamais, la vie devient trop difficile, peut-être impossible. Et s'il y a quelque chose qui m’attire et m’enchante encore chaque matin, ce n'est pas la recherche d'une certaine perfection morale, mais un élan qui me pousse à avancer, à la recherche de surprises, en compagnie des misères et des vertus, celles des autres et les miennes : une vie où les coups qu’ inévitablement nous infligeons au corps et à l'âme de nos prochains et que nous recevons d’eux dans nos corps à corps, sont aussi des fenêtres pour essayer de voir un morceau de ciel.
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par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 24/11/2019
« Au temps d'Ézéchias le serpent de bronze ne guérissait plus, au contraire, il portait préjudice: il peut en advenir ainsi des reliques du passé, parce que Dieu ne donne aucune garantie aux objets dont il voulait se servir ponctuellement »
Paolo De Benedetti, Ézéchias et le serpent de bronze
L'art de toute réforme est de pouvoir comprendre quelles traditions d'origine doivent être préservées et lesquelles doivent être abolies. C’est ce qu’a su faire le roi Ézéchias avec l'Arche et le Serpent de bronze.
Le passé, l'origine et les racines d'une histoire et d'une vie sont souvent des ressources essentielles pour comprendre quelle suite donner, dans la réalité présente, à cette histoire et à cette vie. Parfois, cependant, à l’occasion de certaines étapes critique de l’évolution des communautés et des institutions, la référence aux origines peut s'avérer être un piège mortel. Il serait alors nécessaire de faire un discernement spirituel du passé à la lumière de l'expérience présente, comme c'est souvent le cas dans les familles, où la signification d'un événement douloureux vécu par un grand-père est révélé, trois générations plus tard, par l'histoire éclairante de son petit fils. Le passé est source de vie et de renouveau s'il sait changer, mourir et ressusciter dans le présent. Dans les réalités humaines, ce sont parfois les fruits qui régénèrent les racines. Au cours des processus de réforme des communautés, des institutions et des organisations, par exemple, l'origine d'une tradition, d'une règle ou d'un principe ne suffit pas pour comprendre son sens présent et futur. Nous devons nous pencher aujourd’hui sur l'utilisation courante qui en est faite de nos jours. Lorsqu'une réforme éthique est nécessaire dans les communautés et les institutions, il est nécessaire de savoir quelles traditions d'origine doivent être préservées et lesquelles doivent être oubliées.
[fulltext] =>Le royaume du Nord a donc été conquis par les Assyriens. Désormais cette superpuissance menace aussi celui du Sud, Juda, et la capitale Jérusalem où, entre-temps, Ézéchias est devenu roi : « Il fit ce qui est droit aux yeux du Seigneur, tout comme avait fait David, son ancêtre. » (2 Rois, 18,3). Enfin se présente un roi juste, après une longue série de monarques plus ou moins corrompus et idolâtres. Sa justice se manifeste dans sa lutte contre l’idolâtrie et dans l'affirmation d’ un unique culte destiné à YHWH, un thème très cher à l'auteur de ces livres historiques. En effet, « C’est lui qui supprima les lieux sacrés, brisa les stèles, coupa le Poteau sacré et mit en pièces le serpent de bronze que Moïse avait fabriqué . » (18, 4). Il a détruit les "lieux sacrés", c'est-à-dire les autels des différents dieux étrangers placés sur les « hauts lieux » (les fameux bamots, détestés par tous les prophètes), et que ses différents prédécesseurs, même les meilleurs, n'avaient pas réussi à éliminer, parce qu'ils étaient évidemment fréquentés et prisés par le peuple (les peuples du Moyen-Orient et de Méditerranée ont toujours aimé les autels d’or et les aiment encore). Par ailleurs, il a également éliminé les stèles rituelles (massebots) et les poteaux sacrés (les asere), symboles de fertilité associés à la divinité féminine Asera/Istar/Astarte, une déesse très populaire et vénérée dans la région. Mais ce n’est pas l'élément le plus original de la réforme religieuse d' Ézéchias. Celui-ci « mit en pièces le serpent de bronze que Moïse avait fabriqué ». (18,4). Le zèle religieux de ce roi l'a conduit à détruire une relique, un objet sacré qui remontait à Moïse lui-même, icône de la Loi et de l'Alliance avec YHWH. Il est probable que sur terre, à cette époque, aucun nom plus que celui de Moïse n'évoquait celui de YHWH : personne n'était plus que lui symbole de pureté cultuelle, de lutte contre l’idolâtrie (le veau d'or), du Dieu unique, vrai et différent. Pourquoi alors Ézéchias a-t-il détruit un objetqui évoquait directement la mémoire de Moïse, lié par la suite à un épisode important de l'Exode, qui faisait partie intégrante de la tradition et de l'histoire de la sortie d'Égypte ?
Ce serpent de bronze est apparu au cours d’un épisode critique de la foi du peuple juif : celui-ci commençait à murmurer et à regretter la bonne nourriture du temps de l'esclavage. Dieu les punit (« L'Éternel envoya parmi le peuple des serpents ardents qui mordaient le peuple, et un grand nombre d'Israélites moururent » ). Le peuple demanda à Moïse d'intercéder pour obtenir pardon. Moïse pria et « YHWH dit à Moïse : "Fais-toi un serpent brûlant, et dresse-le au sommet d’un mât : tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, alors ils vivront ! " … Moïse fit un serpent de bronze et le dressa au sommet du mât. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il restait en vie ! » (Nombres 21, 6-9). Ce serpent de bronze avait donc été fabriqué par Moïse pour obéir à une parole précise de Dieu, c’était le "sacrement" d'une théophanie et le rappel d'une étape importante de l'histoire du salut. Cet épisode était resté vivant depuis des siècles dans la tradition juive et nous le trouvons aussi dans le Nouveau Testament, comme une image du crucifié : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. » (Jean 3, 14-15). Mais Ézéchias, roi juste et fidèle, décida de faire disparaître ce serpent de Moïse, et étendit sa "destruction créatrice" à cet objet sacré, mémoire et souvenir d'un passage de la Bible, façonné par les mains du plus grand prophète. On peut aisément imaginer à quel point ce serpent était aimé, vénéré par le peuple, combien de prières étaient récitées à ses pieds par des gens simples en quête d'aide et de reconnaissance. En fait, le texte ajoute : « Car jusqu’à ces jours-là les fils d’Israël brûlaient de l’encens devant lui ; on l’appelait Nehoushtane. » (18, 4). Et c'est précisément cette vénération, cet d'encens brûlé et l’attribution de ce nom qui expliquent le geste d’Ézéchias. Lorsqu'on brûlait de l'encens devant un objet et surtout qu'on lui donnait un nom, cet objet n'était plus seulement un symbole, un mémorial, une icône, il devenait une idole. Ce serpent de bronze s'était, avec le temps, éloigné de sa signification première et, de fait, l’utilisation qu’on en faisait, relevait désormais de l’idolâtrie.
L'origine même de ce serpent comportait déjà des éléments archaïques, proche du chamanisme et de la magie. Guérir - ou essayer de guérir - d'un mal en utilisant comme médium l'image du même mal (la morsure d’un serpent associée à la vue du serpent) est relève d'une technique magique très ancienne, appelée homéopathique ( le semblable guérit ce qui lui ressemble). Ce serpent avait donc une origine complexe et en partie hybride, provenant peut-être d’ Égypte où les pratiques magiques et divinatoires étaient très répandues. Nous savons que dans l'histoire ancienne d'Israël, les prophètes (Samuel, Ézéchiel) gardaient encore des traces de ce prophétisme archaïque : la nouveauté de la prophétie biblique était mêlée aux pratiques des prêtres et des devins cananéens, assyriens et babyloniens. Ce serpent, confectionné par Moïse, avait donc subi une évolution dans le temps : il avait cessé d’être une relique rappelant la libération, le Sinaï et l'Exode pour ne renvoyer qu’à lui-même. Son lien avec Moïse, très fort au début, avait fini par se laisser contaminer par les cultes cananéens. Et quand, au VIIIe siècle, Ézéchias arriva sur le trône, cette métamorphose idolâtre était déjà achevée. La grandeur de ce roi fut d’avoir eu le courage de reléguer ce serpent de Moïse au rang des stèles d'Astarté et des autels des autres dieux païens. Il a sans doute rencontré une forte résistance du peuple, mais si le texte a voulu conserver la trace de ce geste inconvenant aux yeux de ses rédacteurs (un roi qui détruit une relique de Moïse !), c'est parce qu’il contient quelque chose d'important dans l'économie de l'histoire biblique - et dans notre "économie".
Moïse avait aussi construit l'Arche d'Alliance qui, à l'époque d'Ézéchias, était encore conservée dans le temple de Jérusalem. Le serpent de Moïse a été détruit, mais non pas l'arche. Comme celle-ci avait conservé sa signification et son usage originels, elle pouvait donc demeurer la mémoire et le sacrement de l'Alliance. Selon la tradition, elle contenait les Tables de la Loi, mais cet objet, contrairement au serpent, n'était pas devenu une idole. Ainsi, dans la réforme religieuse d'Ézéchias, l'arche devait être conservée pour garder la mémoire vivante. L'arche était un symbole (du grec syn-, avec, et -ballein, jeter) qui pouvait rappeler ce qui est juste, qui mettait correctement ensemble présent et passé, c'était un signe qui indiquait le bon chemin à prendre en ces temps de bouleversements éthiques et spirituels. Tel n’est pas le cas du serpent. Bien qu'il fût issu de la même souche, sa réalité présente ne pouvait plus renouer avec son image initiale positive. Au huitième siècle, le Moïse du Serpent était différent de celui de l'Arche. Ézchias a eu la sagesse et l'intelligence de le comprendre. Nous sommes en présence d’un acte fondamental, qui peut être d’une grande aide pour des communautés en train de se réformer et se renouveler. Dans ces moments décisifs, tout dépend de leur capacité à distinguer le serpent de l'arche. C’est un dicernement délicat, car l'arche à conserver et le serpent à détruire ont été créés par Moïse lui-même ; leurs origines sont rapportées par les mêmes livres sacrés, tous deux font partie de l'histoire et de l’enseignement des prophètes. Les communautés commencent un déclin lent mais inexorable lorsqu'elles s'attachent à leur origine sans prendre en considération la signification présente de leur propre réalité et de leur peuple. Une tradition ne doit pas être conservée du seul fait qu'elle a été créée par son fondateur ou par un prophète. Car si son origine était excellente, mais que son usage est devenu pervers, aucune réforme n'est possible sans le courage de détruire ces traditions, objets, règles et valeurs dont l'origine est sainte, et d'éloigner les personnes qui ont été à la hauteur dans un premier temps, mais qui se sont ensuite égarées en chemin.
L'histoire des communautés et des mouvements révèle à cet égard des trajectoires en général peu lumineuses. Les cas les plus fréquents sont ceux où, en sacralisant leurs origines, les communautés conservent à la fois l'arche et le serpent, de sorte que, avec le temps, le serpent dévore l'arche. Ce cas de figure est très courant dans l'histoire profonde des communautés parce que la tradition du serpent est conservée à tout prix, tout comme celle de l’arche, et que sa destruction est interprétée par la majorité comme une trahison de l’héritage reçu. Il est fort probable qu’à l’annonce de sa décision de détruire le serpent, de nombreux scribes et docteurs aient rappelé et lu à Ézéchias le passage des Écritures relatant le miracle de Moïse dans le désert. Ce roi fut juste parce qu'il empêcha le passé de tuer le futur. Mais il arrive aussi que le serpent et l'arche soient détruits tous les deux. On perçoit un risque d'idolâtrie en raison de l’évolution d’une partie de l'héritage spirituel reçu, mais en ne sachant ou en ne réussissant à pas faire la part des choses, on détruit tout le passé. De cette façon, on perd aussi le contact avec la partie saine de l’origine (l'arche), et on meurt lentement, comme une plante sans racines. Mais le destin le plus tragique est celui qui advient lorsque les communautés en train de se réformer préservent le serpent et détruisent l'arche. Dans ce cas on meurt tout en croyant être vivant, parce que la communauté ne s'éteint pas, mais se transforme en une communauté d'adorateurs du serpent Necustàn, qui pensent, souvent en toute bonne foi, toujours adorer le même Dieu des origines. La Bible, en nous racontant l'histoire d' Ézéchias, nous dit qu'une autre issue est possible : sauver l'arche et détruire le serpent. C'est l'art le plus précieux de tout processus de réforme, le talent décisif de tout vrai réformateur. Ézéchias était un roi très aimé : « C’est dans le Seigneur, le Dieu d’Israël, qu’Ézéchias mit sa confiance, et aucun des rois de Juda ne lui fut comparable ni avant ni après lui … Il garda les commandements que le Seigneur avait prescrits à Moïse. » (2 Rois 18, 5-7). Il fut « fidèle aux décrets de Moïse » parce qu'il eut aussi la force de détruire son serpent de bronze tout en en préservant son arche.
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par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 24/11/2019
« Au temps d'Ézéchias le serpent de bronze ne guérissait plus, au contraire, il portait préjudice: il peut en advenir ainsi des reliques du passé, parce que Dieu ne donne aucune garantie aux objets dont il voulait se servir ponctuellement »
Paolo De Benedetti, Ézéchias et le serpent de bronze
L'art de toute réforme est de pouvoir comprendre quelles traditions d'origine doivent être préservées et lesquelles doivent être abolies. C’est ce qu’a su faire le roi Ézéchias avec l'Arche et le Serpent de bronze.
Le passé, l'origine et les racines d'une histoire et d'une vie sont souvent des ressources essentielles pour comprendre quelle suite donner, dans la réalité présente, à cette histoire et à cette vie. Parfois, cependant, à l’occasion de certaines étapes critique de l’évolution des communautés et des institutions, la référence aux origines peut s'avérer être un piège mortel. Il serait alors nécessaire de faire un discernement spirituel du passé à la lumière de l'expérience présente, comme c'est souvent le cas dans les familles, où la signification d'un événement douloureux vécu par un grand-père est révélé, trois générations plus tard, par l'histoire éclairante de son petit fils. Le passé est source de vie et de renouveau s'il sait changer, mourir et ressusciter dans le présent. Dans les réalités humaines, ce sont parfois les fruits qui régénèrent les racines. Au cours des processus de réforme des communautés, des institutions et des organisations, par exemple, l'origine d'une tradition, d'une règle ou d'un principe ne suffit pas pour comprendre son sens présent et futur. Nous devons nous pencher aujourd’hui sur l'utilisation courante qui en est faite de nos jours. Lorsqu'une réforme éthique est nécessaire dans les communautés et les institutions, il est nécessaire de savoir quelles traditions d'origine doivent être préservées et lesquelles doivent être oubliées.
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stdClass Object ( [id] => 17899 [title] => Mais la vie est plus grande [alias] => mais-la-vie-est-plus-grande [introtext] =>La Prophétie est Histoire/24 – A force de courir après le néant, on devient ce néant : c'est la lutte éternelle entre foi et nihilisme
par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 17/11/2019
« Je sais bien que le mot cafone [ndt = péquenaud en français ], dans le langage courant de mon pays, est devenu un terme offensant et moqueur, mais je l'utilise dans ce livre avec la certitude que lorsque dans mon pays la douleur ne sera plus honteuse, il deviendra un nom respectable, et peut-être même honorable. »
Ignazio Silone, Fontamara
L'espérance des vrais prophètes est le contraire de celle des faux-prophètes, illusoire et consolatrice : elle est vraie et forte comme un fils.
Nombreux sont ceux qui justifient au nom du bien des actions injustes que des personnes ou des institutions accomplissent tout de même en faisant fi de la justice et du droit (emplois ...). Et il est encore trop faible le cri des prophètes qui disent que ces "bonnes" choses ne le seront jamais vraiment sans justice, surtout sans cette justice caractéristique conçue et mesurée en fonction des plus pauvres. Les raisons de l'économie, de la politique et de la finance sont profondément transformées si nous les voyons avec Lazare, de dessous la table des riches épulons.
[fulltext] =>« Gereboam[II] rétablit les frontières d’Israël, depuis l’Entrée-de-Hamath jusqu’à la mer de la Araba, conformément à la parole que le Seigneur Dieu d’Israël avait dite par l’intermédiaire de son serviteur le prophète Jonas » (2 Rois 14, 23-25). La lecture plurielle des faits historiques est l'une des constantes rencontrées au cours de ces années de commentaires de la Bible. Ces différences sont de tous ordres. Parmi elles on peut noter les interprétations de mêmes événements faites par des prophètes courtisans, différentes de celles des grands prophètes bibliques. Les prophètes courtisans, qui sont presque toujours des faux prophètes, ont de tous temps pour but principal de conforter et de rassurer les rois et les puissants dans leurs certitudes et surtout dans leurs illusions. En revanche, les vrais prophètes n'ont pas à agir pour eux-mêmes et ils sont donc libres de ne rapporter que les paroles qu'ils reçoivent. C’est pourquoi ils sont incontrôlables, imprévisibles, difficiles à apprivoiser et ne se laissent pas acheter.
Dans ce chapitre, nous trouvons un exemple typique de cette diversité. Pour les Livres des Rois, ce Jonas, probablement prophète et courtisan , auteur présumé du livre biblique qui porte son nom, semble avoir donné une appréciation positive de ces succès militaires. Quant à Amos, grand prophète contemporain de Jéroboam II, il les avait dénoncés avec force : « Vous changez le droit en venin et le fruit de la justice en poison.Il en est qui se réjouissent pour Lo-Debar (c’est-à-dire Rien-du-tout), et qui disent : "N’est-ce pas par notre force que nous avons conquis Qarnaïm (c’est-à-dire Les-Deux-Cornes) ? " Eh bien ! maison d’Israël, voici que moi – oracle du Seigneur, Dieu de l’univers –, je dresse contre vous une nation ; elle vous opprimera depuis l’Entrée-de-Hamath jusqu’au torrent de la Araba" » (Amos 6, 12-14). Amos n'est pas un prophète de cour, il voit dans ces conquêtes les exploits guerriers d'un roi injuste qui, en ne respectant pas la justice ni le droit des pauvres, ne pouvait certainement pas agir selon le cœur de YHWH. Environ deux siècles plus tard, le groupe de scribes qui écrivit les Livres des Rois fit de cette action militaire de Jéroboam II une lecture différente et tout à fait providentielle : « Mais le Seigneur ne voulut pas effacer le nom d’Israël de dessous les cieux et il le sauva par la main de Jéroboam, fils de Joas. » (14, 27). Leur jugement global sur le règne de Jéroboam II n’en reste pas moins négatif dans le livre des Rois (« Il fit ce qui est mal aux yeux du Seigneur » (14, 23) ; mais si ces auteurs considèrent qu’un roi injuste peut accomplir une bonne action, pour Amos et pour beaucoup de prophètes, la présence ou l'absence de justice devient un critère décisif pour évaluer toutes les actions d'un roi. Pour les prophètes, la loi et la justice déterminent de façon absolue leur jugement sur la politique d'un peuple et rejoignent un autre jugement absolu : celui sur l'idolâtrie. C’est la même logique qu’on retrouve chez Isaïe, au début de son livre, lorsqu’il s’adresse à Jérusalem : « Que m’importe le nombre de vos sacrifices ? – dit le Seigneur. Les holocaustes de béliers, la graisse des veaux, j’en suis rassasié. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n’y prends pas plaisir […] Cessez d’apporter de vaines offrandes […] Vous avez beau multiplier les prières, je n’écoute pas : vos mains sont pleines de sang. » (Isaïe 1, 11-15).
Certes, au temps d'Isaïe les rois auront offert des sacrifices et présenté des offrandes formellement valides et licites aux yeux de la Loi, mais pour le prophète ces « mains pleines de sang » enlèvent toute valeur aux actions, même les plus religieuses. Parce que ces injustices et cette ignorance du droit ôtent la crédibilité de toutes les autres actions, car ces péchés ne peuvent être compensés ni allégés. Les prophètes sont partiaux, partisans, outranciers, excessifs, et c'est pour cette raison que nous les aimons, parce que c'est ainsi qu'ils nous sauvent de nos calculs et de nos compromis, dictés par le bon sens et la prudence. Le VIIIe siècle, politiquement tumultueux et idolâtre, voit l’apparition de nombreux grands prophètes. C'était le siècle d'Amos, d'Osée, de Michée, et ce fut celui d'Isaïe. Nous devrions lire leurs prophéties en même temps que les événements historiques relatés par les Livres des Rois, et reparcourir ces faits nouveaux à la lumière de ces paroles prophétiques. Nous découvririons beaucoup de choses importantes. Nous verrions, par exemple, que l'Achaz d'Isaïe ne coïncide pas avec l'Achaz du Livre des Rois, qui au chapitre 16 qui lui est consacré, ne mentionne même pas Isaïe. Ce sont certes des traditions et des sources différentes, mais il est étrange de ne pas voir ici le nom d'Isaïe à côté de celui d'Achaz. Ce roi, en effet, dans le livre d'Isaïe est le protagoniste (en négatif) du grand miracle de YHWH qui a chassé les Assyriens de Jérusalem. Mais il est aussi à l’origine d'un des versets les plus beaux et les plus puissants d'Isaïe. Achaz, malgré une recommandation spécifique (« Le Seigneur parla de nouveau à Achaz : "Demande un signe pour toi-même". » 7, 11) , désobéit et ne le demanda pas. Mais ce refus a produit une merveilleuse prophétie qui ne cesse de nous stupéfier : «C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous). » (Isaïe 7, 14). Emmanuel, le rêve des rêves ; un enfant, le signe des signes.
Sans lire le second Livre des Rois et celui des Chroniques, nous ne pouvons pas connaître Achaz; mais il est également certain que pour avoir une idée correcte de qui il est dans la Bible, la description qu'Isaïe nous en donne est également essentielle. Non pas pour retenir l'image la plus vraie d'Achaz, mais seulement pour reconnaître que les deux sont co-essentiels. La vérité de la Bible est symphonique, et cette symphonie la maintient vivante et féconde depuis des millénaires. Et si aujourd'hui nous voulions essayer de comprendre ou d'imaginer comment l'humanisme biblique jugerait notre économie, notre politique, notre religion, nous aurions besoin des analyses et des chroniques qui nous parlent des guerres, des conquêtes, des intrigues judiciaires, des raisons d'état ; mais nous aurions besoin aussi et surtout des paroles prophétiques de ceux qui savent pénétrer dans le cœur des femmes et des hommes de l'histoire, des paroles de ceux qui, entre les plis et les plaies des chroniques, les procès-verbaux des conseils d'administration et les papiers des magistrats, savent repérer les indices essentiels pour comprendre le sens de ce que l'on vit. Nous devrions aussi chercher des pages sur l’Emmanuel, sans quoi nous sauterons toujours la page la plus importante de nos histoires personnelles et collectives. Ces chapitres du Deuxième Livre des Rois sont une escalade vers leur apogée : la chute de Samarie, la capitale du Royaume du Nord, par la main des Assyriens, et la double déportation (des habitants de Samarie vers diverses régions éloignées, et de nombreux peuples et tribus déportés en Samarie pour remplacer les Juifs : chapitre 17). Il ne s'agit pas d'une déportation massive (un document assyrien parle de 27 290 déportés, sur une population d’environ 800 000 habitants ), mais d'un événement social et "religieux" dévastateur, l'événement historique le plus dramatique tout de suite après la destruction de Jérusalem et son temple (en 587). La Bible voit la chute du royaume du Nord puis du Sud comme une conséquence de la même infidélité à YHWH et de l'idolâtrie du peuple. Les prophètes sont fondamentalement d'accord avec cette lecture historique, bien qu’ils insistent encore plus sur la gravité de l'infidélité "économique et sociale".
Il y a une phrase qui résume, dans sa force prophétique et théologique, le sens profond de ce destin : « Ils ont couru après les vanités et ont sombré dans le néant. » (17,16). Le mot hébreu que le texte utilise pour désigner ce "néant" est un terme très prisé par la Bible : hevel. Il revient constamment dans le Qoelet : tout est hevel, tout est vanité des vanités. Autrement dit tout est néant à n’en plus finir. Mais hevel est aussi l'un des termes que les prophètes (Jérémie) utilisent pour définir les idoles : les idoles sont vanité, rien, un néant (hevel) qui anéantit ceux qui les adorent. En s’accrochant à elles, nous tombons dans le néant : c'est l'éternelle lutte entre la foi et le nihilisme, ce nihilisme qui aujourd'hui remplit le monde de ce rien après l’avoir vidé de sa substance - les hommes ne savent pas résister longtemps dans des temples vides. Mais les prophètes, y compris dans cette situation, savent trouver d'autres mots qui vont au-delà du néant. Ils savent mieux que quiconque le voir et le comprendre ; mais, une fois qu’ils l’ont vu et compris, ils savent comment aller plus loin. Le néant des prophètes est leur avant-dernier mot. Ainsi, tout en annonçant l’écroulement des choses et tout en condamnant l'infidélité, ils parviennent à voir l'aube au cœur de cette nuit obscure, à annoncer un salut. Amos, Isaïe, Michée sont les prophètes du "reste d'Israël", de cette petite espérance qui dit avec certitude que tout ce qui est en train de mourir ne mourra pas à jamais, que quelque chose de vivant continuera l'histoire : « Peut-être alors le Seigneur, Dieu de l’univers, fera-t-il grâce à ce qui reste d’Israël. » (Amos 5,15). Michée : « Mais moi, je veux te rassembler tout entier, Jacob, je veux réunir le reste d’Israël ! » (Michée 2,12). Et Osée : « Vais-je t’abandonner, Éphraïm, et te livrer, Israël ? Vais-je t’abandonner ? … Non ! Mon cœur se retourne contre moi ; en même temps, mes entrailles frémissent. » (Osée 11, 8). Peu de choses dans la Bible (et dans la vie) sont plus merveilleuses que la "prophétie de ce Reste".
Ces prophètes ont alors repris ensemble ce thème qui sera au cœur de la prophétie de Jérémie, le chantre de la destruction de Jérusalem : une histoire est finie, mais l'histoire n'est pas terminée. Ils sont sans pitié lorsqu’ ils annoncent l’effondrement de ce qui doit s’écrouler, inflexibles lorsqu’ ils dénoncent les erreurs et les causes profondes, mais leur œuvre majeure c’est l’annonce de l'Emmanuel, de l’épouse qui revient, des entrailles qui frémissent, du reste qui reviendra. Et ils sont ainsi parce leur nature profonde est fondamentalement droite et inébranlable, sans quoi leur message se réduirait à de pauvres propos consolateurs. Sans ces prophètes venus des exils, on ne revient pas à la maison. Parce que nous n'avons pas la capacité de voir ce Reste qui revient alors que tout parle de désespoir et de mort. Les prophètes ne voient pas le reste d’Israël au moment où ils l'annoncent, parce qu'il n'est pas encore là. La prophétie est aussi le don de susciter de réelles espérances en les pressentant lorsqu’ elles sont encore invisibles, aussi est-elle un bien commun nécessaire. Isaïe vint au rendez-vous avec Achaz accompagné de son fils dont le nom constitue comme un premier message. Le fils d'Isaïe s'appelait Shear-Yashoub, qui signifie : « [avec ton fils] Shear-Yashoub (c’est-à-dire : Un-reste-reviendra) » (Isaïe 7, 3). Ce prophète a écrit la prophétie du Reste avec le nom de son fils. Pour exprimer quelque chose de plus grand que lui-même, sa parole devait devenir la chair de sa chair. Ce fils est le Reste qui revient et sauve notre histoire, c'est le fils qui dit que la vie l’emporte sur toute mort. En chaque enfant qui naît, l'espérance est plus forte que hevel. La Bible le savait très bien : voilà ce que nous devons rapidement apprendre à redécouvrir.
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par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 17/11/2019
« Je sais bien que le mot cafone [ndt = péquenaud en français ], dans le langage courant de mon pays, est devenu un terme offensant et moqueur, mais je l'utilise dans ce livre avec la certitude que lorsque dans mon pays la douleur ne sera plus honteuse, il deviendra un nom respectable, et peut-être même honorable. »
Ignazio Silone, Fontamara
L'espérance des vrais prophètes est le contraire de celle des faux-prophètes, illusoire et consolatrice : elle est vraie et forte comme un fils.
Nombreux sont ceux qui justifient au nom du bien des actions injustes que des personnes ou des institutions accomplissent tout de même en faisant fi de la justice et du droit (emplois ...). Et il est encore trop faible le cri des prophètes qui disent que ces "bonnes" choses ne le seront jamais vraiment sans justice, surtout sans cette justice caractéristique conçue et mesurée en fonction des plus pauvres. Les raisons de l'économie, de la politique et de la finance sont profondément transformées si nous les voyons avec Lazare, de dessous la table des riches épulons.
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Par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 10/11/2019
Le rabbin Schmelke a dit : "Les pauvres donnent aux riches plus que les riches donnent aux pauvres. Les riches ont besoin des pauvres, plus que les pauvres des riches".
Martin Buber, Histoires et légendes hassidiques.
Le don ne s’oppose pas au contrat. L'argent investi, gagné et dépensé honnêtement n'est pas moins noble que les offrandes pour le temple. Ce n'est qu'ensemble que les dons et les contrats peuvent nous sauver.
La confiance dans l'honnêteté des gens qui nous entourent est une ressource essentielle de toute économie et de toute société. Lorsque nos relations misent sur l'honnêteté d'autrui - que les juristes appellent la bonne foi - l'économie s'améliore ainsi que notre bien-être. Sans ce principe d'honnêteté, c'est la méfiance anthropologique et le pessimisme qui infestent nos milieux de travail et nos vies. Aucun management ne peut envisager la subsidiarité - c'est-à-dire qu’on ne peut confier la responsabilité des choix aux acteurs de terrain - si nous ne sommes pas capables de bienveillance envers eux tant qu’il n’y a pas de preuves claires (et répétées) du contraire. La bienveillance qui consiste à penser du bien d’autrui, est la racine de la confiance. Elle valorise les travailleurs, les estime, renforce la confiance dans les organisations et améliore ainsi l’efficacité de la gestion.
[fulltext] =>Athalie une fois tuée, Joas devint roi et régna à Jérusalem pendant quarante ans. La Bible le présente comme un roi juste et un réformateur. C’est un restaurateur et un reconstructeur du temple de Salomon : « Joas dit aux prêtres : "Tout l’argent consacré que l’on apporte dans la maison du Seigneur, l’argent liquide de chacun, l’argent de la taxe personnelle, et tout l’argent que chacun voudra bien apporter à la maison du Seigneur, les prêtres le recevront, chacun de la part des gens de sa connaissance. Ce sont eux qui feront réparer les dégradations de la Maison, partout où ce sera nécessaire." » (2 Rois 12, 5-6). Les années passent, et malgré les recommandations de Joas, le temple n'est pas réparé : « Le roi Joas convoqua le prêtre Joad et les autres prêtres. Il leur dit : "Pourquoi ne réparez-vous pas les dégradations du Temple ? Désormais, ne prenez plus pour vous l’argent de ceux que vous connaissez, mais donnez-le pour les réparations du Temple". » (12, 8). A la vue de cet échec, le roi change de politique et enlève aux prêtres la gestion de ces travaux : « Les prêtres acceptèrent de ne plus recevoir d'argent du peuple et de ne plus s'occuper de la restauration du temple. » (12, 9)
Une bonne gouvernance des organisations doit repérer, si possible assez tôt, les conflits d'intérêts au sein du personnel et prendre acte de l’incompatibilité des motivations individuelles par rapport aux objectifs communs. Ces prêtres, en raison de leur mentalité et de leur fonction (gérer le culte) étaient objectivement dans une situation qui les conduisait à ne pas bien utiliser l'argent qu'ils collectaient. Le roi, qui fait ici preuve de sagesse, cesse d’inciter les prêtres à une conversion morale ; il préfère modifier l'organisation, revoir la structure objective et les modalités du financement et de la gestion des travaux du temple. Parce que lorsqu'il y a une incompatibilité objective entre la fonction du personnel et sa motivation, continuer à insister sur la dimension morale n'est pas efficace et n’engendre que frustration et conflit. Il faut immédiatement changer la structure organisationnelle objective et retirer aux personnes les rôles et les tâches pour lesquels ils ne sont pas faits.
C'est ainsi qu'on a installé dans le Temple un coffre destiné à recueillir les offrandes, la collecte et l'administration de ces fonds étant placées sous la responsabilité concertée du roi et du grand prêtre : « Le prêtre Joad prit un coffre, perça une ouverture dans le couvercle et le plaça à côté de l’autel, à droite quand on entre dans la maison du Seigneur. Les prêtres, gardiens du seuil, y déposaient tout l’argent que l’on apportait à la maison du Seigneur » (12, 10). Il est intéressant de noter que lorsque le scribe du roi et le grand prêtre ramassèrent l'argent déposé dans le coffre, (parce qu'il était plein), « ils fondirent l'argent trouvé dans le temple . » (12,11). Nous trouvons ici une référence aux fonctions économiques des temples dans l'antiquité. Le temple n'était pas seulement le centre du système fiscal et social ; au cours de certaines périodes de l'histoire, les métaux étaient également fondus dans le temple pour frapper des pièces de monnaie, faisant ainsi office de protobanques.
Dans ce passage nous assistons à la naissance d'une certaine laïcisation des "ateliers du Temple" à Jérusalem. Tout ce qui avait été confié directement aux prêtres (" qu'elle soit prise par les prêtres "), est désormais pris en main par ceux qui suivent directement les travaux: le scribe et le grand prêtre « remettaient l’argent contrôlé entre les mains des maîtres d’œuvre » (12,12). L'échec de la première solution par attribution directe - les prêtres utilisaient les offrandes du peuple pour les urgences et pour la gestion du culte et des sacrifices – fut l’occasion d’une réforme "laïque" qui permit aux ouvriers et aux artisans de gérer les travaux du Temple : une première application du principe de subsidiarité économique et financière : « On remettait l’argent contrôlé entre les mains des maîtres d’œuvre, préposés à la maison du Seigneur. Cet argent, ils le dépensaient pour les charpentiers et les ouvriers du bâtiment qui travaillaient à la maison du Seigneur, et aussi pour les maçons et les tailleurs de pierre, ainsi que pour acheter le bois et les pierres de taille en vue de réparer les dégradations de la maison du Seigneur, en un mot, tout ce qui devait être dépensé pour réparer la Maison. » (12, 12-13). On évitait ainsi que les revenus "fiscaux" soient utilisés à des fins malhonnêtes : « Toutefois, on ne fabriqua pas, pour la maison du Seigneur, des récipients en argent, pas davantage des ciseaux, ni des coupes à aspersion, ni des trompettes, ni aucun ustensile d’or, aucun ustensile d’argent, avec l’argent que l’on apportait à la maison du Seigneur. Car on le donnait aux maîtres d’œuvre, qui l’utilisaient pour réparer la maison du Seigneur. » (12, 14-15).
Il est intéressant de noter dans le texte l'évaluation éthique de ce changement : « On ne demandait pas de comptes aux hommes entre les mains desquels on remettait l’argent pour le distribuer aux maîtres d’œuvre, car ils agissaient avec honnêteté. » (12, 16). Cette honnêteté est remarquable. Le fait de déléguer et de rapprocher la gestion de l'argent de ceux qui l'utilisaient à des fins précises a réduit le coûts des contrôles (" ils n'étaient pas contrôlés..." ) et donc amélioré son rendement global. Mais avant cela, le roi avait changé quelque chose d'important dans la structure organisationnelle : la confiance et l'honnêteté, pour naître et durer, doivent être possibles et envisageables sur le long terme. L’excès de confiance finit par échouer à cause de l'absence de réformes structurelles
Il est également significatif que le mot'aron que le texte utilise pour désigner le coffre placé dans le temple pour recueillir les offrandes, désigne aussi l'arche (de l'alliance), l'objet le plus précieux de tous, celui qui contient les tables de la Loi de Moïse, conservé dans l’espace le plus intime et le plus sacré du Temple, car il symbolise l'alliance avec leur Dieu différent. Le coffre contenant l'argent est placé à l'intérieur du temple. Cet argent, produit des taxes et des dons versés (les offrandes elles aussi étaient libres), n'est pas impur, il peut entrer dans le temple. La Bible sait qu'il y a de l'argent qui est "mammon", non pas parce que c'est une idole en soi (ce serait trop banal), mais parce qu'il donne à ceux qui le possèdent l'illusion d'être dieu (toute idolâtrie est illusoire) : notre ego est l’idole la plus terrible. Cet argent ne doit pas entrer dans les temples, parce qu'il n'est pas ami de Dieu dans la mesure où il n'est pas ami des hommes, ni des pauvres.
Mais il y a aussi un autre argent. C'est l'argent donné, bien sûr, mais c'est aussi l'argent gagné honnêtement. L'argent du don est ami avec celui de nombreux commerçants, car le contrat n’élimine pas nécessairement le don. Souvent, le don et le contrat vont de pair. Quand le Samaritain versa à l'hôtelier deux pièces pour "qu’il prenne soin" de l'homme à moitié mort, il accomplissait un acte non moins noble et spirituel que celui qui donnait de l'argent dans le temple. Et même l'argent que nous donnons aujourd'hui par solidarité n'est pas plus noble ni plus spirituel que le salaire versé par un entrepreneur à un ouvrier dans la cadre d’un contrat de travail en règle. Les civilisations prospèrent lorsque le don et le contrat ne sont pas en compétition, elles se flétrissent lorsque les bienfaiteurs haïssent et redoutent ceux qui travaillent et produisent des richesses. L'arche de l'alliance n'est pas le coffre-fort d'une banque, leurs noms sont différents, mais ils se rapprochent beaucoup si cet argent a été gagné honnêtement et s’il est géré et investi de manière éthique. C'est en cela que consistent la laïcité de la foi et la spiritualité de l'économie.
Les dernières années du règne de Joas sont marquées par la menace assyrienne qui pèse sur Jérusalem. Joas, le nouveau Salomon, avait placé la restauration et l'entretien du temple au centre de sa mission ; maintenant il se trouve obligé de faire un geste qui semble aller à l’encontre de toute sa vie : « Joas, roi de Juda, prit tous les objets consacrés ; ceux qu’avaient consacrés Josaphat, Joram et Ocozias, ses pères, les rois de Juda, et ceux qu’il avait lui-même consacrés, ainsi que tout l’or qui se trouvait dans les trésors de la maison du Seigneur et de la maison du roi. Il envoya le tout à Hazaël, roi d’Aram, et celui-ci renonça à monter contre Jérusalem. » (12, 20).
Le temple est vidé de tous les trésors accumulés par Joas et ses prédécesseurs. La Bible nous parle de lui comme ayant presque toujours été en relation avec le temple - il l'avait restauré, c’est là qu’enfant il avait été consacré roi, puis protégé et instruit. Toute cette vie consacrée au temple s’achève avec un temple dégarni. C’est encore un message sur la gratuité et l’incomplétude de la vie, que nous trouvons dans de nombreuses pages de la Bible. On passe sa vie au service d'une œuvre qui, en raison d’une vocation et d’une mission, oriente le sens de notre existence. Et puis, un jour, ces trésors conservés et entretenus doiventt être cédés, et notre vie semble perdre son sens. C'est aussi l’image qui évoque le fondateur ou responsable de communauté qui passe une première et longue partie de sa vie à protéger et à accroître le trésor de sa communauté, jusqu’au jour où il devra tout restituer et enfin vivre la chasteté.
Mais l'histoire nous dit aussi autre chose : ce trésor a sauvé Jérusalem des Syriens qui, forts de cette fortune, sont partis : il se peut que les trésors que nous gardons et dont nous prenons soin remplissent vraiment leur fonction non pas lorsqu'ils sont accumulés et préservés, mais lorsqu'ils sont utilisés pour sauver quelqu'un. Si Joas n'avait pas conservé ces trésors, il n'aurait pas pu sauver sa ville à un moment crucial de son règne. Nous voyons des capitaux accumulés grâce à de lourds sacrifices disparaître en peu de temps et aller enrichir avocats, banques et fournisseurs ; mais, d'un point de vue différent et vrai, ces capitaux, alors qu'ils disparaissent, sont peut-être en train de nous sauver.
Alors que ces événements se déroulent autour de Joas, roi de Juda, le prophète Élisée retourne pour la dernière fois dans le royaume du Nord : « Élisée mourut et fut enterré » (13,20). Nous l'avions rencontré alors qu'il conduisait douze paires de bœufs. C'était un jeune homme riche. Il avait été appelé par Élie qui lui avait jeté son manteau. Il devint d'abord disciple d'un prophète, puis prophète lui-même. Il a été fidèle à sa vocation jusqu'au bout. Contrairement à Élie, Élisée n'est pas enlevé au ciel : il meurt comme tout le monde. Mais la Bible nous offre une dernière scène pour nous dire que les prophètes ne meurent jamais complètement : « Il advint que des gens qui portaient un homme en terre aperçurent une de ces bandes ; ils jetèrent l’homme dans la tombe d’Élisée et partirent. L’homme toucha les ossements d’Élisée, il reprit vie et se dressa sur ses pieds. » (13, 21). Les os des prophètes peuvent nous remettre debout. Nous n'avons pas toujours, ni tous, des prophètes vivants à nos côtés pour nous sauver de la mort. Mais la Bible a conservé les paroles différentes et les "os" vivants des prophètes. Ils sont là, pour nous, pour nous tous. Tout ce que nous avons à faire, c'est de les toucher pour revenir à la vie.
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Par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 10/11/2019
Le rabbin Schmelke a dit : "Les pauvres donnent aux riches plus que les riches donnent aux pauvres. Les riches ont besoin des pauvres, plus que les pauvres des riches".
Martin Buber, Histoires et légendes hassidiques.
Le don ne s’oppose pas au contrat. L'argent investi, gagné et dépensé honnêtement n'est pas moins noble que les offrandes pour le temple. Ce n'est qu'ensemble que les dons et les contrats peuvent nous sauver.
La confiance dans l'honnêteté des gens qui nous entourent est une ressource essentielle de toute économie et de toute société. Lorsque nos relations misent sur l'honnêteté d'autrui - que les juristes appellent la bonne foi - l'économie s'améliore ainsi que notre bien-être. Sans ce principe d'honnêteté, c'est la méfiance anthropologique et le pessimisme qui infestent nos milieux de travail et nos vies. Aucun management ne peut envisager la subsidiarité - c'est-à-dire qu’on ne peut confier la responsabilité des choix aux acteurs de terrain - si nous ne sommes pas capables de bienveillance envers eux tant qu’il n’y a pas de preuves claires (et répétées) du contraire. La bienveillance qui consiste à penser du bien d’autrui, est la racine de la confiance. Elle valorise les travailleurs, les estime, renforce la confiance dans les organisations et améliore ainsi l’efficacité de la gestion.
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par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 03/11/2019
« Car c'est ainsi qu'ils ont trouvé écrit dans leur Loi : tu prendras un roi pour l’établir sur toi (Deut. 17, 15), et non une reine. »
David Franco-Mendes, Le châtiment d'AthalieLa triste histoire de la reine Athalie nous donne l'occasion de réfléchir sur les nombreuses pages la concernant (et concernant l'histoire humaine), qui n'ont pas été écrites par les victimes. Et sur la nécessité de sauver d'abord celles et ceux qui n'ont pas voix au chapitre.
Les communautés idéales naissent souvent de l'œuvre et de la parole des prophètes. Des mouvements charismatiques, des congrégations religieuses, mais aussi des mouvements politiques et culturels, des associations voient le jour parce qu'une ou plusieurs personnes ayant des dons prophétiques, les engendrent et les font grandir. Ces fondateurs sont suivis par des disciples, appelés par la même voix et qui leur reconnaissent un rôle spécifique et unique : ils tendent à s’imprégner de leur charisme. Ces communautés fondées par les prophètes ne sont cependant pas les seules ayant un caractère spirituel ou religieux. Il y en a d'autres qui se forment autour d'un pacte et d'une règle. Ce sont des démarches collectives qui ne sont pas engendrées par des prophètes mais par une règle vécue et transmise de génération en génération.
[fulltext] =>Le renouveau spirituel de la seconde moitié du XXe siècle a connu presque exclusivement des communautés fondées par des prophètes, alors qu'au cours des siècles passés, elles se constituaient le plus souvent autour d’une règle : la personnalité et le charisme du fondateur étaient importants, mais la règle l’était encore plus, parce qu'elle permettait de passer de la personne du fondateur à l'équilibre et au caractère durable de la vie communautaire, à tel point que souvent les règles communautaires étaient inspirées de celles qui existaient déjà (celles des Bénédictins, des Augustiniens...). Dans ces communautés, le modèle, la référence, n'est pas la personne du prophète, mais la règle, qui ne coïncide avec la vie de personne et pourtant inspire et façonne celle de tous. Quand un nouveau membre arrive dans ces communautés, son engagement et sa promesse consistent à conformer sa vie à la règle communautaire, et non à imiter le fondateur ou le leader charismatique, comme c'est le cas dans les communautés prophétiques. L'histoire nous dit que les communautés fondées sur une règle font preuve d’une plus grande longévité que les communautés prophétiques.
« Lorsque Athalie, mère d’Ocozias, apprit que son fils était mort, elle entreprit de faire périr toute la descendance royale. Mais Josabeth, fille du roi Joram et sœur d’Ocozias, prit Joas, un des fils du roi Ocozias, pour le soustraire au massacre. Elle le cacha, lui et sa nourrice, dans une chambre de la maison du Seigneur, pour le dissimuler aux regards d’Athalie ; c’est ainsi qu’il évita la mort. Il demeura avec Josabeth pendant six ans, caché dans la maison du Seigneur, tandis qu’Athalie régnait sur le pays. (2 Rois 11,1-3) » Le deuxième livre des Rois, après les exactions du roi sanguinaire Jéhu, nous conduit vers le royaume du Sud (Juda) et nous montre une reine, sanguinaire comme Jézabel, que le texte hébreu (massorétique) nous présente comme sa mère (8,18). Athalie, une femme de la dynastie du Nord, interrompt la succession davidique en Juda. Celle-ci est restaurée grâce à un enfant sauvé de la mort par une autre femme. La grande histoire du salut repose sur la destinée très fragile d'un enfant - comme Moïse, comme l’Emmanuel, comme Jésus. Cet enfant devient l'objet et le sujet d'une insurrection contre la reine Athalie, orchestrée par Joad, un prêtre du temple de Jérusalem.
La reine Athalie réalise qu'il se passe quelque chose d'important dans le temple. Elle s’y rend et comprend tout : « Alors, elle déchira ses vêtements et s’écria : "Trahison ! Trahison ! "» (11,14). Le prêtre Joad révèle aussitôt ses intentions. Il la fit poursuivre par ses hommes jusqu'à sa maison : « On mit la main sur elle, et elle arriva au palais par la porte des Chevaux. C’est là qu’elle fut mise à mort (11, 16). »
Pour la théologie et l'économie du récit, l'histoire de la reine sanguinaire s'arrête là. L'ordre est rétabli, Joas, un (supposé) successeur de David, règne de nouveau à Jérusalem. L'école sacerdotale qui a rédigé la dernière version du Livre des Rois a atteint son but théologique et narratif. Mais nous ne pouvons pas nous arrêter là. Si nous voulons porter un regard moins idéologique sur ces tristes siècles trop lointains, nous devons creuser davantage le texte.
Ce ne sont pas les victimes qui racontent leur histoire : les exclus, les écrasés, les expulsés sont dans l’impossibilité de donner leur propre version des faits. Dans le monde antique, ce ne sont pas les femmes qui écrivaient les histoires dans lesquelles elles étaient protagonistes ou figurantes. Et si elles les avaient écrites, ils nous auraient dit des choses différentes, très différentes de celles que nous lisons. Parce que lorsque les hommes relatent des histoires de pouvoir où les femmes sont les protagonistes, ils projettent presque toujours sur elles leur propre dynamique, leurs maladies, des mots que les vraies femmes n'aiment pas et ne veulent pas, sauf quand elles sont obligées de devenir comme les hommes. Les femmes qui ont occupé et occupent des postes de pouvoir et de responsabilité dans des organisations essentiellement masculines connaissent ces résistances et ces souffrances typiques, qui deviennent parfois si intenses et si longues qu'elles les poussent à abandonner leurs fonctions. Même aujourd'hui, il y a trop peu de femmes dans les institutions et les entreprises, non seulement parce qu’elles ne sont pas en mesure d'assumer des rôles de leadership administrés et gérés par des hommes, mais aussi parce que certaines ne veulent peut-être pas se rendre dans ces lieux qui leurs sont étrangers et hostiles, et parce que parmi les rares femmes qui y arrivent, certaines s'en échappent à cause de la douleur. Les bonnes batailles du féminisme d'aujourd'hui et de demain devront se concentrer non seulement sur les quotas de femmes dans les instances de pouvoir, mais aussi sur la transformation anthropologique et relationnelle de ces instances, conçues et habitées seulementpar les hommes, en des lieux vivables et adaptés aux femmes. Ce travail, qui exige un grand investissement culturel et théorique dans les sciences économiques et managériales, devient de plus en plus urgent chaque jour.
Considérons tout d'abord son nom : Athalie signifie "YHWH est exalté". Contrairement à Jézabel, Athalie n'était pas une idolâtre. Il n'est pas difficile de voir que la structure narrative de l'histoire d'Athalie est construite artificiellement pour la faire ressembler beaucoup à sa "mère"Jézabel. C'est un conte "miroir". Comme Jézabel avait exterminé les prophètes de YHWH, Athalie extermine la famille royale ; là un prophète, Obadiah, avait caché et sauvé une centaine de prophètes de l'extermination de Jézabel (1 Rois 18, 13), ici une femme, Joséba, a caché et sauvé un enfant du massacre ordonné par Athalie ; Jézabel est apparue à la fenêtre pour voir le nouveau roi usurpateur (Jéhu) et elle est tuée, Athalie se montra dans le temple ("elle regarda") et elle est également tuée. Nous ne forçons pas trop le sens du texte biblique si nous disons que la cruauté d'Athalie est essentiellement une cruauté "théologique", une méchanceté littéraire créée pour les besoins de la cause par ceux qui avaient pour but principal de restaurer la descendance de David, effaçant la parenthèse symbolisée par une reine étrangère du Nord, issue de la famille ennemie de Omri. Athalie était une femme du Nord, qui s'est retrouvée reine à la suite d'alliances politiques. Elle fut la seule femme à devenir souveraine dans l'histoire du Royaume d'Israël. Elle était veuve et son fils avait été assassiné par un roi usurpateur du Nord. Nous ne pouvons plus imaginer ce que devrait être la vie d'une femme, reine et veuve, dans ce monde masculin. Combien de pressions, de menaces, de regards violents, de chantages. Si Athalie ou certaines de ses sœurs avaient écrit ces pages des Livres des Rois, peut-être nous auraient-elles dit qu'Athalie n’avait pas fait tuer d'enfants , car les massacres d'innocents sont une spécialité typique des hommes et de leurs fantasmes littéraires.
La Bible, comme nous le savons et l'avons dit à maintes reprises, nous livre des pages magnifiques sur les femmes. Mais l'histoire d'Athalie n'en fait pas partie. Cette reine du Nord fut, selon toute probabilité, éliminée par une conspiration des prêtres du temple - et il n'est pas à exclure que ce cri "trahison, trahison !" compte parmi les quelques mots originaux restés dans le texte. Athalie était une personne mal à l'aise en Juda, parce qu'elle était originaire du Nord et encore plus parce qu'elle était une femme. Il se peut aussi qu'elle ait été changée et corrompue par le pouvoir au point de devenir comme un roi masculin et d'ordonner ainsi le massacre d’innocents. Je n'y crois pas, et je pense plutôt que nous devrions lire cette histoire d'Athalie avec la même pietas (compassion) que nous éprouvons envers une victime, et non pas avec l'indignation que suscitent les méfaits des bourreaux. Parce que la Bible n'est pas un livre de chroniques historiques. C'est un texte qui nous demande toujours d'entrer dans les histoires que nous lisons, de faire notre choix, de dire de quel côté nous voulons être. En général, presque tout le monde est du côté des auteurs du texte, et donc du prêtre Joad, et avec lui ils condamnent Athalie, la sanguinaire. Presque tous.
Jean Racine, dans sa splendide tragédie Athalie (1691), fait apparaître en songe le jeune Joas devant la reine, qui la transperce d'une épée. Un de ses conseillers, informé de ce rêve, pousse Athalie à tuer l'enfant. Mais elle appelle l'enfant, lui parle, et, impressionnée par son intelligence, elle ne le tue pas. Cette clémence, cette compassion toute maternelle envers un enfant entraînera plus tard sa mort. Parfois, ce sont les artistes, surtout les plus grands, qui donnent à la Bible et à ses personnages l'humanité que ses auteurs ne possèdent pas toujours. Et si nous voulons sauver la Bible de ses pages moins glorieuses et parfois très sombres, nous devons la lire en compagnie des artistes qui, sans moralisme, l'ont aidée à devenir meilleure.
Avant et après la mort d'Athalie, le prêtre Joad célèbre l'alliance rétablie, et il le fait en deux temps. Avant le meurtre d'Athalie, « Alors Joad fit avancer le fils du roi, lui remit le diadème et la charte de l’Alliance, et on le fit roi. On lui donna l’onction, on l’acclama en battant des mains et en criant : « Vive le roi ! » (11, 12). L'enfant, roi consacré, reçoit le "témoignage" (edut), peut-être une copie de la loi de Moïse, sacrement d'alliance et de promesse. A l’occasion de ce sacre il n'y a pas de prophètes, ni la présence d’Élisée ; tout se passe dans le temple sous le drapeau de l'alliance. Dans la Bible, les moments de fondation sont souvent marqués par l'action des prophètes. Parfois, comme c’est le cas ici, c'est un pacte qui consacre des passages décisifs de la vie du peuple et des communautés, à commencer par l'Alliance avec YHWH célébrée par Abraham et Moïse. Puis, après avoir assassiné Athalie, « Joad conclut une alliance entre le Seigneur, le roi et le peuple, pour que le peuple soit le peuple du Seigneur : il conclut l’alliance entre le roi et le peuple (11, 17). » La nouvelle alliance est conclue. Et celle-ci, pour l'auteur sacré, est plus importante que le sang d'Athalie, plus importante que tout.
« Tous les gens du pays étaient dans la joie, et la ville retrouva le calme. Quant à Athalie, on l’avait mise à mort par l’épée dans la maison du roi (11, 20). » La ville "retrouva le calme". Mais nous, nous ne pouvons pas "rester paisibles" devant cette femme "tuée par l'épée dans le palais". La théologie et l'économie du récit ne nous suffisent pas. Nous avons le devoir d'essayer de sauver Athalie. Car si nous ne faisons pas cet exercice spirituel en lisant ces pages, nous ne tenterons guère de sauver les nombreuses Athalies qui continuent à être condamnées uniquement du fait qu'elles sont femmes, qu'elles sont des victimes.
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La Bible demande qu’on entre dans ses récits, en choisissant son camp
par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 03/11/2019
« Car c'est ainsi qu'ils ont trouvé écrit dans leur Loi : tu prendras un roi pour l’établir sur toi (Deut. 17, 15), et non une reine. »
David Franco-Mendes, Le châtiment d'AthalieLa triste histoire de la reine Athalie nous donne l'occasion de réfléchir sur les nombreuses pages la concernant (et concernant l'histoire humaine), qui n'ont pas été écrites par les victimes. Et sur la nécessité de sauver d'abord celles et ceux qui n'ont pas voix au chapitre.
Les communautés idéales naissent souvent de l'œuvre et de la parole des prophètes. Des mouvements charismatiques, des congrégations religieuses, mais aussi des mouvements politiques et culturels, des associations voient le jour parce qu'une ou plusieurs personnes ayant des dons prophétiques, les engendrent et les font grandir. Ces fondateurs sont suivis par des disciples, appelés par la même voix et qui leur reconnaissent un rôle spécifique et unique : ils tendent à s’imprégner de leur charisme. Ces communautés fondées par les prophètes ne sont cependant pas les seules ayant un caractère spirituel ou religieux. Il y en a d'autres qui se forment autour d'un pacte et d'une règle. Ce sont des démarches collectives qui ne sont pas engendrées par des prophètes mais par une règle vécue et transmise de génération en génération.
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par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 27/10/2019
"Une théorie purement sacrificielle des Évangiles trouve son fondement dans l'Épître aux Hébreux. Mais à mon avis celle-ci ne parvient pas à saisir la véritable singularité de la passion du Christ, et laisse dans l'ombre la spécificité absolue du christianisme".
René Girard, Le bouc émissaire
La relation entre religion et violence est un thème majeur de la Bible et de la vie, qui touche à des sujets d'une extrême actualité, comme la méritocratie et la théologie de l'expiation.
L'idéologie du mérite est aussi celle du démérite, les systèmes qui récompensent ceux qui font preuve de mérite doivent nécessairement punir les non-méritants, et toute discrimination fondée sur le mérite est du même coup obnubilée par son contraire : sans punir ceux qui méritent de l’être, il n'est pas possible de récompenser les personnes valeureuses. Mais comme nous sommes beaucoup plus enclins à trouver chez les autres des défauts plutôt que des qualités, les systèmes méritocratiques regorgent de sanctions, car ils résultent d’un profond pessimisme anthropologique, même lorsqu’ il est enrobé de beaux mots sur les vertus et les récompenses. Parce qu'en ne récompensant que les "gagnants" et ceux qui atteignent le séduisant sommet de la montagne (la méritocratie est nécessairement hiérarchique et positionnelle), nous oublions que nous sommes tous différemment méritants, que chacun peut avoir, et a son propre chemin d'excellence, qui ne peut ni ne doit être comparé hiérarchiquement à celui des autres, ni être mesuré par des indicateurs uniques et identiques pour tous.
[fulltext] =>Ce n'est certainement pas un hasard si le développement de la culture d'entreprise, premier véhicule de la méritocratie, s'accompagne désormais d'une nouvel engouement pour la judiciarisation et le durcissement des peines. « Le prophète Élisée appela un des frères-prophètes et lui dit : "Boucle ta ceinture, prends cette fiole d’huile dans ta main et va à Ramoth-de-Galaad. Une fois arrivé, tu chercheras à voir Jéhu (…) Tu prendras la fiole d’huile, tu la verseras sur sa tête et tu diras : “Ainsi parle le Seigneur : Je t’ai donné l’onction pour te faire roi sur Israël.” Puis tu ouvriras la porte et tu t’enfuiras sans attendre. " » (2 Rois 9, 1-3).
Joram régnait sur Israël. Élisée reconnaît et légitime une insurrection, consacre et encourage ce que nous appellerions aujourd'hui un coup d'État, que le texte nous présente aussi comme une réforme religieuse en faveur de Yahvé et contre l’idolâtrie. L’histoire de Jéhu, marquée par des scènes de violence brutale, nous oblige à réfléchir sur un grand thème qui traverse toute la Bible : la relation entre religion et violence, le paradoxe d'un Dieu qui semble utiliser la violence des hommes pour réaliser son plan de salut. Pour accomplir une prophétie d'Élie (1 Rois 19, 16), Élisée envoie un prophète, un de ses disciples, pour consacrer l'un des rois les plus cyniques et les plus sanguinaires d'Israël, donne sa bénédiction à un homme qui pour restaurer la pureté du culte de YHWH en Israël s’entachera de crimes monstrueux, au "nom du Seigneur". Le besoin radical de justice divine, même s’il imprègne toute la Bible - YHWH est un Dieu différent et vrai parce qu'il est juste – s’accompagne en contre-partie d’une loi symétrique où chacun reçoit ce qu'il a mérité, pour le meilleur et pour le pire. Dieu est juste parce qu'Il récompense les bons et punit les méchants.
C'est ainsi que les hommes ont commencé à s’approprier ce sens de la justice qui par la suite a produit des codes et des constitutions, qui ont surpassé en humanité beaucoup de prescriptions qu’on trouve dans la Bible et dans d'autres livres sacrés. La Bible a été utilisée pour justifier les guerres saintes et les génocides des infidèles et des idolâtres, parce qu'elle comporte de nombreuses pages qui s’y prêtent parfaitement. Ainsi, à la fin de l’histoire de Jéhu, nous lisons : « Le Seigneur dit à Jéhu : « Parce que tu as bien agi en faisant ce qui est droit à mes yeux, parce que tu as traité la maison d’Acab selon tout ce que j’avais dans le cœur, tes fils, jusqu’à la quatrième génération, s’assiéront sur le trône d’Israël. » (2 Rois 10, 30). Faire ce qui est juste à mes yeux, c'est-à-dire le meurtre de Joram, d'Achazia, roi de Juda, de la reine Jézabel, des soixante-dix enfants décapités d'Acab, l'extermination de tous les parents d’Achazia, de tous ceux qui étaient restés fidèles à Joram (Samarie), de tous les adorateurs de Baal.
Il y a deux autres thèmes qui recoupent ces chapitres extraordinaires : le shalom (la paix) et la fausse loyauté. Dans le chapitre neuf, le mot shalom apparaît plusieurs fois. Par exemple lorsque Jéhu part vers le roi Joram, qui était à Yizréel pour se soigner lui-même parce qu'il était blessé. Dès que le roi le voit, il lui demande : « Tout va bien, Jéhu ? » (c'est à dire : Jéhu, tu es en paix ? ) Jéhu lui répondit : « Lorsque Joram vit Jéhu, il demanda : « Tout va bien, Jéhu ? » Il répondit : « Est-il possible que tout aille bien tant que durent les débauches de ta mère Jézabel et ses nombreuses sorcelleries ? » (9, 22). Qu'est-ce que le shalom dans la culture biblique ? En hébreu shalom est un mot très riche de sens : le plus immédiat est la paix, le bien-être, la prospérité, le bien. Mais ce terme fait aussi référence à l'équilibre, au rétablissement d'un ordre rompu, à tel point que certaines variantes (shulam et meshulam) exigent un paiement. Les mots paix et paiement ont une racine commune. Le verbe payer vient d’apaiser, faire la paix, calmer – la quittance est l'acte qui atteste que le créancier a été pleinement satisfait. Le shalom implique en effet l’ idée de justice comme réparation, comme restitution et extinction de la dette et de la disparité qu’elle induit. Il n'y a pas de shalom tant que l'une des parties ressent un écart à son désavantage. C'est pourquoi les contrats, les règlements de dettes, se concluent avec une poignée de main en signe de paix (shalom).
C'est dans le sillage de ce shalom que s'inscrit l'entreprise sanglante de Jéhu : il a été choisi par YHWH et ses prophètes pour rétablir l'équilibre en Israël, pour faire "payer" leurs fautes aux rois idolâtres et à leurs familles, et faire ainsi le shalom. Jéhu, lorsqu'on l'interroge sur le shalom, doit répondre : comment peut-il y avoir la paix (shalom) tant que la mère du roi, Jézabel, continue à verser dans l’idolâtrie ? Pour avoir la paix, il faut rétablir l'équilibre rompu par la corruption religieuse. C'est ce shalom de la religion économico-rémunératrice qui caractérise beaucoup de pages bibliques : dettes et crédits, paiements et recouvrements, livres de comptes ouverts et refermés par un Dieu trésorier qui enregistre tout, jusqu'à mille générations. C'est dans cette logique qu'il faut également lire l'épisode macabre de l'assassinat de la reine Jézabel. Nous l'avons déjà rencontrée à propos de sa persécution des prophètes de YHWH et au sujet de la vigne de Naboth. Ce n'est pas un hasard si Jéhu, après avoir tué Joram avec une flèche, ordonne à son soldat : « Jéhu dit à Bidqar, son écuyer : « Enlève-le et jette-le dans le champ de Naboth de Yizréel » (9, 25). Justice est faite à Naboth, la paix (shalom), l’équilibre sont rétablis. Pour rendre justice à Naboth , il faut qu'il y ait un prix à payer, qui ne peut être que du sang versé par la partie adverse . Il en va de même pour l'exécution de la reine Jézabel, véritable auteure de ce crime : « Jéhu entra dans la ville de Yizréel. Jézabel, l’ayant appris, se farda les yeux, apprêta son visage et se pencha par la fenêtre… Jéhu leva les yeux vers la fenêtre et dit : "Qui est avec moi ? Qui ? " Deux ou trois dignitaires se penchèrent vers lui. Il dit : "Jetez-la en bas ! " Et ils la jetèrent. Son sang éclaboussa le mur et les chevaux, et Jéhu la piétina »(9, 30-33). Le sang de Naboth est pacifié, racheté (shalom) par celui de la reine qui l'a tué injustement. Comme si, hier ou aujourd'hui, le sang d'un méchant pouvait laver celui versé par un innocent.
Cet épisode est tout à la fois triste et attendrissant : on est touché par cette reine âgée en train de se maquiller pour se préparer à cette rencontre dont elle sait l’importance, comme si elle voulait se présenter encore belle et séduisante pour son rendez-vous avec la mort, une scène pleine d’humanité, que nous voyons souvent dans les maisons et les hôpitaux . La suite du récit aborde sans transition l'autre thème de ce cycle narratif : la fausse loyauté. Ces deux ou trois courtisans comprennent que désormais le vent a changé de direction. Ils incarnent ces collaborateurs déloyaux, qui n'ont aucun scrupule à jeter leur reine par la fenêtre, à faire piétiner par les chevaux celle qu’ils vénéraient encore quelques secondes avant. On retrouve le même thème dans l'autre terrible méfait de Jéhu. Acab, le mari de Jézabel, avait soixante-dix fils à Samarie : « … Jéhu écrivit des lettres et les envoya à Samarie aux chefs de la ville, aux anciens et aux précepteurs des fils d’Acab » (10, 1). Dans la deuxième lettre, Jéhu écrit : « Si vous êtes pour moi et si vous écoutez ma voix, prenez les têtes des hommes, les fils de votre maître, et venez au-devant de moi à Yizréel, demain, à la même heure. » (10,6). Dans la langue hébraïque on utilise la même mot pour dire "chefs" et "têtes". Dans l'incertitude, au lieu d'interpréter la parole au sens le plus humain du terme et d'amener ces soixante-dix enfants-princes au nouveau roi, ces chefs de Samarie, « Dès que la lettre leur parvint, ceux-ci prirent les fils du roi, égorgèrent ces soixante-dix hommes, mirent leurs têtes dans des corbeilles et les envoyèrent à Jéhu, qui était à Yizréel » (10,7). C’est un autre exemple de fausse loyauté: pour plaire à leur nouveau souverain féroce, ses collaborateurs ont interprété ses propos dans leur sens le plus cruel. Ils poussent la malice à l’extrême en signe de loyauté et de dévouement envers lui, dans l’espoir de tirer quelque gratification de sa part – l’imposteur, même quand il semble agir pour le bien de son chef, agit toujours pour le sien. Mais Jéhu ne comprend pas cet excès de zèle : « … Mais tous ceux-ci, qui les a frappés ? » (10,9). Les flatteurs n’ont même pas l’estime de leurs chefs; ceux-ci les utilisent, ils s’en servent, mais ne les aiment pas, ne les apprécient pas.
Les hommes ont toujours essayé d'associer Dieu à leurs calculs économiques, à leur shalom fait de dédommagements et de compensations. Ils l'ont appelé "Seigneur des armées", et nous continuons à l'appeler ainsi, même lorsque ce Dieu ne vit plus au ciel mais n'est qu'une personne ou une idée. Nous avons un besoin invincible de symétries, de peines compensatoires qui puissent restaurer l'ordre brisé. C’est nous qui en avons besoin, mais notre besoin a produit des théologies et des religions qui ont donc forcé Dieu à devenir moins humain que les meilleurs hommes et femmes. Mais un jour, ce même humanisme biblique a engendré un homme différent, qui nous a enseigné une autre paix (shalom), qui n'est plus liée aux remboursements ni aux rétributions, un royaume où la paix ne naît pas de l'équilibre mais des déséquilibres, où ceux qui sont victimes d’ injustices ne se vengent pas et pardonnent soixante dix fois sept fois, où l'amour ne compense pas les dettes ni les crédits, mais en crée toujours de nouveaux. Un autre shalom, un autre royaume, un autre amour-agapè. Mais nous avons tout fait pour les réintégrer dans les règles de notre équilibre et de nos paiements, jusqu'à dire que sa mort était le prix que devait payer ce Fils différent à un Père qui ne pouvait être satisfait que par un sang précieux comme seul peut l’être celui d'un fils. Les théologies de l'expiation qui ont oublié que sur terre aucun père ne veut le sang de ses enfants, et que le ciel est un endroit aussi beau que la terre si le père céleste n'est pas moins bon que nous. Quand Jésus nous a permis d'appeler Dieu "notre Père", il nous a aussi dit que pour le comprendre et le connaître, nous devons apprendre à regarder les mères et les pères.
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par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 20/10/2019
« Mais si "l'intelligence des Écritures" est un charisme, de quel charisme s'agit-il ? Quelle est sa place dans la hiérarchie des charismes ? L'intelligence des Écritures doit figurer parmi les charismes majeurs. Et même plus haut que le don de prophétie. »
Sergio Quinzio, Un commentaire sur la Bible
Les prophètes parlent souvent d'économie, de biens matériels et d'argent. Et même dans un épisode ignoble que seules les famines peuvent engendrer, la question économique est liée au sort des femmes et des enfants.
Il existe une relation très forte et intime entre la guerre et l'économie. En général les intérêts économiques s’opposent à ceux de la guerre, parce que beaucoup de commerçants aiment la paix et l'ordre qui leur permettent de faire de meilleurs profits. L'économie a aussi une vocation à la paix – à laquelle invitait le "doux commerce " prôné au siècle des Lumières. Mais s'il y a eu et s’il y a encore aujourd'hui des commerçants qui veulent la paix, il y en a d'autres qui s’enrichissent beaucoup à l’occasion des guerres : certains les encouragent à des fins lucratives et commerciales . A l'origine des guerres, il y a de grands intérêts économiques liés au pouvoir et à la folie des hommes. Des économies et des entreprises justes et équitables sont le premier remède aux guerres et le moyen de les prévenir. Chaque fois que quelqu'un construit une économie de paix, établit des contrats de travail équitables, rend justice à un employé, reconnaît des droits aux personnes et à la terre, il éloigne la guerre et ses douleurs sans fin.
[fulltext] =>Dans la Bible aussi, l'économie et la guerre sont profondément liées. Nous les retrouvons associées dans les mêmes récits, dans les mêmes prophéties, dans les épisodes les plus splendides et les plus terribles : « À quelque temps de là, Ben-Hadad, roi d’Aram, rassembla toute son armée et monta assiéger Samarie. Il y eut à Samarie une grande famine : le siège fut si rude qu’une tête d’âne coûtait quatre-vingts pièces d’argent, et un quart de mesure de fiente de pigeon, cinq pièces d’argent » (2 Rois 6, 24-25).
Samarie est assiégée par les Syriens. Le premier champ lexical auquel la Bible a recours pour exprimer la gravité du siège et de la famine est celui des prix et de la nourriture : la tête d'âne (on mangeait couramment de la viande d'âne) et le fumier de colombe, utilisé comme sel en période de famine et de pénurie. C'est là aussi que réside le sens et la valeur anthropologique et éthique de l'économie et des mots qu’elle utilise. Avant l’apparition de l'économie de marché et du capitalisme, même lorsque la gestion des biens n'occupait qu'un jour ou quelques heures de la semaine (et non plus comme aujourd'hui tout le temps de la journée) les hommes et les femmes savaient faire le lien entre les prix, les pièces de monnaie , les marchandises et les questions les plus importantes comme celles de la vie et de la mort. En temps de prospérité, les mots foisonnent et se multiplient ; mais en période de vaches maigres, les mots aussi dépérissent jusqu’ à se réduire à la substantifique moelle de leurs os. La vie économique, les prix, les pièces de monnaie font partie intégrante du monde biblique. On les retrouve au cœur des scènes les plus variées : aussi bien lors des famines que dans la sollicitude du Samaritain qui, avec "deux deniers", associe un commerçant à son action bienveillante. Hier, aujourd'hui, toujours.
Pour comprendre la vraie valeur de l'économie et de l’argent, il faut se rendre sur les lieux des sièges et des famines : c’est là qu’on peut se rendre compte à quel point les biens de consommation courante et les pièces de monnaie sont vraiment utiles aux pauvres lorsqu’ils sont confrontés à la précarité. Nous pouvons et devons étudier les "paradoxes du bonheur" et découvrir ensuite, données en main, que la richesse est beaucoup moins liée au bonheur qu’on ne le pense généralement. Mais alors nous devons aussitôt nous rappeler que si la richesse est de peu d'utilité pour les riches, il n’en va pas de même pour les pauvres et que ces biens superflus, inutiles pour ceux qui en possèdent déjà beaucoup, pourraientt devenir un pain indispensable lors des famines et des guerres.
Juste après avoir mentionné les prix exorbitants de la nourriture et du sel pendant le siège de Samarie, les Livres des Rois relatent un épisode incroyablement désespéré et peu connu qui, par un effet d’opposition, nous parle indirectement d’économie. Pour nous dire, peut-être, qu'il existe un langage encore plus fort et plus radical que celui de l’économie pour montrer les effets de la guerre et de la famine dans la vie des gens : c'est celui de la vie et de la mort, de la chair et des enfants : « Or, comme le roi d’Israël passait sur le rempart, une femme lui cria : "Au secours, mon seigneur le roi ! " Il dit : " Non ! Que le Seigneur te secoure ! Avec quoi pourrais-je, moi, te secourir ? Avec les produits de l’aire à grain ou du pressoir ? " Le roi lui dit encore : "Que veux-tu ? " Elle répondit : "Cette femme-là m’a dit : “Donne ton fils, pour que nous le mangions aujourd’hui, et demain c’est le mien que nous mangerons.” Alors nous avons fait cuire mon fils et nous l’avons mangé. Je lui ai dit le jour suivant : “Donne ton fils, que nous le mangions.” Mais elle l’avait caché ! » (6,26-29). Il n'est pas nécessaire d'ajouter grand-chose à ce conflit entre deux femmes désespérées, entre deux mères déboussolées par la famine, qui conviennent d’un projet horrible : une situation qui rappelle le sage jugement rendu par Salomon (1 Rois 3). L’appel au secour lancé par cette mère ne concernait plus les richesses ni la nourriture, comme le pensait d'abord le roi ("Je n'ai pas le produit de l'aire ni celui de la presse") ; non, son cri venait de sa propre chair et de son sang, un cri de mort. Les enfants, la chair, la mort passent avant les problèmes de subsistance matérielle. Ces mots sont plus importants que ceux du registre économique. De telles scènes n'étaient pas rares dans l'Antiquité : il arrivait parfois, lors des grandes famines, que les familles échangent des enfants destinés à la consommation pour éviter au moins la douleur la plus absurde, celle de dévorer la chair de leur propre chair.
Aujourd'hui, on ne mange plus des enfants pour éviter de mourir de faim, mais lors des pénuries et des conflits, on continue à dévorer des jeunes gens et des jeunes filles. On les vend à de nouvelles armées d'hommes qui s'envolent vers les périphéries de l'Amérique du Sud ou de l'Asie pour aller près de familles minées par la pauvreté et la faim et acheter leurs enfants, filles et garçons, qui deviendront des objets de consommation dans les sombres alcôves de leurs hôtels. Certaines mères, au dernier moment, ne respectent pas le contrat, elles essaient de les cacher ; la plupart d'entre elles n'y parviennent pas. Les premières victimes de la famine et de la guerre sont ces jeunes enfants, garçons et filles, et les femmes - les prix Nobel d'économie de 2019 nous l'ont rappelé. Combattre la guerre et la faim signifie sauver, avant tout, les mères et les enfants. Si l'économie contribue à réduire les guerres et la misère dans le monde, elle les protégera, et nous la bénirons, le cœur plein de gratitude. Si elle fait et continue à faire le contraire, nous la critiquerons et la maudirons, et nous le ferons avec les mots et au nom des femmes et de leurs fils et de leurs filles - ce n'est pas par hasard que la critique la plus radicale de l'économie du XXIe siècle soit portée d'une adolescente. « Quand le roi entendit les paroles de cette femme, il déchira ses vêtements, et comme il passait sur le rempart, le peuple vit qu’il portait en dessous, à même la peau, une toile à sac » (6, 30). Dans la Bible "on déchire ses vêtements" en entendant de pareils récits et on laisse entrevoir le cilice, signe de pénitence; nous, au contraire, en présence des mêmes scènes, nous n’agissons pas ainsi, nous passons à autre chose, trop absorbés par nos affaires.
Le prophète Élisée accompagne de ses gestes et de ses paroles ces chapitres qui évoquent la guerre, la faim, la mort et l’économie. Et sa prophétie s'inscrit aussi dans cet environnement, elle en emprunte les mots. Élisée dit : « Écoutez la parole du Seigneur. Ainsi parle le Seigneur : Demain, à la porte de Samarie, exactement à la même heure, on aura pour une pièce d’argent une mesure de fleur de farine ou deux mesures d’orge » (7,1). Les prophètes ont recours au vocabulaire économique. Pour prophétiser la fin du siège, de la guerre et de la famine, Élisée ne peut trouver de meilleurs mots que ceux qui renvoient à l'économie, au prix des denrées alimentaires. Quant à nous, nous désirons le bonheur de nos enfants, nous leur souhaitant de gagner leur vie grâce à un travail convenable et honnête, de ne pas vivre dans l’ indigence, ni de souffrir de la faim, mais de vivre dans la paix et le bien-être. Ce sont les attentes et les prières de tous, mais ce sont avant tout celles des pauvres qui, ayant compris dans leur chair et celle de leurs enfants, ce que signifie payer une tête d’ âne 80 sicles, comprennent tout particulièrement le prophète qui annonce une ère où l'orge et la farine coûteront 80 fois moins cher. Seuls les pauvres sont de vrais experts en matière de prix et de valeur des biens, parce qu'ils ont expérimenté la précarité. Ils comprennent donc aussi les prophètes et leur langage.
C'est l'extraordinaire côté profane de la Bible, auquel je ne m'habitue toujours pas. La prophétie c’est le ciel, les chérubins, à la voix subtile du silence, le feu, la nuée et le tonnerre, mais aussi la farine, l'orge, les pièces de monnaie. Le langage prophétique peut changer l'histoire et nous sauver tant qu'il associe les chérubins à l'orge, YHWH aux sicles. Pour que le langage du Ciel ne devienne pas un espace confortable et de pure consommation spirituelle, il doit être associé à l'orge et aux pièces de monnaie ; et lorsque les religions et les Églises n'utilisent plus le langage de l'économie pour nous parler de Dieu et du C iel, c'est parce qu'elles font un mauvais usage de l'orge, de la farine et de l’argent, et n’en parlent donc plus. L'absence du langage économique dans le discours religieux n'est pas le signe d'une religion plus spirituelle, mais seulement celui d'une foi qui a oublié le vrai visage des pauvres, leur langue et celle des victimes de l'histoire.
Ce bref cycle où il est question de guerres, de famines, de prophéties, de femmes, d'enfants et d'économie s’achève avec une autre femme, un autre enfant, une autre économie.
Élisée avait dit à la femme dont il avait ressuscité le fils (2 Rois, 4) d'aller en terre étrangère, chez les Philistins, parce qu'une famine allait s'abattre sur le pays. Lorsqu’au bout de sept ans cette femme est rentrée chez elle, elle n'a plus trouvé ses biens qui avaient été occupés par d'autres en son absence. Tandis que Giezi, le serviteur d'Élisée, racontait au roi le miracle d'Élisée, voilà qu’arrive cette femme : « Guéhazi dit alors : " Mon seigneur le roi, voici la femme et son fils qu’Élisée a fait revivre" Le roi interrogea la femme, qui lui en fit le récit. Il mit à sa disposition un de ses dignitaires et dit à celui-ci : " Fais-lui restituer tout ce qui lui appartient, avec tous les revenus de ce champ, depuis le jour où elle a quitté le pays jusqu’à maintenant " ». (8, 5-6).
Le miracle de l'enfant mort qui revient à la vie se réalise alors grâce à une mesure de justice économique. Les miracles ne sont jamais complets tant que les conditions matérielles de l'existence ne changent pas, tant qu’elles ne prennent pas corps, qu’ elles ne deviennent pas des revenus et des champs. Nous ne pouvons pas tous, ni toujours, faire revivre nos enfants. Mais beaucoup, peut-être tout le monde peut faire revivre un pauvre, rendre justice à une victime, annuler une dette. Si nous voyons à nouveau ces miracles économiques, nous pourrons peut-être aussi contempler à nouveau Dieu et ses anges.
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La foi ne peut oublier le vrai visage des pauvres, ni la vérité de leurs paroles.
par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 20/10/2019
« Mais si "l'intelligence des Écritures" est un charisme, de quel charisme s'agit-il ? Quelle est sa place dans la hiérarchie des charismes ? L'intelligence des Écritures doit figurer parmi les charismes majeurs. Et même plus haut que le don de prophétie. »
Sergio Quinzio, Un commentaire sur la Bible
Les prophètes parlent souvent d'économie, de biens matériels et d'argent. Et même dans un épisode ignoble que seules les famines peuvent engendrer, la question économique est liée au sort des femmes et des enfants.
Il existe une relation très forte et intime entre la guerre et l'économie. En général les intérêts économiques s’opposent à ceux de la guerre, parce que beaucoup de commerçants aiment la paix et l'ordre qui leur permettent de faire de meilleurs profits. L'économie a aussi une vocation à la paix – à laquelle invitait le "doux commerce " prôné au siècle des Lumières. Mais s'il y a eu et s’il y a encore aujourd'hui des commerçants qui veulent la paix, il y en a d'autres qui s’enrichissent beaucoup à l’occasion des guerres : certains les encouragent à des fins lucratives et commerciales . A l'origine des guerres, il y a de grands intérêts économiques liés au pouvoir et à la folie des hommes. Des économies et des entreprises justes et équitables sont le premier remède aux guerres et le moyen de les prévenir. Chaque fois que quelqu'un construit une économie de paix, établit des contrats de travail équitables, rend justice à un employé, reconnaît des droits aux personnes et à la terre, il éloigne la guerre et ses douleurs sans fin.
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Par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 13/10/2019
« Il y avait beaucoup de lépreux en Israël au temps du prophète Élisée ; mais aucun d'eux n'a été purifié, sauf Naaman, le Syrien. »
Évangile selon Luc 4, 27
La bénédiction d'un lépreux étranger nous donne des mots importants sur la logique du don mais aussi sur les choix de ceux qui vivent "au pays de l'exil". Mais le récit du "salut accordé aux Syriens" de nos jours devient aussi prière....
Serviteur. Servus, c'est-à-dire esclave. Dans la Bible aussi, on rencontre beaucoup d’esclaves. Pour les auteurs de l’antiquité, ces termes étaient courants, parce que les serviteurs et les esclaves faisaient partie intégrante de leur monde. Mais pas pour nous. On ne peut pas rencontrer ces mots et passer à autre chose. Comme le Samaritain, nous devons nous arrêter et éprouver de la compassion, puis nous pencher dessus. Nous sommes témoins et héritiers de millénaires d'amour et de douleur pour tenter d'éliminer ces mots de notre vocabulaire et de notre cœur - et nous n'avons pas encore réussi complètement et partout. La Bible nous a aidés à effacer ces mots qu'elle avait elle-même écrits. « Naaman, général de l’armée du roi d’Aram, était un homme de grande valeur et hautement estimé par son maître, car c’est par lui que le Seigneur avait donné la victoire au royaume d’Aram. Or, ce vaillant guerrier était lépreux » (2 Rois 5, 1). Avec l'histoire de Naaman, un haut fonctionnaire du peuple syrien, nous rencontrons un des passages dans lequel la Bible se surpasse. YHWH a accordé le salut aux Syriens, à un peuple différent et ennemi d'Israël. À une époque encore dominée par l'idée des dieux nationaux, par la religion des ethnies, des pages ont été écrites en Israël annonçant une religion universelle et inclusive. Ce peuple a commencé à comprendre que les prières de ses habitants pouvaient être vraies si elles étaient aussi celles des autres ; que leur Dieu ne pouvait être "notre Père" que si ce "notre" atteignait tous ces autres.
[fulltext] =>Naaman est un homme malade, un lépreux. Quand nous rencontrons un lépreux dans la Bible, notre cœur s’empresse d’aller vers les Évangiles, puis reprend sa course et arrive au Rivotorto d'Assise. Il y retrouve François et son baiser au lépreux, qui marque une étape décisive dans sa vie et de l'histoire spirituelle de l'Europe. Car la bible est un voyage éthique et spirituel à travers le temps et à l'intérieur de l'homme, qui commence et recommence à chaque page. « Des Araméens, au cours d’une expédition en terre d’Israël, avaient fait prisonnière une fillette qui fut mise au service de la femme de Naaman. Elle dit à sa maîtresse : « Ah ! si mon maître s’adressait au prophète qui est à Samarie, celui-ci le délivrerait de sa lèpre. » (5,2-3). Naaman croit sa servante, en parle à son roi, qui lui écrit une lettre de présentation au roi d'Israël. Naaman s'en va avec cette lettre en main : « Quand le roi d’Israël lut ce message, il déchira ses vêtements et s’écria : "Est-ce que je suis Dieu, maître de la vie et de la mort ? Ce roi m’envoie un homme pour que je le délivre de sa lèpre ! Vous le voyez bien : c’est une provocation ! " » (5, 6-7). Les deux rois ne se comprennent pas. Les propos échangés entre une servante, un malade et un prophète ne pouvaient être accueillis par la logique des puissants - combien de guerres et combien de souffrances nous auraient été épargnées si nous raisonnions comme les femmes, comme les malades et comme les prophètes !
Mais Élisée envoya dire au roi : « Pourquoi as-tu déchiré tes vêtements ? Que cet homme vienne à moi, et il saura qu’il y a un prophète en Israël. » (5, 8). Naaman le Syrien va vers Elisée, qui lui envoie un assistant qui lui dit : « Va te baigner sept fois dans le Jourdain, et ta chair redeviendra nette, tu seras purifié » (5, 10). Mais Naaman considère cette solution trop simple. Avait-il fait tout ce voyage juste pour se plonger dans une rivière ? Les rituels, les gestes, les paroles et les mains du guérisseur, où étaient-ils ? Naaman proteste contre cette solution simpliste. Au vu de son expérience avec les guérisseurs de son Pays, il avait sa propre idée du processus de guérison, et il a refusé la proposition d’ Élisée parce qu’elle était trop banale. Il n'est pas rare que nous refusions la solution d'un problème parce qu’elle nous semble trop simple. Nous ne la voyons pas parce que nous la cherchons dans des effets spéciaux et des phénomènes extraordinaires (5, 11). Mais là aussi, d'autres serviteurs, apportent leur bénédiction : « Mais ses serviteurs s’approchèrent pour lui dire : " Père ! Si le prophète t’avait ordonné quelque chose de difficile, tu l’aurais fait, n’est-ce pas ? Combien plus, lorsqu’il te dit : “Baigne-toi, et tu seras purifié.” » (5,12-13). C'est le bon sens des gens simples qui peuvent envisager des solutions simples quand les "grands" en cherchent des compliquées qui n'existent pas. Naaman guérit : « Il descendit jusqu’au Jourdain et s’y plongea sept fois, pour obéir à la parole de l’homme de Dieu ; alors sa chair redevint semblable à celle d’un petit enfant : il était purifié ! » (5, 14). Avec cette guérison commence sa conversion religieuse : « Il retourna chez l’homme de Dieu avec toute son escorte ; il entra, se présenta devant lui et déclara : " Désormais, je le sais : il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre, que celui d’Israël ! Je t’en prie, accepte un présent de ton serviteur" » (5,15).
Naaman, qui est riche, veut offrir un cadeau à Élisée en signe de gratitude et de bénédiction. Élisée lui dit : « Par la vie du Seigneur que je sers, je n’accepterai rien. » Naaman le pressa d’accepter, mais il refusa » (5, 16). Dans un autre fleuve (le Yabbok), la blessure (non guérie) a donné lieu à une bénédiction (beraka). Ici la blessure est guérie, mais le guérisseur n'accepte pas la bénédiction. Pourquoi ce refus ? Avec Élisée apparaît le début d'une nouvelle forme de prophétie, la prophétie spirituelle : dans un contexte moyen-oriental où le prophétisme était un métier et faisait l’objet de bénéfices, Élisée veut ici se démarquer clairement de la prophétie « marchande » des "fils de prophètes". La sienne est entièrement sous le signe de la grâce, du charisme, de la gratuité. Il ne guérissait pas par intérêt, mais par vocation. La prophétie, comme tous les dons, s’aacomplit au sein de relations de réciprocité. Mais, surtout au début, quand une rupture doit être signifiée (avec l’apparition d’une vocation naissent une nouvelle relation et une nouvelle réalité...) la réciprocité, nécessaire dans les relations ordinaires, peut être un obstacle, car, même si elle est différente, l’échange qu’elle implique naturellement, la rend trop semblable à un contrat commercial. Ainsi, lors de certains moments fondateurs et extraordinaires, le don s’exprime lui-même en refusant la réciprocité normale qui l'accompagne presque toujours. Il dit "non" pour dire "oui" à quelque chose de plus profond ; car s'il peut y avoir un vrai don même sans réciprocité, il n'y a pas de vrai don sans gratuité. C’est l’expérience que l’on vit lors du premier cadeau offert à une personne à qui nous tenons beaucoup et dont nous n’attendons pas d'autre récompense que la joie perçue dans ses yeux pleins de reconnaissance, sans quoi la pureté et la beauté de notre don s’en trouverait altérée. Élisée pour signifier que sa prophétie relève entièrement et seulement de la grâce renonce même à la réciprocité.
Naaman dit alors : « Puisque c’est ainsi, permets que ton serviteur emporte de la terre de ce pays autant que deux mulets peuvent en transporter, car je ne veux plus offrir ni holocauste ni sacrifice à d’autres dieux qu’au Seigneur Dieu d’Israël. (5, 17). Ce refus d’un don en a engendré d'autres. Notons ce détail intéressant et inattendu : Naaman rencontre un refus d'Élisée, et ce refus l’amène à demander à nouveau autre chose (la terre : l'adamah). Ici, un don sans réciprocité occasionne un autre don de la part de celui qui était déjà "créancier". Et pas seulement pour des raisons cultuelles (construction d'un autel). Ces choses étranges sont courantes dans la dynamique sociale du don, où la "dette" résultant d’un don n’est compensée par un autre don mais avec un nouveau don de la part celui qui l'a déjà fait. Si ce n'était pas le cas, la vie serait trop semblable à un marché, et nous serions privés des plus beaux exemples de moralité dont sont capables des femmes et des hommes. Cette logique du don, en revanche, échappe complètement à Guéhazi, le serviteur d'Élisée, qui suivra Naaman pour obtenir, en rusant, une partie des cadeaux refusés par Élisée (5,20-27). Avant de dire au revoir à Élisée, Naaman lui a dit quelque chose qui nous a ouvert un nouvel horizon : « Lorsque mon maître entre dans le temple de Rimmone pour s’y prosterner, et qu’il s’appuie sur ma main, je me prosterne aussi dans le temple de Rimmone. Daigne le Seigneur pardonner ce geste à ton serviteur. » (5, 18). Naaman était haut fonctionnaire en Syrie, et dans la cadre de son travail, il devait accompagner le roi au temple du dieu Rimmone. Maintenant qu'il s'est converti, pourra-t-il continuer à exercer sa profession? Comment concilier sa nouvelle foi avec son ancien métier ? Naaman se sent pris dans une double fidélité : celle envers son travail, sa vie ordinaire, sa patrie et celle envers sa nouvelle foi. Il sait désormais que Rimmone n'est pas le vrai Dieu, il ne veut honorer que YHWH ; mais sa vie se poursuit au sein de la même société qu'avant.
L'histoire a proposé différentes solutions à ce conflit. Certains estiment que cette deuxième foi n'est pas compatible avec la première. Ils quittent leur emploi, leur pays, leur famille et changent de vie autant sur le plan religieux que civil. Les deux « fidélités » se réduisent à une seule. Élisée donne ici une réponse surprenante : «"Va en paix." Naaman s’éloigna » (5,19). Mais comment donc ce prophète, champion de la cohérence à tout prix, peut-il dire au nouveau converti de ne pas s'inquiéter de cette double fidélité ? Plus une personne est cohérente avec ses propres valeurs et principes, plus elle est tolérante avec les choix des autres. Sa propre cohérence ne devient pas un joug à faire porter aux autres. Ce sont plutôt les "docteurs de la loi" et les "scribes" qui imposent aux autres des fardeaux qu'ils ne veulent pas eux-mêmes porter. Les vrais prophètes sont maîtres en miséricorde, en humanité, en compassion et prennent sur eux de lourds fardeaux pour ne pas les faire porter aux autres. Ils se chargent eux-mêmes de la croix et adressent des paroles d'amour aux autres crucifiés.
Dans leur propre vie les prophètes ne cèdent pas un pouce aux compromis, et ils savent que les femmes et les hommes qui travaillent parce qu'ils doivent envoyer leurs enfants à l'école, ont à concilier de nombreux devoirs. Ils doivent travailler dans des banques, des bureaux et des entreprises qui ne sont pas toujours conformes au dessein de Dieu, ils doivent parfois, aux côtés de leurs chefs, s'incliner devant les faux dieux. Que se demandent-ils chaque jour : comment vivre fidèlement en "terre étrangère" ? Voilà donc des hommes et des femmes conscients de mener une vie qui n'est pas celle qu'ils aimeraient, ni celle qui serait conforme à leur foi : ils cherchent peut-être de nouveaux emplois, mais ceux-ci ne se présentent presque jamais ; et tant qu'ils doivent travailler dans ces banques et dans ces entreprises, ils ne peuvent qu'essayer de bien travailler, du mieux qu’ils peuvent, pour offrir, avec douceur, leur bras à leurs "maîtres". Ils avancent tous les jours en vertu de cette fidélité spirituelle qui rejoint celle qu’ils doivent à leur famille en gagnant leur vie. À tous ces gens qui n'ont pas la possibilité de choisir les banques ni les entreprises pour lesquelles travailler, à chacun de ces croyants exilés, Élisée et la Bible répètent encore une fois : "Shalom", va en paix, demeure dans cette double fidélité. Enfin, il est particulièrement beau et émouvant que notre commentaire sur les Livres des Rois nous ait conduit aujourd'hui à rencontrer la bénédiction donnée à un Syrien, à lire que Dieu a "accordé le salut aux Syriens". Que cette phrase devienne prière.
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La paix de la double fidélité
Par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 13/10/2019
« Il y avait beaucoup de lépreux en Israël au temps du prophète Élisée ; mais aucun d'eux n'a été purifié, sauf Naaman, le Syrien. »
Évangile selon Luc 4, 27
La bénédiction d'un lépreux étranger nous donne des mots importants sur la logique du don mais aussi sur les choix de ceux qui vivent "au pays de l'exil". Mais le récit du "salut accordé aux Syriens" de nos jours devient aussi prière....
Serviteur. Servus, c'est-à-dire esclave. Dans la Bible aussi, on rencontre beaucoup d’esclaves. Pour les auteurs de l’antiquité, ces termes étaient courants, parce que les serviteurs et les esclaves faisaient partie intégrante de leur monde. Mais pas pour nous. On ne peut pas rencontrer ces mots et passer à autre chose. Comme le Samaritain, nous devons nous arrêter et éprouver de la compassion, puis nous pencher dessus. Nous sommes témoins et héritiers de millénaires d'amour et de douleur pour tenter d'éliminer ces mots de notre vocabulaire et de notre cœur - et nous n'avons pas encore réussi complètement et partout. La Bible nous a aidés à effacer ces mots qu'elle avait elle-même écrits. « Naaman, général de l’armée du roi d’Aram, était un homme de grande valeur et hautement estimé par son maître, car c’est par lui que le Seigneur avait donné la victoire au royaume d’Aram. Or, ce vaillant guerrier était lépreux » (2 Rois 5, 1). Avec l'histoire de Naaman, un haut fonctionnaire du peuple syrien, nous rencontrons un des passages dans lequel la Bible se surpasse. YHWH a accordé le salut aux Syriens, à un peuple différent et ennemi d'Israël. À une époque encore dominée par l'idée des dieux nationaux, par la religion des ethnies, des pages ont été écrites en Israël annonçant une religion universelle et inclusive. Ce peuple a commencé à comprendre que les prières de ses habitants pouvaient être vraies si elles étaient aussi celles des autres ; que leur Dieu ne pouvait être "notre Père" que si ce "notre" atteignait tous ces autres.
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par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 05/10/2019
« Sache, ma chère, que la fin de ma vie est proche. Alors dépêche-toi de venir à Santa Maria degli Angeli… Je te prie encore de m’apporter de ces gâteaux que tu avais l’habitude de m’offrir quand j’étais malade à Rome ».
Lettre de saint François à Frate Jacopa, Sources franciscaines 253-255Les miracles d'Élisée font l’objet de grands récits sur la vie et la mort, et ils nous révèlent de nouvelles clés de compréhension du génie féminin.
Sur terre, il n'y a pas de plus grand don qu'un enfant. Quand celui-ci meurt, nous éprouvons le plus grand sentiment de trahison. Et si nous avions reçu ce don comme venant de Dieu, sa mort met notre foi en crise, nous la vivons comme une trahison de la part de Dieu. Avec la mort de nos enfants, c’est nous aussi qui mourons, et notre foi avec… Dieu s’éteint. Parfois nous parvenons à ressusciter, et avec nous la foi ressuscite, ainsi que Dieu. Nous aimons beaucoup l'image du crucifix parce que le Golgotha est notre pain quotidien, alors que les Monts Tabor sont trop peu nombreux.
[fulltext] =>Après une nouvelle guerre entre Israël et Moab (2 Rois 3), Élisée revint comme prophète du peuple, des femmes et des enfants : « Une femme cria à Élisée : "Ton serviteur, mon mari, est mort. Tu sais que ton serviteur craignait le Seigneur. Or le créancier est venu prendre pour lui mes deux enfants comme esclaves" » (4,1-2). Dans le monde antique, les créanciers se présentaient aussi pour prendre les enfants des débiteurs insolvables et en faire des esclaves. C'était aussi le cas en Israël, mais les Juifs voulaient que dans peuple de YHWH, différent des autres, le débiteur, même insolvable, puisse être traité différemment : « Il sera pour toi comme un travailleur salarié et travaillera avec toi jusqu’à l’année jubilaire. » (Lévitique 25, 39-40). Et lors de l'année jubilaire, les esclaves pour dettes devaient retrouver leur liberté : « Alors il te quittera, lui et ses enfants, et il retournera dans son clan ; il réintégrera la propriété de ses pères » (41).
Élisée fait augmenter la quantité d’huile de sa cruche et dit à la femme : « Va vendre l’huile et acquitte ta dette ; tu vivras du reste, toi et tes fils ! » (2 Rois 4,7). Selon la Loi, les esclaves devaient attendre sept ans pour être libérés ; mais pour les prophètes, les esclaves devaient être libérés immédiatement. Pour eux, même la loi de Moïse ne suffit pas pour rendre une vie vraiment digne. La loi de Moïse sur les débiteurs, différente et plus humaine, n'aurait pas vu le jour sans la prophétie d'Israël. Mais la prophétie ne se satisfait jamais des lois, car aucune loi humaine ne peut être à la hauteur de la terre promise. La seule loi que les prophètes aiment est celle qui n’est pas encore écrite. La loi du Royaume des Cieux est celle du "non-encore". « Un jour, Élisée passait à Sunam ; une femme riche de ce pays insista pour qu’il vienne manger chez elle. Depuis, chaque fois qu’il passait par là, il allait manger chez elle » (4,8). Cette femme "illustre" aimait le prophète en « l’invitant à manger » dans sa belle maison. La femme dit à son mari : « Écoute, je sais que celui qui s’arrête toujours chez nous est un saint homme de Dieu. Faisons-lui une petite chambre sur la terrasse ; nous y mettrons un lit, une table, un siège et une lampe, et quand il viendra chez nous, il pourra s’y retirer » (4,9-10). Non seulement cette famille nourrit Élisée, mais elle lui construit aussi un petit appartement où il peut "se retirer". C‘est la première Béthanie de la Bible.
Il y a des personnes qui, en raison d’ une vocation spéciale et précieuse, savent saisir le besoin de fraternité et d'humanité propre aux prophètes, et le satisfaire. Peut-être qu'elles n’accomplissent pas beaucoup d'autres pratiques de piété au cours de leur existence, mais cette pièce est toujours prête, parfumée et propre pour le prophète-ami qui passe, et cela suffit pour bien orienter leur vie. On peut devenir juste en accomplissant correctement une seule action positive dans sa vie. Ces personnes comprennent que pour le prophète, aucun hôtel cinq étoiles n'est meilleur que cette chambre qui se trouve à "l'étage supérieur". Parfois nous perdons trop d'avant-dernières soirées en compagnie des prophètes parce que nous ne comprenons pas la valeur de ces petites chambres en dur, la valeur spirituelle d'une table, d'un lit, d'une chaise et d'une lampe au-dessus des maisons des amis. Il y a des prophètes qui ont continué à marcher pendant des années sans mourir parce qu'ils avaient un seul ami qui savait comment préparer une chambre et un dîner. François, amoureux des pauvres et des lépreux, désire à la fin de sa vie les "mostaccioli" de Frate Jacopa, son amie, une noble femme romaine. Tous les riches ne méritent pas les réprobations de l'Évangile. Il y en a qui font partie du peuple des Béatitudes. Un Royaume des cieux sans la présence de quelques riches utilisant leurs biens pour héberger les prophètes serait trop pauvre. Chaque hospitalité est sacrée, chaque invité reçu apporte une bénédiction. Mais l'hospitalité des prophètes transforme notre maison en un coin de paradis ; elle la remplit d'anges, de manne, de lait et de miel - ceux qui ont accueilli et accueillent des prophètes le savent très bien.
"Un jour, Élisée passa par là, se retira dans la chambre haute et se coucha" – comme il est beau de voir un prophète dormir ! On pourrait construire une chambre juste pour cela. Élisée dit à Guéhazi, son serviteur, d'appeler la femme sunamite et de lui demander : « Voici que tu t’es donné beaucoup de peine pour nous. Que peut-on faire pour toi ? Faut-il parler pour toi au roi ou au chef de l’armée ? » (4,10-13). En Élisée naît le besoin de réciprocité, en réponse à l'hospitalité de cette femme. Mais sa première proposition ne trouve pas d’écho : « Elle a répondu : "Je vis tranquillement avec les miens" » (4,13). Cette femme n'a pas besoin de biens matériels, de prestige ni de pouvoir. Les femmes n’y aspirent presque jamais, surtout lorsqu'elles ne sont pas dans l’indigence et vivent convenablement. Élisée comprend et demande à Guéhazi : « Que peut-on faire pour elle ? Guéhazi dit : "Malheureusement, elle n'a pas de fils et son mari est vieux" » (4, 14-15). La vie est le principal bien des femmes. Élisée fit appeler la femme et lui dit: « L’an prochain, à cette même époque, au temps fixé pour la naissance, tu tiendras un fils dans tes bras. » (4,15-16).
Nous sommes de nouveau au chêne de Mambré. L'invité annonce à la femme le plus grand bien, qu’elle n’espérait plus parce qu'il ne pouvait advenir (son mari était vieux). Ici, cette femme, comme Sarah, ne croit pas immédiatement à la folle promesse de cet homme. Mais elle ne rit pas, et dit quelque chose d'extrêmement sérieux, parce qu'il s'agit de son intimité, de son jardin secret: "Ne te moque pas de moi ». Les femmes ne plaisantent jamais avec la vie ni avec les enfants. Mais même ici, l'impossible devient réalité : « La femme a conçu et donné naissance à un fils » (4,17). L'enfant grandit et « un jour il sortit voir son père chez les moissonneurs. Il dit à son père : "Ma tête,ma tête !". Le père ordonna à un serviteur de le conduire à sa mère » (4,18-19). Les années passent. L'enfant tombe malade et le père l'envoie à sa mère et dans des mains plus fiables - combien de fois nous le voyons, combien de fois nous le faisons. Mais l'enfant meurt. Sa mort nous offre l'une des plus belles scènes de la Bible, qui nous révèle une autre clé de lecture à propos de l’ingéniosité des femmes: « Alors elle monta l’étendre sur le lit de l’homme de Dieu, ferma la porte et sortit » (4,21). L'enfant est mort, mais la mère n’y croit pas. Elle se rend compte que sa vie est en rapport avec ce prophète qui est son hôte. Élisée est sur le Mont Carmel, mais, en attendant, sa mère l’étend son enfant sur le lit du prophète, le seul endroit où le faire reposer. « Elle appela son mari et dit : "Envoie-moi, je te prie, un des serviteurs et une des ânesses ; je cours jusque chez l’homme de Dieu et je reviens". Il dit : " Pourquoi vas-tu chez lui aujourd’hui ? Ce n’est pas une nouvelle lune ni un sabbat. " Elle répondit : "Ne t’inquiète pas ! " » (4,23).
Son mari ne comprend pas. Il pense que le prophète est un homme de culte, auquel on ne s’adresse que les jours de fête. Sa femme, en revanche, sait que s'il y a une chance de sauver son fils, elle s’appelle Élisée. Sa réplique : "Ne t’inquiète pas ! " (autrement dit : "Salut ! Sois en paix ! ") est admirable et souligne une autre grande différence entre cette femme et son mari dans la gestion de cette crise. L'homme semble bloqué, confus, résigné. La femme agit en toute hâte, sachant très bien quoi faire. Elle s'en va et ordonne au serviteur : « Elle fit donc seller l’ânesse et dit à son serviteur : "Conduis-moi, vas-y ! N’arrête ma course que lorsque je te le dirai ! " Quand l’homme de Dieu la vit venir, il dit à Guéhazi, son serviteur : "Voici notre Sunamite ! Maintenant, cours à sa rencontre et dis-lui : “Comment vas-tu ? Comment va ton mari ? Comment va ton enfant ?” Elle répondit : « Tout va bien ! " » (4,24-26). Elle n'allait pas du tout bien, mais elle ne voulait pas perdre de temps en lui parlant. Seules les femmes connaissent les temps et les rythmes de la vie dans les grandes crises, celles où il importe d'atteindre immédiatement le but. Elles sont dépositaires des biens relationnels et de l’art de converser: elles savent passer des heures à dialoguer pour le seul plaisir d’échanger, mais quand la vie est en jeu, elles font preuve de calculs et d’évaluations parfaits et implacables. Ici, elle veut à tout prix sauver son fils, et donc rencontrer tout de suite Élisée. Elle ne se perd pas dans des bavardages et des plaisanteries, ce n'est pas le moment d'être courtois avec les majordomes. Elle se jette aux pieds d'Élisée et dit une phrase merveilleuse que seules les femmes peuvent dire : « Avais-je demandé un fils à mon seigneur ? N’avais-je pas dit : "Ne me donne pas de faux espoir" ? » (4,28).
Nous sommes au cœur de l’action de ce récit. La femme reproche à Élisée de l'avoir trompée en lui donnant puis en lui reprenant un fils, de s'être moqué d'elle. Les femmes détiennent une autorité qui leur est conférée par la vie et qui leur fait tenir des propos d'une portée unique et infinie. J'ai entendu certaines lancer aux hommes et à Dieu des reproches d'une dureté sans précédent, mais les témoins de cette scène avaient avant tout la certitude de vivre quelque chose de merveilleux. Dans ces moments-là, une insulte ou une malédiction ont le doux parfum d'un psaume. Ce cri de la femme sunamite est l'une des plus vraies et des plus belles prières de toute la Bible, qui reste belle et très vraie même sans savoir (car nous ne savons pas encore) si le fils va « se lever ». Élisée envoie son serviteur auprès de l’enfant. Mais sa mère a compris que la possibilité de le sauver était liée à la personne du prophète. Elle proteste de nouveau et dit à Élisée : « "Je ne te quitterai pas." Puis il se leva et la suivit » (4, 30). Élisée marche à sa suite. Ici, il devient un disciple – c’est un signe de maturité lorsque l’accompagnement du maître et du disciple s’alternent.
Élisée entra dans la maison. Il trouva le garçon mort allongé sur le lit, pria et « Il monta sur le lit, se coucha sur l’enfant, mit sa bouche sur sa bouche, ses yeux sur ses yeux et ses mains sur ses mains. Il resta étendu sur lui, et le corps de l’enfant se réchauffa… Celui-ci éternua sept fois, et ouvrit les yeux » (4,34-36). Puis il dit à sa mère : « Prends ton fils ! » (37). Le fils est donné à la femme pour la deuxième fois. Ce n'est pas la résurrection du fils, l’heureux dénouement de l'histoire, qui rend vrai le cri de protestation de cette femme, mais c'est la vérité de son cri qui rend vraie la fin de cette histoire et de la nôtre, quand les enfants restent morts et que nos cris restent vrais. Le nom de cette femme sunamite n’est pas mentionné dans le texte biblique. Peut-être pour laisser la possibilité à chaque mère qui revit le drame d’une mort certaine et d’une résurrection espérée, d’y inscrire le sien.
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par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 05/10/2019
« Sache, ma chère, que la fin de ma vie est proche. Alors dépêche-toi de venir à Santa Maria degli Angeli… Je te prie encore de m’apporter de ces gâteaux que tu avais l’habitude de m’offrir quand j’étais malade à Rome ».
Lettre de saint François à Frate Jacopa, Sources franciscaines 253-255Les miracles d'Élisée font l’objet de grands récits sur la vie et la mort, et ils nous révèlent de nouvelles clés de compréhension du génie féminin.
Sur terre, il n'y a pas de plus grand don qu'un enfant. Quand celui-ci meurt, nous éprouvons le plus grand sentiment de trahison. Et si nous avions reçu ce don comme venant de Dieu, sa mort met notre foi en crise, nous la vivons comme une trahison de la part de Dieu. Avec la mort de nos enfants, c’est nous aussi qui mourons, et notre foi avec… Dieu s’éteint. Parfois nous parvenons à ressusciter, et avec nous la foi ressuscite, ainsi que Dieu. Nous aimons beaucoup l'image du crucifix parce que le Golgotha est notre pain quotidien, alors que les Monts Tabor sont trop peu nombreux.
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Par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 29/09/2019
« L'ange de la mort se plaignait auprès du Seigneur, parce que la translation d'Élie déclencherait les protestations de tous les autres êtres humains, qui ne peuvent vaincre la mort. »
Zohar, Le livre de la splendeur
La disparition d'Élie sur le char de feu et le début du cycle d’Élisée nous révèle une dimension essentielle de la prophétie et de sa continuation : chacun est un don, le pèretout comme le disciple.
Les vocations des prophètes sont des événements mystérieux. Habituellement, le prophète est appelé directement par Dieu, sa vocation s'inscrit dans une théophanie, parfois accompagnée de visions d'anges et de voix. Mais ce n'est pas toujours le cas. Il y a des prophètes authentiques qui n'ont jamais entendu la voix de Dieu les appelant par leur nom, ni vu les anges. Ils n’ont entendu qu'un "murmure silencieux", ou le cri des pauvres, et ils sont partis. Il arrive que ce soit un autre prophète qui les appelle. Ils étaient au bord de la mer de Galilée en train de réparer leurs filets. Un autre homme, peut-être un prophète, les appela, ils quittèrent la mer pour se mettre en marche sur terre. Élisée fut aussi appelé par Élie. Contrairement à Isaïe et Ézéchiel, les disciples du Nazaréen et d'Élisée ne virent pas le ciel s’ouvrir. Ils ont vu un homme, ils n'ont entendu que la voix d'un homme, et celle-ci était suffisante pour qu’ils quittent tout. C’est là une caractéristique de la vocation des disciples des prophètes : ils répondent à l’appel d’une voix humaine. Parfois la voix de Dieu s'ajoute à celle du prophète ; parfois non, seule demeure la voix d'un homme, d'une femme. Élisée savait qu'Élie était un prophète de YHWH, il savait qu’en suivant Élie il suivrait Dieu, mais c’est Élie qui l'a appelé, et non pas le Dieu d'Élie. Élisée n'avait besoin que de cette voix humaine pour tout laisser derrière lui et commencer une nouvelle vie. Un appel qui s’est répété plusieurs fois dans l'histoire, qui se renouvelle chaque jour, quand la foi prend la forme de la confiance en une voix humaine.
[fulltext] =>« Élie s’en alla. Il trouva Élisée, fils de Shafath, en train de labourer. Il avait à labourer douze arpents, et il en était au douzième. Élie passa près de lui et jeta vers lui son manteau. Alors Élisée quitta ses bœufs, courut derrière Élie… » (1 Roi, 19 19-20). Les suites prophétiques sont rapides. Élysée est appelé alors qu’il est en train de labourer, tout poussiéreux, en sueur, les pieds boueux. C'est là que la vocation le rejoint. En tant qu'économiste, et donc observateur passionné du travail et de l'entreprise, j’éprouve toujours une vive émotion lorsque je lis une des nombreuses scènes bibliques où la vocation se passe sur un lieu de travail. "Pendant qu’ils réparaient leurs filets dans la barque", "Paroles d'Amos, éleveur de moutons". Dans la Bible, il n'y a pas d’endroit plus "religieux" pour les vocations qu’un champ labouré, il n'y a pas d'objet plus sacré qu'un joug de boeufs, car au cours de l’avènement d’une vocation l'odeur même du fumier peut être un agréable encens. Nous trouvons ici l'une des racines les plus profondes de l'humanisme biblique, qui a affranchi la voix d'Élohim des barrières du sacré et du religieux. Ainsi, le 10 septembre 1946, cette même voix libérée a pu appeler Anjezë dans le train entre Calcutta et Darjeeling. La vocation de Mère Teresa vit le jour dans ce wagon poussiéreux et profane : cette voix n'attendit pas que la jeune religieuse arrive à la retraite spirituelle où elle allait ; pour l'appeler, elle ne pensait pas que la chapelle de ce centre était un endroit plus approprié que le wagon d’un train.
Élie passe près d'Élisée et lui jette son manteau sur le dos. Dans ce monde, le manteau était le premier symbole du prophète, mais c'était aussi quelque chose de plus. Au début du Second Livre des Rois, Élie est aussi reconnu par Achazia, le successeur d'Achab, il reconnaît Élie à son manteau : « Il leur dit : " Comment était habillé l’homme qui est venu à votre rencontre et qui vous a dit ces paroles ? " Ils répondirent : " C’était un homme portant un manteau de poils et une ceinture de cuir autour des reins. " Il déclara : " C’est Élie de Tishbé. " » (2 Rois 1,7-8). La Bible fait mention de nombreux manteaux. Les fils de Noé couvrirent nudité de leur père ivre avec son manteau ; la Loi de Moïse demandait au débiteur insolvable de rendre avant la tombée de la nuit son manteau pris en gage ; David retrouve Saül et, au lieu de le tuer, il ne taille qu'une frange de son manteau ; et c'est d’un manteau rouge qu’on recouvritJésus devant Pilate, au début de sa passion : le Ecce Homo avait non seulement une tunique, mais aussi un manteau, - tous deux reçus, tous deux donnés. « Voici comment le Seigneur enleva Élie au ciel dans un ouragan. Ce jour-là, Élie et Élisée étaient partis de Guilgal. Élie dit à Élisée : "Arrête-toi ici ; et moi, le Seigneur m’envoie à Béthel." Élisée répliqua : "Par le Seigneur qui est vivant, et par ta vie, je ne te quitterai pas" » (2 Rois 2,1-2). Élie essaie trois fois de quitter Élisée (à Jéricho et en Jordanie), mais Élisée l'en empêche. Dans ces lignes, nous relisons le merveilleux dialogue entre Noémi et Ruth, celui entre Jésus et Pierre sur l'amour et le troupeau.
Au cours de ses premières évasions dans le désert, Élie avait réussi à être seul. Lorsqu'il se réfugia, fatigué et effrayé, à l'ombre d’un genêt, avant de partir il avait laissé son "serviteur" à Bersabée, et était resté seul (Rois 1,19). Or, maintenant que sa "mort" approche, Élisée ne le laisse pas seul. On voit ici la nette différence qui existe entre un serviteur et un disciple. Le serviteur obéit, ne discute pas, ne proteste pas. Le disciple ne peut pas, il ne peut agir ainsi : "Pour la vie de YHWH et pour ta propre vie". Dans certaines épreuves décisives - comme la dernière - les prophètes voudraient rester seuls. Leur âme est sous l’effet d’un mystérieux tourbillon de douleur et d'amour. Au cours de certains voyages, nous recherchons tous la solitude, mais les affections naturelles sont souvent le précieux antidote qui nous empêche de sombrer dans la solitude. Les prophètes ne bénéficient pas de ces antidotes naturels. Mais les disciples peuvent y suppléer s'ils restent disciples et ne deviennent pas serviteurs. Si le prophète n'a que des "serviteurs" autour de lui, il reste plongé dans ces nuits sans fraternité ni compagnie, dans une une douleur inutile qui s'ajoute à la douleur inévitable. Le disciple est aussi cette ultime compagnie du prophète, une présence tenace qui l’accompagne là où personne ne peut pénétrer. C'est pourquoi si le prophète est un grand don pour le disciple, peut-être le plus grand sur terre, le disciple est aussi un don pour le prophète, peut-être le plus grand.
Au cours de cette étrange fuite d'Élie, de ce dernier mile accompagné, apparaissent les mystérieux "fils des prophètes" qui parlent avec Élisée : « Les fils des prophètes de Béthel sortirent à la rencontre d’Élisée et lui dirent : " Sais-tu qu’aujourd’hui le Seigneur va enlever ton maître au-dessus de ta tête ? " Élisée répondit : "Oui, je le sais. Taisez-vous ! "». (2 Rois 2, 3). Ces "fils des prophètes" étaient des communautés de prophètes, qui vivaient à la périphérie des villes, souvent dans des sanctuaires. Il est probable qu'Élisée vivait aussi dans l'une de ces communautés, était l'un des "fils". Lui aussi, donc, "sait" ce qui l'attend, mais Élisée ne veut pas écouter ce qui se dit : "Taisez-vous". Peut-être que les fils des prophètes lui avaient suggéré de respecter le désir pressant d'Élie de rester seul. Mais Élisée est différent. Il faisait partie d'une communauté de fils, mais tout en restant fils et donc frère, Élisée est à la fois le disciple et l'héritier. En effet, « Cinquante fils de prophètes, qui les avaient suivis, s’arrêtèrent à distance, pendant que tous deux se tenaient au bord du Jourdain. » (2,7). Les fils des prophètes s'arrêtent au seuil, le disciple continue d’avancer. Et c'est autour de l'héritage que se déroule la dernière rencontre entre Élie et Élisée. Dès que les deux eurent passé le Jourdain, Élie dit à Élisée : « Dis-moi ce que tu veux que je fasse pour toi avant d’être enlevé loin de toi. » Élisée répondit : « Que je reçoive une double part de l’esprit que tu as reçu ! » (2,9). La double part était la partie de l'héritage qui passait du père au fils aîné. Élisée demande à être l'héritier d'Élie - rien de moins ! Élie répond : « Tu demandes quelque chose de difficile : tu l’obtiendras si tu me vois lorsque je serai enlevé loin de toi. Sinon, tu ne l’obtiendras pas. » (2,10). C'est difficile, mais possible s'il est capable de voir Élie au fur et à mesure qu'il disparaît. La possibilité de devenir le premier héritier d'Élie réside dans la capacité d'Élisée à maintenir son regard jusqu'au bout, à résister en face de sa disparition.
« Ils étaient en train de marcher tout en parlant lorsqu’un char de feu, avec des chevaux de feu, les sépara. Alors, Élie monta au ciel dans un ouragan. Élisée le vit et se mit à crier : "Mon père !... Mon père !... Char d’Israël et ses cavaliers ! " » (2, 11-12). Élisée regarde et crie : "Mon Père" ! Élisée est le fils, l'héritier. Il a regardé jusqu'au bout. L'héritier doit savoir regarder la disparition du prophète. Pour ensuite devenir père, recueillir l'héritage. Dans le monde antique, l'héritage ne devenait effectif qu'après la mort du père. Élisée peut devenir l'héritier s'il accepte cette "mort". Il doit accepter que le père disparaisse, devenir adulte et continuer la course. Toute vocation prophétique adulte commence par l'acceptation de la mort du père. Élisée devient héritier et prophète lui-même au moment où il parvient à regarder en face la disparition d'Élie, jusqu'à la fin. Mais le premier et peut-être le seul défi du disciple et donc fils spirituel d'un prophète est de devenir père et prophète tout en restant toujours disciple et fils. Et ici, nous découvrons quelque chose d'important dans la relation prophète-disciple-héritier. Élisée demande à devenir l'héritier. Parfois l'héritage prophétique peut être demandé et accordé, il peut être le fruit d'un appel intérieur de l'héritier - c'est ce qui arrive souvent chez les réformateurs de communautés. Mais ce qui importe le plus, c'est que l'héritage relève de l’esprit. Élisée ne demande pas le manteau, il demande l'esprit. L’habit ne fait pas le prophète ; c'est l'esprit qui le fait devenir l'héritier du prophète et donc prophète lui-même. Nous sommes en présence d’une révolution de la prophétie biblique. Après Élisée, le métier de prophète, qu’on reconnaît au manteau qu’il porte, se poursuivra. Mais désormais, à côté de la prophétie institutionnelle, une nouvelle prophétie commence, une prophétie spirituelle, qui marquera l’avènement d’une saison nouvelle et extraordinaire, celle d'Isaïe, Jérémie, Ézéchiel.
Mais il y a encore quelque chose de plus. L'esprit ne passe pas complètememt à l'héritier. Celui-ci n’en reçoit que deux tiers. À l'ère de la prophétie spirituelle, l’aîné à qui revient le manteau du prophète, n'hérite pas entièrement de l'esprit du fondateur. Il reçoit une double part, mais non pas la totalité. L’héritier du prophète n’en reçoit qu’une partie, importante certes, mais pas la totalité. Car une partie de l'héritage est destinée aux autres héritiers, aux autres "fils" des prophètes.
L'héritier des prophètes est l’aîné, mais il n’est pas fils unique. Après la disparition du prophète, aucun homme n’en recueille à lui seul l’esprit tout entier. Pour hériter des trois tiers, il y a besoin de toute la communauté.
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Pour un héritage spirituel l’aîné ne suffit pas, une communauté est nécessaire
Par Luigino Bruni
publié dans Avvenire le 29/09/2019
« L'ange de la mort se plaignait auprès du Seigneur, parce que la translation d'Élie déclencherait les protestations de tous les autres êtres humains, qui ne peuvent vaincre la mort. »
Zohar, Le livre de la splendeur
La disparition d'Élie sur le char de feu et le début du cycle d’Élisée nous révèle une dimension essentielle de la prophétie et de sa continuation : chacun est un don, le pèretout comme le disciple.
Les vocations des prophètes sont des événements mystérieux. Habituellement, le prophète est appelé directement par Dieu, sa vocation s'inscrit dans une théophanie, parfois accompagnée de visions d'anges et de voix. Mais ce n'est pas toujours le cas. Il y a des prophètes authentiques qui n'ont jamais entendu la voix de Dieu les appelant par leur nom, ni vu les anges. Ils n’ont entendu qu'un "murmure silencieux", ou le cri des pauvres, et ils sont partis. Il arrive que ce soit un autre prophète qui les appelle. Ils étaient au bord de la mer de Galilée en train de réparer leurs filets. Un autre homme, peut-être un prophète, les appela, ils quittèrent la mer pour se mettre en marche sur terre. Élisée fut aussi appelé par Élie. Contrairement à Isaïe et Ézéchiel, les disciples du Nazaréen et d'Élisée ne virent pas le ciel s’ouvrir. Ils ont vu un homme, ils n'ont entendu que la voix d'un homme, et celle-ci était suffisante pour qu’ils quittent tout. C’est là une caractéristique de la vocation des disciples des prophètes : ils répondent à l’appel d’une voix humaine. Parfois la voix de Dieu s'ajoute à celle du prophète ; parfois non, seule demeure la voix d'un homme, d'une femme. Élisée savait qu'Élie était un prophète de YHWH, il savait qu’en suivant Élie il suivrait Dieu, mais c’est Élie qui l'a appelé, et non pas le Dieu d'Élie. Élisée n'avait besoin que de cette voix humaine pour tout laisser derrière lui et commencer une nouvelle vie. Un appel qui s’est répété plusieurs fois dans l'histoire, qui se renouvelle chaque jour, quand la foi prend la forme de la confiance en une voix humaine.
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stdClass Object ( [id] => 17908 [title] => Même un seul trait de Lumière… [alias] => meme-un-seul-trait-de-lumiere [introtext] =>La Prophétie est histoire/16 – Poser à nouveau la question conduit parfois à une réponse juste… qui n’est pas écoutée.
par Luigino Bruni
Publié dans Avvenire le 22/09/2019
« Le nom d'Élie, en tant qu’ange, est Sandalphon qui siège dans les plus hauts rangs et les plus grandes puissances célestes, chargé de tisser pour le Seigneur des couronnes de prières et d'offrir des sacrifices au sanctuaire invisible, puisque le Temple n’a été détruit qu’en apparence, mais continue à exister »
Louis Ginzberg, La Légende des Juifs, VI
La distinction entre vraie et fausse prophétie parcourt toute la Bible. Ce récit ajoute de nouveaux éléments à la compréhension des prophètes et de leur fonction, autrefois et aujourd'hui.
La prophétie biblique, bien qu'unique, nous offre un paradigme pour mieux comprendre certains phénomènes décisifs dans nos sociétés et nos communautés. Les formes, les manières, les paroles changent, mais aujourd'hui encore il y a des faux prophètes, et ils sont légions. Il y en a aussi des vrais qui, en toute bonne foi, disent des sottises. D'autres sont honnêtes et disent souvent des paroles vraies, mais pas toujours. Il y a surtout de puissants personnages qui, tout en reconnaissant la vérité des paroles prophétiques, n’en tiennent nullement compte. Et ils meurent. « On resta tranquille pendant trois ans, sans guerre entre Aram et Israël. Mais la troisième année, Josaphat, roi de Juda, descendit auprès du roi d’Israël… Le roi d’Israël dit à Josaphat : « Viendrais-tu avec moi pour combattre à Ramoth-de-Galaad ? » Et Josaphat répondit au roi d’Israël : « Ce sera pour moi comme pour toi, pour mon peuple comme pour ton peuple, pour mes chevaux comme pour tes chevaux. » (1 Rois 22,1-4). Après la (merveilleuse) parenthèse du vignoble de Naboth, nous voici de nouveau dans le contexte de la guerre ouverte au chapitre 20. Josaphat, roi de Juda, part en visite politique dans le Nord. Achab lui propose de l'accompagner dans une guerre de reconquête des territoires occupés par les Araméens (Ramot de Gàlaad). Josaphat accepte mais demande à Achab de consulter les prophètes en premier (22,5). Consulter son propre Dieu avant d'entreprendre une expédition militaire était très courant dans le monde antique. Israël se trouve encore dans une zone frontalière entre le chamanisme archaïque et la prophétie la plus mûre des siècles suivants : « Le roi d’Israël réunit les prophètes, au nombre d’environ quatre cents. Il leur demanda : "Irai-je à Ramoth-de-Galaad pour combattre, ou dois-je y renoncer ? " Ils dirent : " Monte ! Le Seigneur livrera la ville aux mains du roi » (22,6).
[fulltext] =>400 prophètes de YHWH. Un nombre remarquable, rappelant ceux de Baal (450) massacrés par Élie sur le Mont Carmel. Dans la Bible, les rois et le pouvoir n'ont pas une relation facile avec les prophètes. Ils en ont besoin, mais ils ont peur des vrais prophètes parce qu'ils sont libres et imprévisibles. La réponse des prophètes penche donc à 100% en faveur de la guerre. Mais l'humanisme biblique n'aime pas l'unanimité. L'absence d'avis contradictoires est un mauvais signe. Parce que Dieu parle dans la diversité et dans la convergence des voix. Ces accords uniformes indiquent presque toujours une embrouille. Cette unanimité alerte aussi Josaphat, manifestement plus expérimenté dans ces questions, et demande une autre preuve : « Mais Josaphat reprit : "N’y a-t-il ici aucun autre prophète du Seigneur, par qui nous pourrions le consulter ? " » (22,7). Achab répondit à Josaphat : « Il y a encore un homme par qui nous pourrions consulter le Seigneur, mais moi, je le hais, car il ne prophétise rien de bon à mon sujet, mais seulement du mal. C’est Michée, fils de Yimla. » (22,8). Achab déteste Michée. Les rois haïssent les prophètes de malheurs les concernant, même lorsqu'ils savent que ce sont des prophètes vrais et honnêtes. Nous trouvons ici un rapprochement avec Jérémie, qui partagera le même sort que Michée. Josaphat réussit à faire comparaître Michée au tribunal. Le dialogue entre l'eunuque et Michée est intéressant : « Le messager qui était allé appeler Michée lui dit : "Voici les paroles des prophètes : d’une seule voix, ils annoncent du bien pour le roi. Que ta parole soit donc conforme à celle de chacun : annonce du bien ! " Michée répondit : "Par le Seigneur qui est vivant ! Ce que le Seigneur me dira, c’est cela que j’annoncerai ! " » (22,13-14). Comme beaucoup d’employés , le fonctionnaire ne s'intéresse pas à la vérité mais veut seulement faire plaisir à son supérieur. C’est là une scène très courante, qui, dans le récit, sert à indiquer que Michée est un authentique prophète.
Mais voici un premier rebondissement : Michée, réputé pour être un prophète de malheur, nous surprend : « Il entra chez le roi qui lui dit : "Michée, irons-nous à Ramoth-de-Galaad pour combattre, ou devons-nous y renoncer ? » Il répondit : « Monte ! Tu réussiras. Le Seigneur livrera la ville aux mains du roi. » (22,15). Michée donne la même réponse que les quatre cents prophètes, il ne brise pas l'unanimité. Un deuxième rebondissement : Achab, au lieu de se réjouir à l’annonce de ce qui aurait pu être la première prophétie positive venant de Michée, s'exclame : « Combien de fois devrai-je t’adjurer de me dire seulement la vérité au nom du Seigneur ? » (22,16). Une question bizarre et importante. Achab manifeste son étrange honnêteté. Il comprend que la parole de Michée n'est pas vraie, même si elle lui serait utile. Il y a des souverains qui, comme nous le verrons, n'écoutent pas les vrais prophètes, mais sont capables de savoir quand ils disent la vérité.
Beaucoup leaders politiques ont un sens particulier ou un "charisme" de discernement, un don qui leur permet de faire carrière et qui les rend séduisants. Ce talent de discernement des esprits leur permet souvent de comprendre rapidement à qui ils ont à faire, et même de reconnaître les vrais des faux prophètes. Mais, nous dit la Bible, le talent naturel ne suffit pas pour mettre en pratique le contenu de propos qu’on tient pour vrais. L'un des "péchés" les plus courants des personnes douées de grands talents est de ne pas suivre la vérité qu'elles reconnaissent - peut-être que les mystérieux "péchés contre l'esprit" dont parle l'Évangile sont précisément ceux-ci. En fait, face à l'objection d'Achab, Michée change sa réponse et dit la vérité : « Je vois tous les Israélites errer dans les montagnes comme des brebis qui n'ont pas de berger » (22,17). C'est clairement une prophétie de paix, contraire à celle des quatre cents prophètes. Nous ne savons pas pourquoi Michée a menti à la première question d'Achab : était-ce parce qu'il ne croyait pas en l'écoute d'Achab, par manque de confiance, par ironie, par peur ? Ici, la Bible veut suggérer quelque chose de beaucoup plus général, de très important, y compris dans la vie des organisations et des communautés. Cela ne signifie pas seulement que même un mauvais roi peut poser une bonne question, ni même qu’un roi infidèle peut aider un prophète à être dans le vrai. Elle nous dit davantage. Elle suggère que si un responsable, en temps de crise et de choix difficiles, veut comprendre le bon choix à faire, il doit se méfier du consentement unanime, et chercher plus loin. Si tout le monde est d'accord, il doit s’inquiéter et chercher un Michée dans les environs. Et si, par intuition, il sait qu'il est en présence d’un vrai prophète, il ne doit pas se contenter de la première réponse, surtout si elle ressemble à celle donnée par tous les autres. Parce que cela peut être une fausse réponse donnée par un vrai prophète. Il doit apprendre à répéter les questions, même lorsqu'il "déteste" la personne et la réponse. Dans ces situations bis repetita iuvant. Jésus a dû demander trois fois à Pierre s'il l'aimait pour nous donner une des plus belles réponses sur l'amitié. Et si un roi mauvais a su poser deux fois sa question, pourquoi pas nous ?
Arrivés à ce point, Michée poursuit sa prophétie avec un troisième rebondissement : « Michée reprit : " Eh bien ! Écoute la parole du Seigneur ! J’ai vu le Seigneur qui siégeait sur son trône ; toute l’armée des cieux se tenait près de lui… Le Seigneur demanda : “Qui trompera Achab, pour qu’il monte et qu’il tombe à Ramoth-de-Galaad ?” L’un répondit ceci, l’autre répondit cela. Alors un esprit s’avança et se tint en présence du Seigneur. Il dit : “Moi, je vais le tromper”… "J’avancerai, je deviendrai esprit de mensonge dans la bouche de tous ses prophètes.” Le Seigneur déclara : “Tu le séduiras, tu l’auras même en ton pouvoir. Avance, et fais comme tu as dit.” Michée continua : « Maintenant donc, voici que le Seigneur a mis un esprit de mensonge dans la bouche de tous tes prophètes ». (22,19-23). Michée révèle au roi quelque chose de surprenant, qui rappelle le pari entre Dieu et le "satan" dans le prologue du livre de Job. Ces quatre cents prophètes ne sont donc pas de faux prophètes : ils ne sont que trompés, et c'est un des "esprits" de Dieu qui les a abusés. Incroyable! C'est la première fois que nous trouvons dans la Bible des prophètes égarés par Dieu Lui-même. Le Dieu biblique est compliqué. Il y a dans sa cour un esprit qui lui demande la permission de tromper les quatre cents prophètes. Dans ces textes archaïques à l'intérieur du vrai Dieu vivaient aussi des esprits mauvais et trompeurs, -YHWH était plus grand que ses seuls bons et honnêtes esprits - qui combattront Jacob dans un gué nocturne, qui essaieront de tuer Moïse en train de descendre du Sinaï, qui cloueront un Fils sur la croix ("Mon Dieu mon Dieu, pourquoi ... ?"). Mais oui, le Dieu biblique induit en tentation ! Cet épisode continue de révéler de nouveaux passages de la grammaire prophétique. Il n'y a pas que deux catégories de prophètes : les vrais et les faux. Il y a de faux prophètes qui savent qu'ils sont faux et disent des choses fausses ; il y en a qui ne disent que des vérités. Nous le savions. Mais ici nous découvrons qu'il y a aussi de vrais prophètes qui disent intentionnellement de fausses choses (les premiers Michée), et d'autres vrais prophètes qui disent des mensonges en toute bonne foi car ils sont même trompés par Dieu. Il est bien difficile de reconnaître les vrais prophètes.
Achab reconnut un vrai prophète, dialogua avec lui, l'aida à être honnête, mais au final il ne l'écouta pas : « Le roi d’Israël et Josaphat, roi de Juda, montèrent à Ramoth-de-Galaad. » (22, 29). Il savait que la parole de Michée était vraie, il savait que Dieu avait établi que cette guerre serait perdue. Mais malgré cela, Achab est parti. La vision du ciel ouvert ne l’a pas converti. Cette désobéissance d'Achab est mystérieuse, et elle est terrible parce qu'elle nous rappelle de trop près beaucoup des nôtres. Nous savons, parce qu'une parole vraie nous le dit, que l'action que nous menons n'est pas ce que nous devrions faire. Mais nous prenons le mauvais chemin tout en sachant que ce n'est pas le bon. Nous savons que nous devrions rester à la maison, et au lieu de cela, nous partons. On finit par aller paître des cochons, et on ne se lève pas pour rentrer chez soi. Achab mourut aussi au combat (22, 35). Mais, en dépit de son échec, la valeur de sa question qu’il pose deux fois demeure - la Bible est également grande parce qu'elle sait nous donner des paroles de vie insérées dans des paroles de mort ; avant de mourir, Achab par cette question tenace a laissé un trait de lumière dans son testament, un brin de vérité dans une mer de mensonges : et si cet unique trait de lumière inscrit dans nos vies était là pour nous sauver ?
Cette parole de vérité a valu à Michée la gifle d'un de ses "collègues", Sédécias, l'un des quatre cents, et ensuite la prison (22, 24-27) : comme Jérémie et comme tant de ses frères d'hier, d'aujourd'hui et de toujours. Tout comme Élie, c’est encore un prophète seul contre une multitude. Et aujourd’hui aussi parole vraie l’emporte, même si Michée "meurt". En fait, la Bible laisse Michée dans cette prison, l'abandonne à son sort. Après ce dialogue, il quitte la scène pour toujours. Mais un rédacteur ultérieur a voulu le congédier en mettant dans sa bouche les mêmes mots que ceux prononcés des siècles plus tard par un autre prophète Michée, le dernier des prophètes bibliques. Nous voulons aussi le saluer avec ces mots merveilleux : "Vous tous les peuples, écoutez !" (22, 28). Soyons tous à l’écoute de Michée, n'oublions pas les nombreux vrais prophètes qui ont été giflés et emprisonnés uniquement pour avoir été fidèles à une parole vraie et dérangeante.
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par Luigino Bruni
Publié dans Avvenire le 22/09/2019
« Le nom d'Élie, en tant qu’ange, est Sandalphon qui siège dans les plus hauts rangs et les plus grandes puissances célestes, chargé de tisser pour le Seigneur des couronnes de prières et d'offrir des sacrifices au sanctuaire invisible, puisque le Temple n’a été détruit qu’en apparence, mais continue à exister »
Louis Ginzberg, La Légende des Juifs, VI
La distinction entre vraie et fausse prophétie parcourt toute la Bible. Ce récit ajoute de nouveaux éléments à la compréhension des prophètes et de leur fonction, autrefois et aujourd'hui.
La prophétie biblique, bien qu'unique, nous offre un paradigme pour mieux comprendre certains phénomènes décisifs dans nos sociétés et nos communautés. Les formes, les manières, les paroles changent, mais aujourd'hui encore il y a des faux prophètes, et ils sont légions. Il y en a aussi des vrais qui, en toute bonne foi, disent des sottises. D'autres sont honnêtes et disent souvent des paroles vraies, mais pas toujours. Il y a surtout de puissants personnages qui, tout en reconnaissant la vérité des paroles prophétiques, n’en tiennent nullement compte. Et ils meurent. « On resta tranquille pendant trois ans, sans guerre entre Aram et Israël. Mais la troisième année, Josaphat, roi de Juda, descendit auprès du roi d’Israël… Le roi d’Israël dit à Josaphat : « Viendrais-tu avec moi pour combattre à Ramoth-de-Galaad ? » Et Josaphat répondit au roi d’Israël : « Ce sera pour moi comme pour toi, pour mon peuple comme pour ton peuple, pour mes chevaux comme pour tes chevaux. » (1 Rois 22,1-4). Après la (merveilleuse) parenthèse du vignoble de Naboth, nous voici de nouveau dans le contexte de la guerre ouverte au chapitre 20. Josaphat, roi de Juda, part en visite politique dans le Nord. Achab lui propose de l'accompagner dans une guerre de reconquête des territoires occupés par les Araméens (Ramot de Gàlaad). Josaphat accepte mais demande à Achab de consulter les prophètes en premier (22,5). Consulter son propre Dieu avant d'entreprendre une expédition militaire était très courant dans le monde antique. Israël se trouve encore dans une zone frontalière entre le chamanisme archaïque et la prophétie la plus mûre des siècles suivants : « Le roi d’Israël réunit les prophètes, au nombre d’environ quatre cents. Il leur demanda : "Irai-je à Ramoth-de-Galaad pour combattre, ou dois-je y renoncer ? " Ils dirent : " Monte ! Le Seigneur livrera la ville aux mains du roi » (22,6).
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