stdClass Object ( [id] => 17862 [title] => Comme les moineaux et les hirondelles [alias] => comme-les-moineaux-et-les-hirondelles [introtext] =>L'âme et la cithare/18 - L'espace du prophète est profane , il s’étend de la vallée de larmes jusqu’au parvis du temple.
par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 26/07/2020
« La sécheresse qui devient source, le mur qui s’écroule pour que Dieu apparaisse sans paraître, telle est la merveilleuse leçon du Psaume 84. »
Guido Ceronetti, Le livre des psaumes.
Une grande innovation religieuse de la Bible fut de nous faire comprendre que Dieu n'est pas lié à son temple ni à un lieu sacré. C’est ce que le Psaume 84 nous rappelle.
Homo viatorDepuis des dizaines de millénaires, l'homo sapiens a été un nomade et un voyageur. Experts en transhumances, nous suivions le rythme des saisons et des floraisons, nous empruntions les sentiers des cerfs et des bisons et revenions assoiffés à l'oasis et à la source,. Nous l'avons fait pour survivre, nous courions pour échapper à la mort. Puis, à un certain moment, dans ce territoire creusé et marqué uniquement par les rythmes naturels de la vie, nous avons commencé à découvrir des espaces différents, à reconnaître des lieux particuliers ; et nous avons commencé à graver des pierres, à ériger des stèles, à construire des autels. Ainsi nacquit le sacré. Nous avons commencé à nous arrêter le long des anciennes pistes, non seulement pour nous approvisionner, chasser, nous abriter, boire ; nous avons commencé à nous arrêter dans d'autres endroits parce que nous étions attirés par une présence spirituelle qui s'y manifestait et qui changeait le paysage. L'espace devint qualité. À partir de ce moment, il ne nous a plus suffi de manger, de nous abriter, de boire et de nous reproduire. Il ne nous suffisait plus de marcher sur le sentier des cerfs. Nous voulions connaître le mystère de la biche et de ses déplacements, découvrir où séjournaient après leur mort ceux que nous aimions, savoir qui déplaçait le soleil et les autres étoiles. Nous avons commencé à poser de nouvelles questions aux phénomènes naturels, et donc commencé à voir les dieux. Le monde changea à jamais, se remplit d’énigmes, de nouvelles langues, de symboles. Jusque-là nous échangions à l’aide de langues élémentaires qui nous suffisaient pour organiser une chasse et élever les enfants. Mais nous avons appris de nouvelles langues pour parler avec la nature, avec les démons et avec les anges - nous en avons beaucoup oublié, presque toutes, en rendant le langage des hommes puissant, car ces autres langues ne pouvaient vivre que sur la faiblesse de la nôtre.
[fulltext] =>Des millénaires se sont écoulés, nous avons beaucoup changé, mais nous n'avons jamais cessé de marcher. Pour conduire des guerres, pour faire du commerce, mais nous avons aussi continué à marcher pour voir Dieu là où il demeure. Quand on atteignait le seuil du temple, on entrait dans une autre dimension, on se sentait en présence des défunts, on devenait proches des saints, des ailes d’aigle nous conduisaient, dans l’ivresse d’un vol fou, aux portes du paradis. Le seuil du temple était la porte du Ciel, il suffisait de l’atteindre pour vaincre la mort : cela ne durait que quelques heures, mais elle était vraiment vaincue. Les souffrances de la vie disparaissaient et avec elles notre pauvreté : en ces jours-là notre cœur tressaillait, heureux d'être à la hauteur des anges. Nous avons éprouvé de nouvelles craintes mais aussi de nouveaux bienfaits. L'expérience du sacré était celle du sublime, donc transitoire, ponctuelle. Incarnée dans l'espace et le temps, elle n'avait lieu que dans un lieu précis et s’achevait donc rapidement. C'était merveilleux, parfois effrayant, toujours terrible. Merveilleux parce qu’ exceptionnel et extraordinaire… au point que des personnes et des communautés faisaient naufrage et se noyaient dans cette mer.
C'est pourquoi il n'y avait pas de voyage plus prisé que le pèlerinage ; nous aimions les somptueuses demeures de rêve des seigneurs, mais surtout nous aimions la maison de Dieu : « De quel amour sont aimées tes demeures, Seigneur, Dieu de l'univers ! Mon âme s'épuise à désirer les parvis du Seigneur ; mon coeur et ma chair sont un cri vers le Dieu vivant ! » (Psaume 84, 2-3). Combien j'aime ta demeure, qu’elle est délicieuse et charmante : des mots différents pour exprimer cette belle parole biblique que nous trouvons aussi dans le nom de David, dans le poème d'amour d'Isaïe (5,1), dans le Cantique, dans les psaumes nuptiaux (45). Dans la Bible, il n'y a pas de mot plus fort pour exprimer l'amour de désir, le mouvement du cœur - le Psaume 84 est celui d'un amant.
Mais lorsqu'il arrive près du temple de Jérusalem, le psalmiste mentionne d'abord un détail : « L'oiseau lui-même s'est trouvé une maison, et l'hirondelle, un nid pour abriter sa couvée : tes autels, Seigneur de l'univers, mon Roi et mon Dieu ! » (84, 4). C'est l'une des joyaux les plus délicats et les plus surprenants de la Bible. Un homme qui appelle son Dieu "YHWH Sabaot", c'est-à-dire le Dieu des armées et des troupes, qui une fois dans le temple nous montre un moineau et une hirondelle. L'infiniment grand qui se retire pour faire place à l'infiniment petit, l'immense demeure de Dieu qui se blottit dans le nid d'un moineau. Le Tout-Puissant qui se fait tout petit pour entrer dans l'espace d'une crèche.
La première béatitude de ce psaume est pour le petit oiseau : « Heureux les habitants de ta maison : ils pourront te chanter encore ! » (84, 5). Une façon de confondre les louanges chantées par les prêtres du temple avec le chant du moineau et celui de l'hirondelle. Tous deux habitent en permanence le plus bel endroit du monde, chantent constamment la gloire de YHWH, tous deux sont loués et quelque peu enviés par le pèlerin de passage dans la demeure même de l’Éternel.
Mais il y a au cœur du Psaume une seconde béatitude : « Heureux les hommes dont tu es la force : des chemins s'ouvrent dans leur coeur ! » (84, 6). Le bonheur du pèlerin devient immédiatement celui du chemin : « Quand ils traversent la vallée de la soif [la vallée des larmes], ils la changent en source ; de quelles bénédictions la revêtent les pluies de printemps ! Ils vont de hauteur en hauteur, ils se présentent devant Dieu à Sion. » (84,7-8). C'est le pèlerin qui transforme la vallée de larmes en source ; c'est son mouvement qui fait fleurir la terre aride. C'est son pied qui fertilise le désert. Splendide réciprocité entre Adam et adamah, entre l’homme et la terre. L’homme continue à prendre soin de l'Éden: nous sommes les gardiens de la terre en la faisant fleurir de nos mains laborieuses, nous en sommes les gardiens en y laissant notre empreinte de nomades qui la foulons en allant vers la maison de Dieu. Ces routes sont des meurtrissures de la terre d'où s'échappent des rayons d'éternité. Ce n’est pas encore le temple, mais le désir les fait déjà temple. La marche nourrit le chemin ("sa vigueur grandit en cours de route").
Ces deux versets sont pleins de symboles et d'ambivalences linguistiques, dont certaines nous échappent aujourd'hui. Le Coran (sourate III, Al-'Imran, 96) voit dans la vallée de Bakkà l'autre nom de la Mekka, et la tradition musulmane situe dans ce désert la fuite désespérée d'Agar (Gen, 21) et le puits (de Zemzem) dans lequel, grâce à l'intervention de l'ange, Agar a puisé de l'eau pour sauver son fils Ismaël. Les larmes d’ Agar ont été la première "pluie de bénédiction" sur cette vallée aride, elle a été la première à « voyager dans cette terre aride » (Leopardi). Il est très beau ce lien profond entre le Psaume 84 et Agar, l'esclave de Sarah, à qui est apparu le premier ange de la Bible. A elle, cette autre Araméenne errante, image du pèlerin indigent… une façon de nous dire qu’à la fin du pèlerinage, c’ est le même Dieu qui apparaît à une esclave et à un enfant rejeté pour les sauver.
Le voyage s'achève, on a rejoint Jérusalem: « Ils se présentent devant Dieu à Sion. » (84, 8). Que voyait le pèlerin dans le temple ? Que voir d'un Dieu invisible et privé de représentation? Quelle théophanie dans un temple vide, et jalousement préservé en tant que tel ? La théologie biblique s'est développée et est devenue un bien commun universel grâce à sa capacité à habiter le paradoxe d'un Dieu invisible qui pourtant se manifestait, dont la gloire habitait réellement un temple débarrassé de toutes les idoles. Dans ce monde antique du Moyen-Orient, peuplé d'innombrables divinités et idoles, ayant chacune un visage clairement défini et des sanctuaires remplis de statues resplendissantes, la Bible a su faire voir un Dieu à ses différents fidèles sans qu'ils éprouvent le besoin de le voir ni de le toucher. Il n’avait besoin que d’ un lieu différent, le temple, pour montrer la réalité de l'invisible à ceux qui parvenaient jusqu’à son parvis. Le fait de se trouver dans un espace vide a engendré la première innovation théologique de l'Antiquité : ne pas pouvoir voir ni toucher un Dieu qu’on croyait et savait vrai, a produit l’ idée que Dieu n'est plus emprisonné dans le langage de nos sens. Que voyaient alors ces pèlerins ? Nous ne le savons plus, mais ils n'ont certainement pas vu des statues ni des tableaux : ils voyaient celui en qui ils croyaient par la foi. La foi naît peut-être lorsque, tels des pèlerins arrivés au seuil d'un temple vide, nous répétons : « Je crois en toi », et que, sans l'entendre, nous percevons une vraie voix qui répond : « Je suis ».
« Oui, un jour dans tes parvis en vaut plus que mille. J'ai choisi de me tenir sur le seuil, dans la maison de mon Dieu, plutôt que d'habiter parmi les infidèles » (84, 11). Dans tes parvis, sur ton seuil : le pèlerin croyant est un habitant de ces lieux ; compagnon du moineau et de l'hirondelle, il se tient sur le seuil, c’est une femme, un homme qui savent se tenir à la porte d'une habitation vide et pourtant habitée. Il n’y a pas de meilleur endroit sous le soleil que ce parvis, savouré un jour sur mille. Car c'est celui des "gardiens du temple", celui de la sentinelle. Le seuil est aussi le lieu de la prophétie, de celui qui marche, arrive et n'entre pas, car pour garder cet espace vide, il le protège aussi de sa propre présence. L'espace du prophète n'est pas l'espace sacré situé à l'intérieur du temple, mais l'espace profane qui va de la vallée de larmes au parvis et ensuite du parvis à la vallée de larmes rendue féconde par cette marche et toutes ces précautions.
Puis le jour arriva où ces pèlerins de l'absolu vécurent l'expérience la plus terrible et la plus dramatique. Ce temple, demeure authentique du seul vrai Dieu, fut profané et détruit par Nabuchodonosor. Le peuple en exil continua à chanter le Psaume 84 et les autres psaumes. Et voici une deuxième innovation religieuse, peut-être la plus grande : même privés de temple et de lieux sacrés, nous pouvons rencontrer Dieu. YHWH est devenu un pèlerin, comme nous. Ainsi, la disparition de l'espace sacré, qui en Israël était déjà entièrement concentré dans ce seul temple, permit à ce peuple déchiré de se libérer de la nécessité d’un lieu sacré pour rencontrer Dieu, elle lui permit de comprendre que s’il y a un Dieu vrai celui-ci ne demeure en aucun lieu car il habite partout : « Dans la nouvelle Jérusalem, je n’ai pas vu de sanctuaire, car son sanctuaire, c’est le Seigneur Dieu, Souverain de l’univers, et l’Agneau ». (Ap 21, 22).
Les pèlerinages continuent et doivent continuer, car lorsque nous cessons d'errer à la recherche de Dieu, nous ne marchons que pour chercher des idoles dans des lieux sans parvis. Ce Dieu qui nous attend à la fin du voyage est un compagnon qui marche déjà parmi nous (Mt 18,20), sans abri où reposer. Et une fois que nous avons atteint le seuil du temple, ne demandons pas : « Où est Dieu », mais : « Où sommes-nous » ?
Si un jour tous les temples disparaissent, si le monde entier devient un grand temple vide – et n’est-ce pas déjà le cas ? -, deux ou plusieurs pèlerins pourront alors revivre l’expérience merveilleuse que relate le Psaume 84, ils pourront chanter ses premières notes sur son parvis.
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Publié sur Avvenire le 26/07/2020
« La sécheresse qui devient source, le mur qui s’écroule pour que Dieu apparaisse sans paraître, telle est la merveilleuse leçon du Psaume 84. »
Guido Ceronetti, Le livre des psaumes.
Une grande innovation religieuse de la Bible fut de nous faire comprendre que Dieu n'est pas lié à son temple ni à un lieu sacré. C’est ce que le Psaume 84 nous rappelle.
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stdClass Object ( [id] => 17863 [title] => Il est Dieu, donc il me ressemble [alias] => il-est-dieu-donc-il-me-ressemble [introtext] =>L'âme et la cithare/17 - Nous ne sommes pas aimés parce que nous ne sommes pas coupables mais parce que nous sommes aimés – voilà tout !
par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 19/07/2020
« Notre tâche n'est pas de prédire le jour - mais ce jour viendra - où les hommes seront à nouveau appelés à prononcer la parole de Dieu de telle sorte que le monde sera changé et renouvelé. Ce sera une nouvelle langue, peut-être totalement non religieuse. »
Dietrich Bonhoeffer, Résistance et capitulation
La culture de la culpabilité et du sacrifice cache de nombreux pièges, dont certains sont bien connus de la Bible, qui les révèle dans le Psaume 51 (et celui qui le précède), l'un des plus célèbres et des plus beaux.
« Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. » (Psaume 51, 3-5). Miserere mei, Deus. Des mots chantés dans toutes les langues, génération après génération, chevet après chevet, larme après larme, désespoir après désespoir, espoir après espoir. Peut-être n'y a-t-il pas de psaume plus prisé, plus connu, plus aimé des pauvres que le Miserere. Tout le monde ne se trouve pas persécuté, tout le monde ne reconnaît pas l'empreinte du Créateur dans le ciel étoilé, aussi les psaumes écrits et destinés à ces circonstances ne parlent-ils pas à tous; mais il n'y a pas un homme ni une femme qui n'ait pas ressenti, au moins une fois dans sa vie, un besoin invincible d'être pardonné - ne serait-ce qu'au dernier moment. L'homo sapiens est un animal qui mendie le pardon.
[fulltext] =>Dans ce commentaire du Livre des Psaumes, nous ne mentionnons généralement pas le premier verset du chant, où sont fournies des informations sur l'auteur et le contexte historique, car cela ne permet pas toujours de suivre la bonne piste exégétique. Pour le Psaume 51, cependant, le titre est très important : « Psaume de David. Lorsque Nathan, le prophète, vint à lui, après que David fut allé avec Bethsabée » (51,1-2). C'est la blessure, toujours ouverte, de l'Ancien Testament, le trou noir de l'histoire du salut, le point douloureux de la généalogie de Jésus : « Jessé engendra le roi David. David, de son union avec la femme d’Ourias, engendra Salomon" (Mt 1,6). Le meurtre d'Urie le Hittite, le soldat fidèle et loyal que David fit assassiner, un nom marqué du sang de celui qui n’était pas le père, une sorte d’anomalie dans cette généalogie que depuis deux millénaires nous récitons chaque année à Noël.
Nathan le prophète fut envoyé par Dieu auprès du roi David pour lui révéler la gravité de son péché (2 Sam 12,1). Et après lui avoir raconté la parabole des brebis et obtenu l'indignation du roi pour le crime commis par le riche de cette fable, le prophète a prononcé l'une des phrases les plus terribles de la Bible : « Cet homme, c'est toi » (12, 7). David ne maudit pas Nathan, reconnaît son crime et clame son Miserere : « J'ai péché contre le Seigneur » (12, 13). Le Psaume reprend la prière là où le deuxième livre de Samuel l'avait interrompue : «Contre toi, contre toi seul j'ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait » (Psaume 51,6). David fait aussi preuve de grandeur dans son repentir, son miserere est à la dimension de son péché.
Nous sommes en présence d’une des pages qui ont inventé l'éthique de la culpabilité. Ce n'est pas la seule (il y en a de très nombreuses même dans les mythes grecs), mais le péché de David et son dénouement compte parmi les premiers épisodes de la grande réflexion sur la culpabilité, qui s'est ajoutée à celle, plus archaïque et toujours vivante , de l'éthique de la honte. Dans la culpabilité, c'est le regard de Dieu qui nous voit en secret et dénonce notre crime ; dans la honte, c'est le regard des autres qui nous découvre, nous condamne et nous punit. Le passage de la honte à la culpabilité (jamais complètement ni clairement franchi) a représenté, à bien des égards, un saut éthique de la civilisation et des religions, mais l'éthique de la culpabilité connaît aussi ses pathologies et a produit et produit encore ses dégâts.
La culture de la culpabilité est à l'origine de formes graves d'esclavage, non seulement psychologiques ou spirituelles. Elle a empêché trop de persones de faire l'expérience de la liberté et de la libération parce que coincés dans des sentiments de culpabilité toujours plus grands, presque toujours inventés ou amplifiés. Cela se produit et s'est produit lorsque l'expérience de la culpabilité n'est pas précédée ni accompagnée de celle, plus fondamentale, d'être aimés et donc également libérés de notre culpabilité, de la certitude que nous ne sommes pas aimés parce que irréprochables mais parce que nous sommes aimés – tout simplement – , que nous sommes d'abord innocents, puis coupables, qu'aucune culpabilité ne peut effacer l'image de Dieu héritée d'Adam, parce que Caïn a tué Abel, mais pas sa ressemblance avec Dieu. Car s'il est vrai, comme le rappelle David, que « Moi, je suis né dans la faute, j'étais pécheur dès le sein de ma mère » (51,7), les prophètes nous rappellent que nous sommes aimés depuis toujours : « Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ». (Jer 1, 5). La culture de la culpabilité est très dangereuse car elle occulte cette priorité de l'amour, car elle nous prive de notre joie (« Fais que j'entende les chants et la fête » ( 51,10), elle nous enferme dans nos torts, nous fige de manière narcissique dans une sorte de nombrilisme moral , nous empêchant ainsi de voir la surabondance de la beauté qui nous entoure.
Les psaumes 50 et 51 traitent d'une pathologie spécifique de la culture de la culpabilité. C'est celle qui est contenue dans la logique du sacrifice. Il existe une relation très étroite entre la culpabilité et le sacrifice. Commis envers le prochain, les péchés engendraient chez la personne et dans la communauté un sentiment de culpabilité, qui devait être apaisé par des sacrifices offerts à Dieu. Ainsi, le sentiment de culpabilité résultait d’ injustices horizontales au sein des relations interhumaines, mais la réparation des dommages relevait d’une relation verticale entre les hommes et la divinité. La Bible dénonce ici la perversion du mécanisme de la faute horizontale et de sa réparation verticale : « Et moi [Dieu], vais-je manger la chair des taureaux et boire le sang des béliers ? » (Psaume 50, 13) ; « Si j'offre un sacrifice, tu n'en veux pas, tu n'acceptes pas d'holocauste » (Psaume 51, 18). Le péché, dans la Bible, n'est jamais une affaire privée entre la personne et Dieu : c'est plutôt un "mal public", qui produit toujours des "effets extérieurs négatifs" sur les autres, dont je dois assumer la responsabilité si mon repentir est responsable.
Le psalmiste nous rappelle, avec les prophètes, qu'on ne peut pas violer les droits de notre prochain et espérer ensuite faire amende honorable dans le cadre d’un culte religieux : « Qu'as-tu à réciter mes lois, à garder mon alliance à la bouche, toi qui n'aimes pas les reproches et rejettes loin de toi mes paroles ? Si tu vois un voleur, tu fraternises, tu es chez toi parmi les adultères ; tu livres ta bouche au mal, ta langue trame des mensonges. Tu t'assieds, tu diffames ton frère, tu flétris le fils de ta mère » (50,16-20). Ces dons sacrificiels ne sont alors que des pots-de-vin offerts à Dieu, des dons mafieux que seules les idoles acceptent : « Offrir en sacrifice un bien mal acquis, c’est se moquer ; ... Ainsi l’homme qui jeûne à cause de ses péchés, puis y retourne et recommence : qui écoutera sa prière ? » (Sir 34, 18; 25-26)
Nous sommes confrontés à cette ancienne tentation, parfois entretenue par les religions, qui consiste à croire qu’on peut s’acquitter du mal commis envers notre prochain par le biais de calculs et combinaisons sophistiqués d'indulgences. La raison de cette relation pathologique est simple : si le sacrifice est le prix de mon péché, la religion devient un marché aux bestiaux où l'on achète la permission de pécher. Les temples deviennent ainsi des bureaux de remboursements perpétuels, qui ne font qu'encourager les péchés – parce que ceux-ci deviennent aussi des sources de revenus pour le temple. C'est une conception puérile de Dieu et de la religion, qui ne disparaît jamais totalement des credos religieux. Voici donc la solution différente indiquée par le Psaume dans l'hymne de David repenti : « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un coeur brisé et broyé. » (51, 19), car « Qui offre le sacrifice d'action de grâce, celui-là me rend gloire » (50, 23). Le psalmiste libère le sacrifice cette la logique de compensation économique et financière pour en faire une expression de louange, une prière de supplication pour la conversion : « Crée en moi un coeur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit » (51,12).
Une innovation de la spiritualité. Si j'ai commis un péché, si j'ai violé la justice, il ne m’est pas possible de réparer les dommages causés aux personnes par un sacrifice offert à Dieu. Mais il y a un acte sincère que je peux faire : demander à Dieu un "cœur nouveau", puis promettre la conversion, m'engager à ne plus commettre cette faute - et peut-être réparer le mal que j'ai fait, mais le psaume ne le dit pas. L'attitude la plus sage, la meilleure gestion du repentir est celle qui consiste à regarder vers l'avenir, et non en arrière : pour tirer profit d’un passé, quel qu’il soit, il faut planter sa tente dans l’avenir.
Nous avons appris au cours des millénaires que même la demande d’un cœur nouveau, que même le "sacrifice de louange" n'offrent pas la garantie que je ne commettrai plus ce péché que je "confesse" maintenant devant Dieu ; mais le psalmiste a voulu éliminer la "valeur en bourse" des péchés, toutes nos "reconnaissances de dettes morales". En réalité, même si les sacrifices de taureaux et d'agneaux n’ont plus cours dans notre culture, la tentation de faire de la religion un lieu de compensation verticale des péchés et des dommages pour lesquels nous ne voulons pas assumer une responsabilité directe (horizontale), n'a jamais faibli. Les valeurs en bourse et les organismes de compensation ont changé seulement de forme, d’aspect, Ils sont sortis des religions et des églises, mais la tentation de "déshonorer notre frère", de violer la justice et la loi, puis d'attendre une forme d'amnistie ou de pardon pour laver notre péché par une offrande demeure toujours trop forte. Et les psaumes continuent de nous répéter, au nom de Dieu : « Voilà ce que tu fais ; garderai-je le silence ? M'imagines-tu comme quelqu'un qui te ressemble ? » (51,21).
Et pourtant, cher vieil ami psalmiste, nous « ressemblons vraiment » à ce Dieu dont tu nous rapportes les reproches. Cette même Bible qui contient votre Psaume nous dit : « À l'image de Dieu, il l'a créé » (Gn 1, 27). N'imaginons rien d'étrange. Toute image est une relation de réciprocité, et si nous sommes l'image de Dieu, Dieu est aussi notre image. Nous savons très bien que nous, les humains, nous sommes un tissu de vices et de vertus, de beauté et de péchés, de fidélité et de trahison, que nous sommes tous frères d'Abel et de Caïn, toutes sœurs, fils et filles de Ruth et de Jézabel. Nous sommes tous image d'Élohim, nous lui ressemblons tous. Quelqu'un pourrait alors poser à la Bible des questions embarrassantes : pourquoi devrions-nous évincer la partie sombre de l'image au profit de celle qui est lumineuse ? Pourquoi réduire et tronquer ce verset pour n’y faire entrer que le côté positif ? Et si l'éthique n'était pas le bon critère pour effectuer cette différenciation ? Et si Dieu était plus grand que nos vertus ? Et si nous lui ressemblions plus que nous ne le pensons ? Et si, nous aussi, nous étions plus grands que notre cœur?
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L'âme et la cithare/17 - Nous ne sommes pas aimés parce que nous ne sommes pas coupables mais parce que nous sommes aimés – voilà tout !
par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 19/07/2020
« Notre tâche n'est pas de prédire le jour - mais ce jour viendra - où les hommes seront à nouveau appelés à prononcer la parole de Dieu de telle sorte que le monde sera changé et renouvelé. Ce sera une nouvelle langue, peut-être totalement non religieuse. »
Dietrich Bonhoeffer, Résistance et capitulation
La culture de la culpabilité et du sacrifice cache de nombreux pièges, dont certains sont bien connus de la Bible, qui les révèle dans le Psaume 51 (et celui qui le précède), l'un des plus célèbres et des plus beaux.
« Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. » (Psaume 51, 3-5). Miserere mei, Deus. Des mots chantés dans toutes les langues, génération après génération, chevet après chevet, larme après larme, désespoir après désespoir, espoir après espoir. Peut-être n'y a-t-il pas de psaume plus prisé, plus connu, plus aimé des pauvres que le Miserere. Tout le monde ne se trouve pas persécuté, tout le monde ne reconnaît pas l'empreinte du Créateur dans le ciel étoilé, aussi les psaumes écrits et destinés à ces circonstances ne parlent-ils pas à tous; mais il n'y a pas un homme ni une femme qui n'ait pas ressenti, au moins une fois dans sa vie, un besoin invincible d'être pardonné - ne serait-ce qu'au dernier moment. L'homo sapiens est un animal qui mendie le pardon.
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stdClass Object ( [id] => 17864 [title] => Ce que la richesse peut sauver [alias] => ce-que-la-richesse-peut-sauver [introtext] =>L'âme et la cithare/16 – Les biens acquis, source de salut, et la voie de la fraternité
par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 12/07/2020
« Dantès, qui trois mois auparavant n'aspirait qu'à la liberté, ne se contente plus aujourd'hui de la liberté et aspire à la richesse ; la faute n'en revient pas à Dantès mais à Dieu qui, en limitant le pouvoir de l'homme, suscite en lui des désirs infinis ! »
Alexandre Dumas, le Comte de Monte-Cristo
Le Psaume 49 nous amène à réfléchir sur la nature de la richesse et son gage de vie éternelle, qui, s’il est bien compris, n'est pas totalement faux.
Nous désirons la richesse parce qu'elle accroît la liberté. Parmi les libertés "acquises" grâce à la richesse, la plus fascinante et la plus tentante est la liberté de ne pas mourir ni de souffrir. C'est là que se trouve la racine de la nature religieuse de la richesse, qui peut devenir une idole pour nous parce qu'elle a des traits qui la font ressembler aux divinités. Dans l'?vangile, c'est Jésus lui-même qui l'a mise en concurrence avec Dieu, car elle promet une sorte d’immortalité à sa manière. Dans l’Éden, Élohim n'a pas interdit à Adam les fruits de l'arbre de vie parce que cette interdiction aurait été inefficace, tant le désir d'immortalité est fort chez les hommes et les femmes. Nous sommes attirés par la richesse parce qu'elle nous apparaît comme ce qui, sur terre, ressemble le plus à l'élixir de jeunesse éternelle. Éros (amour) et Plutos (richesse) sont les deux dieux qui, chacun à leur manière, n'ont jamais cessé de se battre contre thanatos (la mort).
[fulltext] =>La promesse de la richesse exerce en effet sur nous une fascination presque invincible car, comme celle du serpent, elle n'est pas entièrement fausse. Les riches sont moins exposés aux vulnérabilités de l'existence, ils vivent dans des maisons plus sûres, ont accès à de meilleurs soins. Pour cette raison également, dans la Bible et dans de nombreuses cultures, être riche est considéré comme une bénédiction de Dieu - ce n'est pas par hasard si nous utilisons l'expression les "biens", un terme positif, pour désigner les richesses.
Le pouvoir religieux de la richesse s'accroît avec l’extension du domaine de la vie sociale couvert par l'argent, qui a toujours été vaste. Même dans une société pré-moderne, la richesse sortait de la sphère proprement économique pour aller jusqu’à effleurer le paradis et le purgatoire (le marché des indulgences). Il ne faut pas penser que la richesse ne compte énormément que dans une économie de marché : l'argent était déjà un dieu bien avant le capitalisme. Car dans un monde où l'argent circulait peu, où la richesse était concentrée entre les mains de quelques vautours, son pouvoir surnaturel était plus grand que de nos jours. S’il est vrai que l’extension des marchés vers diverses couches de la société a accru la masse monétaire (si on achète presque tout avec de l’argent, celui-ci devient presque tout), il est aussi vrai que sa plus grande diffusion entre les mains de nombreux individus réduit cette masse ; et il n'est donc pas facile de calculer la somme algébrique de ces deux effets de signes opposés. Au Moyen Âge l’avarice, la cupidité, la convoitise des richesses n'étaient pas moindres qu’ aujourd'hui, et les dynamiques sociales suscitées par l'argent, les drachmes et les deniers de Judas n'étaient guère différentes de celles produites par nos euros - le développement des marchés ne réduit pas la convoitise des sociétés, mais l'oriente sur des voies moins dommageables. Voilà pourquoi l'éthique économique biblique n'a rien perdu de sa capacité à nous parler aujourd'hui de notre travail, de nos richesses et de notre pauvreté : « Ma bouche dira des paroles de sagesse, les propos clairvoyants de mon coeur l'oreille attentive aux proverbes, j'exposerai sur la cithare mon énigme… Pourquoi craindre… ceux qui s'appuient sur leur fortune et se vantent de leurs grandes richesses ? Nul ne peut racheter son frère ni payer à Dieu sa rançon. » (Psaume 49, 5-8).
Dans un autre chef-d'œuvre majeur du Psautier, ce psalmiste, disciple des prophètes et maître de Job et de Qoelet, nous interpelle à travers un chant universel qui s’adresse à toute l'humanité : « Écoutez ceci, tous les peuples, entendez bien, habitants de l'univers, gens illustres, gens obscurs, riches et pauvres, tous ensemble.» (49, 2-3). L'énigme concerne la relation entre la richesse et la mort, le proverbe est contenu dans le refrain du psaume : « R/ L'homme comblé ne dure pas : il ressemble au bétail qu'on abat. » (49, 13). Le thème central du psaume est celui du rachat. Dans l'antiquité juive, la loi de Moïse (Exode 21) prévoyait que pour certains crimes, une peine de mort pouvait être commuée en argent et donc en rançon. L’auteur sacré connaît très bien ces normes juridiques, et sait que son lecteur les connaît aussi. Et donc il sait que l'argent peut bel et bien nous épargner la mort. Mais le Psaume veut nous dire que la richesse ne peut que retarder la mort, mais qu’elle ne peut en rien racheter la condition mortelle de l'être humain, car Socrate est homme en tant qu’il est mortel. Le psalmiste néglige l'avant-dernière victoire de la richesse pour se concentrer sur son ultime défaite.
Ainsi, vu sous l'angle de sa mortalité, l'homme est vraiment comme les animaux, le riche est comme le pauvre, le sage comme le fou, et nous nous trouvons dans un horizon d'égalité cosmique : « Ne crains pas l'homme qui s'enrichit, qui accroît le luxe de sa maison : aux enfers il n'emporte rien ; sa gloire ne descend pas avec lui." (49,17-18). Cette inconsistance de la richesse, de nombreux sages l’ont devinée. Mais nous la comprenons aussi, tout comme les pauvres la comprennent, lorsqu'ils voient des riches malheureux tomber malades et mourir, et les riches la découvrent lorsqu'ils constatent que leurs richesses ne servent à rien au regard des quelques rares questions vraiment importantes : le riche sincère est conscient de l’immense vacuité (vanitas) de ses biens matériels.
La raison de l’impossible rachat d’une vie ne manque pas de noblesse : « Le rachat d'une vie serait trop cher.» La vie humaine ne peut être rachetée car son prix serait trop élevé. On retrouve ici le langage économique mêlé à celeui de la foi, ce qui conduit généralement à des impasses. Cependant, dans ce cas précis, la métaphore économique peut nous renvoyer à une lecture positive. La valeur de la vie humaine ne peut pas être rachetée avec de l’ argent car, ayant une valeur infinie, son prix serait infini. C'est le fondement anthropologique de la non marchandisation de la vie humaine : celle-ci n’est pas concevable parce que le point de rencontre entre l'offre et la demande se produirait à l'infini, ce point d'équilibre serait trop élevé pour advenir sur notre Terre : il faudrait le Paradis. Et si l'on trouvait ici un sens positif à la métaphore du "prix" payé par le Christ crucifié ? La valeur de la gratuité est toujours là : elle n'a pas de prix parce qu'elle est sans prix, parce que son prix serait infini. Ainsi, chaque fois qu'une vie humaine est assimilée à une valeur monétaire, chaque fois que nous essayons d'acheter une personne ou partie d’elle-même, nous nions le Psaume 49, qui trouve sa racine dans le Psaume 8 – « Pourtant, tu l'as fait un peu moins qu'un Dieu » - et dans notre nature d’êtres créés à « l’ image de Dieu ». Si Dieu est infini, toute image de Dieu l’est aussi.
Si nous prenions ces réalités au sérieux, nous devrions alors considérer que le salaire n’est pas proportionnel à la valeur du travail. Un fragment d’infini reste infini, et un infini d'ordre inférieur est toujours infini. Notre travail vaut infiniment plus que notre salaire, qui devrait donc être considéré comme un don en contrepartie, comme un signe et un symbole de gratitude. Les salaires ne devraient donc pas être trop différents et inégaux - je suis peut-être naïf et idéaliste (et je le suis, et je fais tout mon possible pour continuer à l'être), mais je ne peux toujours pas m'habituer aux règles du marché qui paie la journée d’un consultant autant qu'un mois de travail d’ouvrier.
Pourtant, au regard de cette égalité universelle face à la mort chantée par le psaume, il doit y avoir quelque chose d'encore plus profond. De tous temps L'humanité les poètes et les sages ont eu l’intuition qu’au-delà (ou en deçà) du spectacle de l’ inégalité et de l’injustice réelles résultant de la richesse et de la pauvreté, il y avait une dimension d'égalité tout aussi véritable entre les hommes : tous nous naissons et nous mourons, tous nous souffrons, mais il n’y a pas que cela. L'économiste Adam Smith (Théorie des sentiments moraux, 1759) a lui aussi pressenti cet aspect lorsqu'il a déclaré que si nous additionnions les joies et les souffrances, nous nous rendrions compte que les riches et les pauvres se ressemblent plus qu'on ne le pense généralement. Car il y a des joies éprouvées par les riches que les pauvres ne connaissent pas, c'est vrai, mais il y a aussi des malheurs, dus à l’opulence, inconnus des pauvres, tout comme il y a des joies enviées par les riches que seuls connaissent les pauvres en raison de la liberté qui les caractérise. Il est bon que cette étrange égalité entre riches et pauvres ne soit connue que des philosophes, a ajouté Smith, car, si elle était évidente pour tout le monde, on donnerait moins de valeurt aux richesses, on cesserait de travailler pour s’enrichir, le développement économique s'arrêterait, lequel, selon lui, repose sur une sorte d' « illusion providentielle. » Dans de nombreux domaines de la vie, nous sommes vraiment égaux, bien au-delà de la richesse et de la pauvreté : les riches et les pauvres tombent amoureux, sont délaissés et abandonnés, trahis et trompés, blessés et bénis, tous redoutent la douleur et la mort. C'est en vertu de cette "égalité première" qu’ il nous suffit de reconnaître "un homme"pour nous pencher vers celui que nous rencontrons "à moitié mort" sur notre chemin : nous cesserions d'être des humains si nous lui demandions le numéro de son compte bancaire avant de l'aider.
Regarder la vie dans la perspective de notre dernier jour devrait donc accroître le sentiment d'égalité entre tous. Mais pour que grandisse aussi le sentiment de fraternité, il faut autre chose. Le psalmiste peut oublier dans son chant les avant-dernières victoires des richesses, il peut les relativiser au regard de la mort. Pour nous ce n’est pas possible : nous ne pouvons pas oublier qu'entre le jour de notre naissance et celui de notre mort, ces deux jours où les animaux et les hommes se ressemblent tous en tant que créatures éphémères et contingentes, nos vies se déroulent de manière très différente. Le philosophe, le poète et le théologien font leur travail en nous rappelant que la richesse ne peut rien contre la mort et que donc, après tout, elle ne vaut rien ; l'économiste, le spécialiste des sciences sociales, le politicien savent au contraire que ce qui se passe entre ce premier et ce dernier jour est très important pour la qualité morale et spirituelle de notre vie et de celle de chacun. La richesse n’est donc pas sans valeur. Ainsi, après avoir médité sur la vanité de toute chose en marchant sous le ciel étoilé ou lors d'un enterrement, nous ne devons pas rester en paix tant que chaque enfant qui naît ne peut grandir dans un monde où la précarité l'empêche de mener une vie digne, où les conditions matérielles de sa famille deviennent un fardeau trop lourd à porter, où des gens très riches pourront vivre deux cents ans grâce à des greffes d'organes, tandis que d'autres mourront de la malaria à l’âge de trois ans. La richesse ne rachète pas tout mais quelque chose, parfois elle pourrait épargner à de nombreuses personnes des conditions de vie indignes : elle doit donc être répartie et partagée de manière égale. La vie ne peut être rachetée par la richesse, mais la richesse peut l’être par la communion : «Ô homme comblé de tout, tu ne sais pas penser !» (49,21).
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par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 12/07/2020
« Dantès, qui trois mois auparavant n'aspirait qu'à la liberté, ne se contente plus aujourd'hui de la liberté et aspire à la richesse ; la faute n'en revient pas à Dantès mais à Dieu qui, en limitant le pouvoir de l'homme, suscite en lui des désirs infinis ! »
Alexandre Dumas, le Comte de Monte-Cristo
Le Psaume 49 nous amène à réfléchir sur la nature de la richesse et son gage de vie éternelle, qui, s’il est bien compris, n'est pas totalement faux.
Nous désirons la richesse parce qu'elle accroît la liberté. Parmi les libertés "acquises" grâce à la richesse, la plus fascinante et la plus tentante est la liberté de ne pas mourir ni de souffrir. C'est là que se trouve la racine de la nature religieuse de la richesse, qui peut devenir une idole pour nous parce qu'elle a des traits qui la font ressembler aux divinités. Dans l'?vangile, c'est Jésus lui-même qui l'a mise en concurrence avec Dieu, car elle promet une sorte d’immortalité à sa manière. Dans l’Éden, Élohim n'a pas interdit à Adam les fruits de l'arbre de vie parce que cette interdiction aurait été inefficace, tant le désir d'immortalité est fort chez les hommes et les femmes. Nous sommes attirés par la richesse parce qu'elle nous apparaît comme ce qui, sur terre, ressemble le plus à l'élixir de jeunesse éternelle. Éros (amour) et Plutos (richesse) sont les deux dieux qui, chacun à leur manière, n'ont jamais cessé de se battre contre thanatos (la mort).
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par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 05/07/2020
« L'invocation de l'homme est l'invocation de Dieu lui-même. L'homme prie à l'image et à la ressemblance de Dieu : c’est la prière de celui qui est assurément son chef d’œuvre. Les Psaumes sont la prière de Dieu. »
Sergio Quinzio, Un commentaire sur la Bible
La soif est la condition ordinaire de la vie spirituelle adulte. L'aridité n'est pas l'absence, mais le lieu de la foi. Pourtant, nous ne le savons pas jusqu’à ce que se produise une "rencontre" extraordinaire ...
La qualité spirituelle de notre vie dépend de la façon dont nous sortons de quelques rencontres décisives. L'une d'entre elles est celle du jeune que nous étions avec l'adulte que nous sommes devenu. Une rencontre qui a presque toujours lieu au cours de l’ existence : à travers une lecture, dans un rêve, pendant que nous rangeons notre chambre ou mettons la table. Elle survient toujours à l'improviste, elle n'est jamais annoncée, ce n'est pas un rendez-vous de circonstance, mais plutôt le gué d'une rivière impétueuse. Elle nous prend par surprise et nous n’y sommes pas préparés. C'est toujours un événement décisif. Ce jeune commence par nous poser une question redoutable: « Qui es-tu ? » Nous, nous le reconnaissons immédiatement, car nous revoyons en lui notre visage d’enfant qui ne s’est jamais effacé de notre âme. En revanche nous sommes pour lui un étranger, nous avons trop changé pour que cet enfant se reconnaisse dans cet adulte. Ce « Qui es-tu ? » a quelque chose d'effrayant, de quoi nous couper le souffle. Cette question fait écho à celle qu'Élohim adresse à Adam (« Où es-tu ? »), à celle qu’il adresse à Caïn (« Où est ton frère ? »). Et nous découvrons à nouveau notre nudité, nous avons honte, nous ne parvenons pas à répondre et nous ne le voulons pas . Si nous avons sauvé quelque chose de l'innocence de notre enfance, cette question peut nous porter un coup presque mortel. Puis, en un instant, nous revoyons toute notre vie et naît en nous une poignante et infinie nostalgie de pureté, de vérité et de toutes ces premières inspirations que nous croyons perdues à jamais.
[fulltext] =>Si, au temps de sa jeunesse, cet adulte a clairement et distinctement entendu un authentique appel et y a répondu, ce rendez-vous est encore plus terrible. Ce « Qui es-tu ? » devient la question que sa première vocation adresse à l'homme ou à la femme que cette vocation a elle-même engendré. Par sa seule présence, ce jeune nous dit : la promesse était une autre. Même lorsque notre vie se déroule bien, qu’elle a porté du fruit, qu’elle nous a valu estime et reconnaissance, en présence de ce jeune nous ressentons plus fortement et plus clairement que jamais que cette promesse n'était pas celle qui semble se réaliser, parce que nous l'avons trahie. Cette grande trahison a germé petit à petit, sans que nous le sachions, ni ne le voulions, mais la voix qu’avait suivie ce jeune et celle que nous suivons aujourd'hui ne concordent plus, elles ne se comprennent pas, elles sont devenues étrangères l'une à l'autre. Après ces rencontres nocturnes avec l'ange, ou bien l’on renaît, ou bien on commence à mourir pour toujours. « Comme le cerf altéré cherche l'eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant ; quand pourrai-je m'avancer, paraître face à Dieu ? Je n'ai d'autre pain que mes larmes, le jour, la nuit, moi qui chaque jour entends dire : « Où est-il ton Dieu ? » (Psaume 42, 2-5).
Ainsi commence ce merveilleux Psaume 42, qui ouvre le deuxième livre du Psautier, et qui par son refrain (« mon âme, pourquoi te tourmentes-tu ? ») embrasse également le Psaume 43 pour former un seul et même chant. La métaphore de la biche assoiffée, qui après une longue errance, arrive à un ruisseau sec et tari, est très forte et très dense. Ce Psaume est familier de la littérature spirituelle, il a inspiré l'un des plus sublimes chants spirituels (celui de Jean de la Croix). Ceux qui ont entendu le brame d'un cerf assoiffé disent que c'est un hurlement lancinant, une lamentation déchirante qu'ils n'ont jamais oubliés. Des accents qui auront touché ce poète de l’antiquité biblique, plus capable que nous de lire et de déchiffrer les gémissements de la création. Ce psalmiste, peut-être exilé au Nord, dans la région des sources du Jourdain, loin de Jérusalem et de son temple, a choisi le cri animal le plus langoureux qu'il ait entendu pour en faire le chant de son âme soupirant vers le Dieu introuvable de sa jeunesse. La Bible regorge de mots empruntés à la nature et aux animaux pour essayer d’exprimer ce que les émotions humaines ne savent pas dire : le buisson ardent, la colonne de nuée, le feu sur le mont Carmel, la brise légère, l'ânesse de Balaam.
La nostalgie d'un passé merveilleux au cœur d’un présent aride occupe le centre de ce chant : « Je me souviens, et mon âme déborde : en ce temps-là, je franchissais les portails ! Je conduisais vers la maison de mon Dieu la multitude en fête, parmi les cris de joie et les actions de grâce… Si mon âme se désole, je me souviens de toi, depuis les terres du Jourdain et de l'Hermon, depuis mon humble montagne. » (42, 5-7). La soif de cette biche n'est donc pas la soif apaisante de ceux qui parviennent à l'eau. C'est la soif de ceux qui errent dans le désert à la recherche de l’eau dans une oasis connue au cours d'autres traversées et qui s'est maintenant asséchée. Alors elle gémit, se languit, pleure, crie : sa soif ne peut pas s'étancher parce qu’il n’y a plus d’eau. Il n'est pas facile d'utiliser l'image de la soif pour exprimer la relation à Dieu. Une certaine littérature religieuse dilue cette métaphore en assimilant la foi à l'eau qui étanche la soif. La soif serait le mouvement ascendant de l'homme, la question anthropologique à laquelle Dieu répond en offrant la foi. Dans cette perspective, il n'y aurait rien de religieux dans l'expérience de la soif, qui ne serait que le prélude à la foi, l'antichambre de la vie religieuse qui commencerait lorsque, la source une fois atteinte, on peut enfin boire - la soif disparaît au contact de l'eau. Pour beaucoup il en va ainsi de la foi, et dans l'Écriture, il y a des passages justifiant une telle interprétation de l'eau et de la soif (Jn 4, 13-14).
Mais chaque Psaume réunit de nombreux éléments, comporte des strates de significations différentes qui renvoient à la foi et à l’expérience humaine. Le Psaume suggère aussi quelque chose de différent à propos de la soif. Celle-ci n'est pas seulement une préparation à l'expérience religieuse, c'est déjà la foi, c'est déjà la relation avec Dieu. Le temps de la soif est le temps de la foi : « Dans l'Écriture, chacun meurt de soif, et quel est cette soif universelle si ce n'est Dieu lui-même assoiffé de lui-même ? J'ai toujours pensé, depuis que je l'ai appris, que mourir avec ce verset sur les lèvres serait une belle façon de ne pas mourir. » (Léon Bloy, Le symbolisme de l'Apparition, 1880). Dans ce psaume, Dieu est mentionné 22 fois. Ce chant désespéré au Dieu absent est, de tout le Psautier, l'un de ceux où le nom de Dieu revient le plus. Dans la Bible le désert est un lieu de rencontre avec Dieu. La terre promise n'est pas le seul endroit où Dieu habite, pas plus que le temple. Moïse n'est pas entré dans la terre promise : il nous signifie ainsi que le désert et sa soif peuvent aussi être la tente de la rencontre avec Dieu, peut-être la plus pure et la plus vraie. Sa mort qui a eu lieu en dehors de la terre de Canaan est aussi une façon d'éterniser la promesse et son désir.
Le psaume nous met donc en garde contre la tendance des croyants et des croyantes qui identifient systématiquement la foi à l'eau. C'est une erreur très fréquente de ceux qui pensent et vivent leur foi comme un bivouac stable dans une oasis riche en eau, au bout d'un premier chemin, et qu’on ne quitte plus. Ici, la biche se repose, sereine et assoiffée, dans ce nouveau jardin d'où elle ne repart pas vers de nouveaux horizons. C'est la vision de la foi comme consommation de biens spirituels, comme confort, qui satisfait pleinement le consommateur religieux. Qui abandonne le chemin de l’araméen nomade. Le Psaume 42-43 nous rappelle, au contraire, que la soif est la condition originelle de la vie spirituelle adulte, car même si nous trouvons une source en cours de route, nous devons immédiatement plier bagages, reprendre le chemin sans tarder, et refaire bientôt la même expérience de soif en tant que foi. Que la crise de la foi n'est pas l’aridité mais l'extinction de la soif. Tant que nous avons soif de Dieu et de la vie, nous marchons sur le seul bon chemin, et c’est encore mieux si nous sommes en compagnie des pauvres, des assoiffés et des affamés. La foi biblique consiste à crier vers Dieu au cours de l’interminable le temps de la sécheresse, car aucune expérience du divin ne peut satisfaire notre désir de paradis. Sur cette terre, il n'y a pas une eau capable d'étancher notre soif de Dieu, et si nous nous sentons spirituellement désaltérés, il est très probable que nous somme en train de boire l'eau des idoles, qui offrent aussi des distributeurs automatiques de boissons rafraîchissantes. Il est également intéressant de souligner un détail : bien que le texte hébreu parle d'un cerf ('aiàl), la tradition a toujours vu une biche dans ce psaume. Peut-être parce que seules les mères connaissent vraiment les gémissements que procurent certaines absences, et qu'elles sont les seules à avoir réellement apprivoisé la paradoxale béatitude de la soif.
Mais dans ce psaume, il y a aussi une belle métaphore sur l'évolution d'une vocation. Celle-ci débute avec une première eau, celle de la première rencontre au temps de notre jeunesse. Elle se poursuit ensuite tout au long de la vie avec l'expérience de la soif, lorsque nous errons à la recherche de cette première eau que nous ne pouvons plus retrouver, et durant cette errance notre gorge desséchée se remplit du cri de Dieu. Pour finir, peut-être, avec une eau différente, que nous découvrirons sans l’avoir cherchée. Il est très frappant que l'une des dernières paroles de Jésus rapportée par les Évangiles soit : « J'ai soif ». Nous brûlons de soif et nous vivons cela comme une imperfection, un manque, parfois un échec, en oubliant la béatitude de la soif – « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice », qui ont faim et soif de moi. Nous regrettons l'eau de notre première jeunesse, car nous ne comprenons pas que cette eau était avant tout destinée à susciter la soif, pour ensuite marcher dans ce monde comme des pèlerins assoiffés. Jusqu'à ce que, par un jour béni, nous comprenions que c'est dans cette indigence que se cache le vrai sens religieux de l’existence. C'est là que se trouvent la pauvreté et la pureté auxquelles nous aspirions à l’aube de notre vie, et que nous avions confondues avec l'eau. Et, ce jour-là, nous nous sentons comme des amis solidaires de tous les assoiffés, de tous les affamés de pain et de justice, de tous les pauvres de la terre, et nous devenons enfin pauvres. Parce que nous découvrons que la foi n'est pas une possession, mais une promesse.
Ce jour-là, nous comprenons qu'il y a une bonne réponse au « Qui es-tu ? » de ce jeune : « Je suis cet adulte que tu es devenu. J'ai beaucoup changé, c'est vrai, le soleil du désert aride a assombri ma peau, il a marqué mon visage, le chemin m'a couvert de poussière, ma douleur et celle des autres m'ont blessé, la vie m'a laissé ses stigmates : c'est pour cela que tu ne me reconnais pas. Mais regarde-moi bien, c'est moi, moi qui suis toi. N'aie pas peur, je ne t’ai pas trahi, je suis ce que je pouvais devenir de mieux. Crois-moi : j’ai toujours été à la recherche la même eau que toi. Crois-moi : la foi de ma promesse est la tienne. Viens, fais-moi confiance, donne-moi la main, marche avec moi : une vie assoiffée et merveilleuse t'attend.»
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par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 05/07/2020
« L'invocation de l'homme est l'invocation de Dieu lui-même. L'homme prie à l'image et à la ressemblance de Dieu : c’est la prière de celui qui est assurément son chef d’œuvre. Les Psaumes sont la prière de Dieu. »
Sergio Quinzio, Un commentaire sur la Bible
La soif est la condition ordinaire de la vie spirituelle adulte. L'aridité n'est pas l'absence, mais le lieu de la foi. Pourtant, nous ne le savons pas jusqu’à ce que se produise une "rencontre" extraordinaire ...
La qualité spirituelle de notre vie dépend de la façon dont nous sortons de quelques rencontres décisives. L'une d'entre elles est celle du jeune que nous étions avec l'adulte que nous sommes devenu. Une rencontre qui a presque toujours lieu au cours de l’ existence : à travers une lecture, dans un rêve, pendant que nous rangeons notre chambre ou mettons la table. Elle survient toujours à l'improviste, elle n'est jamais annoncée, ce n'est pas un rendez-vous de circonstance, mais plutôt le gué d'une rivière impétueuse. Elle nous prend par surprise et nous n’y sommes pas préparés. C'est toujours un événement décisif. Ce jeune commence par nous poser une question redoutable: « Qui es-tu ? » Nous, nous le reconnaissons immédiatement, car nous revoyons en lui notre visage d’enfant qui ne s’est jamais effacé de notre âme. En revanche nous sommes pour lui un étranger, nous avons trop changé pour que cet enfant se reconnaisse dans cet adulte. Ce « Qui es-tu ? » a quelque chose d'effrayant, de quoi nous couper le souffle. Cette question fait écho à celle qu'Élohim adresse à Adam (« Où es-tu ? »), à celle qu’il adresse à Caïn (« Où est ton frère ? »). Et nous découvrons à nouveau notre nudité, nous avons honte, nous ne parvenons pas à répondre et nous ne le voulons pas . Si nous avons sauvé quelque chose de l'innocence de notre enfance, cette question peut nous porter un coup presque mortel. Puis, en un instant, nous revoyons toute notre vie et naît en nous une poignante et infinie nostalgie de pureté, de vérité et de toutes ces premières inspirations que nous croyons perdues à jamais.
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de Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 28/06/2020
" Chaque mot est une parole / À l'origine, le livre / est seulement à son service, / au service de la parole / qui résonne, qui est chantée, récitée. "
Franz Rosenzweig, L'écriture, le Verbe et quelques essais
Le Psaume 37 nous montre que la Sagesse consiste à adopter la posture humaine qui nous permet de regarder la justice et l’injustice et d’apprendre la douceur.
« Ne t'indigne pas à la vue des méchants, n'envie pas les gens malhonnêtes. Ne t'indigne pas devant celui qui réussit, devant l'homme qui use d'intrigues. Laisse ta colère, calme ta fièvre, ne t'indigne pas … » (Psaume 37, 1-7). Nous sommes en présence d’un scénario de tentation : celle des justes, pauvres à cause de leur droiture, entourés d'impies qui obtiennent au contraire succès et richesses. Un thème classique de la littérature sapientielle biblique, au centre de la Bible, de l'histoire, de la vie. Ce sont les questions de Job, de Qoelet, les questions des pauvres et des victimes, ce sont nos questions. Il a toujours été très, voire trop difficile de persévérer dans une vie que nous pensons être droite lorsque nos ennuis vont grandissant et que la prospérité de ceux que nous croyons injustes est florissante. Il nous arrive parfois de nous tromper en nous croyant plus justes que nous ne le sommes réellement. Il nous arrive aussi de ne pas nous tromper, c’est simplement la vie qui a "tort" ; et nous commençons à penser que c’est Dieu qui a tort.
[fulltext] =>Le psalmiste connaît bien cette crise où le juste est particulièrement tenté. Il part d’elle, il ne la rejette pas, il la prend au sérieux et, comme tout bon accompagnateur, il utilise la boue dont il dispose pour créer un nouvel Adam. Et il donne immédiatement au juste un ordre très important : reste innocent. Il ne suffit pas d'être pauvre pour être juste, nous avons aussi besoin d'innocence, car sauver l'innocence dans notre malheur est la dot que nous offrirons à l'ange de la mort. L'innocence biblique n'est pas l'absence de péchés - sinon, personne ne serait innocent. C'est quelque chose de différent et de plus important. Il s'agit de rester attaché pour le reste de notre vie à la corde de la foi à laquelle nous nous sommes liés au temps de notre jeunesse. Ne pas l’avoir lâchée dans les virages ni dans les dérapages, avoir préféré cette humble corde aux télésièges qui promettaient des montées plus faciles, plus rapides et plus spectaculaires. L'innocence, c'est notre main qui se tient fidèlement à cette corde.
« Laisse ta colère, calme ta fièvre, ne t'indigne pas : il n'en viendrait que du mal. » (37,8). Le mépris, qui est généralement une ressource éthique positive et importante parce qu'il active les processus de changement, peut également déclencher des régressions lorsque la colère et l'indignation engendrent les fureurs et les passions destructrices de l'envie et de la vengeance, ou lorsqu'elles font remonter dans le cœur la pire des idées : « J'ai toujours eu tort, cela ne valait pas la peine d'être juste. » Il est difficile de ne pas tomber dans ces pièges (toute tentation est un piège) car, plus ou moins consciemment, nous sommes tous les fidèles de quelque culte économico-rétributif, les adeptes d'une religion fondée sur le dogme selon lequel la bénédiction de Dieu se mesure à la richesse et au succès, et que par conséquent sa malédiction se traduit par la pauvreté et l'échec. C'est d’ailleurs la Bible elle-même (mais pas seulement) qui comporte des traditions et des livres où cette idée est présente et manifeste - voir Abraham ou le prologue de Job.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, le psalmiste nous invite à un mouvement, à une expression corporelle. Sa proposition s’adresse à tous, mais surtout aux pauvres qui se trouvent confrontés à cette forte tentation, et en particulier à ceux qui pourraient échapper à la pauvreté en imitant les gens malhonnêtes mais qui ne le font pas, parce qu'ils préfèrent rester pauvres et honnêtes plutôt que devenir riches et malhonnêtes.
Cela permet de trouver sa place. Le Psaume nous demande de nous "recrocqueviller en Dieu" : « Ton sort se blottit tout autour du Seigneur, laisse-le lui. » (37, 5). Le verbe hébreu galàl, comme le rappelle Guido Ceronetti, fait référence à un enroulement, un enveloppement; il rappelle le cocon du ver à soie, "le nuage de barbe à papa autour du bâton", l'image du foetus dans le ventre maternel. Le psalmiste nous conseille donc de nous lover dans le ventre de Dieu, et à partir de cette position, la seule qui soit bonne, lire la vie.
Le Psaume 37 n'est pas une prière. Son auteur ne s'adresse pas à Dieu mais aux hommes. En nous conseillant immédiatement de nous blottir dans le ventre de Dieu, il nous révèle une dimension fondamentale de la tradition sapientielle. Le sage n'est pas un prophète qui parle aux hommes au nom de Dieu ("ainsi parle le Seigneur") ; il n'est pas le prêtre, le gardien de la Loi, le ministre du temple et du sacré. L'homme sage ne tire son autorité ni d'un message privé venant de Dieu, ni de la Loi-Torah. La source de l’autorité de ses paroles, c’est la vie, l'histoire, l'expérience humaine – « J'étais un enfant et maintenant je suis vieux » (37, 25) - que le sage explore et pénètre pour découvrir des vérités qui sont si précieuses pour la Bible que certains livres sapientiaux comptent parmi les plus prisés. C'est là que réside la splendeur toute profane de la Bible. La sagesse n'est pas la prophétie, ni la prière, ni même la théologie : c'est la posture humaine qui permet de comprendre toute la "Loi et les prophètes", de commencer à prier vraiment, de distinguer les vrais des faux prophètes. Sage est la créature qui se place au bon endroit, le découvre comme le "siège de la sagesse" et prononce son fiat.
Et ainsi, après nous avoir placés dans la soie de ce cocon, le psalmiste commence son discours sapientiel. Et il le fait avec une critique radicale de la religion rétributive et de la théologie de la prospérité, de l'idée d'un Dieu qui utilise le langage de la richesse et du succès pour nous parler de notre justice ou de notre iniquité et de celles des autres. Le Psaume nous montre des hommes puissants, prospères et riches qui le sont en raison de leur impiété: « L'impie a tiré son épée, il a tendu son arc pour abattre le pauvre et le faible, pour tuer l'homme droit. » (37, 14). Dans ce psaume, il y a une vision prédatrice de la richesse et du pouvoir. Toutes les richesses ne naissent pas d'abus, nous le savons et la Bible aussi ; mais nous savons, et plus encore la Bible, qu'une grande partie des richesses naissent d'une forme d'abus - même si aujourd'hui de nombreuses injustices sont masquées par des lois légitimement adoptées par les parlements (le principe nécessaire de légalité n'a jamais été suffisant pour une quelconque justice). Le simple fait que certaines richesses soient certainement le fruit du péché suffit pour que nous ne puissions pas lire notre propre richesse et celle des autres comme bénédiction de Dieu et la pauvreté comme sa malédiction : « Pour le juste, avoir peu de biens vaut mieux que la fortune des impies. » (37, 16). En demeurant blotti en Dieu, on peut le comprendre.
Le discours sur le prêt et le don est très beau et important - il est toujours émouvant de voir apparaître l’économie dans la prière biblique : elle ne devrait pas s’y trouver, mais elle s’y trouve : « L'impie emprunte et ne rend pas ; le juste a pitié : il donne. » (37, 21). La méchanceté et la justice sont déclinées à l’aide du registre financier. Contrairement à de nombreux passages bibliques qui insistent sur l'interdiction de prêter (avec intérêt), nous trouvons ici une condamnation de l'autre aspect du contrat. C'est l'emprunteur qui est condamné, et non le prêteur. Pour nous rappeler qu'il n'y a pas que la faute de ceux qui prêtent à des taux usuraires, il y a aussi celle de ceux qui empruntent avec l'intention de ne pas rembourser. Car pendant que les pauvres insolvables deviennent les esclaves de leurs créanciers, les riches avaient et ont mille façons de sortir indemnes de l'insolvabilité, et en font souvent une occasion de profit.
Le juste, au contraire, est celui qui utilise ses biens avec générosité, qui les transforme en don. La seule richesse bonne et juste est-elle alors la richesse partagée et donnée ? Mais la thèse la plus subversive est celle que l'on obtient en rapprochant le verset 21 du verset 26, qui, en parlant du juste, ajoute : « Chaque jour il a pitié, il prête ; ses descendants seront bénis. » Il prête : le prêt peut-il être une activité juste, une manière de compatir égale à celle du don ? Oui : nous sommes justes quand nous partageons la richesse en faisant des dons et quand nous la partageons en prêtant nos biens à d'autres. Il est donc erroné d'opposer par principe philanthropie et finance, don et contrat. Il y a des prêts justes qui libèrent plus que des dons, et il y a des dons plus toxiques que des contrats. Hier tout comme aujourd'hui, coexiste sur les marchés une finance qui fait vivre les pauvres à côté d’une autre qui les dévore.
Il manque encore à cette mosaïque un élément, le plus central et le plus lumineux : « Les doux posséderont la terre et jouiront d'une abondante paix. » (37,11). La terre comme héritage. C'est merveilleux. Cet vieux sage ne promet pas le succès aux justes, mais bien davantage : les justes qui sauvent leur innocence hériteront de la terre. Toute la Bible est gardienne de cette promesse, elle est shomer (sentinelle) de cette parole sur laquelle repose l'appel d'Abraham, son Alliance avec YHWH, la grande libération et l'exode, la grotte de Bethléem. Une promesse qui ne s’est pas achevée avec l'entrée en Canaan, car si la terre promise devient notre propriété et notre possession, la terre demeure et la promesse disparaît. La promesse de l'héritage de la terre - qui dans le Psaume revient cinq fois - est alors la promesse d'un futur. Ce n'est pas une récompense hic et nunc; cette promesse différente n'appartient pas au "déjà", et même lorsque nous en goûtons quelques bribes, celles-ci relèvent du "pas encore", qui est le lieu de l'accomplissement inachevé de la promesse. Le juste qui ne cède pas au conseil des méchants « aura un avenir » (Pr 23, 18). La promesse de l'avenir n'est pas une garantie de succès ni de richesse, mais le regard de quelqu'un qui, comme la sœur aînée de Moïse, veille sur nous tandis que notre berceau flotte sur les eaux du grand fleuve, car « Le Seigneur connaît les jours de l'homme intègre qui recevra un héritage impérissable. » (37, 18). Alors le juste est celui qui est dépositaire de la promesse d'une terre dont il sait qu’il ne la possèdera jamais, il est la sentinelle de l'utopie, qui considère chaque terre comme provisoire et la vie comme un pèlerinage.
Le Psaume 37 est à l’arrière plan de la troisième béatitude, de toutes les béatitudes : « Heureux les doux, ils hériteront de la terre » (Mt 5,5). Ce Psaume nous livre aussi une explication de la douceur biblique et chrétienne. Les doux sont les justes du Psaume. Ce sont ceux et celles qui ne suivent pas le chemin des impies, qui ne les envient pas, qui restent solidement attachés à leur corde pendant l'ascension de la vie ; pour se rendre compte, finalement, que pendant le voyage ils étaient toujours restés blottis et protégés au sein des entrailles de la bonté et de la miséricorde. La terre est l'héritage des doux, car eux seuls sont capables de garder la promesse d'une terre sans la posséder. Nous aurons encore une terre et un avenir si nous cultivons la justice et la douceur, si nous apprenons à habiter la planète sans en être les maîtres et donc les prédateurs. L'avenir appartiendra aux doux, ou bien ne sera pas : « Considère l'homme intègre : un avenir est promis aux pacifiques . » (37, 37).
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Savoir rester blottis en Dieu
de Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 28/06/2020
" Chaque mot est une parole / À l'origine, le livre / est seulement à son service, / au service de la parole / qui résonne, qui est chantée, récitée. "
Franz Rosenzweig, L'écriture, le Verbe et quelques essais
Le Psaume 37 nous montre que la Sagesse consiste à adopter la posture humaine qui nous permet de regarder la justice et l’injustice et d’apprendre la douceur.
« Ne t'indigne pas à la vue des méchants, n'envie pas les gens malhonnêtes. Ne t'indigne pas devant celui qui réussit, devant l'homme qui use d'intrigues. Laisse ta colère, calme ta fièvre, ne t'indigne pas … » (Psaume 37, 1-7). Nous sommes en présence d’un scénario de tentation : celle des justes, pauvres à cause de leur droiture, entourés d'impies qui obtiennent au contraire succès et richesses. Un thème classique de la littérature sapientielle biblique, au centre de la Bible, de l'histoire, de la vie. Ce sont les questions de Job, de Qoelet, les questions des pauvres et des victimes, ce sont nos questions. Il a toujours été très, voire trop difficile de persévérer dans une vie que nous pensons être droite lorsque nos ennuis vont grandissant et que la prospérité de ceux que nous croyons injustes est florissante. Il nous arrive parfois de nous tromper en nous croyant plus justes que nous ne le sommes réellement. Il nous arrive aussi de ne pas nous tromper, c’est simplement la vie qui a "tort" ; et nous commençons à penser que c’est Dieu qui a tort.
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par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 20/06/2020
« La Bible n'est pas un livre sur Dieu : c'est un livre sur l'homme. Dans la perspective biblique, qui est l'homme ? C'est un être en gestation mais qui est dépositaire des rêves et des desseins de Dieu. Le rêve de Dieu n'est pas d'être seul, mais d’être en compagnie du genre humain, au cœur d’une création toujours en acte. »
Abraham Heschel, Qui est l’homme ?
En orientant notre regard vers le travail des bergers et l’hospitalité antique, nous pouvons apprendre à mieux connaître Dieu. Le Psaume 23 nous plonge au cœur de l'humanisme biblique.
« Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre ; il me conduit par le juste chemin pour l'honneur de son nom. » (Psaume 23, 1-4). Nous sommes en présence de la plus belle prière métaphorique de la Bible. Toute la Bible est une métaphore, chaque prière aussi. Les métaphores n’ont pas seulement une fonction rhétorique et narrative, elles sont aussi un moyen de découverte, afin que nous puissions comprendre et dire des choses que nous ne pourrions pas comprendre ni dire sans la révélation de ces métaphores – celles-ci sont aussi une révélation : Dieu se manifeste aussi à nous en suggérant aux poètes des métaphores, que le peuple examine ensuite avec le sixième sens de sa foi et de sa tradition. Des millions de personnes, à travers les millénaires, ont prié et chanté ce psaume, qui compte parmi les plus prisés de toute la Bible, et qui continue à être chanté, animé et accompagné par la cithare, dans tous les monastères et couvents du monde. C'était et c'est encore la prière d’adieu à nos proches, à ceux qui sont sur le point de traverser la "vallée de l’ombre" et qui veulent vivre ce passage avec la même foi, la même espérance et le même amour que le psalmiste.
[fulltext] =>Le peuple d'Israël a appris à connaître Dieu en regardant le dur labeur de l’humble berger. En observant cet antique pionnier de l’économie des sociétés nomades, il a mieux compris la signification de l'Alliance, il a appris quelque chose de plus sur la nature de ce Dieu différent, qu’on ne peut ni représenter ni nommer. Il ne se tournait pas vers les rois, les pharaons, ni vers les personnages influents du peuple ; au contraire, il connaissait Dieu à travers le travail des hommes, en observant dans les moindres détails l’action de ce travailleur analphabète, couvert de poussière et traînant après lui l'odeur de ses brebis. À partir de ce nomade peu loquace, la Bible a trouvé des mots pour nous parler de Dieu, nous laissant certaines des images les plus riches et les plus appréciées de toute la littérature religieuse. Une manière de nous rappeler que nous apprenons à connaître Dieu en regardant les hommes et les femmes, car avec le "ciel étoilé et la loi morale", c'est la vie concrète des êtres humains qui nous révèle le langage de Dieu, que c’est dans l'anthropologie se cache la théologie biblique. Aussi, chaque fois que nous ne trouvons pas de mots pour prier, nous pouvons tourner le regard vers les travailleurs. C’est une façon de ré-apprendre à prier : bergers, ouvriers, artisans, enseignants, entrepreneurs - qui sait comment ce poète de l’antiquité biblique écrirait son psaume dans une société post-industrielle ?
Un jour, un poète a compris qu'il y avait une analogie entre le travail du berger et son Dieu. La métaphore du berger est donc devenue cette image de Dieu avait délibérément laissé dans l’ombre. Le peuple a compris qu'ils devait regarder les bergers pour comprendre la logique de son Dieu, et que par conséquent celui-ci les guiderait toujours "sur le droit chemin", et qu'il le ferait "à cause de son nom", en vertu de sa nature, car si les bergers le font, Dieu doit le faire aussi. Le Psaume 23 est avant tout une profession de foi, un chant d'amour adressé à ce Dieu que le psalmiste a perçu comme un Père aimant attentif à nos besoins, même dans la nuit la plus obscure : « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure. » (23, 4). Marcher de nuit dans une vallée n'était pas une éventuelle supposition, c'était la situation concrère à partir de laquelle la prière pouvait s’élever. Les psaumes sont aussi un remède contre nos peurs les plus profondes, contre la peur de la mort. Entr autres, nous les récitons toute notre vie pour faire provision de mots différents et meilleurs au moment où les grandes angoisses frapperont à notre porte : notre prière ira leur ouvrir et peut-être ne trouvera-t-elle personne… ou bien un ami qui nous accueillera avec un baiser de paix. C’est une grande grâce que de reprendre ce Psaume pendant que nous sommes entre les mains expertes de l'anesthésiste : si je devais marcher dans la vallée obscure... c’est possible parce qu’on l’a récité durant toute la vie. La prière est aussi une sorte d'assurance : chaque année nous investissons une somme pour obtenir une prime au jour de l'"accident". Ainsi nous prions toute notre vie en vue de notre ultime Amen.
Nous ne savons pas si ce psaume a été écrit à Babylone, mais il est certain que l'image du berger appliquée à YHWH se renforce et se développe au cours de l'exil : humilié, privé de son temple, ce peuple a pourtant pu voir l'oasis verdoyante le long des fleuves de Babylone, a pu voir dans ce désert un pré reposant, a pu deviner un salut dans ce malheur, voir un berger dans ce Dieu vaincu. La transformation des camps de Babylone en vertes prairies aux eaux fraîches a été possible grâce au talent de l’auteur sacré, mais cette alchimie a également été possible parce que parmi ces exilés se trouvaient les prophètes. La prophétie est le principe actif qui transforme les déserts en oasis, les prisons en libérations, la matraque du persécuteur en la houlette du bon berger. Deux prophètes en exil à Babylone, le second Isaïe et Ézéchiel, nous ont offert les images prophétiques les plus lumineuses du bon pasteur : elles vont imprégner les Évangiles, les traverser et les féconder : « Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elles… Là, mes brebis se reposeront dans de belles prairies… La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître selon le droit. » (Ez 34, 11-16). C'est du prophète anonyme exilé, connu sous le nom de Second Isaïe (Deutéro-Isaïe), que nous vient l'icône la plus évocatrice du "bon berger", qui a tant influencé l'art et la piété populaires : « Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, il mène les brebis qui allaitent. » (Is 40,11). Sans les prophètes exilés, le peuple aurait cessé de chanter : « Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, + nous souvenant de Sion ; aux saules des alentours nous avions pendu nos harpes. » (Psaume 137, 1-2). La cithare n'a pas été suspendue pour toujours, les âmes des poètes n'ont pas cessé de chanter, car, grâce à ces grands prophètes, le peuple exilé a fait à nouveau l'expérience de Dieu comme pasteur ; il a senti que cette nuit était une traversée de salut, que c'était un autre gué dont il sortirait blessé et béni. Aucune nuit ne tue l'âme si un prophète nous en révèle le sens (la direction). Dans nos nuits, la voix des prophètes peut nous rejoindre à travers un ami, les vers d'un poète, la parole bienveillante d'une mère - les vents soufflent tous librement sur la terre et dans notre âme.
Dans la deuxième partie du Psaume une autre image nous surprend : « Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ; tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante. » (23, 5). Des générations de chercheurs se sont interrogées sur le lien entre la première partie du Psaume (1-4), construite sur l'image du berger, et la seconde qui décrit une scène d'hospitalité nomade, à tel point que certains ont émis l'hypothèse de deux psaumes initialement distincts puis réunis en un seul. Une lecture unitaire est possible. Un nomade pèlerin, assoiffé et fatigué, peut-être pourchassé par un ennemi, se présente près d'un campement en terre étrangère. Et voici qu'il fait l'étonnante expérience de l'hospitalité : il n'est pas rejeté par ces inconnus qui lui réservent tous les honneurs : on dresse une table pour lui, on lui sert à boire, on répand des huiles sur sa tête et son corps, des parfums embaument la tente. Voyant qu’il a trouvé protection, ses ennemis n'osent pas entrer. À la fin de la fête, le maître de maison lui offre une escorte pour l'accompagner en toute sécurité jusqu'au bout de son chemin. Des scènes assez fréquentes à l’époque, plus rares aujourd'hui.
Dans l’antiquité, l'hospitalité était si essentielle qu'on la considérait comme un service sacré dans de nombreuses cultures. YHWH a libéré son peuple de l'esclavage égyptien, mais il est aussi le Dieu qui accueille : de même que ce peuple nomade, et souvent contraint à l’exil, a compris quelque chose d'important sur Dieu en regardant le comportement du bon berger, ce même psalmiste, ou peut-être un autre, a saisi une autre qualité de ce même YHWH en faisant l'expérience de l'hospitalité ou en l'observant chez les autres. Il découvert que Dieu était comparable à un berger mais aussi à un maître de maison très accueillant. Nous connaissons et reconnaissons Dieu lorsque nous voyons comment le berger traite ses moutons, et nous le découvrons aussi lorsque nous voyons des hommes accueillir et honorer d'autres hommes et femmes. Les deux métaphores se rencontrent, s'enrichissent et se complètent. Et elles enrichissent aussi Dieu, car chaque fois que, du haut des cieux, il voit un berger prendre soin de son troupeau, un hôte honorer ses semblables, il apprend quelque chose de nouveau. Dieu, omnipotent et omniscient, sait ce qu'est la douceur et ce qu'est l'hospitalité, mais pour connaître la douceur, il a besoin de la main du berger qui caresse le dos de l'agneau, et pour connaître l'hospitalité, il a besoin de la joie infinie qu'éprouve un voyageur en buvant la coupe qu’on lui offre sous une tente. Pour cela il a fallu qu'Adam sorte de l'Éden et se fasse berger et hôte accueillant . L'histoire est vraie pour nous, mais elle l’est aussi pour Dieu.
Ce psalmiste d’un autre temps avait alors compris que l'action du berger et celle de l'hôte accueillant étaient très semblables, que leurs comportements respectifs manifestaient quelque chose d'important concernant Dieu. YHWH est tout à la fois un bon berger et un bon maître de maison, et donc pour comprendre ce que signifie prendre soin, pour nous et pour Dieu, il ne suffit pas de prendre en compte la relation entre un homme et ses animaux (pas plus hier qu’aujourd’hui), mais aussi l'art de l'hospitalité, la façon dont les êtres humains s’accueillent. Quand inventerons-nous, pour le temps présent, de nouvelles métaphores humaines qui nous feront découvrir de bonnes nouvelles sur Dieu ? Et peut-être en sommes-nous déjà là : les nouveaux psalmistes, avec des langages différents comprennent peut-être déjà mieux et davantage Dieu en observant le travail des médecins et des infirmières, en les voyant venir de pays lointains, accueillis sous de nouvelles tentes, pour soigner nos malades, Peut-être que d'autres comprendront quelque chose de nouveau sur les hommes et Dieu en faisant l'expérience de l'hospitalité. Nous ne le savons pas, nous ne cherchons pas à le savoir, nous ne comprenons ces paroles écrites dans de nouvelles langues ; mais si nous pouvions les capter, nous entendrions aujourd'hui aussi, retentir chaque jour et sur toute la terre, les paroles du Psaume : « Grâce et bonheur m'accompagnent tous les jours de ma vie ; j'habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours. » (23, 6).
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Publié sur Avvenire le 20/06/2020
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Abraham Heschel, Qui est l’homme ?
En orientant notre regard vers le travail des bergers et l’hospitalité antique, nous pouvons apprendre à mieux connaître Dieu. Le Psaume 23 nous plonge au cœur de l'humanisme biblique.
« Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre ; il me conduit par le juste chemin pour l'honneur de son nom. » (Psaume 23, 1-4). Nous sommes en présence de la plus belle prière métaphorique de la Bible. Toute la Bible est une métaphore, chaque prière aussi. Les métaphores n’ont pas seulement une fonction rhétorique et narrative, elles sont aussi un moyen de découverte, afin que nous puissions comprendre et dire des choses que nous ne pourrions pas comprendre ni dire sans la révélation de ces métaphores – celles-ci sont aussi une révélation : Dieu se manifeste aussi à nous en suggérant aux poètes des métaphores, que le peuple examine ensuite avec le sixième sens de sa foi et de sa tradition. Des millions de personnes, à travers les millénaires, ont prié et chanté ce psaume, qui compte parmi les plus prisés de toute la Bible, et qui continue à être chanté, animé et accompagné par la cithare, dans tous les monastères et couvents du monde. C'était et c'est encore la prière d’adieu à nos proches, à ceux qui sont sur le point de traverser la "vallée de l’ombre" et qui veulent vivre ce passage avec la même foi, la même espérance et le même amour que le psalmiste.
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par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 14/06/2020
« Criez, criez, criez ! Oh, vous êtes des hommes de pierre ! Si j'avais vos yeux et vos langues, je les emploierais si bien que la voûte du ciel craquerait.. »
William Shakespeare, Le Roi Lear
Le Psaume 22, l'un des sommets de la poésie et de la spiritualité bibliques, est également la matrice qui a servi à l’écriture de la Passion du Christ. Et cela nous aide à comprendre quelque peu le mystère de ceux qui sont crucifiés.
Un homme est persécuté, torturé, humilié, méprisé par ses semblables. Il est tout près de la mort. Cet homme est innocent beaucoup d'autres, hier et aujourd'hui. Il sait qu'il ne mérite pas cette douleur atroce, ni cette violence, ni cette humiliation - et qui les mériterait ? Mais cet homme, n’est pas seulement un juste qui souffre et qui est méprisé, c’est aussi un homme de foi. Et là, au cœur de cette nuit obscure, peut-être dans une prison, sur un tas d'ordures ou à l'intérieur d'une citerne, naît une prière, s’élève de son âme un ultime chant désespéré. Il commence par des mots qui comptent parmi les plus précieux, les plus profonds et les plus prodigieux de la Bible, parmi les plus profonds et les plus prodigieux de la vie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » (Psaume 22, 1). Un sommet poétique, spirituel et anthropologique du Psautier, peut-être le plus haut.
[fulltext] =>C’est encore un cri qui ouvre une prière, comme en Égypte, où la première prière collective du peuple asservi fut un autre cri (Exode 2,23). Beaucoup de grandes prières prennent la forme d'un cri lancé vers le ciel pour essayer de réveiller Dieu. Dans la Bible, crier est possible, licite, recommandé, c'est une langue que Dieu semble comprendre. En criant, nous pouvons réveiller Dieu, lui rappeler son "action " en faveur de la libération des esclaves et des pauvres. Tant que nous sommes capables de crier notre abandon, nous n'avons pas perdu la foi, nous ne faisons que l'exercer, tout simplement nous l’accomplissons.
Cet homme torturé, ce "serviteur souffrant" crie et vit son malheur dans la foi, et donc dans cet abandon, il ressent aussi l'abandon de Dieu. Et ce cri devient la cordon (fides en latin) qui lui permet de ne pas perdre le contact avec Dieu, le fil conducteur de la vie qui n'est pas rompu précisément parce que nous osons crier. Cet homme n'accuse pas Dieu de l'avoir mis dans ces conditions ; contrairement à Job, il ne considère pas Dieu comme son bourreau. Sa douleur résulte plutôt de la non-intervention de Dieu, qui devrait agir en tant que libérateur de son fidèle innocent, mais qui ne le fait toujours pas : « Mon salut, pourquoi es-tu loin ? Je ne parle plus, je crie. » (22, 2).
Pour le réveiller, cet homme utilise la meilleure stratégie de la Bible : il rappelle à Dieu qui il est, il l'aide à se souvenir de sa promesse : « Toi, pourtant, tu es saint, toi qui habites les hymnes d'Israël !;C'est en toi que nos pères espéraient, ils espéraient et tu les délivrais. Quand ils criaient vers toi, ils échappaient ; en toi ils espéraient et n'étaient pas déçus. » (22, 4-6). Dans toute relation que l'on veut sauver, la première prière n'est pas : "Souviens-toi de moi", mais "Souviens-toi de qui tu es", et donc "Souviens-toi de nous".
Dans la Bible, la mémoire est la ressource ultime, la plus efficace. Nous revenons aux événements d'hier pour recréer notre foi d'aujourd'hui et de demain. Et celui qui est Dieu devient immédiatement ce qu'il a fait, et non pas des actions génériques et anonymes mais les actions spécifiques et concrètes au sein de l'existence réelle de ceux qui prient, qui crient, de ceux qui essaient de le réveiller. Dans l'humanisme biblique, l'histoire est la première preuve que son Dieu est vivant : l'histoire du peuple, mais aussi l'histoire de chaque personne. Chaque croyant a sa propre Égypte, sa propre mer Rouge et son propre Sinaï à raconter et à porter comme une démonstration de la consistance de sa foi. Chaque prière est donc une rencontre de trois "souviens-toi" : nous prions Dieu de se souvenir de Lui-même, de se souvenir de nous et de nous souvenir de Lui : « C'est toi qui m'as tiré du ventre de ma mère… A toi je fus confié dès ma naissance; dès le ventre de ma mère, tu es mon Dieu. » (22, 10-11).
C'est vraiment toi : je ne m'habitue jamais à l'intimité et à la confiance avec lesquelles les hommes se tournent vers leur Dieu dans les psaumes. Dans ce monde ancien, violent, souvent primitif, Dieu était leur interlocuteur le plus délicat et le plus secret, il était l'ami, l'amant, le bien-aimé, l'amour. En répétant les psaumes de génération en génération, jour après jour, heure après heure, nous avons appris à prier et nous avons appris à mieux connaître Dieu et à mieux connaître l'homme et la femme ; mais nous avons aussi appris la tendresse et la confiance entre nous, le dialogue joue contre joue, car ce "Seigneur des armées" savait se faire plus tendre qu'un enfant, qu’une épouse, qu’une mère.
«Mais je suis un ver et non un homme, rejeté par les hommes, méprisé par le peuple. Ceux qui me voient se moquent de moi, ils se tordent les lèvres, ils secouent la tête: «Tourne-toi vers le Seigneur, qu’Il te libère, qu’il te sauve s’il t’aime vraiment ! » « (...) Tous mes membres se disloquent. Mon coeur est comme la cire, il fond au milieu de mes entrailles.Ma vigueur a séché comme l'argile, ma langue colle à mon palais... Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m'entoure. Ils me percent les mains et les pieds ; je peux compter tous mes os. Ces gens me voient, ils me regardent.Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement. Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide ! » (22,12-20). Il n'y a pas besoin d'autres mots. Tout commentaire serait . Mais nous ne pouvons pas faire taire une résurrection, toutes les résurrections doivent être annoncées : « Tu m'as répondu ! » (22, 22).
L'abandonné a réveillé Dieu. Une fois de plus, le cri d'un innocent a percé le ciel : « Vous qui le craignez, louez le Seigneur, glorifiez-le, vous tous, descendants de Jacob, vous tous, redoutez-le, descendants d'Israël. Car il n'a pas rejeté, il n'a pas réprouvé le malheureux dans sa misère… Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ; ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent : La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur, chaque famille de nations se prosternera devant lui » (22, 24-28).
La louange devient une prière universelle, cosmique, infinie dans l'espace et le temps. L'un des fruits les plus sublimes et les plus merveilleux des grands malheurs, une fois surmontés, c’est une âme à la dimension de l'univers. On devient mères et pères de l'humanité, une nouvelle fraternité naît avec tous, bons et mauvais, on se sent tout petit et pourtant souverain dans ce monde.
Un autre innocent, un autre jour, a été arrêté, torturé, condamné, ses pieds et ses mains ont été percés, pendus au bois. Ceux qui ont recueilli et raconté la passion de cet homme n'ont pas trouvé dans toute l'Écriture un texte plus approprié que le psaume 22 pour en faire le pentagramme sur lequel écrire la symphonie du Golgotha. Au point culminant de la vie et de la passion du Christ, nous trouvons un autre cri, qui revêt les paroles du Psaume 22 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?» (Mc 15, 34 ; Mt 27, 46).
Ce fut un choix extraordinaire, génial, un véritable cadeau. Les évangélistes savaient que cette passion n'était pas la même que celle qu'avait vécue, des siècles auparavant, ce psalmiste anonyme. Pourtant, ils n'ont pas eu peur de rapporter ce poème scandaleux - un Homme-Dieu qui crie à l'abandon de Dieu. Ils l'ont fait parce qu'ils voulaient nous dire quelque chose d'important.
Si ces disciples et témoins, afin de nous donner une idée de leur compréhension de la passion et de la mort de Jésus, ont choisi le Psaume 22, alors l'idée de Dieu à l'œuvre dans cette crucifixion doit être très semblable au Dieu de cet antique Psaume. Ils voulaient nous dire que pour comprendre cet abandon et cette croix, nous devons prendre le psaume 22 très au sérieux.
L'homme du Psaume a vraiment ressenti l'abandon de la part de Dieu. Il ne faisait pas semblant, son abandon était réel. De même pour Jésus. L'homme du Psaume demeure un homme fidèle à Dieu au cours de sa passion, il n'a pas perdu la foi. Il en va de même pour Jésus. Cet homme n'a pas protesté auprès du Père en l'accusant de sa souffrance, mais l'a prié d'intervenir dans cette souffrance. Et Dieu a répondu : il a fait son travail de libérateur et de sauveur, et l'a ressuscité de sa "mort".
Choisir le Psaume 22 signifie donc prendre ses distances par rapport à de nombreuses lectures théologiques de la mort du Christ, anciennes et modernes. Tout d'abord, ce psaume nous dit que la croix du Christ n'a pas été voulue par Dieu comme un "prix" pour nous sauver. Le psalmiste sait que ce n'est pas Dieu qui l'a conduit au gibet, mais il le supplie de le libérer. Dieu est du côté de la libération et non pas de la condamnation. De plus, la croix de Jésus n'a pas été vécue ni comprise par les premiers chrétiens comme un sacrifice du Fils agréable au Père, car dans ce psaume, le psalmiste ne dit pas que Dieu accueille sa souffrance, c’est tout le contraire. Enfin, cette passion et cette croix n'ont pas été vécues comme un sacrifice volontaire de la part du Fils : le Psaume nous dit exactement le contraire, l'homme qui souffre demande à Dieu de le libérer de cette douleur injuste, et il obtient cette libération. Le Dieu de la Bible ne veut pas la souffrance de ses enfants.
Le Psaume 22 est aussi le Psaume de la résurrection. Il nous dit que la résurrection est la réponse du Père à la prière du Fils. Tout comme il nous dit que si la résurrection du Christ a été un événement spécial et unique, il est également vrai que ce qui s'est passé entre le chemin de croix et le tombeau vide avait quelque chose de semblable à ce que cet ancien psalmiste avait vécu, à ce que beaucoup d'hommes et de femmes blessés, humiliés, crucifiés et ressuscités avaient déjà vécu, de semblable aux miracles qui nous arrivent lorsque nous nous trouvons sur une montagne, que nous nous sentons comme des vers, que nous ne perdons pas la foi (du moins celle en notre innocence) et que nous nous retrouvons ressuscités. Que tout ce qui a été vécu par le Christ était très semblable, peut-être identique, à ce qui a été vécu par les nombreux crucifiés de l'histoire : aucun d’eux ne reste donc en dehors de l’espace béni du Psaume, du Golgotha, du tombeau vide. Et lorsque la douleur ne passe pas et que la résurrection ne vient pas, il nous est permis de crier en empruntant les paroles du Psaume 22 : récitons-le une fois, deux fois, cent fois. Si l'ange de la mort nous trouve avec ces mots sur ses lèvres ou dans le cœur, une résurrection commencera dans ses bras : dans les thérapies intensives du printemps pandémique de 2020, on a vu de nombreuses Bibles, dont certaines ouvertes précisément à la page du Livre des Psaumes.
Si le cri du Christ sur la croix est le début du Psaume 22, alors on peut penser que ce Psaume était la prière de Jésus sur la croix. Suivons-le dans son chant secret : « Mon salut, pourquoi es-tu loin ? Je ne parle plus, je mugis... Mais je suis un ver et non un homme, rejeté par les hommes, méprisé par les gens. Ceux qui me voient se moquent de moi. Ils m'ont percé les mains et les pieds. Je peux compter tous mes os... Mais toi, ô Dieu, ne reste pas à l'écart, Toi qui es ma force, viens vite à mon secours... C'est toi qui m'as tiré du venttre de ma mère, qui m’as mis en sûreté entre ses bras. » Et enfin, le dernier murmure : « Tu es mon Dieu. »
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Publié sur Avvenire le 14/06/2020
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William Shakespeare, Le Roi Lear
Le Psaume 22, l'un des sommets de la poésie et de la spiritualité bibliques, est également la matrice qui a servi à l’écriture de la Passion du Christ. Et cela nous aide à comprendre quelque peu le mystère de ceux qui sont crucifiés.
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par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 06/06/2020
« Qui sait si le désert que nous quitterons un jour ne laissera pas entendre cette voix, ce gémissement humain du vent, répété à l'infini : mah-'enòsh ? Qu'est-ce qu'un homme ? Que fut l'homme ? Qu'en a-t-il été d’être homme ? »
Guido Ceronetti, Le Livre des Psaumes...
Le Psaume 19 part du firmament, chante la gloire du Créateur et s’achève sur les fautes inconscientes, une façon de nous rappeler que la guérison d’une relation vaut autant qu'une galaxie.
« Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l'ouvrage de ses mains. Le jour au jour en livre le récit et la nuit à la nuit en donne connaissance. Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s'entende; mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle, aux limites du monde. » (Psaume 19, 2-5). Les cieux racontent. La Bible est entièrement parole, narration ; c’est la gardienne de la parole de Dieu déclinée en paroles humaines, la sentinelle jalouse d'histoires extraordinaires et différentes, où les mots ont pu dire l'indicible, pour nous faire rêver de Dieu, presque au point de le voir.
[fulltext] =>La Bible a tant aimé et vénéré la parole qu’elle risque d'en faire une idole, violant l'interdiction de l'image et de l'idolâtrie contenue dans ses pages. Une des habiletés théologiques et poétiques qui lui a valu de ne pas devenir la plus grande et la plus parfaite des idoles, c’est qu’elle est porteuse du langage non verbal de Dieu. Les cieux, le firmament, le soleil, la nuit parlent aussi de la gloire d'Élohim. Il n'y a pas que nous, les humains, qui parlons de Dieu, nous ne sommes pas les seuls à être les dépositaires et les transmetteurs de ses messages. La Bible nous dit qu'il existe de merveilleux récits sur Dieu écrits sans médiations humaines. Dieu nous parle par la bouche des prophètes, par la plume des auteurs sacrés, il nous a écrit des lettres d'amour, il a composé de merveilleux chants grâce à la poésie et à la cithare de David. Mais la Bible sait que le langage humain n'est pas le seul qu’utilise Élohim dans ses échanges entre lui et nous – « Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s'entende. » Des récits plus anciens que ceux des hommes ont résonné dans l'univers avant l’apparition de l’homme et leur écho se propage aujourd'hui dans l’immensité des galaxies ; pour nous dire que ces récits s’adressent aussi à nous, mais pas seulement: nous ne sommes pas la seule raison de la création. Les astres n'écrivent pas leurs histoires uniquement pour nous. Ici, l'humilité et la grandeur d'Adam se rencontrent et s'harmonisent.
Mais au moment où la Bible témoigne des récits des astres et les reconnaît comme le langage de Dieu, ce langage non verbal devient une parole humaine qui raconte la non-parole de Dieu. Et le Psaume devient une rencontre de récits : les cieux racontent à l'homme la gloire de Dieu sans utiliser ses mots, et les mots humains, en relatant ces récits non verbaux, les font jaillir en paroles. C'est merveilleux. Ainsi, lorsque nous lisons l’expression la plus folle - "le Verbe s'est fait chair" - nous devons également y inclure le langage non verbal du soleil, des étoiles, du cosmos car le Verbe dans la Bible récapitule tous les mots de la terre et tous ceux du ciel.
Les premiers contes écrits par les hommes étaient peut-être des tentatives pour donner vie aux contes de la nature écrits sans paroles. Comme l'enfant apprend à parler en répétant les mots de sa mère, nous avons appris à parler en répétant les "mots" des histoires cosmiques. De nombreux peuples anciens étaient si fascinés par ce langage des astres qu'ils attribuaient au soleil et aux étoiles une nature divine. La Bible, cependant, place Dieu au-dessus des astres les plus hauts. Ceux-ci ne sont pas Dieu, mais créés par Lui- les cieux racontent la gloire de Dieu. Ils ne sont pas porteurs d'un message qui leur est propre, mais renvoient à d'autres significations, qui sont également des paroles prononcées. C'est ici que réside la différence entre ce Psaume et les chants cosmiques que l'on trouve dans la littérature babylonienne ou égyptienne. Le soleil n'est pas Dieu, mais il est l'invité de Dieu : « Là, se trouve la demeure du soleil, tel un époux, il paraît hors de sa tente, il s'élance en conquérant joyeux. » (19, 5-6). Il est son meilleur athlète, courant chaque jour d'est en ouest, allant la nuit lui transmettre son message, lui dire, chaque matin, des mots divins : « Il paraît où commence le ciel, il s'en va jusqu'où le ciel s'achève. » (19, 7). Toute la Bible est contenue dans le Cantique du Frère Soleil.
À travers ce poème qui nous ramène à l'aube des civilisations et nous plonge dans cette vision cosmique du Verbe, nous n'avons pas encore repris haleine que le Psaume nous surprend par un deuxième rebondissement : « La loi de l'Éternel est parfaite, qui redonne vie … » (19, 8). Comment expliquer le passage de cette symphonie cosmique à la Torah, du ciel à la Loi ? Un saut si inattendu que plusieurs exégètes ont émis l'hypothèse qu’ à l'origine du Psaume 19 il y en aurait en réalité au moins deux, qu’un rédacteur aurait finalement regroupés en un seul.
En réalité, l'unité du Psaume nous est révélée par la Bible elle-même. Pour l'homme biblique, le firmament et la Torah sont tous deux des chefs-d'œuvre de YHWH. Lorsque cet ancien psalmiste a levé les yeux vers le haut, il a été enchanté par l'harmonie et la beauté du ciel ; mais il a ensuite ressenti le même enchantement lorsqu'il a regardé la terre et y a trouvé la Torah. L'ordre cosmique est garanti par des lois intrinsèques imprimées par le Créateur dans sa création, et l'ordre moral découle de l'obéissance aux lois et aux préceptes de la Torah. Le but est le même, c’est la même providence : « Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur… plus désirables que l'or, qu'une masse d'or fin, plus savoureuses que le miel qui coule des rayons. » (19, 9-11). Le psalmiste ressentait la même "joie du cœur" lorsqu'à l’aurore il voyait le soleil se lever que lorsqu'il lisait "honore ton père et ta mère" ; il était tout autant émerveillé à la vue du firmament qu’en lisant "ne tuez pas". Parce qu'il savait que l’Univers et la Torah étaient créés comme un cadeau pour lui, expressions d’une totale gratuité. Sans cette double splendeur, on ne peut pas entrer dans l'humanisme biblique, ni en saisir son plus grand bienfait: « Aussi ton serviteur en est illuminé ; à les garder, il trouve son profit. » (19, 12). « Le ciel étoilé au-dessus de moi, la loi morale en moi » : ce n'est qu'avec le Psaume 19 sous les yeux que nous pouvons saisir le sens de la dernière page de la Critique de la Raison pratique de Kant, l'une des plus bibliques de toute la philosophie.
L’auteur sacré percevait aussi un autre aspect de la réalité : « Qui peut discerner ses erreurs ? Purifie-moi de celles qui m'échappent. Préserve aussi ton serviteur de l'orgueil : qu'il n'ait sur moi aucune emprise. » (19, 13-14). Au-dessus du soleil, les étoiles obéissent, dociles et douces, aux lois que YHWH a écrites pour elles ; elles transmettent leur message, elles ne transgressent pas, elles ne pèchent pas. Tel n'est pas le cas sous le soleil, car sur terre, Adam a été créé avec une liberté morale unique qui fait de lui le grand mystère de l'Univers. Seuls l'homme et la femme peuvent décider de ne pas suivre les lois de l'amour que Dieu a conçues pour eux. Et en cela, ils sont supérieurs au soleil et aux étoiles. C'est là que réside le grand mystère de l'homme biblique : l'image de Dieu le rend libre au point de pouvoir renier les lois conçues pour son bonheur (nos plus grands malheurs sont ceux que nous choisissons en sachant qu'ils sont néfastes). Nous sommes plus libres que le soleil, et donc moins obéissants. Et c’est alors que revient le tragique et merveilleux destin, contenu dans le Psaume 8 : « Qu'est-ce que l'homme ? Et pourtant... »
Parmi les péchés humains que nous trouvons ici, nous avons mis l'accent sur ceux qui sont commis par inadvertance et sans en avoir conscience. Même si le XXe siècle a insisté sur la culpabilité inconsciente, la catégorie des fautes commises sans en avoir conscience est loin de notre sensibilité moderne, très centrée sur les intentions. La Bible n'est pas un manuel d’ éthique, bien que ses Livres s’y réfèrent beaucoup. L'humanisme biblique n’entre pas dans l'une ou l'autre des théories de l’éthique moderne (responsabilité, intentions, vertu...), mais il s'intéresse certainement plus que nous aux conséquences des actes. Car ce qui l'intéressait le plus était l'équilibre du corps social et le soin porté à l'Alliance avec Dieu. À cette époque, si quelqu'un commettait un péché et causait des dommages, c'est le déséquilibre des relations sociales que la Bible prenait surtout en considération. Le Décalogue commence par faire mémoire de la sortie d'Égypte et non pas par un principe éthique abstrait, mais par un fait. La dimension historique de la foi biblique se manifeste également dans la grande valeur qu'elle attribue aux comportements, aux actions, aux actes, aux paroles. Il suffit de penser, par exemple, au vieil Isaac qui donne sa bénédiction à Jacob, une erreur qui résulte d’une ruse ; lorsqu'il réalise son erreur, il ne peut plus invalider cette bénédiction contestable, parce que ces mots avaient créé par eux-mêmes la réalité, et cela indépendamment des conditions subjectives d'Isaac et de ses proches (Gn 27). Les péchés sont des faits qui agissent et changent le monde, avec une vie qui leur est propre, distincte des intentions qui les ont engendrés. Si je vous insulte aujourd'hui et que je vous présente mes excuses demain, celles-ci peuvent agir sur l'avenir, mais elles ne peuvent pas effacer la réalité de la souffrance morale occasionnée entre le moment de la faute commise et celui de la repentance. Dans la Bible, donc, la parole a un tel poids qu'elle produit des effets par elle-même, y compris lorsque nous n'en sommes pas conscients, au cours de ces "heures" qui passent et où nous ne présentons pas d'excuses parce que nous ne sommes pas conscients des dommages que nous causons - les dommages inconscients peuvent être plus importants précisément parce qu'il n'y a jamais de repentir ni d'excuses.
Demander à Dieu (et à la communauté) de nous absoudre de nos péchés inconscients est né de la prise de conscience que les dommages que nous causons sont plus importants que nos mauvaises intentions. L'homme biblique le savait, et il rétablissait l'équilibre. Nous avons perdu cette conscience, nous ne demandons pardon à personne, nous nous réfugions derrière la bonne foi et nous accroissons les déséquilibres.
Le Psaume 15 avait fait l’éloge de la sincérité. Le Psaume 19 nous dit que parfois elle ne suffit pas. Parce que dans la vie, il y a aussi le poids des conséquences de mauvaises actions commises en toute bonne foi. La Bible est un précieux exercice de remise en cause personnelle et permanente, le remède le plus efficace contre toute idéologie. Y compris les nombreuses petites idéologies de notre siècle nées sur la mort des grandes idéologies du siècle dernier.
Le Psaume 19 nous a ravis au septième ciel, pour nous ramener ensuite sur terre, en présence de nos maladresses et de nos fautes inconscientes, pour nous dire quelque chose d'important que nous ne devrions plus oublier : une réconciliation a autant de valeur qu'une galaxie.
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par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 06/06/2020
« Qui sait si le désert que nous quitterons un jour ne laissera pas entendre cette voix, ce gémissement humain du vent, répété à l'infini : mah-'enòsh ? Qu'est-ce qu'un homme ? Que fut l'homme ? Qu'en a-t-il été d’être homme ? »
Guido Ceronetti, Le Livre des Psaumes...
Le Psaume 19 part du firmament, chante la gloire du Créateur et s’achève sur les fautes inconscientes, une façon de nous rappeler que la guérison d’une relation vaut autant qu'une galaxie.
« Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l'ouvrage de ses mains. Le jour au jour en livre le récit et la nuit à la nuit en donne connaissance. Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s'entende; mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle, aux limites du monde. » (Psaume 19, 2-5). Les cieux racontent. La Bible est entièrement parole, narration ; c’est la gardienne de la parole de Dieu déclinée en paroles humaines, la sentinelle jalouse d'histoires extraordinaires et différentes, où les mots ont pu dire l'indicible, pour nous faire rêver de Dieu, presque au point de le voir.
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de Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 31/05/2020
« Tyr a perdu sa main droite au cours d’ un serment mensonger prêté à un loup pour le persuader de rester attaché. La mutilation de Scœvola à Rome peut être mise en relation avec celle de Tyr. »
D. Briquel, du bon usage du comparatisme indo-européen en matière de religion romaine.
La sincérité est un trait typique du répertoire humain, qui grandit avec la douleur qu’engendrent les mensonges et les faux serments. Aujourd'hui plus que jamais, nous avons besoin de la vraie force d'une nouvelle sincérité.
L'homme est le seul être capable de mentir. Ni les animaux ni Dieu ne peuvent mentir, sauf les petits mensonges dits (peut-être) par certains singes. La sincérité d'un chien nous attire et nous séduit parce que nous savons qu'elle n'est pas comme la nôtre. Parce que nous savons que les effets de nos paroles et de nos gestes dépendent radicalement d’une réalité à l’homme : la vérité. La possibilité de paroles mensongères est quelque chose de si humain que Dieu lui-même ne la possède pas. C'est l'un des paradoxes de l'humanisme biblique (et généralement de nombreuses religions) : le mensonge est un attribut proprement humain que Dieu ne possède pas. Une infériorité qui devient une sorte de privilège. En toutes choses inférieur à Dieu, L'homme, peut devenir "supérieur" à lui par ce qu’il a de plus abject : le mensonge, la méchanceté, le mal. Contrairement à l'homme et à la femme, Dieu ne sait pas mentir. C'est là aussi que réside le pouvoir de séduction du péché : « Alors le serpent dit à la femme: Vous ne mourrez point », (Gen 3, 5), nous ne péchons pas seulement "pour être immortels comme Élohim" mais aussi parce que nous sommes tentés par l’illusion de devenir plus que Dieu, en accomplissant quelque chose qu'Il ne peut pas faire, sans quoi c’est qui Dieu deviendrait comme nous. Cette étrange primauté anthropologique comporte aussi une dimension positive : la possibilité de mentir confère à la sincérité humaine une très haute dignité. Il nous a fait "un peu moins que Lui-même" (Psaume 8), et pour ce qui est de la sincérité, il nous a faits, paradoxalement, "plus que Lui-même".
[fulltext] =>Les civilisations ont toujours eu très peur du mensonge. Elles connaissent son pouvoir destructeur au sein des communautés, des familles, de toute une société. Elles le craignent comme le plus grand mal, aussi fort et aussi puissant que la parole. La Bible, qui vit de paroles, de paroles divines révélées à travers des mots humains, qui nous révèle un Dieu qui parle avec nos propres mots, est particulièrement vulnérable et exposée à la parole mensongère. A tel point que les moments spirituellement et éthiquement les plus élevés du Nouveau et de l'Ancien Testament sont des événements suscités par des paroles vraies (l'Alliance, les prophètes, l'Incarnation) mais aussi par des paroles mensongères (Caïn, Jacob, Pierre). La Bible est terrifiée par le mensonge, car il frappe au cœur même de son mystère. Sa vie n'est que parole, et elle peut donc être blessée lorsque la parole n’est plus vraie. Le Psaume 15 est tout entier centré sur la parole : « Seigneur, qui habitera sous ta tente ? Qui habitera sur ta montagne sacrée ? Celui qui se conduit parfaitement, pratique la justice et dit la vérité selon son cœur. » (15, 1-2).
Il dit la vérité selon son cœur. Le cœur peut contenir une vérité qui ne transparaît pas dans nos mots. La sincérité consiste à accorder nos paroles avec celles de notre cœur. Il n'y a pas de mensonges prononcés de bonne foi. La sincérité nous fait entrer, nous les pèlerins et les invités, dans la tente du Seigneur. La sincérité du cœur est l'entrée située sur le côté du temple, celle par laquelle nous pouvons nous aussi, pécheurs, entrer en compagnie du publicain (Lc 18, 9-14) et comme lui prier, être compris et entendus. Sans cette porte latérale, la tente du Seigneur serait une demeure réservée aux seuls justes et privée des personnes qui, malgré leur péché, sont très dignes d’estime : celles qui sont sincères.
Le mensonge se présente sous de nombreuses formes. L’une d’entre elles, la calomnie, est particulièrement pernicieuse : « Il met un frein à sa langue, ne fait pas de mal à son frère et n'outrage pas son prochain. » (Ps 15, 3) Il y a peu de vices qui démontrent autant que la calomnie le pouvoir et la performance des mots: elle aussi crée la réalité en la disant, elle change le monde au moyen de la parole. C'est une parole perverse qui crée le mal et les ténèbres au moment même où elle s’exprime. C'est une création démoniaque, qui nous rappelle que Dieu et le bien ne sont pas les seuls dépositaires de la parole. Nous parlons pour dire du bien et nous parlons pour maudire : la merveilleuse possibilité de rendre les autres meilleurs par nos propos bienveillants, et réciproquement, est contrebalancée par l'expérience d'être nous-mêmes avilis par nos propos malveillants qui humilient les autres quand nous les prononçons. Mais tandis que le sens de la gratuité se dénature s’il est mal utilisé, la parole est incapable de neutraliser ses propres abus. En cela elle est plus vulnérable qu’un don de soi atrophié : celui-ci n’est pas Dieu, mais il est doté d’un dispositif qui le protège de la manipulation. Quant à Satan lui aussi parle, les démons utilisent eux aussi leur langue pour essayer de changer le monde, et souvent ils y parviennent. La magie aussi utilise les mots, tout comme les blasphèmes.
En se liant aux paroles, Dieu a décidé de partager leur force ainsi que leur fragilité. Lorsque, avec une joie et une gratitude infinies, nous avons voulu écrire que "La parole s'est faite chair", nous avons découvert que la parole était devenue aussi vulnérable et fragile que la chair d'un enfant, pour se faire ensuite parole blessée, humiliée, crucifiée, cri d'abandon, parole ressuscitée avec ses plaies. Le Psaume aborde ensuite l'une des utilisations les plus anciennes, les plus controversées et les plus importantes de la parole : le serment : « S’il a juré à ses dépens, il ne reprend pas sa parole. » (14, 4). La nature du serment est immédiatement révélée comme un instrument au service de la vérité de la parole, une aide à l'accomplissement de nos promesses.
Nous avons inventé les serments parce que nous avons appris à connaître le pouvoir du parjure, nous avons connu l’immense douleur des alliances rompues, des communautés, des familles, des villes détruites par des paroles mensongères et creuses, des catastrophes produites par des mensonges, par ceux qui préfèrent de faux intérêts à la vérité de leurs propres paroles et de celles des autres. La parole est l'âme de la foi, de ce lien qui unit les personnes et les communautés, sur laquelle repose tout l'édifice social - à Rome, le dieu des serments s'appelait Dius Fidius, profondément lié à fides-(confiance). Si nous perdons le contact avec la vérité des mots, lorsque l’hiver arrive nous marchons sur une glace trop mince pour qu’elle supporter le poids de nos pas. Chaque promesse se fonde sur la foi en une parole, avec l'espoir que son souffle comporte quelque chose de sérieux, quelque chose de beau, quelque chose de plus : une réalité pour laquelle nous n'avons pas trouvé de meilleur mot que vérité. Si nous ne croyions, n'espérions et n'aimions pas cette possibilité réelle, nous ne dirions pas "pour toujours", nous ne dirions pas "je t'aime", "pardonne-moi", "excuse-moi", et nous ne croirions pas en la parole des autres.
Mais ce besoin impérieux de paroles vraies se heurte à la fragilité millénaire de notre parole et de celle des autres, à l'incapacité de la tenir alors que le prix de la fidélité et de la loyauté ne fait que s’accroître. C'est pourquoi les gens ont inventé des instruments pour renforcer les mots et donc les pactes. Ils ont ajouté des gestes (par exemple la poignée de main), des témoins, des symboles naturels (du sel ou des silex jetés par terre à cette occasion), et surtout ils ont inséré des mots dans les liturgies religieuses. Nous avons écrit nos alliances et nos promesses et nous les avons ensuite déposées sur les autels, nous avons promis de dire la vérité en mettant notre main sur notre cœur ou sur la Bible, en espérant que la vérité de la Bible et de notre cœur donnerait du poids à nos paroles.
Le serment est une sorte de contrat composé de nos mots, qui nous engage, avec l’aide d'autres mots, à payer un coût en cas de trahison du pacte que nous prononçons. Nous demandons à des mots différents de renforcer nos mots ordinaires, toujours insuffisants pour exprimer notre sincérité. "Je jure sur mes enfants", est une expression ancienne qui reste dans notre langue. Le serment atteint un sommet lorsque nous déclarons "Je jure devant Dieu", une façon de garantir la vérité de nos paroles en les associant à Dieu. En jurant, nous faisons aujourd'hui appel à des mots qui nous dépassent afin que demain ils puissent les sauver de leur fragilité première. L'humilité est à la racine de nos serments.
Malgré la critique des serments que nous trouvons dans les Évangiles - due à un usage formel et creux de cet instrument très présent dans la Bible juive, ce qui a fini par affaiblir la force des paroles humaines et l'invocation de Dieu - l'Église et l'Occident ont continué à recourir aux serments pour renforcer nos paroles. La sécularisation de la culture a par la suite entraîné un abandon progressif des serments, et nous nous sommes retrouvés avec des mots de plus en plus pauvres, avec des promesses et des pactes de plus en plus fragiles, avec l’illusion que les hypothèques et les cautions pourraient suffire à soutenir nos faibles paroles. Je ne suis pas surpris que le psaume 15 se réfère à l'économie : « Il prête son argent sans intérêt, n’accepte rien qui nuise à l’innocent...» (15, 5).
L'usure est donc dénoncée, mais aussi la volonté de puissance et de contrôle derrière les cadeaux qui entraînent ceux qui les acceptent dans des relations perverses. Les pots-de-vin et la corruption reposent avant tout sur des mot dépourvus de vérité. Avant d'être de mauvaises transactions économiques, ce sont des mots sans consistance. Derrière ces faux contrats et ces transactions se cachent de faux discours, des paroles qui ont perdu tout contact avec la vérité. L'usure est une promesse perverse, qui consiste à donner un scorpion à un fils qui demande un œuf (Lc 11, 12).
Nous faisons revivre des entreprises, des associations, des contrats, des relations de travail, chaque fois que nous trouvons un lien avec la vérité cachée dans les mots que nous nous disons. Nous sortirons de la crise que nous vivons, qui a été et qui est aussi une crise des discours et de promesses, non seulement en trouvant le vaccin contre le coronavirus : nous aurons aussi besoin d'une nouvelle vérité des mots. Des grandes épreuves peut sortir une nouvelle sincérité.
Nous excellons dans de nombreux domaines, mais particulièrement lorsque nous avons toutes les raisons et tous les intérêts de dire un mensonge et qu'au contraire nous disons la vérité. Choisir le courage de la vérité alors que le mensonge est à portée de main, nous faisant miroiter un profit sans aucun frais, rend la vérité plus vraie, plus belle, plus divine. Alors s’il est vrai que seuls les hommes et les femmes peuvent être des menteurs, il n’est pas moins vrai qu’eux seuls peuvent être sincères. Dans le jardin d’Éden, Adam était innocent, mais il n'est devenu sincère qu'après en avoir été chassé, quand, ayant perdu son innocence et connu le prix du mensonge, il a appris la valeur de la sincérité - et nous avec lui. Sincères : un bel adjectif, qui nous appartient complètement, dont la valeur résulte de tous les mensonges que nous avons dits et qu'un jour nous avons cessé de raconter, de tous ceux que nous pouvions dire et que nous n’avons pas dits.
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de Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 31/05/2020
« Tyr a perdu sa main droite au cours d’ un serment mensonger prêté à un loup pour le persuader de rester attaché. La mutilation de Scœvola à Rome peut être mise en relation avec celle de Tyr. »
D. Briquel, du bon usage du comparatisme indo-européen en matière de religion romaine.
La sincérité est un trait typique du répertoire humain, qui grandit avec la douleur qu’engendrent les mensonges et les faux serments. Aujourd'hui plus que jamais, nous avons besoin de la vraie force d'une nouvelle sincérité.
L'homme est le seul être capable de mentir. Ni les animaux ni Dieu ne peuvent mentir, sauf les petits mensonges dits (peut-être) par certains singes. La sincérité d'un chien nous attire et nous séduit parce que nous savons qu'elle n'est pas comme la nôtre. Parce que nous savons que les effets de nos paroles et de nos gestes dépendent radicalement d’une réalité à l’homme : la vérité. La possibilité de paroles mensongères est quelque chose de si humain que Dieu lui-même ne la possède pas. C'est l'un des paradoxes de l'humanisme biblique (et généralement de nombreuses religions) : le mensonge est un attribut proprement humain que Dieu ne possède pas. Une infériorité qui devient une sorte de privilège. En toutes choses inférieur à Dieu, L'homme, peut devenir "supérieur" à lui par ce qu’il a de plus abject : le mensonge, la méchanceté, le mal. Contrairement à l'homme et à la femme, Dieu ne sait pas mentir. C'est là aussi que réside le pouvoir de séduction du péché : « Alors le serpent dit à la femme: Vous ne mourrez point », (Gen 3, 5), nous ne péchons pas seulement "pour être immortels comme Élohim" mais aussi parce que nous sommes tentés par l’illusion de devenir plus que Dieu, en accomplissant quelque chose qu'Il ne peut pas faire, sans quoi c’est qui Dieu deviendrait comme nous. Cette étrange primauté anthropologique comporte aussi une dimension positive : la possibilité de mentir confère à la sincérité humaine une très haute dignité. Il nous a fait "un peu moins que Lui-même" (Psaume 8), et pour ce qui est de la sincérité, il nous a faits, paradoxalement, "plus que Lui-même".
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par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 24/05/2020
« Dans cet Esprit qui est amour entre le Père et le Fils, entre le Fils et nous, entre nous et nous, combien parmi nous ont une âme, dans cet Esprit qui est notre amour, réside tout notre salut : embrasé par son feu, le salut des hommes devient notre divine passion . Oh, s'il en était ainsi, oh, qu'il en soit ainsi ! »
Giuseppe de Luca, L'intelligence et le salut de l'âme
La question de l'existence de Dieu est également admise dans la Bible. Le Psaume 14 nous aide à comprendre que l'athéisme des dévôts est une maladie et que cesser de chercher Dieu, c'est perdre l'homme.
« Dans son coeur le fou déclare : « Pas de Dieu ! » Tout est corrompu, abominable, pas un homme de bien !Des cieux, le Seigneur se penche vers les fils d'Adam pour voir s'il en est un de sensé,un qui cherche Dieu. » (Psaume 13, 1-2). Voilà un début original pour un psaume qui n’a pas d’équivalent dans tout ce Livre. En fait, c'est le seul passage de la Bible où il est écrit : Dieu n’est pas là, n’existe pas. Cette société antique et religieuse pouvait aussi connaître le doute : les dieux étaient-ils une invention de l'homme ? L'homme biblique est plus proche de nous que nous le pensons et l'écrivons. Aussi la question de l'existence de Dieu figure parmi les questions légitimes de la Bible.
[fulltext] =>Le Psaume 14 a très probablement été écrit pendant l'exil babylonien. Les Babyloniens n'étaient pas athées. Ils nous ont laissé des recueils de belles prières, ils tenaient en grande estime leurs dieux qu'ils honoraient par des processions, des temples et des statues spectaculaires. Les Babyloniens n'ont donc pas dit explicitement "Il n'y a pas de Dieu", et les Juifs encore moins. Celle du psalmiste était-elle alors une accusation de fausse religion ? Était-ce une critique de l’idolâtrie ? Non. La forme de la négation de Dieu dont parle ce psaume n’est pas de cet ordre. Alors, qu'est-ce que c'est ?
Deux éléments nous le révèlent, l'un d’ordrre linguistique et l'autre d’ordre théologique. Le terme hébreu que le Psaume 14 utilise pour dire "Il n'y a pas de Dieu" est Élohim, qui dans la Bible est le nom générique de la divinité (les dieux). Si le psalmiste avait voulu critiquer l'idolâtrie, le culte des dieux "faux et menteurs", le nom utilisé pour désigner Dieu aurait dû être YHWH, le nom de Dieu propre à la Bible. Aussi parce que YHWH est le nom de Dieu le plus utilisé dans le psautier et presque exclusivement dans le premier livre (Psaumes 1-41). Utiliser Élohim ici signifie alors vouloir donner à cette négation - Dieu n'est pas là - une portée qui va au-delà de la critique idolâtre. Dans ce "Élohim il n'y a pas" se cache donc quelque chose d'universel et d'extrêmement important pour chaque religion (et pour chaque athéisme). De quel "athéisme" parle ce psaume ?
On le découvre en regardant le deuxième élément : « Tous, ils sont dévoyés ; tous ensemble, pervertis : pas un homme de bien, pas même un seul ! Quand ils mangent leur pain, ils mangent mon peuple. ... Vous décevez l'espoir des malheureux. Jamais ils n'invoquent le Seigneur. » (3-4,6). Nous retrouvons ici la thèse prophétique selon laquelle la négation de Dieu se révèle dans la négation de l'homme, en particulier des pauvres. "Dieu n'est pas là" ne doit donc pas être lu comme une affirmation athée du type de celle que nous avons commencé à connaître en Europe avec la modernité, mais comme la conséquence d'une idée centrale de la Bible : Dieu est là si l'homme est là - l'homme est l'autre nom de la foi biblique. C'est le fait de "dévorer le peuple comme un morceau de pain" qui traduit ce genre d'athéisme. Celui-ci n’est pas de nature philosophique ni intellectuelle, mais d’une portée bien plus vaste.
Il est certain que la vie sociale des Babyloniens devait avoir un grand effet sur les Juifs déportés. Ces banques qui prêtaient avec des intérêts et multipliait les esclaves endettés, la corruption du pouvoir dans ce grand empire, ont beaucoup impressionné les Juifs et leurs prophètes. Ézéchiel, prophète en exil, est même allé jusqu'à formuler une version du péché d'Adam en Eden comme un péché économique : « Par tes multiples péchés, par la perversion de tes affaires, tu as profané ton sanctuaire. » (Ez 28, 18). Mais l'athéisme pratique inscrit dans les comportements socio-économiques était quelque chose d'encore plus général que ce qui s'est passé à Babylone. On le trouve déjà dans Isaïe, avant l'Exil : « Cessez d’apporter de vaines offrandes ; j’ai horreur de votre encens. Apprenez à faire le bien : recherchez le droit, mettez au pas l’oppresseur, rendez justice à l’orphelin, défendez la cause de la veuve. » (Is 1, 13-17). Isaïe accusait ses concitoyens et non les Babyloniens ; il stigmatisait les pratiquants et les habitués du temple qui offraient des sacrifices tout en piétinant la loi et la justice.
Le psalmiste voit alors l'absence de Dieu dans l'absence de l'homme. Ce sont les passages à partir desquels on comprend que la théologie biblique est va de paire avec l'humanisme : le Dieu biblique s'honore lui-même en honorant les hommes, les femmes et les pauvres. L'anthropologie de la Genèse se présente à nouveau : nous sommes à l'image de Dieu et lorsque quelqu'un - un empire ou une culture - ne voit plus l'homme, il ne voit plus Dieu, même s'il continue à le prier et à le louer dans les temples. Il est déjà athée, même s'il ne le sait pas encore. Il y a plusieurs façons de dire "Élohim n'est pas là", "Élohim n'est rien" (dans la traduction de Ceronetti). La Bible le dit aussi clairement en parlant de "l'homme n'est rien", "le pauvre n'est rien". Ici le seul langage vraiment significatif est celui du comportement et de l'action. Le monde a toujours été peuplé d'hommes religieux quci honoraient Dieu et déshonoraient les hommes, qui appréciaient les dieux et méprisaient leurs semblables. Il ne suffit pas d'être religieux pour ne pas être athée. Et si le psalmiste a choisi Élohim et non YHWH pour nous parler de cet athéisme typique, c'est aussi pour nous dire que cette maladie de l’ athéisme des dévôts traverse toutes les religions, y compris les religions bibliques. Les hommes disent "Dieu n’existe pas" par leur façon de se traiter les uns les autres et de traiter les pauvres. La Bible n'est pas un traité d'éthique, mais c’est en voyant le comportement des hommes que l’on comprend si un peuple est ou n’est pas mû par la foi.
Le psaume considère "insensé", "stupide", celui qui dit "Pas de Dieu !". En quoi consiste la folie de cet athéisme ? C'est d'abord un athéisme collectif, une maladie qui a infecté tout le peuple : « Il n'y a personne qui agisse bien, pas même un seul. » Cette folie qui conduit à nier Dieu n'est donc pas l'affaire de quelque intellectuel isolé ou philosophe sceptique ; ce que le psalmiste dénonce est un athéisme populaire : il ne reste pas un seul croyant . Nous sommes dans une situation semblable à celle de Sodome et Gomorrhe, à Jérusalem, où Jérémie n'a même pas trouvé un seul juste (Jr 5, 1). Pire que la terre observée par Satan en reconnaissance, où il trouva au moins juste : Job (ch.1) ; un monde plus corrompu que celui d'avant le déluge, où il restait au moins un juste : Noé.
La beauté de la Bible, on la touve aussi dans ses affirmations catégoriques : tous, sans exception. Tous insensés ! Il en est ainsi lorsque la corruption se cache et se répand au sein des institutions, des communautés, des mouvements, des entreprises, des Églises. C’est une infection généralisée. Le verbe hébreu (rare) utilisé ici, 'alàh, exprime la contagion réciproque, la contamination mutuelle. Même si beaucoup sont asymptomatiques, la corruption touche tout le monde. Pour sortir de ces situations, nous aurions besoin d'un Noé, d'un Jérémie, d'un Abraham, de Marie. Mais ils ne sont pas toujours là. Presque jamais. Car cet être rare, pour échapper à ce dérèglement, devrait dénoncer l'injustice, persister longtemps dans sa dénonciation, endurer la persécution, et s'il n'obtient aucun résultat, démissionner, partir, se séparer. Mais ces actions sont très exigeantes et donc très rares sur terre. Nous sommes tous fils d'Adam, y compris dans ce processus de contamination réciproque, nous sommes solidaires dans la corruption, et même lorsque les symptômes ne se manifestent pas, nous sommes au moins complices et donc insensés.
Le mot que le psaume utilise pour dire "insensé" est nabal. Nabal était le nom du mari d'Abigail. Dans l'épisode du premier Livre de Samuel, Nabal ne comprenait pas comment il devait se comporter avec David. Il n'a pas répondu à ses cadeaux par d'autres cadeaux, il n'a pas "reconnu" David. Si Abigail n'était pas intervenue, il allait déclencher une guerre. Elle fit tout ce que son mari n'avait pas fait : elle fut reconnaissante envers David, elle l'a comblé de cadeaux, elle a été généreuse, et elle a pu honorer son invité : « De grâce, que mon seigneur ne prête pas attention à ce vaurien de Nabal : il porte bien son nom ! Son nom est “le Fou”, et la folie l’accompagne. » (25, 25). Abigail a reconstruit la relation brisée par son mari, et par ses dons elle a obtenu le par-don de David, qui a reconnu dans gestes d’attention la présence de Dieu : « David dit à Abigaïl : " Béni soit le Seigneur, Dieu d’Israël, qui t’a envoyée en ce jour à ma rencontre. " » (32). Abigail, contrairement à Nabal, disait "Dieu est là" en disant "l'homme est là", en transformant la guerre en paix. Il n'y a pas de meilleure façon de bénir Dieu, de bénir Élohim - les femmes le savent bien, elles le savent très bien.
Le Psaume définit le "sage" (maskil) que Dieu ne trouve pas sur terre comme celui "qui cherche Dieu". Sa démarche s’oppose à celle de l’insensé. Mais le premier chercheur que nous trouvons dans le psaume est Dieu-Élohim, qui regarde de son balcon céleste pour repérer au moins un homme juste. Dieu cherche à trouver quelqu'un qui le cherche. La foi est une convergence de recherches, une réciprocité de désirs, qui devient une relation ternaire : Dieu cherche un homme capable de le chercher en le cherchant dans l'homme – « ...et le deuxième commandement est semblable au premier ». Mais on peut trouver un autre sens à ce psaume 14 : si le sage est celui qui cherche Dieu, alors l'insensé dit " Dieu n’existe pas" tout simplement parce qu’il ne le cherche pas: et si l'athéisme insensé était le propre de celui qui s’est arrêté de chercher ?
Un jour, un autre homme fou "cherchait Dieu". Il ne le trouva pas et annonça à tout le monde qu'il était mort. Peut-être parce qu'il l'avait cherché sur la "place du marché", où "il y avait beaucoup de gens qui ne croyaient pas en Dieu" (F. Nietzsche, Le gai savoir). Le monde où nous avons trouvé mort le Dieu que nous cherchions est préférable à ce monde corrompu où personne ne peut dire "Dieu existe". Car dans ce cas, l’ affirmation de son existence serait encore plus mensongère que celle sortie de la bouche de ce fou. L’athéisme est moins insensé qu'une foi proclamée au milieu de l'injustice générale. Si le Dieu qu’on recherche est mort, nous pouvons toujours espérer et prier pour qu'il ressuscite.
Lorsque le "Fils de l'homme reviendra", il n'ira pas dans les temples et les églises pour voir si « s’il y a encore la foi sur la terre » (Lc 12, 7-8). Il se penchera sur nos relations sociales : il examinera si nous nous aimons bien ou mal, considérera nos comptes bancaires, notre évasion fiscale, nos hôpitaux, les salaires des ouvriers et ceux de leurs dirigeants. Et s'il y a encore de la foi, il ne la trouvera que dans la justice et la vérité de nos relations ; s'il y a encore de la foi, il pourra la reconnaître à la façon dont nous répondons à l'espoir du misérable.
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par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 24/05/2020
« Dans cet Esprit qui est amour entre le Père et le Fils, entre le Fils et nous, entre nous et nous, combien parmi nous ont une âme, dans cet Esprit qui est notre amour, réside tout notre salut : embrasé par son feu, le salut des hommes devient notre divine passion . Oh, s'il en était ainsi, oh, qu'il en soit ainsi ! »
Giuseppe de Luca, L'intelligence et le salut de l'âme
La question de l'existence de Dieu est également admise dans la Bible. Le Psaume 14 nous aide à comprendre que l'athéisme des dévôts est une maladie et que cesser de chercher Dieu, c'est perdre l'homme.
« Dans son coeur le fou déclare : « Pas de Dieu ! » Tout est corrompu, abominable, pas un homme de bien !Des cieux, le Seigneur se penche vers les fils d'Adam pour voir s'il en est un de sensé,un qui cherche Dieu. » (Psaume 13, 1-2). Voilà un début original pour un psaume qui n’a pas d’équivalent dans tout ce Livre. En fait, c'est le seul passage de la Bible où il est écrit : Dieu n’est pas là, n’existe pas. Cette société antique et religieuse pouvait aussi connaître le doute : les dieux étaient-ils une invention de l'homme ? L'homme biblique est plus proche de nous que nous le pensons et l'écrivons. Aussi la question de l'existence de Dieu figure parmi les questions légitimes de la Bible.
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par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 17/05/2020
« Chaque ligne était chargée de mots aux nombreuses syllabes qu'il ne comprenait pas. Il s'est assis sur le lit et avait devant lui le dictionnaire qui était plus grand que le livre... et pendant un temps, il a caressé le projet de ne lire que le dictionnaire, jusqu'à ce qu'il maîtrise tous les mots qu'il contenait. »
Jack London, Martin EdenLe psaume 12 a pour protagoniste la parole, même celle qu’on ne peut prononcer. C'est l'un des plus grands pouvoirs dont disposent les êtres humains. Mais aussi l'une des plus fortes tentations de tout pouvoir. La frontière de l’ineffable.
Parmi les nombreuses pauvretés il y a aussi celle du langage. Une pauvreté qui empêche d'appeler par son nom sa propre douleur et celle des autres. Cette pauvreté d’expression précède parfois la pauvreté matérielle et morale, parfois elle en résulte, elle l’ accompagne toujours. Les "serfs" et les opprimés de tous les temps l’ont été aussi et surtout en raison des mots qu'ils ignoraient : leurs maîtres les utilisaient, mais ils ne pouvaient pas les comprendre. C'est pourquoi pour sortir de leur condition, les pauvres doivent apprendre et réapprendre à parler, jusqu'à ce qu'au moins l’un d’eux commence à donner un nom aux démons de leur propre misère. C'est le sens de la merveilleuse conseil que nous prodiguaient nos grands-parents: "Luigino étudie"; ils savaient bien que la maîtrise de la langue était un premier pas vers la libération.
[fulltext] =>La Bible, maîtresse et gardienne de la parole, en connaît tous les ressorts, elle a vu son ciel et entrevu son enfer. Elle l'a vue, au début, au moment de la Création du monde; elle l'a revue enfant, surprise et émue. En l’accompagnant de la genèse à l'eskaton, elle a appris la grammaire ambivalente des mots humains. Elle l’a vue mentir sur les lèvres de Jacob, puis sur celles de David, le roi le plus aimé mais capable de tuer par une parole mensongère, et enfin, elle l’a vue, magnifique, en la personne de Marie. Et puis elle l'a accompagnée silencieusement jusqu'à la montagne où la parole est devenue un cri. Elle a appris, à travers mille difficultés et échecs, à la reconnaître ses bienfaits dans la bouche des vrais prophètes et ses méfaits dans celle des faux prophètes. Elle a compris que la parole est le lieu où Dieu et l'homme entrent en contact, où l'humain et le divin se parlent bouche contre bouche en devenant de plus en plus semblables l’un à l'autre. Nous sommes à l'"image" d'Élohim par bien des aspects, mais surtout lorsque nous donnons du sens au monde à l’aide des mots, lorsque nous sortons du sommeil, et les autres avec nous, grâce à un mot finalement différent, lorsque nous blessons et tuons les autres (et nous avec), en proférant une parole malheureuse.
Nous étions déjà l'image de Dieu dans les grottes et sous les tentes itinérantes du néolithique, mais nous le sommes devenus davantage grâce aux milliards de paroles bienveillantes que nous avons appris à nous redire chaque jour. Seuls les dieux et les hommes peuvent parler. Il existe donc une relation intime et essentielle entre la parole et la vérité, que seule la Bible (et quelque immense poète) peuvent nous expliquer. La vérité est l'âme de la parole. Comme l'âme ne se voit pas, ne se montre pas, pour beaucoup elle n'existe pas. Lorsqu’une parole n’est plus en phase avec la vérité, elle perd son âme - ou elle la vend au diable. La parole est la protagoniste du Psaume 12, un psaume centré sur la parole et donc sur la prophétie : « Sauve-moi, Seigneur ! La loyauté a disparu ; la sincérité a disparu parmi les enfants de l'homme. Ils ne font que se mentir les uns aux autres, des lèvres flatteuses parlent avec un double cœur. » (12, 2-3)
Loyauté, sincérité, mensonge : il est ici question de la parole. La conviction du psalmiste est que la loyauté a disparu de la terre - ou du moins de sa vie. C'est une étape qui arrive ponctuellement dans la vie du croyant, des prophètes. Parce que les prophètes, qui reçoivent et transmettent la parole, sont particulièrement sensibles à la vérité de leurs propres paroles et à celle des autres. A travers eux les mots prennent consistance, ils naviguent toujours entre le néant et l'infini, témoins d'un souffle éphémère, tout à la fois puissant et fragile, mais capable de vaincre la mort. Ce sont des sentinelles capables de percevoir dans la nuit l'âme des mots. Ceux qui prient ressemblent beaucoup aux prophètes : les uns et les autres vivent de la vérité de la parole, mendient l'écho de mots chuchotés ou criés, ils ne sont pas maîtres des mots et encore moins, du retour de leur écho. Ils sont donc fondamentalement exposés à la manipulation de la parole, au mensonge. Parfois ils sont persuadés de n’être entourés que de mensonges. Et il n'est pas rare que le prophète se sente faire partie lui aussi de ceux qui, sur cette terre, ne sont plus ni loyaux, ni sincères. Parce qu’à priori un prophète honnête ne peut pas se croire le seul juste qui survit en ce monde : le premier mensonge qu'il éprouve c’est le sien. Il n'est pas facile de sortir des pièges tendus par cette dépression spirituelle, mais ce n'est pas impossible.
Le psalmiste voit et se lamente au sujet d’un aspect crucial du mensonge : "Se mentir les uns aux autres". Lorsque le mensonge prend possession d'une communauté - certains types de mensonges se comportant comme un virus - il se mutualise. Aller contre le commandement nouveau ("Aimez-vous les uns les autres") n'engendre pas seulement le conflit : c'est aussi se mentir les uns aux autres. Le mensonge, tout comme l’amour, n’échappe pas à la réciprocité. Il se répand, se multiplie, cherche qui lui ressemble, engendre une société perverse où chacun se nourrit de ses propres mensonges et de ceux des autres. Peu de réalités sont capables de nous nourrir plus que nos mensonges, car à force de les raconter nous finissons par les croire vrais : jour après jour nous perdons toute référence morale sans même nous en rendre compte. Il existe une forme typique de mensonge dénoncée par le psaume, c’ est la flatterie : les "lèvres flatteuses". Le livre des Proverbes la dénonce aussi : « Celui qui flatte un ami tend un filet sur ses pas. » (Pr 29,5). Parmi les nombreuses formes de flatterie, celle de l'ami est en fait particulièrement dangereuse et sournoise.
Cette flatterie n'est pas celle du faux ami (celle-ci existe aussi). Contrairement au faux ami profiteur, l'ami flatteur ne nous complimente pas en vue de ses propres intérêts, mais en raison d’un étrange sentiment envers nous. Il sait qu'il tient des propos qui ne sont pas vrais, mais il les dit quand même pour nous faire plaisir. La flatterie est très fréquente pour répondre au besoin d’estime : nous n'avons aucune raison sérieuse d'estimer sincèrement le travail ou l'action d'un ami, mais nous décidons de répondre à son besoin en lui témoignant une fausse estime. Nous préférons une convergence émotionnelle plutôt qu’un parole de vérité. Et c’est ainsi que nous tendons "un filet sur ses pas". Parce qu'au lieu d’approfondir cette relation et de chercher un vrai motif d'estime sincère, nous nous contentons d'une fausse monnaie que nous faisons passer pour la bonne. Les relations commencent à se dégrader, les mots n’ont plus leur poids de vérité, l'amitié perd son âme. Et, comme le dit le psaume, le cœur se dédouble en un cœur sincère qui se tait et un cœur menteur qui flatte. Ce dédoublement altère l’amitié, et avec le temps, ce côté mensonger du coeur contamine l’autre. Celui qui trouve un ami trouve un trésor ; celui qui en trouve un qui ne le flatte pas en trouve deux.
Mais la grammaire de la Parole contenue dans le Psaume ne s'arrête pas là : « Combien disent : "La langue est notre force, nos lèvres sont avec nous : qui sera notre maître ? "» (12,5). La langue est notre force, c’est une autre dimension essentielle de la parole, directement liée au pouvoir, à ceux qui, se sentant maîtres des mots et de leur âme, croient qu'ils n'y a pas de maître au-dessus d'eux. Ceux qui manient bien le verbe et les mots dominent et oppriment ceux qui ne peuvent pas parler ou ne parlent pas bien - nous le constatons tous les jours. Dans le Décalogue (Ex 20, 7), l'interdiction de prononcer le nom de Dieu en vain est aussi un dispositif de protection contre la tentation de connaître tous les mots et donc de commander sur tout et sur tous. C'est la prétention de la magie, mais aussi de ceux qui veulent maîtriser tous les mots. Le combat de la Bible contre l’idolâtrie se manifeste aussi en rendant ce nom inaccessible et impossible à prononcer ; car si un mot échappe au pouvoir de leur parole, ces prétendus maîtres le seront toujours par défaut, même lorsqu'ils se sentent absolus. Le nom dans la Bible renvoie toujours au mystère.
Le psaume dénonce ici la tentation, toujours forte et parfois invincible, de ceux qui utilisent les mots pour construire leur propre culte, leur propre religion. Si la "Parole" est l'un des noms de Dieu, le pouvoir sur les mots est alors toujours un pouvoir religieux. C'est là aussi que se trouve la racine du projet de Babel, ancien mais toujours actuel, où la construction d'une langue unique et globale devient l'instrument de la construction d'un empire absolu, sans "aucun maître". Chaque empire, y compris le nôtre, commence par prétendre donner un nom au seul qu’il est interdit de prononcer, et se transforme ainsi en une nouvelle religion idolâtre - plus petite et moins libre que celle qui voulait dominer en en occupant tous les noms. Les religions dont les maîtres connaissent tous les mots, o il n’en reste pas un caché dans le mystère de la nuée, deviennent des empires qui, en voulant prononcer tous les noms, ne peuvent en nommer aucun correctement.
C'est l'homme religieux qui est le premier à être tenté de manger le fruit de l'arbre de la connaissance de tous les noms de la terre et du ciel. Adam peut et doit donner un nom aux animaux, mais il ne peut attribuer un nom à Dieu. C'est le seul qui peut être révélé et ensuite à nouveau voilé par celui-là même qui le révèle, parce que là où le nom de Dieu est conservé se trouvent aussi les noms de chacun de nous. « Pour le pauvre qui gémit, le malheureux que l'on dépouille, maintenant je me lève, dit le Seigneur ; je sauverai mon témoin. » (12,6). Le psalmiste prie pour que le Seigneur vienne en aide à son témoin. Le prophète est le témoin du pauvre homme opprimé par le pouvoir des mots. Celui qui, par vocation, est appelé à se faire l’écho de la Parole, qui en connaît l'âme, peut et doit l'utiliser pour témoigner au nom de ceux qui ne connaissent pas assez de mots pour se sauver.
On comprend ainsi la valeur sociale de la prophétie : les prophètes sont ceux qui prêtent des mots à ceux qui doivent se défendre contre ceux qui de toutes les paroles. Écrivains, poètes, journalistes, politiciens, syndicalistes, artistes, juristes participent à la même fonction prophétique qu'Isaïe et Amos s'ils sont témoins des opprimés de la parole dans les tribunaux de l'histoire. Le pauvre homme est celui qui ne connaît pas assez de mots pour pouvoir nommer tous les démons qui hantent sa vie, et en ignorant leur nom, il ne peut pas les chasser. Les prophètes, et leurs amis, appellent par leur nom ces démons qui menacent les pauvres, puis ils les chassent. Et ainsi, chaque jour, la parole se fait à nouveau chair et redit à Lazare : « Sors dehors ! »
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par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 17/05/2020
« Chaque ligne était chargée de mots aux nombreuses syllabes qu'il ne comprenait pas. Il s'est assis sur le lit et avait devant lui le dictionnaire qui était plus grand que le livre... et pendant un temps, il a caressé le projet de ne lire que le dictionnaire, jusqu'à ce qu'il maîtrise tous les mots qu'il contenait. »
Jack London, Martin EdenLe psaume 12 a pour protagoniste la parole, même celle qu’on ne peut prononcer. C'est l'un des plus grands pouvoirs dont disposent les êtres humains. Mais aussi l'une des plus fortes tentations de tout pouvoir. La frontière de l’ineffable.
Parmi les nombreuses pauvretés il y a aussi celle du langage. Une pauvreté qui empêche d'appeler par son nom sa propre douleur et celle des autres. Cette pauvreté d’expression précède parfois la pauvreté matérielle et morale, parfois elle en résulte, elle l’ accompagne toujours. Les "serfs" et les opprimés de tous les temps l’ont été aussi et surtout en raison des mots qu'ils ignoraient : leurs maîtres les utilisaient, mais ils ne pouvaient pas les comprendre. C'est pourquoi pour sortir de leur condition, les pauvres doivent apprendre et réapprendre à parler, jusqu'à ce qu'au moins l’un d’eux commence à donner un nom aux démons de leur propre misère. C'est le sens de la merveilleuse conseil que nous prodiguaient nos grands-parents: "Luigino étudie"; ils savaient bien que la maîtrise de la langue était un premier pas vers la libération.
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par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 10/05/2020
« Et quand au ciel je vois que brûlent les étoiles,
Je dis, pensant en moi:
Mais pourquoi tant de flammes?
Que fait l'air infini, l'infini
Ciel profond ? que veut dire l'immense
Solitude? et moi, qui suis-je? »Giacomo Leopardi, Chant nocturne d'un pasteur nomade d'Asie
L'anthropologie biblique est un bien commun, un patrimoine mondial de l'humanité. Le Psaume 8 nous le rappelle également, et nous sommes toujours frappés par son extraordinaire beauté prophétique.
Certaines personnes se souviennent toute leur vie du jour où elles ont contemplé le ciel étoilé pour la première fois. Elles l'avaient déjà "vu", mais à la faveur d'une ineffable nuit, quelque chose s'est produit et elles l'ont vraiment contemplé. Elles ont fait l'expérience métaphysique de l'immensité et, simultanément, elles ont ressenti toute leur petitesse et leur fragilité. Elles se sont, nous nous sommes vraiment vus infiniment petits. Et là, sous le firmament, ont surgi les différentes questions qui marquent une étape nouvelle et décisive de la vie : où suis-je et quels sont mes centres d’intérêt ? Mes problèmes ? quel sens a ma vie ? Quels sont mes amours, mes peines ? Et enfin cette question, la plus difficile : que suis-je ? … Une journée à la fois terrible et sublime; pour certains, elle marque le début d’une démarche religieuse, pour d'autres, la fin de la foi reçue de l’enfance et le début de l'athéisme - pour découvrir, mais seulement à la fin, que les deux expériences étaient semblables, qu'il y avait peut-être beaucoup d’incertitudes sur le chemin de la non-croyance et beaucoup d'illusions dans le parcours religieux, mais à ce point on ne pouvait pas le savoir. Tout le monde n'a pas vécu cette expérience, mais, si on le veut, on peut essayer de sotir de chez soi en ces nuits plus calmes et plus claires depuis les mois sabbatiques, chercher les étoiles, rester en silence, attendre les questions qui, à ce que l’on m’a dit, ressortent parfois.
[fulltext] =>Certains se souviennet d’un autre jour décisif : lorsque, conscients de leur infinie petitesse, ils ont fait l'expérience que cet "Amour qui fait bouger le soleil et les autres étoiles", s'est intéressé à eux, en les recherchant, en leur parlant, en les rencontrant. Un moment tout aussi décisif, car la véritable contemplation du ciel étoilé ne suffit pas pour qu’une démarche de foi commence. Il y a beaucoup de personnes qui sentent vraiment l'esprit de Dieu vibrer dans la nature, elles entendent sa voix résonner dans les nuits étoilées et beaucoup d'autres lieux, mais elles n’ont jamais entendu cette même voix les appeler par leur nom. Tout comme il y en a d'autres qui ont réellement et personnellement perçu cette voix intérieure, mais qui ne l'ont jamais entendue vibrer dans l'univers entier, qui n'ont jamais été émus en la reconnaissant dans l'immensité du cosmos. C'est la rencontre entre ces deux moments qui marque le début de la maturité spirituelle, quand l'immensité qui révèle notre infinie petitesse devient une personne qui nous est plus intime que notre propre nom.
L'auteur du Psaume 8 a fait, je crois, cette double expérience. Il a reconnu la présence de YHWH dans le firmament infiniment grand et s'est senti infiniment petit ; puis il a eu l'intuition que la voix qui lui parlait parmi les galaxies était la même que celle qui parlait dans son cœur : « Ô Seigneur, notre Dieu, qu'il est grand ton nom par toute la terre ! Jusqu'aux cieux, ta splendeur est chantée... A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu'est-ce que l'homme pour que tu penses à lui, le fils d'un homme, que tu en prennes souci ? » (8, 2-5). Des versets merveilleux. Nous devrions avoir le cœur et les stigmates de François pour les réciter.
Nous sommes en présence d’une expérience de l'Absolu. Ce poète biblique a éprouvé en lui l'immensité et la petitesse, il ne s'est pas senti écrasé, et il a commencé un nouveau poème. Le chant de la véritable humilité (humilitas), car l'humus nous dit qui nous sommes vraiment seulement si nous parvenons à le regarder un instant à une distance sidérale ; adamah (la terre) ne révèle Adam que si on la voit d'en haut. C'est la joie qu’on éprouve pour la vérité enfin révélée, dans une nouvelle ignorance qui n'humilie pas. L'humilité est le contraire de l'humiliation. Et l'on vit alors une nouvelle enfance, une jeunesse sans limite : « Comme un enfant et un nourrisson qui babille. » (8, 3)
Au centre du Psaume se trouve une question : qu'est-ce que le fils de l'homme (Ben Adam : expression chère aux prophètes et aux Ḗvangiles), face à une telle immensité ! La réponse est splendide: malgré son insignifiance par rapport aux étoiles et sa petitesse au regard du temps et de l'espace, Tu prends soin de l'homme, Tu te souviens de lui. Comme pour dire : si Tu prenais en compte, ô Dieu, ce qu'est objectivement Adam par rapport à l'univers infini, Tu n'aurais pas à t’occuper de lui, mais au contraire Tu prends soin de lui, d'elle. D'où cette question : la voix intérieure qui parle dans mon coeur est-elle la même que celle qui parle entre les galaxies ? Au départ, la réponse ne peut être qu'un oui, sinon le voyage ne commencerait pas ! Au fil du temps, elle devient : peut-être. Puis viennent les longues années où la réponse est non. A la fin on revient au premier oui - et si c’est la cas - ce oui est prononcé avec une tout autre profondeur et une tout autre humilité. Et voici qu’à nouveau réapparaît un émerveillement débordant de gratitude et que jaillit la prière des derniers temps.
C'est de cette interaction entre le cosmos et le cœur, tous deux habités par la même présence, que résultent la dignité d'Adam, de ses fils et de ses filles, ainsi que sa gloire et son honneur. On se perd dans les différentes idéologies lorsque l'un de ces deux pôles s’estompe. Nous devons lire le Psaume 8 en le rapprochant des premiers chapitres de la Genèse : « Et Dieu créa l'homme à son image ; à l'image de Dieu, il le créa ; mâle et femelle, il les créa. » (Gn 1, 27). C’est peut-être le verset de la Bible que je préfère. Adam est placé par Élohim au centre du jardin de la Création afin qu'il en soit le gardien et le responsable. Le Psaume nous dit encore : « Tu l'établis sur les oeuvres de tes mains, tu mets toute chose à ses pieds » (Psaume 8,7). Adam est devenu le premier interlocuteur de Dieu, afin que dans cette réciprocité il puisse aussi accompagner la solitude de Dieu – « Il n'est pas bon que l'homme soit seul » (Gn 2, 18) doit être rapproché d’une autre phrase qui ne figure pas dans la Bible, mais tout aussi présente : il n'est pas bon que Dieu soit seul.
Je ne serais pas surpris si l'auteur de cet antique psaume avait sous les yeux, en le récitant, ces versets de la Genèse. Peut-être méditait-il et contemplait-il "ce qu'est l'homme" quand, à un certain moment, il n'a plus retenu son émotion et a composé l'un des plus beaux versets jamais écrit sur l’homme par toute la littérature religieuse et profane. Après l'avoir vu sub specie aeternitatis, après être allé avec son âme sur la lune et l'avoir perdu de vue tant sa petitesse était grande, à nouveau devant ces paroles de la Genèse, il a revu un autre homme. Et il prononça ce chef-d'œuvre, qu'il faut lire après quelques instants de silence : « Et pourtant tu l'as voulu un peu moindre qu'un dieu, le couronnant de gloire et d'honneur » (8,6). Et pourtant : la Bible peut parfois enfermer toute sa prophétie dans une humble conjonction. Nous sommes éphémères, nous sommes comme l'herbe... et pourtant... : « Une voix dit : " Proclame !" Et je dis : "Que vais-je proclamer ?" Toute chair est comme l’herbe, toute sa grâce, comme la fleur des champs : l’herbe se dessèche et la fleur se fane quand passe sur elle le souffle du Seigneur. Oui, le peuple est comme l’herbe » (Isaïe 40, 6-7). Vraiment... et pourtant. Nous avons été pensés, recherchés et aimés entre ce « vraiment » et ce « pourtant ». Vraiment aussi éphémères que l'herbe, vraiment infiniment petits, vraiment infidèles et pécheurs ; et pourtant un peu moins que Dieu, pourtant à son image et à sa ressemblance, et pourtant aimés, soignés et attendus comme ses enfants.
C'est la prodigieuse anthropologie biblique. La littérature ancienne connaissait la métaphore de l'image de Dieu appliquée à l'homme. Mais elle a été utilisée pour le roi, pour le pharaon. La Bible la rapporte à chacun de nous, à chaque homme et femme, à vous, à moi. C'est l'Adam, chaque Adam, à l'image et à la ressemblance d’Élohim ; et nous aussi, nous tous. C'est la Grande Charte de toute déclaration des droits de l'homme et de la femme, des garçons et des filles, de la dignité de la création. Le Psaume 8 est un hymne à Dieu et en même temps un hymne à l'homme. Il exalte la personne en nous disant qui est ce Dieu dont elle est l'image, et elle exalte Dieu en nous disant qui sont les hommes et les femmes qui le reflètent. Car si l'un est l'image de l'autre, plus Adam devient beau, plus il parle de la beauté de son Créateur, et plus nous laissons Dieu libre de devenir meilleur que nous, plus nous gagnons en beauté. Nous ne comprenons pas l'anthropologie biblique si nous sortons de la réciprocité inhérente au symbole de l'image.
Mais la beauté et la force de ce chant resplendissent si nous imaginons le psalmiste en train de chanter ce verset 6 tout en lisant les chapitres 3 et 4 de la Genèse : ceux de la désobéissance, de la séduction réussiedu serpent, puis Caïn et le sang d'Abel, dont le psalmiste sentait encore l'odeur. Il est trop facile de chanter la gloire et l'honneur de l'homme en s'arrêtant au deuxième chapitre. Le vrai défi c’ est de pouvoir continuer à chanter pendant que les chapitres défilent et que l'on entre dans les pages sombres et obscures du refus, celles de la rupture de l'harmonie homme-femme-créateur-Dieu, celles de l'expulsion de ce jardin merveilleux, celles de la nuit ténébreuse du premier fratricide de la terre. Arrivés à ce point, n'arrêtez pas de chanter. Et puis continuez avec le terrible cri de Lamek le tueur d'enfants, avec la rébellion de Babel, avec les péchés des patriarches, avec les mensonges et les ruses de Jacob, avec le massacre des Benjaminites, jusqu'au meurtre commis par David, les infidélités de Salomon et de presque tous les rois d'Israël. Et ne cessez jamais de chanter « Et pourtant tu l'as voulu un peu moindre qu'un dieu.»
Toute la puissance de l'anthropologie biblique est libérée lorsque nous pouvons surmonter la douleur et la honte et répéter "vraiment... et pourtant" non seulement devant le firmament mais aussi dans les prisons, en présence des mesquineries et des violences, dans les bidonvilles de Calcutta, dans la Via Crucis qui mène au Golgotha. Il n'y a pas de situation humaine qui n’entre dans ce « vraiment… et pourtant », personne ne reste à l'extérieur. La Bible n'avait pas peur de raconter les péchés et les bassesses de son peuple parce qu'elle croyait vraiment à l'image d'Élohim. Et chaque fois que nous cachons les pages les plus sombres de nos histoires, nous cessons de croire que nous sommes cette image.
Caïn a effacé sa fraternité et ses enfants continuent de l'effacer en tuant Abel tous les jours. Mais il ne pouvait pas faire disparaître cette image - et si le "signe de Caïn" était précisément l'image d'Élohim ? «Ô Seigneur, notre Dieu, qu'il est grand ton nom par toute la terre ! » (8,10).
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L'anthropologie biblique est un bien commun, un patrimoine mondial de l'humanité. Le Psaume 8 nous le rappelle également, et nous sommes toujours frappés par son extraordinaire beauté prophétique.
Certaines personnes se souviennent toute leur vie du jour où elles ont contemplé le ciel étoilé pour la première fois. Elles l'avaient déjà "vu", mais à la faveur d'une ineffable nuit, quelque chose s'est produit et elles l'ont vraiment contemplé. Elles ont fait l'expérience métaphysique de l'immensité et, simultanément, elles ont ressenti toute leur petitesse et leur fragilité. Elles se sont, nous nous sommes vraiment vus infiniment petits. Et là, sous le firmament, ont surgi les différentes questions qui marquent une étape nouvelle et décisive de la vie : où suis-je et quels sont mes centres d’intérêt ? Mes problèmes ? quel sens a ma vie ? Quels sont mes amours, mes peines ? Et enfin cette question, la plus difficile : que suis-je ? … Une journée à la fois terrible et sublime; pour certains, elle marque le début d’une démarche religieuse, pour d'autres, la fin de la foi reçue de l’enfance et le début de l'athéisme - pour découvrir, mais seulement à la fin, que les deux expériences étaient semblables, qu'il y avait peut-être beaucoup d’incertitudes sur le chemin de la non-croyance et beaucoup d'illusions dans le parcours religieux, mais à ce point on ne pouvait pas le savoir. Tout le monde n'a pas vécu cette expérience, mais, si on le veut, on peut essayer de sotir de chez soi en ces nuits plus calmes et plus claires depuis les mois sabbatiques, chercher les étoiles, rester en silence, attendre les questions qui, à ce que l’on m’a dit, ressortent parfois.
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par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 03/05/2020
« Dans mes notes, vous ne trouverez ni un commentaire juif ni un commentaire chrétien.
C’est l’homme souffrant qui m’atteint, je n’ai pas d’autre guide. Vous parler de lui est comme une prière. »Guido Ceronetti, Le Livre des Psaumes
e Psaume 6 nous aide à nous rappeler que la souffrance et la maladie ne sont pas voulues par le Père, qui, si nous le lui demandons, sait comment "revenir" près de nous.
Quiconque a traversé une maladie grave a appris qu’elle n'affectait pas seulement le corps. Ou plutôt : il a compris que notre corps est fait de chair et d’esprit, qu’il est tout à la fois chair spirituelle et esprit incarné. Les maladies sont donc des questions qui nous sont adressées, à nous et aux autres. Elles font partie des quelques moments de vérité que nous vivons. Lorsque nous nous retrouvons dans un lit d'hôpital que nous pensions être réservé aux autres, le temps de la fiction se termine et commence celui de la vérité et des questions difficiles. On ne peut plus se contenter de propos superficiels : les rapports et les diagnostics deviennent le langage d'une nouvelle relation authentique à la vie et au monde. C'est pourquoi une maladie peut aussi être l'annonce d'une grande bénédiction. Mais c'est précisément entre cette souffrance et cette bénédiction que se cachent les pièges religieux de la maladie. L'homme antique adressait ses questions d'abord à Dieu. Nous avons appauvri les langages de la vie, et nos questions s'adressent avant tout à la science et aux médecins. Mais si la maladie s’aggrave, tôt ou tard, surgissent aussi les questions de fond: « Mais pourquoi moi ? »; « Qu'est-ce qui n’a pas marché dans ma vie ? »; « Et pourquoi ? » De temps en temps, même au milieu de notre monde où les dieux ont disparu, cette terrible question peut ressurgir : « Quelle faute ai-je commise pour mériter toute cette souffrance ? » Il est très difficile de sortir innocents d'une maladie grave.
[fulltext] =>Nos questions parviennent rarement à atteindre Dieu : nous l'avons trop banalisé pour le sentir proche dans la vérité de la souffrance. Souvent, elles s'approchent de lui, elles s'arrêtent à un doigt du ciel, même si nous ne le savons pas - mais les anges le savent et ils nous voient toujours. Les premiers psaumes du Psautier nous présentent des modèles de prière, c'est-à-dire les différentes situations existentielles à partir desquelles l'homme apprend et réapprend à parler avec Dieu : l’attaque des ennemis, l'accusation injuste, l'espoir. Apprendre : l’approfondissement des psaumes est aussi un apprentissage de l'art de la prière. Dans les monastères, la liturgie était comprise comme un art, comme une profession - la sémantique ambiguë de ce beau mot nous le révèle encore. Les psaumes possèdent de nombreuses vertus, dont celle de nous initier à la prière. Le jour où le besoin de prier naît dans notre âme, nous pouvons ouvrir le livre des psaumes, les parcourir un par un et nous arrêter sur ce que nous ressentons comme étant notre psaume ; et lorsque nous commençons à le réciter, nous nous rendons compte que ce sont nos paroles, et que nous ne le savions pas : « Jacob sortit de son sommeil et déclara : "En vérité, le Seigneur est en ce lieu ! Et moi, je ne le savais pas. " » (Gn 28.16). Et ce premier psaume, ce que la prière nous a appris, sera notre psaume - et à la fin nous découvrirons que le premier et le dernier seront le même chant.
Avec le psaume 6, l'espace anthropologique de la prière s’élargit encore. Un homme est confronté à une longue et grave maladie. Et il se demande : « Est-ce ta colère ou Dieu qui me punit ? Est-ce votre colère, Seigneur, qui me punit ?... Seigneur, jusqu'à quand ? » (Psaume 6, 2-4). Dieu est le premier interlocuteur de ces deux questions. L'homme biblique, alors, a ajouté une dimension horizontale à la verticalité de ses questions très franches : moi, Dieu et les autres, tel était son espace tridimensionnel. Ainsi, après avoir dialogué avec Dieu, le psalmiste (et nous avec lui) cherche d'autres alliés dans la culpabilité, et la question interpersonnelle se pose presque toujours : « Qui est responsable de ce qui m'est arrivé ? »; « Qui sont mes ennemis ? » Le dialogue avec notre âme et avec Dieu devient jour après jour un dialogue avec les autres, et nous cherchons autour de nous les coupables: « Loin de moi, vous tous, malfaisants, car le Seigneur entend mes sanglots ! » (9). Les collègues, le patron, les concurrents, ma communauté, les médecins : notre âme s’élance à la recherche d’une compréhension de sa douleur. Nous ne pouvons pas la supporter longtemps sans appeler nos souffrances par leur nom, car nous savons que ce n'est qu’en les nommant qu'elles peuvent montrer un autre visage… inconnu, et peut-être bon.
La sagesse antique avait développé une herméneutique complexe, une capacité à déchiffrer la douleur, la maladie et le malheur. Et c'est là qu’apparaît une dimension décisive: la maladie et la souffrance vécues comme la punition de ceux qui la subissent, en raison de leurs propres fautes ou de celles de leur famille. Cette douleur est devenue le projet de loi demandé par le ciel pour rétablir un équilibre rompu par quelque péché. Cette vision, tout à la fois rémunératrice et économique de la foi, a toujours rencontré un vif succès car elle est extrêmement simple. Très simple, et donc trop simple pour être vraie. Une telle foi fonctionne parce qu'elle remplit parfaitement la fonction de sauver l'équilibre éthique du monde et de justifier la divinité, qui grâce à cette argutie religieuse retombe toujours sur ses pieds, sort toujours innocente de nos malheurs. C'est ainsi que les religions sont souvent devenues des mécanismes moraux qui sauvent la justice de Dieu en sacrifiant l'innocence des hommes.
De plus, le châtiment devait avoir lieu sur cette terre. Le règlement des comptes entre les hommes et Dieu ne s'étendait pas au-delà de la vie : «Personne, dans la mort, n'invoque ton nom ; au séjour des morts, qui te rend grâce ? » (6). La mort est le royaume du néant ; et si Dieu habite dans les cieux, la terre est sa demeure. Sa voix résonne sous le soleil ; elle a besoin de l’écho des montagnes, des mers, de l'espace infini du cœur humain. Une théologie de la rétribution sans paradis est encore plus exigeante, et donc elle utilise aussi notre douleur comme monnaie d'échange pour équilibrer les comptes. Dans le Psaume 6, cependant, l'auteur n'accepte pas son destin de manière impassible et résignée. Il dialogue, se dispute, lutte avec Dieu et avec son propre malheur. Il demande à Dieu de changer, de répondre à sa question : « Jusqu'à quand ? » Il lui demande de revenir : «Reviens, Seigneur »(5). Le retour fait allusion à la possibilité que Dieu change de direction, se convertisse. Le Dieu biblique est un Dieu qui sait comment revenir, si on le lui demande.
C'est dans ces versets que nous trouvons l’étonnante portée théologique et anthropologique des Psaumes. Ce sont des prières au Dieu qui n’est pas encore : elles lui demandent de devenir quelque chose qui n'est pas encore. L'homme des Psaumes ne se sent pas prisonnier de son destin ni de sa foi et ose demander à Dieu : « Jusqu'à quand ? » La prière rencontre alors la religion et la fait ressusciter. La prière c’est aussi l’expérience intérieure d’une personne qui ne se sent plus esclave parce qu'elle a été libérée, et qui, précisément en raison de cette liberté, parvient à libérer Dieu des barreaux dans lesquels la théologie et la religion l'enferment. C'est pourquoi Dieu a besoin de notre prière, au moins autant que nous avons besoin de Lui. La prière biblique devient alors notre premier exercice de liberté, celui d’un homme libéré qui réussit à libérer son Dieu.
Puis il y a un dernier message. Les mots que le psalmiste utilise dans le deuxième verset (hwkyh + ysr) sont un binôme pédagogique, ils renvoient à la fonction éducative des pères et des enseignants envers les enfants. Le bibliste Alonso Schokel en fait une très belle traduction : « Reprends-moi sans colère, corrige-moi sans colère ». Jusqu'à présent, nous avions associé Dieu à l'image du juge et au langage pénal (et nous les trouvons aussi dans ce Psaume 6). Maintenant, la prière demande à Dieu de quitter le tribunal pour entrer dans les fondamentaux de la relation éducative. La maladie n'est alors plus comprise comme une punition pour expier une faute, mais comme une punition dans le cadre du paradigme éducatif de notre monde. Et voilà que réapparaît fidèlement le Livre de Job, lorsque le quatrième "ami", Eliu, entre en scène en apportant avec lui l'explication pédagogique de la souffrance : « Sur son lit, l’homme est corrigé par la douleur, quand ses os ne cessent de s’entrechoquer. » (Jb 33, 19). Job ne répond pas à Eliu, il n'est pas convaincu par l'explication de la souffrance comme moyen utilisé par Dieu pour nous donner une "leçon". Job se tait ; le psalmiste semble accepter l'explication pédagogique, mais il poursuit le dialogue et demande à Dieu de « revenir ». Il part de cette métaphore, mais cela ne lui suffit pas.
Si aujourd’hui nous voulons faire la même expérience que le psalmiste, nous devons continuer à demander à Dieu de revenir, et ainsi le libérer aussi de cette métaphore pédagogique si présente dans la Bible. Après avoir dépassé les métaphores juridiques et économiques qui ont tenté (et tentent encore) de piéger la liberté de Dieu au sein de nos catégories rémunératrices, nous ne pouvons plus nous sentir paisibles ni rassurés par une religion qui associe nos souffrances à une certaine intention pédagogique de Dieu. Nous devons au moins être à la hauteur de Job et nous taire avec lui, ou à celle du psalmiste et demander à Dieu de "revenir". Et c'est là que se révèle quelque chose de nouveau sur la prière. Quand, maintenant, nous ouvrons la Bible et que nous trouvons une parole, un psaume, le chant d’un prophète, la Bible continue à être vivante et à remplir son rôle si nous pouvons revivre ici la même expérience que les auteurs de l’époque; si nous osons demander à Dieu de devenir ce qu'il n'est pas encore, de continuer à changer, de revenir pour nous, pour moi. Et ainsi nous continuons à libérer Dieu. Nous sommes les libérateurs de Dieu, et nous ne le savions pas. Quelle infinie dignité!
La maladie et la souffrance sont humaines, elles font partie de notre condition. Il nous incombe de tout faire pour que Dieu ne soit pas responsable de notre douleur, et ensuite de ne pas nous lasser d’alléger la douleur et la souffrance des êtres humains et de tous les êtres vivants. Si dans nos nuits de sueur sur les lits d'hôpitaux nous voulons voir la main de Dieu, nous devons la reconnaître dans celles des infirmières et des médecins, dans celles de ceux qui nous essuient le front et pleurent avec nous. Dieu ne veut pas de notre douleur, mais il nous accompagne quand elle se présente. Sur le Golgotha, le Père se tenait sur la même croix que son fils, en train d’essuyer son front et de pleurer avec lui. Tous les autres esprits qui entourent notre douleur sont des démons, et nous devons répéter avec le psalmiste : « … Qu'ils s’en aillent, soudain, couverts de honte ! »(11).
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Publié sur Avvenire le 03/05/2020
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par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 26/04/2020
« Le succès des justes réjouit la cité, la perte des méchants fait exploser sa joie ! La bénédiction due aux hommes droits grandit la cité, la bouche des méchants l’anéantit. »
Livre des proverbes, chapitre 11
En nous la tentation est toujours forte d'appliquer à Dieu nos conceptions économiques et juridiques de la Justice. Mais la Bible nous rappelle la gratuité.
« Écoute, Seigneur, mes paroles : pénètre dans mon murmure. Entends ma voix qui t’appelle, ô mon roi et mon Dieu ! » Un homme innocent est accusé d'un crime. Il a essayé de se défendre, mais en vain. Il a épuisé toutes les recours offerts par la justice humaine. Il lui en reste encore un, celui de s’adresser au Juge de dernière instance. Il se lève tôt le matin, part avant le lever du soleil, se rend au temple pour présenter sa "cause" à Dieu. Il ne peut que chuchoter quelques syllabes, émettre un murmure avec le peu d’énergie qui lui reste : « Je me tourne vers toi, Seigneur, au matin, tu écoutes ma voix ; * au matin, je me prépare pour toi et je reste en éveil... » (4). Pénétre dans mon murmure. Lors de ces ultimes échanges vitaux, il ne reste qu’un souffle pour murmurer. Il n'y a pas de prières plus humaines que des chuchotements mêlés à des pleurs. Du murmure de l'homme humilié et déchiré s’élève dans toute la pureté de sa forme, la prière qui émeut le ciel et la terre. C'est la plus belle prière, la plus humaine que nous puissions nous dire les uns aux autres, lorsque seul celui qui est capable de murmurer au creux de l’oreille peut appréhender des chuchotements aussi précieux que la vie.
[fulltext] =>Cet homme sait qu'il est innocent, il dénonce et condamne les méchants qui l'ont injustement déshonoré : « Tu n'es pas un Dieu ami du mal, chez toi, le méchant n'est pas reçu. Non, l'insensé ne tient pas devant ton regard. Tu détestes tous les malfaisants, tu extermines les menteurs ; * l'homme de ruse et de sang, le Seigneur le hait. » (5-7). Puis il loue Dieu qui l'écoute : « Pour moi, grâce à ton amour, j'accède à ta maison; vers ton temple saint, je me prosterne, saisi de crainte. Seigneur, que ta justice me conduise ; des ennemis me guettent : aplanis devant moi ton chemin. » (8-9). L'image de la route aplanie est belle. La justice, c'est aussi la droiture, c'est-à-dire l'art de redresser les chemins, d'écarter les obstacles, de lever les pierres d'achoppement, c'est-à-dire les scandales. Le chemin des pauvres est parsemé de pierres et d'embûches. Lois, décrets des puissants, ruses. La justice devrait aplanir sa route et le laisser marcher en toute liberté. La bonne trajectoire de l'humanité est une transformation progressive des routes accidentées en routes droites, avec l’assurance de leur entretien une fois remises en état, car dès nos premières négligences, elles se remplissent immédiatement de pierres et redeviennent dangereuses.
Le protagoniste du psaume 5 utilise une structure rhétorique du psautier : « Eux ... moi au contraire … Ils sont fous et menteurs… moi, en revanche, je suis innocent. » Que signifie ce : "moi, au contraire" ? Une première lecture de ces versets pourrait nous laisser penser que le Dieu de la Bible répond aux prières en vertu de la droiture de celui qui prie. L'intervention de la justice de Dieu serait une réponse à celle de l'homme. Seule la prière des justes est exaucée : beaucoup le pensent, beaucoup l'ont toujours pensé, parce que nous avons tendance à attribuer à Dieu les caractéristiques propres à notre bonne mise en œuvre de la justice : crimes et châtiments, mérites et récompenses. Nous aimons tellement la justice que nous ne pouvons pas imaginer un Dieu qui soit moins juste que nous. Ainsi, nous créons d'abord une justice divine "à l'image et à la ressemblance" de la nôtre, puis, une fois créée, nous l’utilisons pour sacraliser la nôtre, pour condamner autrui avec la bénédiction de Dieu, au point d’en arriver aujourd'hui à fonder la méritocratie sur la Bible et les Évangiles. Nous l'avons toujours fait, et nous continuons à le faire. Nous connaissons les lois économiques et juridiques et, sans le savoir, nous avons forcé Dieu à devenir un commerçant et un juge.
Mais il y a aussi une seconde lecture possible. C'est celle pour qui la prière est exaucée non pas en raison des mérites et des fautes de ceux qui prient, mais en raison de l’amour gratuit de Dieu. Sommes-nous sauvés parce que nous sommes bons ou devenons-nous bons parce que nous sommes sauvés ? Cette question séculaire est au cœur de la foi biblique. Saint Paul cite ce psaume 5 (verset 10 sur la méchanceté et le mensonge des autres) pour exprimer une réalité qui va dans le sens de cette deuxième interprétation : « Il n'y a pas de différence, tous les hommes ont péché, ils sont privés de la gloire de Dieu, et lui, gratuitement, les fait devenir justes par sa grâce, en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus. » (Rm 3, 13). Tous sont justifiés gratuitement par sa grâce. Une telle révolution bouleverse le cours des choses… toujours en acte et inachevée, car en nous la tentation est trop forte de voir dans ce qui nous arrive de bien une récompense due à nos mérites, et dans ce qui arrive de mal aux autre la conséquence de leurs fautes. Parce que nous aimons les cadeaux, mais nous préférons encore plus nous croire dignes de les mériter. Mais si Dieu était circonscrit dans le même périmètre que notre idée de la justice commerciale et juridique, il n’existerait nulle part ailleurs un être capable de faire évoluer ce que nous appelons déjà juste vers ce « juste » [cette justice] qui n’a pas encore ce nom.
Lorsque les communautés obligent Dieu à être juste selon les critères et les voies de la justice humaine, elles se confinent dans des pièges éthiques qui les empêchent, elles et la justice de Dieu, de devenir meilleures. C’est le cas, très fréquent dans les religions, où une théologie étroite comprime l'humain. La Bible et son Dieu ont plutôt grandi avec les interprétations que les hommes et les femmes ont données de la justice divine. On constate là aussi une réciprocité entre le Ciel et la terre.
Les mêmes pages bibliques, les mêmes psaumes, ont été différemment compris par les diverses générations de lecteurs. Et pas seulement en raison du développement des approches exégétiques, mais parce que l'évolution de nos idées concernant la justice et l'amour a changé et enrichi les questions que nous avons appris à nous poser à nous-mêmes et à Dieu : ainsi l’antique langage de la Bible s’est nourri de mots nouveaux et différents à partir de la souffrance des hommes et des femmes. La Bible est logos et dia-logos, elle ne nous parle que si nous lui posons des questions, et elle attend que nous lui répétions chaque jour : « Réponds-nous »
Chaque génération comprend de façon nouvelle le "sacrifice" d'Isaac et la passion du Christ à partir des idées de justice que ses blessures ont pu générer et faire surgir. Aujourd'hui, nous disons des choses différentes - et nous devons les dire - sur les pères, les enfants, les sentiments qu'ils éprouvent les uns pour les autres devant le Golgotha et le mont Moriah, parce que nous avons eu des milliers d'années pour comprendre ce qu'est la mort et la résurrection. Et si nous apprenons de nouvelles choses au sujet de la vie, la Bible s’en imprègne à travers nous, de sorte qu'elle peut nous donner des éclairages qu'elle ne pouvait pas nous offrir il y a deux mille ans, ni même hier. Le Dieu de la Bible a besoin de nous et de l’évolution de notre justice pour grandir. La parabole du bon samaritain qui prend soin de l'homme "à moitié mort" a toujours fait l’objet d’une compréhension nouvelle après chaque guerre, après chaque épidémie, après chaque fois que nous somme arrivés "à moitié morts" dans un service d’urgence; et elle pourra aujourd’hui nous apprendre de nouvelles choses, dès lors que les médecins et les infirmières auront élargi la sémantique de l'expression "prendre soin". Et peut-être avons-nous eu besoin d’être privés d’églises et de liturgies deux mois durant, pour comprendre autrement, en ce moment même, les paroles de l'Évangile de Jean : « Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. »(Jn 4, 23).
On retrouve beaucoup les accents l’âme de Job dans les chants des Psaumes. Notre tradition canonique les place après le Livre de Job parce que nous ne comprenons pas les Psaumes sans les lire en compagnie de Job, si nous ne les chantons pas depuis son tas de fumier, si nous ne les entonnons pas hors des murs, excommuniés comme lui, condamnés par ses amis, en dialogue avec un Dieu qui tarde à venir. Job a lui aussi transformé son tas de fumier en salle d'audience, lui aussi a porté sa "cause" devant Dieu de bon matin : « Avec Dieu, je veux lutter. Écoutez, écoutez ma parole, prêtez l’oreille à mon explication. Voici : j’ai intenté un procès ; c’est moi qui ai raison, je le sais. » (Gb 13, 17-18). Ainsi, si nous associons la cause du psalmiste à celle de Job, nous pouvons apprendre quelque chose de nouveau sur leur Dieu.
L'auteur du Psaume 5 porte sa cause devant Dieu, et... « il attend » Job demande à Dieu de descendre de son trône pour être le garant de son innocence, et... il attend. Tous deux ont en commun la conviction de leur innocence et attendent une justice différente. Nous ne savons pas si cette justice plus juste a eu lieu pour le protagoniste du Psaume 5, il n’appartient pas au Psautier de nous livrer les épilogues de la destinée de ses personnages. Mais nous savons comment s'est terminée la prière de Job : malgré son innocence, le Dieu de Job n'est pas venu au rendez-vous, et quand, à la fin, il est arrivé, ce n'était pas ce dieu que Job attendait ; pas le sien, mais celui de ses amis et de leur théologie, un dieu qui s'est révélé beaucoup trop petit pour la justice de Job qui avait grandi avec ses blessures.
Alors le message caché dans ces pages bibliques est celui de l'attente qui est bénédiction. La foi en une justice différente et supérieure engendre l’espérance justement fondée que le Messie puisse effectivement venir un jour et que nous saurons le reconnaître comme nous reconnaissons un ami parce que nous l'avons attendu et désiré. Le jour du Messie c’est demain, mais ce demain glorifie et bénit l’aujourd’hui de notre vie et change son nom. Notre génération manque non seulement de foi, mais c’est surtout l’espérance et le désir de l’attente qui lui font défaut.
Cette attente inachevée de l'histoire n'est pas le privilège d'un club d'innocents et de justes : c'est aussi celle des malfaiteurs et des pécheurs, car elle peut toujours se glisser dans quelque fragment lumineux d’innocence, vécue ne serait-ce que quelques jours et qui éclaire la vie de tout homme – même celle de Caïn, même celle de Judas, et donc la mienne aussi… à condition de toujours combattre la tentation invincible de m'identifier au côté noble des psaumes. Notre bonté est plus grande que nos péchés.
Une autre fois, un autre jour, un autre homme en crise et déprimé qui voulait mourir sous un genêt, a été sauvé par un murmure, par un « bruit de subtile silence » (1 Rois, 19). Cette fois, c'est Dieu qui a appris à chuchoter, et ce chuchotement est parvenu à l'oreille d'Élie et il l'a ressuscité. Et si la prière n'était qu'une rencontre de chuchotements ? « Toi, Seigneur, tu bénis le juste ; du bouclier de ta faveur, tu le couvres. » (13).
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par Luigino Bruni
Publié sur Avvenire le 26/04/2020
« Le succès des justes réjouit la cité, la perte des méchants fait exploser sa joie ! La bénédiction due aux hommes droits grandit la cité, la bouche des méchants l’anéantit. »
Livre des proverbes, chapitre 11
En nous la tentation est toujours forte d'appliquer à Dieu nos conceptions économiques et juridiques de la Justice. Mais la Bible nous rappelle la gratuité.
« Écoute, Seigneur, mes paroles : pénètre dans mon murmure. Entends ma voix qui t’appelle, ô mon roi et mon Dieu ! » Un homme innocent est accusé d'un crime. Il a essayé de se défendre, mais en vain. Il a épuisé toutes les recours offerts par la justice humaine. Il lui en reste encore un, celui de s’adresser au Juge de dernière instance. Il se lève tôt le matin, part avant le lever du soleil, se rend au temple pour présenter sa "cause" à Dieu. Il ne peut que chuchoter quelques syllabes, émettre un murmure avec le peu d’énergie qui lui reste : « Je me tourne vers toi, Seigneur, au matin, tu écoutes ma voix ; * au matin, je me prépare pour toi et je reste en éveil... » (4). Pénétre dans mon murmure. Lors de ces ultimes échanges vitaux, il ne reste qu’un souffle pour murmurer. Il n'y a pas de prières plus humaines que des chuchotements mêlés à des pleurs. Du murmure de l'homme humilié et déchiré s’élève dans toute la pureté de sa forme, la prière qui émeut le ciel et la terre. C'est la plus belle prière, la plus humaine que nous puissions nous dire les uns aux autres, lorsque seul celui qui est capable de murmurer au creux de l’oreille peut appréhender des chuchotements aussi précieux que la vie.
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